Le Coran

Les enseignements de la sourate Qâf

Par l’imam Ibn Al-Qayim


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.


Cette sourate renferme des fondements de la foi suffisants et clairs qui nous dispensent des paroles des théologiens et du raisonnement des rationalistes.

Elle comprend (des informations) sur le début de la création, le retour vers Allah, l’Unicité d’Allah, la prophétie, la foi en les anges, le fait que les gens se divisent en deux catégories :

Ceux qui sont perdus et malheureux et ceux qui réussiront et seront bienheureux, en nous décrivant chacun des deux groupes.

Elle confirme également les attributs de perfection d’Allah et qu’Il est exempt de toute carence et défaut qui viendrait s’opposer à Sa perfection.

Allah y parle des deux fins : la petite (la mort) et la grande (la fin du monde) : Le grand est l’au-delà, le petit est ici-bas.

Allah y parle de la création de l’homme, de sa mort, de sa résurrection, et de l’état dans lequel il sera lors de sa mort et le jour où il sera ressuscité. Allah cerne de Sa science tout cela, Il connaît même les insufflations de son âme.

Allah place deux gardiens qui notent tout ce qu’il dit. Il l’appellera à Lui le Jour de la Résurrection, et l’homme viendra avec un guide et un témoin (un des anges qui notaient ses œuvres qui témoignera contre lui) Lorsque le guidé l’aura présenté, l’ange dira :

« Et son compagnon dira : Ce que j’ai avec moi est prêt »

(Coran 50 Verset 23)

« Vous deux, Jetez en Enfer tout mécréant endurci et rebelle »

(Coran 50 Verset 24)

De même manière que l’on présente le criminel au gouverneur, qu’on expose ses fautes et que le gouverneur dit :

« Emmenez-le en prison et châtiez-le comme il le mérite. »

Médite sur la manière dont cette sourate montre clairement qu’Allah ressuscitera réellement ce corps qui a obéi ou désobéi pour le récompenser ou le châtier, de la même manière que l’âme croyante sera réellement récompensée et que l’âme mécréante sera réellement châtiée.

Contrairement aux philosophes qui ne connaissent rien à la résurrection dont nous ont informé les Prophètes. Ils prétendent qu’Allah créera un tout autre corps qui sera récompensé ou châtié ! Pour eux, l’âme est une composante éphémère du corps, c’est pourquoi ils affirment qu’Allah créera une nouvelle âme et un nouveau corps. Cette prétention s’oppose au message unanime des prophètes et aux preuves du Coran, de la Sunna et des autres Livres d’Allah.

Cette prétention est en réalité une négation de la Résurrection semblable à celle des renieurs qui l’ont réfutée. Ces derniers n’ont pas nié l’aptitude d’Allah à créer d’autres corps et à les châtier ou les récompenser. Comment auraient-ils pu la nier alors qu’ils voient l’être humain se développer progressivement aux différentes étapes de sa vie ?

A tout instant, Allah crée des corps et des âmes autres que ceux qui ont péri. Comment pourraient-ils donc s’étonner d’une chose qu’ils constatent de leurs propres yeux ! Ils se sont plutôt étonnés du fait qu’ils puissent être réellement ressuscités après avoir été réduits en lambeaux et être devenus os et cendres. Ils se sont étonnés du fait qu’ils puissent réellement être ressuscités pour être rétribués, c’est pour cela qu’Allah dit :

« Lorsque nous serons morts et que nous deviendrons poussière et ossements, serons-nous ressuscités ? »

(Coran 37 Verset 16)

« C’est un retour bien lointain ! »

(Coran 50 Verset 3)

Si la rétribution devait s’appliquer à d’autres corps, il ne s’agirait pas d’une résurrection et d’un retour, mais plutôt d’un nouveau commencement. Et il n’y aurait pas grand sens dans la parole d’Allah :

« Certes, Nous savons ce que la terre rongera de leurs corps. »

(Coran 50 Verset 4)

Allah a fait de ce verset une réponse à une éventuelle question des mécréants. Allah distingua ces morceaux de corps qui se sont mélangés à la terre et se sont transformés au point de devenir des éléments non identifiables. Allah nous informe qu’Il sait ce que la terre rongera de leur chair, de leurs os et de leur poil. Et puisqu’Il sait cela, Il est également Capable de les regrouper et les rassembler après avoir été éparpillés et d’en faire une nouvelle création.

Allah confirme la réalité de la Résurrection en rappelant la perfection de Sa science, de Sa puissance et de Sa sagesse. Toutes les objections soulevées par ceux qui nient la résurrection ne sont en fait que de trois types :

– Le mélange de leurs corps à la terre, si bien qu’on ne puisse plus les distinguer et faire la différence entre un individu et un autre.

– La capacité d’Allah ne s’étend pas à une telle éventualité

– C’est une chose qui ne présente aucun intérêt ! Au contraire la sagesse voudrait que des humains se succèdent les uns les autres pour l’éternité. Dès qu’une génération meurt, une autre remplace. Quant au fait que tout le genre humain meurt puis soit ressuscité, il n’y a aucune sagesse dans cela.

Dans le Coran, les preuves éclatantes de la Résurrection, reposent sur trois fondements :

La confirmation de la perfection de la science du Seigneur, comme lorsqu’Il répond :

« Il Nous donne un exemple, tout en oubliant sa propre création. Il dit :
Qui redonnera vie à des ossements une fois réduits en poussière ? »
Réponds : « Celui qui les a créés la première fois leur redonnera vie. Il connaît parfaitement toute la création. »

(Coran 36 Versets 78-79)

« Et l’Heure arrivera sans aucun doute ! Pardonne (leur) donc d’un beau pardon.
Ton Seigneur est vraiment le grand Créateur, Celui qui sait tout. »

(Coran 15 Verset 85-86)

La confirmation de la perfection de Sa puissance, comme dans Sa Parole :

« Celui qui a créé les cieux et la terre n’est-Il pas capable d’en créer de semblable ? »

(Coran 36 Verset 81)

« Mais si ! Nous sommes Capables de recréer jusqu’aux extrémités de ses doigts. »

(Coran 75 Verset 4)

« Il en est ainsi afin que vous sachiez qu’Allah est la Vérité, que c’est Lui qui rend la vie aux morts et qu’Il est capable de toute chose. »

(Coran 22 Verset 6)

Et Il mentionne conjointement ces deux choses : Sa Science et Sa Puissance lorsqu’Il dit :

« Celui qui a créé les cieux et la terre n’est-Il pas capable d’en créer de semblables ? Bien sûr que si ! Il est le Grand Créateur, Celui qui sait tout. »

(Coran 36 Verset 81)

La perfection de Sa sagesse, comme dans Sa Parole :

« Ce n’est pas par amusement que Nous avons créé les cieux et la terre et ce qui est entre eux. »

(Coran 44 Verset 38)

« L’homme pense-t-il qu’on le laissera ainsi, sans rien lui imposer ? »

(Coran 75 Verset 36)

« Pensiez-vous que Nous vous avions créés sans but et que vous ne seriez pas ramenés vers Nous ? »

(Coran 23 Verset 115)

« Ceux qui commettent des mauvaises actions pensent-ils que Nous allons les traiter comme ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres, dans leur vie et dans leur mort ?  Comme ils jugent mal ! »

(Coran 45 Verset 21)

Ce qui est avéré est que la Résurrection est reconnue par la raison et la religion, et que la perfection du Seigneur, de Ses Noms et Attributs implique et rend nécessaire l’existence de la résurrection. Allah est exempt de tout ce que disent ceux qui renient la résurrection tout comme Sa perfection est exempte de tout défaut et vice.

Allah nous informe ensuite qu’après avoir nié la Résurrection, ils se sont trouvés dans un état de confusion :

« Ils sont donc dans une situation confuse »

(Coran 50 Verset 5)

Ils seront dans une situation trouble dont ils ne tirent rien. Puis Il les invite à regarder l’univers supérieur, sa construction, son élévation, son organisation, sa beauté et sa compacité. Il les invite ensuite à contempler l’univers inférieur, la terre, et à admirer comme Allah l’a étendue afin de la préparer à ce qu’on attend d’elle. Il l’a consolidée par les montagnes, y a placé des bienfaits, y a fait pousser tout type de plantes bénéfiques sous diverses variétés, couleurs, quantités, bienfaits et qualités.

Allah nous informe que si le serviteur repentant observe ces choses, elles lui rappelleront ce dont nous ont informés les prophètes à propos de l’Unicité d’Allah (Tawhid) et de la résurrection. L’observation l’amènera en premier lieu à la réflexion, puis au rappel. Mais cela n’est possible que pour le serviteur qui revient repentant vers Allah de tout son cœur et ses membres.

Puis Allah invite les mécréants à réfléchir sur l’origine de leur subsistance, nourriture, vêtements, montures et jardins. Tout cela vient de l’eau qu’Allah fait descendre du ciel et qu’Il bénit. Par elle poussent des jardins et récoltes aux fruits divers : blanc, noir, rouge, jaune, sucré, salé, acide, amer qui sont autant de variétés aux bienfaits différents. Par l’eau, Allah fait également pousser des grains (céréales) de différentes variétés et formes, aux bienfaits multiples et quantités variables. Allah a évoqué spécifiquement le dattier pour tous les enseignements que l’on peut en tirer et les preuves qu’il donne à celui qui médite sur la nature du palmier

« Par l’eau, Il redonne la vie à la terre après la mort. »

(Coran 2 Verset 165)

« Ainsi se fera la résurrection. »

(Coran 50 Verset 11)

De la même manière que les fruits, les récoltes, les aliments et les céréales sortent de terre, vous sortirez vous aussi de la terre après y avoir été enterrés. Nous avons rappelé cette analogie et d’autres analogies similaires dans le Coran, en rappelant quelques-uns de leurs secrets et enseignements.

Puis, à la suite de ces verset, Allah passe à la confirmation de la prophétie de la manière la plus parfaite, la plus concise, et la plus éloignée de toute ambiguïté ou doute. Il nous informe qu’Il a envoyé des Prophètes aux peuples de Nuh (Noé), aux Thamūd, Loth et Pharaon, et qu’ils les ont tous reniés. Ainsi, Il les a fait périr de différentes manières, et l’avertissement que leur adressaient les prophètes s’ils rejetaient la foi s’est réalisé contre eux.

Ceci est une confirmation de leur prophétie mais également de la prophétie de Mohammed (saw) qui nous transmet ces récits sans les avoir appris d’un enseignant ou les avoir lus dans un livre. Malgré tout, le Prophète (saw), nous en informé d’une manière détaillée et conforme à ce que connaissaient les Gens du Livre.

Face à cela, les mécréants n’ont répondu que par des allégations mensongères, par l’orgueil et le reniement en prétendant que rien de tout ceci n’a existé, ou que seul le temps avait fait périr ces peuples comme il en a fait périr d’autres. Celui qui pose cette question sait qu’il n’est qu’un menteur, un calomniateur, qui renie ce que les gens ont vu de leurs propres yeux et qu’ils se sont transmis de génération en génération. C’est comme s’il niait l’existence de personnages connus parmi les rois, les savants, ou l’existence de pays lointains.

Allah les invite ensuite à confirmer l’avènement de la Résurrection, dans Sa Parole :

« Avons-Nous eu du mal à créer la première fois ? »

(Coran 50 Verset 15)

En arabe, on dit de toute personne incapable d’accomplir une chose qu’elle a du mal à l’accomplir : « Cette affaire lui a donné du mal. » comme dit le poète :

« Leur affaire leur a donné du mal
Tout comme la colombe a du mal à pondre et couver son œuf »

C’est dans ce sens qu’Allah a dit :

« Il n’a pas eu de mal à les créer. »

(Coran 46 Verset 33)

Ibn Abbas (ra) a dit :

« C’est-à-dire : Avons-Nous été incapable de les créer la première fois ? »

C’est aussi l’avis du savant de l’exégèse Muqatil Ibn Sulaymân Ibn Bashir (r)

Ibn Qayim considère pour sa part que ce dernier avis est une interprétation implicite du sens du verset, mais son sens est en vérité plus large que cela. Les arabes disent : « J’ai du mal à assimiler telle chose, cette chose m’a donné du mal » lorsqu’ils en sont incapables et n’arrivent pas à connaître cette chose. Ils disent également : « J’ai du mal à te soigner. » lorsqu’ils n’y parviennent pas. Cette expression implique donc l’impuissance, tout comme l’indique le vers cité précédemment. La colombe est capable de pondre un œuf, mais elle a du mal à chercher l’endroit où pondre. Elle ne cesse de tourner et d’errer jusqu’à pondre son œuf à un endroit particulier, puis elle se donne du mal pour le protéger contre tout danger. Elle le déplace d’un endroit à un autre, et est en pleine confusion quant à savoir où elle doit le laisser. Il en est de même pour un homme déconcerté par son affaire qui ne sait pas comment atteindre son but.

Dans ce verset, le sens visé n’est donc pas la fatigue, comme pourrait le supposer un novice en matière d’interprétation du Coran. En effet, Allah nie cette fatigue à la fin de cette sourate lorsqu’Il dit :

« Sans éprouver la moindre lassitude »

(Coran 50 Verset 38)

Puis Allah nous informe qu’en fait :

« Ils doutent qu’ils seront ressuscités. »

(Coran 50 Verset 15)

C’est-à-dire qu’ils doutent qu’il puisse y avoir une nouvelle création.

Il attire ensuite leur attention sur l’un des plus grands signes de Sa Puissance et une des plus grandes preuves de Sa Seigneurie et de la réalité de la résurrection : la création de l’homme.

C’est une des plus grandes preuves de l’Unicité d’Allah et de la réalité de la Résurrection. Y a-t-il une preuve plus claire que la constitution humaine, avec ses membres, ses forces et ses caractéristiques, et tout ce qu’elle comprend en termes de chair, os, veines, nerfs, tendons, orifices et fonctionnalités, mais aussi en termes de connaissances, de volontés et d’œuvres ? Or tout ceci provient d’une goutte de sperme ! Si le serviteur était juste envers Son Seigneur, il se serait contenté de réfléchir sur sa propre personne et n’aurait trouvé en sa propre existence une preuve concernant tout ce dont les prophètes nous ont informés au sujet d’Allah, de Ses Noms et Attributs.

Puis Il informe du fait que Sa science cerne toute chose, jusqu’aux insufflations de l’âme. Il les informe ensuite de Sa proximité à travers Sa science et Sa connaissance de toute chose, et qu’Il est plus proche d’eux que ne l’est une veine de leur corps. Il est ainsi plus proche de l’homme que sa veine jugulaire par Son pouvoir sur lui et la connaissance qu’Il a de lui.

Le Shaykh ibn Taymiya a dit à ce sujet à propos de la parole d’Allah :

« Nous sommes plus proche de lui que sa veine jugulaire »

(Coran 50 Verset 16)

« Nous » dans ce verset, signifie Nos anges, comme Allah dit :

« Lorsque Nous terminons sa récitation, récite à ton tour. »

(Coran 75 Verset 18)

« Lorsque les deux anges chargés d’inscrire ses actions notent. »

(Coran 50 Verset 17)

La proximité citée auparavant est limitée par l’écriture des anges, et si le sens visé avait été la proximité d’Allah en personne, cette proximité n’aurait pas été limitée au moment où les anges notent. Ce verset n’est donc aucunement une preuve pour celui qui prétend qu’Allah est partout ou pour celui qui nie les Noms et Attributs d’Allah.

Puis Allah nous informe qu’à droite et à gauche de l’homme se trouvent deux anges qui notent ses œuvres et ses paroles. En citant seulement le fait qu’ils notent les paroles, Allah attire notre attention sur le fait qu’ils notent par la même occasion les œuvres qui bien que moins fréquentes que les paroles, ont plus d’effets qu’elles, et ne sont en fait que l’objectif des paroles et leur conclusion

Puis Allah nous informe au sujet de la « Résurrection Mineure » que sont les affres de la mort. Elle surviendra en toute vérité, vérité qui n’est autre que la rencontre d’Allah, le retour vers Lui, la présentation de l’âme qui Lui est faite, et la récompense ou le châtiment qu’on lui donne avant la venue de la « Résurrection majeure » citée dans la Parole d’Allah :

« Et l’on soufflera dans la Trompe : Voilà le jour de la Menace. »

(Coran 50 Verset 20)

Puis Il nous informe au sujet de l’état des créatures en ce jour. Tout être viendra à Allah conduit par un guide, et un ange (qui notait ses actions) témoignera contre lui. Ce témoignage est distinct de celui de ses membres, et distinct de celui de la terre sur laquelle il vivait et qui témoignera pour ou contre lui. Il est aussi distinct de celui de son prophète et des croyants. En effet, Allah fera témoigner contre les serviteurs les anges scribes, les prophètes, les lieux où ils ont fait le bien et le mal, ainsi que leurs corps avec lequel ils ont désobéi. Il ne les jugera pas seulement en fonction de Sa science, et Il est le plus équitable et le plus sage de tous.

C’est pour cela que le Prophète (saw) nous informe qu’Il jugera entre les gens en fonction des aveux et témoignages qu’il entend d’eux, et non par ses seules connaissances. Comment un juge pourrait rendre un verdict par sa seule science sans aucune preuve évidente ou aveu.

Puis Allah nous informe que l’homme est insouciant de ces évènements qu’il ne devrait pourtant pas négliger, et dont il devrait au contraire se souvenir et se soucier constamment. Allah dit :

« Tu étais insouciant à « min » ce sujet (la résurrection.) »

(Coran 50 Verset 22)

Et Allah n’a pas utilisé la particule « an » mais « min » comme Il le dit ailleurs :

« Et certes, ils sont dans un doute profond à (min) son sujet (Le Coran). »

(Coran 41 Verset 45)

Allah n’a donc pas fait usage de la particule «  » habituellement utilisée avec le substantif « Shakk » (doute) mais plutôt la particule « min » qui si elle est utilisée après une formule nominale, ne l’est pas après un verbe. Ainsi, on ne l’utilise pas pour dire : « Je suis insouciant à l’égard de telle chose » ou « Je doute de telle chose. » Lorsque le particule « min » suit les substantifs « insouciance » et « doute« , elle sous-entend que ces caractéristiques émanent de la personne concernée qui est ainsi la source de cette insouciance et de ce doute.

Cela est plus éloquent que d’utiliser les particules « an » et « fi« . En effet, l’utilisation de la particule « min » indique que le serviteur, qui devrait être une source de rappel et de certitude pour lui-même, est aussi source d’insouciance et de doute.

Puis Allah nous informe que ce voile d’insouciance et d’inconscience sera levée en ce jour, de la même manière qu’on lève le voile sur le cœur et qu’il s’éveille, ou sur les yeux et qu’ils s’ouvrent. Lorsque le serviteur verra ce jour, le voile sera levé de la même manière que le voile du sommeil est levé lorsqu’il se réveille.

Puis Allah nous informe que le compagnon du serviteur, qui est l’ange l’ayant accompagné dans cette vie, notant ses œuvres et ses paroles dira lorsqu’on l’appellera :

« Voici celui que Tu m’as confié sur terre, je Te le présente aujourd’hui. »

Ceci est l’avis de Mujahid (le grand exégète né sous le califat d’Umar Ibn al-Khattâb).

Ibn Qutaybah (Un des grands Imams de la communauté aux écrits très nombreux) (r) a dit :

« Le sens de la Parole d’Allah : « Et son compagnon dira : « Ce que j’ai avec moi est prêt. » (Coran 50 Verset 23). Ce que j’ai écrit sur lui et consigné de ses paroles et actes est auprès de moi. »

En toute rigueur, le verset porte les deux sens. Il s’agit à la fois de l’individu et de ses œuvres qui ont été consignées. A ce moment on dira :

« Jetez en Enfer tout mécréant endurci et rebelle. »

(Coran 50 Verset 24)

Cette parole à la forme duelle peut s’adresser au guide et au témoin, ou à l’ange chargé de le châtier, même s’il n’y en a qu’un seul, et c’est une forme expressive connue chez les arabes.

Puis Allah cite six caractéristiques de ce mécréant qui sera jeté en enfer :

« Jetez en Enfer tout mécréant endurci et rebelle, acharné à empêcher le bien, transgresseur, en proie au doute, qui adorait une autre divinité en dehors d’Allah. Jetez-le donc dans le châtiment ardent. »

(Coran 50 Versets 24-26)

1) Il nie les bienfaits et les droits d’Allah. Il nie Sa religion, Son unicité, Ses Noms et Attributs, Ses Messagers, Ses Anges, Ses Livres et Sa rencontre.

2) Il se rebelle contre la vérité par reniement et obstination.

3) Il est acharné à empêcher le bien, et cela englobe le fait qu’il empêche la bienfaisance envers sa propre personne à travers son rejet des actes d’obéissance qui le rapprochent d’Allah, mais aussi la bienfaisance envers les gens. Ainsi, il n’y a aucun bien en lui, ni pour lui-même ni pour ses semblables, et c’est là l’état de la plupart des créatures.

4) En plus d’empêcher le bien, il transgresse les droits des gens, il est injuste, tyrannique. Il transgresse leurs droits verbalement et physiquement.

5) Il doute, c’est-à-dire qu’il est sujet de l’indécision et la perplexité.

6) En plus de cela, il associe à Allah en prenant une autre divinité en dehors de Lui. Il adore cette divinité, l’aime, éprouve colère et satisfaction pour elle, jure par son nom, prononce des vœux pieux pour elle, et s’allie ou prend pour ennemi pour elle.

Puis il se disputera avec son compagnon parmi les démons qui l’accompagnait sur terre, et le rendra responsable de son égarement en prétextant que c’est lui qui l’a détourné et égaré. Son compagnon lui répondra qu’il n’avait aucun pouvoir de le détourner et de l’égarer. C’est-à-dire que c’est lui-même qui a choisi l’égarement et la préféré à la vérité, tout comme Satan dira aux gens de l’Enfer :

« Je n’avais aucun pouvoir sur vous, je vous ai seulement appelés, et vous m’avez répondu. »

(Coran 14 Verset 22)

C’est pourquoi le compagnon désigne ici le démon et ils se disputeront devant Allah.

Un groupe de savants a tenu l’avis que le compagnon désigne ici l’ange.

L’homme prétendra que l’ange a ajouté des choses à ce qu’il a écrit contre lui, qu’il a exagéré, qu’il n’a jamais commis tous ces actes, et que l’ange s’est empressé d’écrire, empêchant ainsi son repentir. L’ange répondra :

« Je n’ai rien ajouté dans ce que j’ai consigné de ses actes, et je ne l’ai pas empêché de se repentir « mais il était déjà dans un profond égarement. » »

Le Seigneur dira alors :

« Ne vous disputez en Ma présence. »

(Coran 50 Verset 28)

Allah nous informe des disputes entre les mécréants et les démons en Sa présence dans les sourates dans les sourates 37 – As-Saffât (versets 27 à 33) et 7 – Al-A’raf (versets 38 à 39) ; des disputes entre les gens dans la sourate 39 – Az-Zumar (versets 30 à 31) ; et des disputes des gens de l’Enfer dans les sourates 26- As-Shu’ara (versets 96 à 102) et 38 – Sâd (verset 64).

Puis Allah nous informe que la parole ne change pas auprès de Lui. Selon certains savants, cette parole serait la suivante :

« Certes, Je remplirai l’Enfer de djinns et d’hommes, tous ensemble. »

(Coran 11 Verset 119)

Mais également Sa promesse aux croyants de leur accorder le Paradis ne changera pas et ne sera pas trahie.

Ibn Abbâs (ra) a dit :

« Il veut signifier : Je ne manque ni à Ma promesse envers ceux qui M’obéissent, ni à Mon avertissement envers ceux qui Me désobéissent. »

Mujâhid (ra) a dit :

« J’ai accompli ce que Je voulais accomplir. »

Et c’est là l’avis le plus correcte concernant le verset.

Il existe un autre avis qui stipule que le sens du verset est :

« Auprès de Moi, ni le mensonge, ni les dissimulations ne peuvent changer le sens des paroles, comme cela se passe chez les rois et les gouverneurs. »

Dans ce contexte « parole » désigne les paroles de ceux qui se disputeront devant Allah. C’est l’avis de Al-Farâ et de Ibn Qutaybah.

Al-Farâ (r) a dit :

« Le sens du verset est qu’on ne peut mentir auprès de Moi car je connais l’invisible. »

Ibn Qutaybah (r) a dit :

« Le sens du verset est qu’on ne peut ni modifier ni ajouter ou enlever quoi que ce soit aux paroles (qu’on a prononcées sur terre). Ceci car Allah azawajel a dit :
« La parole ne change pas auprès de Moi. » «(Coran 50 Verset 29) »

Allah dit : « La parole auprès de moi » et pas « Ma parole« , de la même manière que l’on dit : on ne ment pas auprès de moi.

Si l’on emprunte le premier avis, Sa Parole :

« Et Je ne suis nullement injuste envers les serviteurs. »

(Coran 50 Verset 29)

Vient compléter Sa parole : « Ma parole ne change pas ». Le sens devient donc : ce que J’ai dit et promis doit nécessairement s’accomplir, et malgré tout, cela se fera en tout équité, sans injustice ou transgression.

Si l’on emprunte le deuxième avis, Allah S’est décrit de deux manières :

1) La perfection de Sa science et de Sa connaissance des actes des créatures interdit de modifier les paroles devant Lui et d’enjoliver le faux en Sa présence.

2) La perfection de Son équité et de Sa suffisance interdit qu’Il soit injuste envers Ses serviteurs.

Puis Allah nous informe de l’étendue de l’Enfer. A chaque fois qu’on y jette un groupe d’hommes et de djinns

« L’Enfer dira : « Y’en a-t-il encore ? »

(Coran 50 Verset 30)

C’est une erreur de prétendre que cela exprime une négation, c’est-à-dire :
« Il n’y a plus de place. »

Puis Allah nous informe de la proximité du Paradis vis-à-vis des pieux, et des quatre caractéristiques des gens du Paradis évoquées dans Sa parole :

Voilà ce qui a été promis à celui qui revient vers Allah et respecte les prescriptions divines, celui qui craint le Tout Miséricordieux bien qu’il ne Le voie pas, et qui vient vers Lui avec un cœur repentant. »

(Coran 50 Verset 32-33)

1) Ils reviennent totalement et constamment vers Allah, de la désobéissance à l’obéissance, de l’insouciance au rappel d’Allah.

Ubayd Ibn Umayr (ra) a dit :

« Celui qui revient vers Allah est celui qui se souvient de ses péchés et demande pardon pour cela. »

Mujâhid (ra) a dit :

« C’est celui qui, lorsqu’il se remémore ses péchés étant seul, demande à Allah de les lui pardonner. »

Sa’îd ibn Al-Musayyb (ra) a dit :

« C’est celui qui commet un péché puis se repent, commet un péché et se repent de nouveau. »

2) Ils sont respectueux : Ibn Abbas (ra) a dit :

« C’est à dire respectueux de ce qu’Allah leur a confié et leur a imposé. »

Qatâdah (ra) a dit :

« Ils doivent préserver les droits et bienfaits qu’Allah leur a confiés. »

L’âme disposant de deux forces de la requête et du renoncement, celui qui revient constamment vers Allah utilise la force de la requête en revenant vers Allah, Son agrément et Son obéissance. Celui qui préserve ce qu’Allah lui a confié utilise quant à lui la force du renoncement en s’abstenant de tomber dans Sa désobéissance et Ses interdits.

Le premier se dirige vers Allah par son obéissance et le second s’abstient de tout ce qu’Il lui a interdit.

3) Sa parole « celui qui craint le Tout Miséricordieux bien qu’il ne le voie pas » inclut la confirmation de l’existence d’Allah, Sa seigneurie, Son pouvoir, Sa science et Sa connaissance détaillée des différents états du serviteur. Elle inclut également la croyance en Ses Livres, Ses Prophètes, Ses commandements et Ses interdictions, Sa promesse, Son avertissement, et Sa rencontre. Cette crainte du Tout Miséricordieux sans L’avoir vu ne se réalise réellement qu’après avoir accompli toutes ces choses.

4) Sa Parole : « qui vient vers Lui avec un cœur repentant. »

Ibn Abbas (ra) dit à ce sujet :

« Il revient de la désobéissance à Allah et se dirige vers son obéissance. »

Le vrai retour à Allah consiste à ce que le cœur reste constamment dans l’obéissance à Allah et Son amour et se dirige continuellement vers Lui.

Puis Allah nous montre la récompense de celui qui possède de telle caractéristiques lorsqu’Il dit :

« On leur dira : « Entrez-y-en toute sécurité. » Voilà le jour de l’éternité ! Il y aura là pour eux tout ce qu’ils voudront. Et auprès de Nous, davantage encore. »

(Coran 50 Versets 34-35)

Puis Allah menace Ses serviteurs de les faire périr comme ont péri ceux avant eux qui étaient pourtant plus forts, mais leur grande force ne les a pas empêchés de périr. Lorsque le châtiment s’est abattu sur eux, ils ont cherché à fuir en parcourant la terre, mais ont-ils trouvé quelque refuge ou salut face au châtiment d’Allah ?

Qatâdah (ra) a dit :

« Les ennemis d’Allah ont cherché à fuir mais se sont rendus compte que le châtiment d’Allah les avait cernés de toutes parts. »

Az-Zajjâj (ra) a dit :

« Ils ont parcouru la terre sans cesse en cherchant un lieu de sûreté, mais ils n’ont trouvé aucun refuge face à la mort. »

En fait, ils ont vainement cherché un échappatoire à la mort, sans pouvoir en trouver.

Puis Allah nous informe qu’il y a en cela un rappel :

« Il y a bien là un rappel pour quiconque a un cœur, prête l’oreille (aux versets d’Allah) tout en étant présent. »

(Coran 50 Verset 37)

Puis Il nous informe qu’Il a créé les cieux et la terre et ce qu’ils contiennent en six jours et que cela ne Lui a pas causé de fatigue et qu’Il n’en a éprouvé aucune difficulté, démentant ainsi Ses ennemis les juifs qui ont dit qu’Il s’était reposé le septième jour !

Puis Allah ordonne à son Prophète (saw) de chercher auprès de Lui le réconfort, en patientant face à ce que ses ennemis disent de lui. Tout comme Il a Lui-même patienté face aux propos des juifs qui prétendent qu’Il s’est reposé ! Or personne n’est plus patient qu’Allah face aux mauvaises choses qu’Il entend.

Puis Allah lui ordonne de chercher l’aide auprès de Lui par la patience qui consiste à célébrer les louanges de son Seigneur avant le lever et le coucher du soleil, dans la nuit et après la prosternation. Certains, comme Ibn Abbâs ont dit qu’il s’agissait de la prière du Witr, et d’autres comme ‘Umar, ‘Ali, Abû Hurayrah, mais également Ibn Abbâs dans un des deux avis rapportés de lui, ont dit qu’il s’agissait des deux unités de prières accomplies après la prière du Maghreb. Ibn Abbas a un troisième avis qui précise qu’il s’agit des formules de glorification verbales après les prières obligatoires.

Puis Allah clôture cette sourate en évoquant la Résurrection, l’appel lancé par le héraut (L’Ange Isrâfil d’après Ibn Kathir) pour que les âmes retournent dans leurs corps afin que tous soient réunis en un même lieu. Il nous informe que cet appel se fera d’un lieu proche et que tout le monde pourra l’entendre :

« Le jour où ils entendront le Cri en toute vérité. »

(Coran 50 Verset 42)

Ce cri sera celui annonçant la résurrection et la rencontre d’Allah. De la même manière que la terre se fend lorsque poussent les plantes, ils sortiront précipitamment sans délai et sans retard.

Puis Allah nous informe qu’Il sait ce que disent Ses ennemis, ce qui implique qu’Il va les rétribuer pour cela puisque rien ne Lui échappe, et Allah mentionne Sa Science et Son Pouvoir pour confirmer la réalité de cette récompense.

Enfin Allah informe Son Prophète (saw) qu’il n’a pas à les contraindre ou les assujettir, et qu’il n’a pas été envoyé pour les forcer à embrasser l’Islam. Il lui ordonna de rappeler par la parole ceux qui craignent Son avertissement, car ils sont les seuls à tirer profit du rappel.

Quant à ceux qui ne croient pas en la rencontre d’Allah, ne craignent pas Son avertissement et n’espèrent pas Sa récompense, ils ne tirent aucun profit de ce rappel.


Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

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