Rappels Islamiques

Jour 18 : La croyance en la Fatalité, bonne soit-elle ou mauvaise et la résignation


Nous poursuivons la deuxième partie du récit coranique de Moussa (Moïse) et de Al-Khedr, qui soulève plus précisément la question de la science que va acquérir Moïse de Al-Khedr. Nous rappelons que Al-Khedr est un personnage assez mystérieux, car il est apparu soudain dans le Coran comme il s’est éclipsé soudain. Le Coran n’a fourni aucun détail à son sujet.

A vrai dire, la vie des humains est entremêlée d’étranges paradoxes, de coïncidences exceptionnelles, de problèmes fortuits et parfois de catastrophes inquiétantes qui sont susceptibles de bouleverser le train de leur vie. Citons à titre d’exemple, le cas d’une femme vertueuse qui est injustement rejetée par son mari au moment où une autre vicieuse et immorale vit sereinement avec le sien. Nous apprenons entre-temps l’histoire d’une femme qui désire ardemment avoir des enfants et d’une autre qui a abandonné les siens. Plus loin encore, les séismes en Chine et en Turquie ont causé la mort de milliers de personnes. Le Tsunami et les ouragans de Californie ont fait disparaître des milliers d’enfants dont les parents vivent encore et ont fait en même temps, des milliers d’orphelins. Le COVID-19 qui est de nos jours a plus de 270.000 mort. Pourquoi ne sont-ils pas morts tous ensemble ? Où réside la sagesse dans tout cela ? Où est la Miséricorde d’Allah ? Comment interpréter toutes ces épreuves ?

La croyance en la Fatalité, favorable fût-elle ou non constitue un des piliers de l’Islam. Au fond, on ne peut réaliser cette profonde conviction sans saisir profondément la signification de trois des beaux Noms d’Allah : L’Omniscient, le Sage, le Tout Miséricordieux. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous nous fions à la Volonté Divine et que nous nous résignions face aux évènements qui viennent troubler notre vie, quelle que soit leur nature.

Ibn Al-Qayim a une très belle citation à ce propos : 
« La résignation est l’accès vers Allah le Majestueux, le répit des adorateurs et le Paradis ici-bas. »

Car finalement tous les évènements sur terre et dans notre vie ne peuvent avoir lieu en dehors de Sa Connaissance et de Sa Volonté, comme le démontre le verset 59 de la Sourate 6 Al-‘An`âm (LES BESTIAUX) :
« C’est Lui qui détient les clefs de l’Inconnaissable. Nul autre que Lui ne les connaît. Et Il connaît ce qui est dans la terre ferme, comme dans la mer. Et pas une feuille ne tombe qu’Il ne le sache. Et pas une graine dans les ténèbres de la terre, rien de frais ou de sec, qui ne soit consigné dans un livre explicite. »

Les épreuves que nous subissons ne peuvent entraîner que le Bien quoique nous ne le décelions que trop tard.

Le Prophète (saw) lui-même a vécu des malheurs sa vie durant mais il a fait preuve d’une foi profonde et d’une résignation absolue à la Volonté Divine : En effet, à soixante et un ans, c’est-à-dire deux ans avant de joindre son Créateur, le Prophète perdit son dernier fils, Ibrahim, un bébé âgé alors de deux ans. Cet enfant était tellement chéri par son père qui ne manquait pas de le montrer à ses compagnons. La mort de ce bébé vint couronner la mort de sept autres enfants du Prophète (saw). Profondément chagriné mais fermement résigné, Le Prophète (saw) a pleuré son fils tout en invoquant Allah par ces paroles : 
« Me voici à Tes ordres et à Ton service ; tout le bien provient de Toi, le mal ne peut T’être attribué. »

Allah, L’Omniscient est au courant de ce qui est arrivé et de ce qui va arriver. Il est le Très Miséricordieux.
Dans quel état d’âme se trouvait Moïse (as) quand sa rencontre avec Al- Khedr eut lieu ?

Pharaon a fait subir à Moïse (as) de grands préjudices. En foi de quoi, il fallait que Moïse quitte quelque peu cette ambiance dans laquelle il a vécu jusqu’ici et trouve une issue qui s’est incarnée dans la personne de Al-Khedr. La science que ce dernier a fourni à Moïse (as) était d’ordre pratique ; ce qui constitue en tout temps, un moyen idéal pour apprendre le dogme.
En quoi consistait la science de Al-Khedr ? C’était la science de la résignation à la Volonté d’Allah face à la Fatalité, la science de la Certitude et de la Foi absolue en Allah et aux trois Beaux Noms d’Allah : l’Omniscient, le Sage et le Très Miséricordieux. Bref, Al-Khedr incarne l’Inconnaissable et le Destin organisés par Allah.

La Volonté Divine a fait que Moïse vive trois récits qui nous touchent de près en tant qu’humains et qui vont lui servir plus tard : la question des moyens de subsistance, la perte de personnes chéries surtout les enfants et le retard des ressources avec tout ce que cette question peut englober comme notions.

Nous allons entreprendre de présenter le récit coranique puis nous allons faire ressortir le Bien qui en découle et tout cela pour expliquer la Fatalité. Si Allah a voulu que Pharaon porte préjudice à Moïse (as) au moment où Il pouvait le ménager, ce n’était que pour lui faire acquérir la force, la patience et la sagesse nécessaires dont il aurait besoin plus tard, lorsqu’il aura à guider les juifs dans le chemin d’Allah.

Moïse a accompagné Al-Khedr dans trois déplacements : maritime avec des gens humbles, puis terrestre avec de jeunes gens et enfin fataliste avec des gens avares et des orphelins. Ce qui lui a permis de s’introduire dans la société, condition fondamentale pour tout missionnaire et prédicateur d’être en contact direct avec les gens pour connaître de plus près leurs problèmes quotidiens afin de déceler leurs états d’âme et leurs réactions.


Le premier voyage :

Le Prophète (saw) relata que Moïse et Al-Khedr sont montés à bord d’un bateau de passagers qui se déplaçaient d’une rive à une autre. C’étaient des gens humbles et simples quoique braves qui, en dépit de leur pauvreté, firent monter Al-Khedr et son compagnon sans rien leur faire payer en retour. Le Messager d’Allah poursuivit son récit en disant qu’un oiseau se trouvait à bord de ce bateau et que de temps en temps, il buvait une goutte ou deux de l’eau de mer. Dans le dessein de préparer Moïse qui va être perplexe à la vue d’incidents inopinés, Al-Khedr eut recours à quelques moyens naturels en lui expliquant :
« Sache ô Moïse, que ma science et la tienne, comparées à la science d’Allah, sont égales aux gouttes d’eau qu’a bues cet oiseau de la mer. »

Une fois que le bateau eut pris le large, Al- Khedr descendit clandestinement et à l’insu de tout le monde, à la calle du bateau et y fit une brèche. Moïse lui dit :
« Est-ce pour noyer ses occupants que tu l’as ébréché? Tu as commis, certes, une chose monstrueuse ! »

A ce niveau, Al-Khedr ne lui a fourni aucune explication. Telle est la Fatalité dans notre vie : on n’apprend la sagesse des épreuves que quelques années plus tard. L’essentiel c’est de se résigner à la Volonté Divine et d’avoir foi en la Fatalité.


Le deuxième voyage :

En débarquant du bateau, Moïse avait la forte conviction que l’acte de Al-Khedr était exécrable, du fait qu’il avait ébranlé la vie des humains. En arrivant dans un village, ils s’attardèrent devant de jeunes gens qui jouaient ensemble. En apercevant l’adolescent, Al-Khedr le tua sur le champ. L’évènement est décrit au verset 74 de la Sourate Al-Kahf :
« Puis ils partirent tous deux; et quand ils eurent rencontré un enfant, [l’homme] le tua. Alors [Moïse] lui dit : « As-tu tué un être innocent, qui n’a tué personne? Tu as commis certes, une chose affreuse! »


Le troisième voyage :

Jusqu’à l’heure, tous les deux n’avaient rien mangé et tous les deux avaient faim :
« Ils partirent donc tous deux; et quand ils furent arrivés à un village habité, ils demandèrent à manger à ses habitants; mais ceux-ci refusèrent de leur donner l’hospitalité… »

Les habitants de ce village étaient fort avares.
Confus, Moïse suivait toujours Al-Khedr qui observait les maisons, jusqu’à être arrivés à un mur qu’il entreprit de redresser :
« … Ensuite, ils y trouvèrent un mur sur le point de s’écrouler. L’homme le redressa… »
Persuadé que Al-Khedr plaçait mal ses bons actes et incapable de garder le silence plus longtemps, Moïse lui fit remarquer :
« … Si tu voulais, tu aurais bien pu réclamer pour cela un salaire ».

Pour la troisième fois Moïse a contrevenu à leur accord. Il a désapprouvé tous les actes de Al-Khedr ; la brèche dans le bateau; l’enfant innocent qu’il a tué et enfin, l’acte bénévole qu’il a offert dans le village des avares.
Allah nous a ordonné de lire Sourate Al-Kahf tous les vendredis, conformément au Hadith du Prophète (saw) : 
« Quiconque récite la Sourate Al-Kahf le vendredi, Allah éclaire pour lui l’espace entre ciel et terre. » 

Et ce, pour nous susciter à avoir foi en la Fatalité.
Al-Khedr a finalement pris la décision de mettre Moïse au courant de ses actes :
« Ceci [marque] la séparation entre toi et moi, dit [l’homme,] Je vais t’apprendre l’interprétation de ce que tu n’as pu supporter avec patience.»
(Coran 18 Verset 78)


Interprétation du premier récit :

A propos du bateau qu’il a percé, Al-Khedr s’est expliqué en disant que le roi de ce village était tyrannique et s’emparait de chaque bateau en bon état pour l’ajouter à sa flotte. Or, dans le but de préserver le bateau à ces gens humbles qui constituait leur seul moyen de subsistance, Al-Khedr y fit cette brèche :
« Pour ce qui est du bateau, il appartenait à des pauvres gens qui travaillaient en mer. Je voulais donc le rendre défectueux, car il y avait derrière eux un roi qui saisissait de force tout bateau. »


La valeur de la résignation à la Volonté Divine :

Il faut croire que le problème qui semble nous accabler et entraver nos projets n’est que salutaire. A vrai dire, toutes les grandes réalisations qui ont eu lieu dans notre vie ont été précédées par une crise assez pénible. En raison de l’immolation d’Ismaël (as) qui paraissait être une dure épreuve à Abraham (as), les pauvres du monde entier trouvent à manger jusqu’aujourd’hui pendant la fête Al-Adha (la fête du sacrifice). Sans la souffrance et la situation critique dans laquelle se trouvaient Sayyida Hadjar et son fils Ismaël (as), la source de Zamzam n’aurait jamais jailli. Si Joseph (as) n’avait pas été jeté dans les profondeurs invisibles du puits, l’Egypte aurait enduré la famine.

Le Prophète (saw) dit à ce propos : 
« Celui qui est satisfait en attestant avoir Allah pour Seigneur, l’Islam pour religion et Mohammad (saw) pour Prophète et Messager, aura goûté à la Foi. »

Celui qui répète, une fois que l’appel à la Salât se fait entendre : 
« J’accepte et je suis satisfait d’avoir Allah pour Seigneur, l’Islam pour religion et Mohammad (saw) pour Prophète et Messager. » sera payé en retour par l’Agrément d’Allah ce jour-là et sera absous de tous ses péchés.

Un homme a demandé au Messager d’Allah de lui indiquer le meilleur acte. 
« Avoir foi en Allah et en Son Messager, et lutter dans la voie d’Allah. » Lui répliqua le Messager d’Allah (saw). L’homme demanda à nouveau : « Peux-tu m’indiquer quelque chose de moins compliqué ? » « Abstiens-toi de Lui faire procès dans Son Propre Domaine. » lui dit le Messager d’Allah (saw). » Comme si Allah nous disait :
« Si vous n’êtes pas satisfaits de mes arrêts Divins, sortez de dessous Mon Ciel. »


Interprétation du second récit :

Allah dit au verset 80 :
« Quant au garçon, ses père et mère étaient des croyants; nous avons craint qu’il ne leur imposât la rébellion et la mécréance. »

Il sait très bien que cet enfant, une fois grand, sera un despote et un ingrat vis-à-vis de ses parents. On peut se demander à ce niveau, pour quelle raison Allah a créé ce garçon à l’origine ? Peut-être pour le faire entrer au Paradis, car s’il avait à vivre plus longtemps, il finirait en Enfer. Ou bien pour accorder un degré supérieur à ses parents au Paradis, degré auquel ils n’auraient accès qu’à la suite de la mort de leur fils. Ou bien, par sa mort, les jeunes se rachèteront et retourneront à Allah.

Le compagnon du Prophète ‘Ourwa Ibn Azzoubaïr a rendu visite au Prince des croyants. ‘Ourwa fut sujet à une forte douleur à la jambe ce qui amena les médecins à la lui amputer. Au même moment, son fils qui l’avait accompagné, fut écrasé par le cheval avec lequel il jouait. En lui rendant visite, les gens ne savaient plus s’ils avaient à le consoler pour sa jambe amputée ou à le soulager dans son chagrin. Mais ‘Ourwa leur a dit avec un large sourire : 
« Ô Allah ! A Toi les louanges; j’avais sept enfants, Tu en as pris un et Tu m’en as laissé six; et j’avais quatre membres, Tu en as pris un et Tu m’en as laissé trois; à Toi les louanges; si Tu as pris, n’empêche que Tu as laissé ; et si Tu as ravi n’empêche que Tu as octroyé ; à Toi les louanges. »

A la bataille de Uhud, lorsque Hamza (ra) fut tué, et que son cadavre fut défiguré, le Prophète donna ses instructions pour empêcher Safiya sa mère, et sa sœur de le voir pour la dernière fois. Mais Safiya leur dit : 
« Vous avez peur pour moi? Je jure par Allah que ce qu’a subi Hamza en comparaison des Dons d’Allah est insignifiant; Il nous a trop favorisées. » 

En entendant ces mots, le Prophète (saw) lui permit de voir son fils.


Interprétation du troisième récit :

« Et quant au mur, il appartenait à deux garçons orphelins de la ville, et il y avait dessous un trésor à eux; et leur père était un homme vertueux. Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leur maturité et qu’ils extraient, [eux-mêmes] leur trésor, par une miséricorde de ton Seigneur. Je ne l’ai d’ailleurs pas fait de mon propre chef. Voilà l’interprétation de ce que tu n’as pas pu endurer avec patience »

Sachant que les habitants de ce village étaient tous des cupides, le père de ces deux enfants avait décidé de dissimuler le trésor qui leur revenait de droit, sous ce mur. Al-Khedr l’a restauré afin qu’il ne s’écroule pas en laissant paraître le trésor, et ce, parce que leur père était un homme vertueux.

Ils tarderaient à récupérer leur héritage, mais une fois leur majorité atteinte, ils l’auraient pour sûr; telle est la Miséricorde d’Allah. De surcroît, ce récit rappelle aux pères d’épargner des biens à leurs enfants. Si tu es un père vertueux, tu n’as rien à redouter, la Fatalité d’Allah prendra soin de tes enfants.


La Miséricorde est le pivot de la vie :

La brèche dans le bateau était par Miséricorde ; l’enfant tué était par Miséricorde ; le retard du trésor était par Miséricorde. La maternité est une Miséricorde ; l’indulgence des animaux entre eux est une Miséricorde. Le Prophète (saw) est une Miséricorde.
« Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers »
(Coran 21 Verset 107)

Les Prophètes sont une Miséricorde. La présence des parents est une Miséricorde. L’acte de mariage est une Miséricorde. Les foyers sont une Miséricorde.
Tout l’univers a été édifié à base de Miséricorde.
« Et prescris pour nous le bien ici-bas ainsi que dans l’au-delà. Nous voilà revenus vers Toi, repentis. »
(Coran 7 Verset 156)
Et (Allah) dit:
« Je ferai que Mon châtiment atteigne qui Je veux. Et Ma miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai à ceux qui (Me) craignent, acquittent la Zakat, et ont foi en Nos signes. »
(Coran 7 Verset 156)


La moralité de ce récit :

Armé de patience à l’issu de ces trois voyages, Moïse pourrait désormais mener à bien sa mission à l’égard des fils d’Israël. Il s’est rendu à l’évidence qu’Allah est Tout Miséricordieux dans Sa Fatalité. C’est cette Fatalité même qui devait sauver Moïse plus tard quand traqué par Pharaon, il avait traversé la mer.

Lorsque Moïse a croisé Al-Khedr, il portait un lourd fardeau sur les épaules : les problèmes de toute une nation. Al-Khedr lui a démontré que la Fatalité d’Allah est susceptible de résoudre les problèmes des individus. Serait-il raisonnable qu’Allah se soucie des problèmes des individus et délaissent ceux des nations ?!

Ce récit fournit un espoir immense à la Ummah Islamique :
« Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. »
(Coran 2 Verset 216)

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