Le Coran

Un Verset, Un Tafsir (S4,V19-20-21-22)


(Verset Muslim Pro du 30 Mars 2020 + Complément)

« 19- O croyants, il vous est interdit de vous attribuer des femmes par voie d’héritage contre leur gré ou de les empêcher de se remarier dans le but de leur reprendre une partie de leur dot, à moins qu’il ne soit avéré qu’elles sont coupables de fornication. Montrez-vous convenables envers elles durant la vie commune. Vous pouvez avoir de l’antipathie pour elles, mais ce pourquoi vous avez de l’antipathie, il se peut que ce soit une source de bonheur pour vous.
20- Désirez-vous prendre une femme a la place d’une autre? Et avez-vous donne un quintal d’or à celle que vous renvoyez? Sur ce don, ne prélevez rien. Un tel prélèvement serait entache d’injustice et d’une iniquité manifeste.
21- Comment oseriez-vous leur reprendre quelque chose, après que l’union la plus intime vous a associes et que vous avez échangé de solennelles promesses.
22- Ne prenez pas pour épouses les femmes qui ont été unies a vos pères. Cette défense ne s’applique pas au passe. De pareilles pratiques sont d’une inconvenance et d’une immoralité flagrantes. »

D ‘après Boukhâri, ibn Abbas (ra) a commenté le premier verset en disant :
« Dans le temps, lorsqu’un homme mourait, ses proches prétendaient qu’ils avaient plus de droit à sa femme que les autres, ils l’épousaient ou la mariaient à un autre ou ils la retenaient sans la laisser se remarier. Dieu fit alors cette révélation: « O croyants, il vous est interdit de vous attribuer des femmes par voie d’héritage contre leur gré ». »

Dans une autre version, Ibn Abbas (ra) a dit que, du temps de l’ignorance, lorsque le mari mourait et qu’un homme venait de mettre un vêtement sur la veuve, il avait plus de droit à l’épouser que tout autre homme, et c’est pourquoi Dieu a fait cette révélation.

Quant au commentaire de Zaid Ben Aslam, il est le suivant:
« Du temps de l’ignorance, lorsqu’un homme de Yathrib mourait, son héritier gardait la veuve comme étant une succession. Il l’empêchait de se remarier jusqu’à ce qu’elle lui cède sa part de la succession ou qu’elle accepte l’homme qu’il lui présentait. Quant aux habitants de Touhama, l’homme maltraitait sa femme et la répudiait en stipulant de ne la laisser plus se remarier jusqu’à ce qu’elle se rachète par une partie des biens qu’il lui avait donnée ».
Dieu a interdit aux hommes un tel comportement.

Ibn Jouraij a rapporté que ce verset fut révélé au sujet de Kabicha la fille de Ma’n Ben ‘Assem Ben Al-Aws. Comme son mari Abou Qais Ben Al-Aslat mourut, son fils la contraignit. Elle vint se plaindre auprès de l’Envoyé de Dieu (saw) et lui dit:
« O Envoyé de Dieu, je n’ai rien hérité de mon mari et son fils ne me laisse pas me remarier ». Dieu fit alors descendre ce verset.

En général on peut retenir de ce verset une chose essentielle qui consiste à ne plus maltraiter la femme si la vie conjugale devient incompatible, ou la contraindre à se racheter d’une partie, ou de tout ce que l’homme lui avait donné, ou de lui céder la dot pour la répudier, ou la laisser se remarier. Mais ceci est soumis à une condition qu’on trouve dans la suite du verset:
« À moins qu’il ne soit avéré qu’elles sont coupables de fornication »

Dans ce cas, d’après Ibn Abbas (ra) et Ibn Massoud (ra), il est permis à l’homme de reprendre la dot et tout ce qu’elle lui offre pour la répudier, ce genre de répudiation on l’appelle « Khol’ » ou la femme se rachète.

Un tel agissement est toléré car Dieu l’a permis quand II a dit:
« Il vous est interdit de reprendre à vos femmes quoique ce soit de ce que vous leur avez donné, à moins que tous deux ne craigniez d’outrepasser les lois d’Allah en vivant ensemble »
(Coran 2, Verset 229)

Il s’avère de toutes ces explications que cela se passait du temps de l’ère préislamique (la Jahilia)

A cet égard Abdul Rahman Ben Zaid a dit:
« Un Quraychite à La Mecque épousait une femme d’une noble lignée. Comme il trouvait plus tard que la vie avec elle est difficile, il la répudiait à condition de ne plus se remarier qu’avec sa permission. A ces fins, il appelait les témoins et mettait ça par écrit. Lorsqu’un homme venait la demander en mariage, l’ex-mari lui accordait son autorisation à condition qu’elle se rachète en le rendant satisfait, sinon, il l’empêchait de se remarier.

« Montrez-vous convenables envers elles durant la vie commune »
C’est une exhortation à avoir un bon comportement envers les femmes en leur tenant un langage aimable, les traitant avec douceur et se présenter devant elles avec un aspect convenable. Bref traitez-les de la façon dont vous désirez être traités, en d’autres termes conformez-vous aux dires de Dieu:
« Les femmes ont autant de droits que de devoirs dans le mariage suivant une juste mesure »
(Coran 2 Verset 228)

A cet égard l’Envoyé de Dieu (saw) a dit:
« Le meilleur d’entre vous est celui qui est bon envers sa femme. Je suis le meilleur d’entre vous envers mes femmes ».

En effet il traitait ses femmes de la plus belle façon: il les câlinait, plaisantait avec elles et dépensait pour elles dans la mesure de sa capacité.

On a rapporté que le Prophète (saw) pour se montrer aimable avec Aicha (ra) la mère des croyants, faisait la course avec elle. Elle raconte:
« Etant tout jeune et très mince j’ai remporté la course. Mais plus tard, après avoir gagné un certain poids, il l’a remporté. Il m’a dit: « Maintenant nous sommes quittes ». »

Il réunissait toutes ses femmes dans l’appartement de celle à laquelle il consacrait la nuit pour prendre le diner ensemble. Ensuite chacune d’elle s’enfermait dans son propre appartement et il passait la nuit avec la femme chez qui il se trouvait et la cohabitait en se comportant comme un époux affectueux. Et nous avons dans le Prophète (saw) un bel exemple.

« Vous pouvez avoir de l’antipathie pour elles, mais ce pour quoi vous avez de l’antipathie, il se peut que ce soit une source de bonheur pour vous »
C’est à dire peut-être vous éprouvez de l’aversion pour vos femmes en se montrant patients par le fait de les garder chez vous malgré cette aversion en laquelle Dieu a place un bien pour vous dans la vie présente et dans l’au-delà. Ibn Abbas (ra) a commenté ceci de cette façon:
« L’homme étant compatissant envers sa femme, il se peut qu’elle lui engendre un enfant qui sera pour lui une source de biens et de bonheur. »

Dans un hadith rapporte par Abou Hurayrah, le Prophète (saw) a dit:
« Un croyant ne doit pas haïr sa femme croyante. S ’il trouve en elle un caractère qui lui déplait, sûrement un autre caractère pourra le satisfaire »
(Rapporté par Mouslim)

« Désirez-vous prendre une femme a la place d’une autre? Et avez-vous donne un quintal d’or à celle que vous renvoyez? Sur ce don, ne prélevez rien. Un tel prélèvement serait entaché d’injustice et d’une iniquité manifestes »
C’est une recommandation a ceux parmi les hommes qui veulent répudier leurs femmes pour se marier d’avec d’autres, de ne reprendre quoique ce soit de ce qu’ils leur avaient donné en tant que dot où dons. Car le faire constitue une infamie et un péché évident.
On peut déduire de ce verset qu’il est toléré d’accorder à la femme une dot d’une certaine valeur selon la capacité et les circonstances.

A savoir que ‘Omar Ben Al-Khattâb (ra) interdisait aux hommes de présenter une grande dot aux femmes, mais plus tard, il revenait sur ses paroles.

D’après l’imam Ahmed, ‘Omar (ra) a dit:
« N’exagérez pas dans la dot que vous donnez à la femme: Car si une telle dot constituait une considération pour la femme dans la vie présente ou une crainte révérencielle de Dieu, votre Prophète l’aurait faite. Sachez que l’Envoyé de Dieu (saw) n’a donné à une de ses femmes, et n’a demandé pour ses filles, une dot qui a dépassé les douze onces d’argent ».

Masrouq a rapporté cette anecdote:
« Un jour, Omar Ben Al-Khattâb (ra) monta sur la chaire de l’Envoyé de Dieu (saw) et dit aux hommes:
« Pourquoi montrez-vous très généreux dans les dots des femmes! L’Envoyé de Dieu (saw) et ses compagnons ont fixé la dot a quatre cent dirhams et même moins. Si cette dot exagérée émanait de la crainte révérencielle de Dieu ou une haute considération pour les femmes, ils vous auraient devancés. Donc nul d’entre vous n’est tenu de donner plus de quatre cent dirhams »
En descendant de la chaire une femme Quraychite lui barra le chemin et lui dit:
« Tu viens d’interdire aux hommes de donner plus que quatre cent dirhams comme dot? »
Oui, répondit-il. Et là femme d’ajouter:
« N’as-tu pas entendu ce que Dieu a révélé dans Son Livre? »
– Qu’est-ce qu’il a dit?
– N’as-tu pas entendu Dieu dire:
« Et avez-vous donné un quintal d’or à celle… »
Omar s’écria alors:
« Grand Dieu, je Te demande pardon. Tout le monde est plus instruit que ‘Omar(ra). »
Il remonta sur la chaire et s’adressa aux gens:
« Hommes! Je vous ai interdit de donner plus que quatre cent dirhams comme une dot aux femmes. Que celui qui veut donner plus, le fasse ». »

C’est pourquoi Dieu désavoue les actes de certains hommes en disant: « Comment oseriez-vous leur reprendre quelque chose après que l’union la plus intime vous a associés. »
Il s’agit, comme a dit Ibn Abbas (ra), de rapports sexuels.

Il est cité dans les deux Sahihs que l’Envoyé de Dieu (saw) aurait dit à un homme et une femme qui étaient venus chez lui pour faire de serments d’anathème :
« Dieu sait bien que l’un de vous est menteur, voudrait-il se repentir? »
Il le répéta à trois reprises.
L’homme s’écria: « O Envoyé de Dieu, que dis-tu de l’argent que je lui ai donné (c.à.d. la dot).
Il lui répondit:
« Tu n’as droit à rien. Si tu as dit la vérité, l’argent que tu lui as donné est le prix de votre cohabitation (le rapport charnel) mais si tu as menti, elle a le droit à s’en approprier ».
« Et que vous avez échangé de solennelles promesses »

Il s’agit du contrat du mariage. Mais Soufian Al-Thawri l’a commenté en disant:
« C’est la reprise d’une manière convenable ou le renvoi décemment ».

Il est cité dans le Sahih, d’après Jaber, que le Prophète (s aw) a dit dans le discours du pèlerinage de l’adieu:
« Craignez Dieu en vos femmes, car vous les avez prises selon un pacte que vous avez conclu avec Dieu, et ce n’est qu’avec la permission de Dieu que vous cohabitez avec elles »
(Rapporté par Muslim)

« Ne prenez pas pour épouses les femmes qui ont été unies à vos pères »
C’est une interdiction catégorique aux hommes d’épouser les femmes que leurs pères ont eue pour épouses et ceci par égards aux pères en leur gardant le respect convenable.

‘Ady Ben Thabet a raconté que Abou Qais, qui était l’un des meilleurs Ansariens, mourut. Son fils Qais proposa à la veuve de l’épouser, elle lui répondit:
« Je te prends pour un de mes enfants et tu es un homme vertueux. Laisse-moi aller voir l’Envoyé de Dieu (saw) et lui demander son opinion.
En racontant le fait au Prophète (saw) il lui répondit de retourner chez elle (sans lui donner son avis). Dieu à cette occasion fit descendre ce verset »

Comme ce genre de mariage était pratique du temps de la Jahilia, d’après al-Souhaili, c’est pourquoi Dieu a ajouté :
« Cette défense ne s’applique pas au passe »

Comme II a dit aussi en ce qui concerne deux sœurs:
« Et d’avoir pour épouses en même temps deux sœurs≫.

Ce qui affirme ce genre de mariage l’histoire de Kinan ben Khouzaima qui avait épousé la femme de son père mort, qui lui engendrait An-Nadar Ben Kinan. L’Envoyé de Dieu (saw) avait dit à ce propos:
« Il est né d’un mariage légal et non d’une fornication ».

Ibn Abbas (ra) a dit que les hommes du temps de l’ignorance s’interdisaient des femmes que Dieu a rendues illicites sauf la femme du père et les deux sœurs ensemble. Dieu décrit ce mariage comme étant :
« Une inconvenance et une immoralité flagrantes »

Certes ceci est un acte haïssable car quiconque épouse la femme d’un autre déteste l’ex-mari, ainsi le fils sera poussé à détester son père. Et pour la meme raison Dieu a interdit de se marier d’avec les femmes du Prophète (saw) après lui, étant donné qu’elles sont en tant que mère des croyants et le Prophète en tant qu’un père des musulmans.

Donc épouser la femme du père est un acte abominable et un chemin détestable, quiconque l’emprunte après cet avertissaient aura apostasié, sera exécuté et ses biens iront au trésor publique.

A cet égard Al-Bara‘ Ben Azeb rapporte:
« Mon oncle paternel Al-Hareth Ben Oumar passa près de moi portant un étendard que le Prophète (saw) lui a confié. Je lui demandai:
« Vers qui le Prophète t’a envoyé? »
Il me répondit: « Il m’a envoyé vers quelqu’un qui a épousé la femme de son père pour le tuer »

(Tafsir d’Ibn Kathir)

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