Des Femmes d’Exception : Maymûnah Bint Al-Hârith (ra)
Maymûnah Bint Al-Hârith Ibn Hazn des Banû Hilâl (ra) épousa le Prophète (saw) en l’an 7 après l’Hégire, alors que le Prophète avait soixante ans et qu’elle en avait trente-six. Elle était la veuve d’Abû Ruhm Ibn `Abd Al-`Uzzâ. Sa sœur, Um Al-Fadl Lubâbah, était la mère de `Abdullâh Ibn `Abbâs, le cousin du Prophète et un de ses plus sages compagnons. Um Al-Fadl faisait partie des premiers Compagnons du Prophète. On dit qu’elle fut la première femme à embrasser l’islam après Khadija.
Une fois, Abû Lahab, l’ennemi d’Allah et de son Messager, pénétra dans la maison de son frère, Al-`Abbâs, et agressa son esclave, Abû Rafi, pour s’être converti à l’Islam. Abû Lahab le frappa et le fit tomber à terre, il s’agenouilla sur lui, puis continua à le frapper. Um Al-Fadl saisit un bâton et le fracassa sur la tête d’Abû Lahab disant : « Vas-tu le maltraiter parce que son maître est absent ? » Il fut empli de honte et mourut une semaine plus tard.
La Mère des Croyants, Zaynab Bint Khuzayma, était également sa demi-sœur. Parmi ses autres sœurs, il y avait Asmâ’ Bint `Umays, la femme de Ja`far Ibn Abî Tâlib, qui épousa plus tard Abû Bakr, et Salmâ Bint `Umays, la femme de Hamzah, le « Lion d’Allah » .
Ses sœurs germaines (issues du même père et de la même mère) étaient Lubâbah , Asmâ’, Salmâ et Salâmah. Ainsi Maymunah faisait-elle partie des « Ahlul-Bayt » (« les gens de la maison »), non seulement parce qu’elle était une épouse du Prophète (saw) mais également parce qu’elle était une de ses parentes.
Zayd Ibn Arqam rapporte que le Prophète (saw) a dit :
« Je t’implore Allah en faveur des gens de ma maison ! » trois fois. Zayd demanda qui étaient les gens de sa maison, et il répondit (saw) : « La famille de `Ali Ibn Abî Tâlib, la famille de Ja`far Ibn Abî Tâlib, la famille de `Aqîl Ibn Abî Tâlib et la famille d’Al `Abbâs Ibn `Abd Al-Muttalib. »
Maymûnah, ou Burrah de son prénom de naissance, était désireuse d’épouser le Prophète (saw).
Elle alla trouver sa sœur Umm Al-Fadl pour lui en parler et celle-ci, à son tour, en parla à son mari, Al-`Abbâs. Al Abbas alla directement trouver le Prophète (saw) avec l’offre de mariage de Maymûnah et sa proposition fut acceptée. Quand la bonne nouvelle lui parvint, elle était sur un chameau. Elle descendit immédiatement et dit :
« Le chameau et ce qu’il porte sont pour le Messager d’Allah. »
Ils se marièrent durant le mois de Chawal de l’an 7 après l’Hégire, juste après que les musulmans de Médine aient obtenu la permission de visiter la Mecque sous les conditions du traité d’Al-Hudaybiyah, afin d’effectuer la `Umra (le petit pèlerinage).
A ce propos, Allah fit descendre ce verset :
« …Ainsi que toute femme croyante qui se serait donnée au Prophète pourvu que le Prophète ait voulu l’épouser. Ceci est un privilège qui t’es accordé, à l’exclusion des autres croyants. »
(Coran 33 Verset 50)
Le Prophète lui donna le nom Maymûnah qui signifie bénie. Elle vécut pendant trois ans avec le Prophète jusqu’à sa mort. Elle était de très bonne nature et s’entendait bien avec tout le monde, et aucune querelle ou mésentente avec les autres femmes du Prophète (saw) ne fut relatée à son sujet. `Aïshah dit à son sujet :
« Parmi nous, elle était celle qui craignait le plus Allah – Exalté soit-Il – et elle faisait le maximum pour maintenir les liens de parenté. »
Ce fut dans sa chambre que le Prophète (saw) commença à sentir les effets de sa maladie finale. Il demanda ensuite la permission à ses femmes de rester dans la chambre d’A’ishah pendant cette période.
Après la mort du Prophète (saw) Maymûnah continua à vivre à Médine pendant quatorze autres années. Elle mourut à l’âge de quatre-vingts ans, en 51 après l’Hégire, étant la dernière épouse du Prophète (saw) à décéder. Elle demanda à être enterrée à l’endroit où elle avait épousé le Prophète (saw), à Saraf, et sa requête fut entendue.
On rapporte qu’à ses funérailles, Ibn `Abbâs dit :
« Ce fut la femme du Messager d’Allah (saw) alors, lorsque que vous la soulèverez, ne la secouez pas et ne soyez pas trop brutaux, mais soyez doux. »
Il est également rapporté par Ibn `Abbâs qu’il fut une nuit l’invité de Maymûnah – qui était sa tante – et du Prophète (saw). Ils dormirent sur leur couche dans le sens de la longueur, et lui dormit au bout, en travers. Après qu’ils aient tous dormi un moment, le Prophète (saw) se leva pour accomplir la prière du tahajjud (prière nocturne surérogatoire) et Ibn `Abbâs se joignit à lui.
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ls firent tous deux leurs ablutions et la prière de onze rackat, puis se couchèrent à nouveau jusqu’à l’aube. Bilal fit l’appel à la prière et le Prophète fit deux autres rackat courtes avant de se rendre à la mosquée pour guider la prière de l’aube.
Ibn `Abbâs dit qu’une des invocations que le (saw) fit durant cette nuit fut :
« Ô Allah, introduit la lumière dans mon cœur, ma langue, mon ouïe, ma vue, derrière moi, devant moi, à ma droite, à ma gauche, au-dessus et en dessous de moi ; introduit la lumière dans mes tendons, ma chair, mon sang, mes cheveux et ma peau ; introduit la lumière dans mon âme et rend la lumière abondante pour moi ; accorde moi la lumière. »
Il est communément reconnu que ce fut après le mariage du Prophète (saw) avec Maymûnah, ce qui lui faisait neuf femmes (`A’ishah, Sawdah, Umm Habîbah, Hafsa, Um Salamah, Zaynab Bint Jahsh, Juwayriyyah, Safiyyah et Maymûnah), que le verset suivant fut révélé :
« Il ne t’est plus permis de changer d’épouses ni de prendre d’autres femmes, en dehors de tes esclaves même si tu es charmé par la beauté de certaines d’entre elles. Dieu voit parfaitement toutes choses. »
(Coran 33 Verset 52)
Après cela, le Prophète (saw) ne se maria plus jamais. Cependant, lorsqu’un souverain chrétien, ou le Muqawqis d’Egypte lui envoya deux femmes esclaves qui étaient sœurs en guise de cadeau (en réponse à une lettre du Prophète les invitant à embrasser l’Islam), accompagnées d’un beau vêtement et de quelques médicaments, le Prophète accepta une des deux filles, Maria, dans son foyer : il donna sa sœur Serene à un homme qu’il souhaitait honorer, à savoir Hassan Ibn Thâbit. Il accepta le vêtement, et renvoya les médicaments avec le message : « Ma sunna est mon médicament ! » Ceci eut lieu en l’an 7 après l’Hégire.