Rappels Islamiques

L’Islam, le vivre-ensemble et la tolérance


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection


L’Islam est, comme on le sait, la religion qui scelle le cycle des religions célestes et constitue le dernier Message d’Allah à l’Humanité.

Il n’est donc pas étonnant que ce Message soit universel et valable en tout lieu, toute époque et pour tout peuple.

Les lois de l’Islam ne concernent pas seulement les relations entre musulmans mais englobent toutes les relations entre les hommes, y compris avec des non-musulmans.

Ceci signifie que l’Islam est une religion pratique, pragmatique et non un ensemble de théories utopiques en décalage avec les réalités vécues par les hommes au cours de leur existence.

Allah a créé les hommes et décidé que certains d’entre eux seraient musulmans et d’autres non-musulmans. Il a ordonné aux musulmans d’inviter les autres communautés à suivre le chemin de la guidée mais ne leur a pas imposé de les convertir. Il dit ainsi au Prophète (saw) :

«  … tu n’es chargé que de transmettre [le message]… »

(Coran 42 Verset 48)

Il apparaît ainsi que la différence est une caractéristique de l’espèce humaine qui existe depuis toujours et qui est validée par le Coran dans lequel Allah déclare :

« Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté. Or, ils ne cessent d’être en désaccord (entre eux,) sauf ceux à qui ton Seigneur a accordé miséricorde… »

(Coran 11 Versets 118-119)

Toutefois, admettre les différences ne signifie pas admettre le faux, accepter toutes les croyances, ne pas condamner celles qui sont fausses, ne pas démontrer leur fausseté ni s’abstenir d’orienter leurs partisans vers la vérité.

Admettre les différences signifie plutôt bien se comporter avec ceux qui sont différents, suivre la guidée de l’Islam tout en dialoguant avec les contradicteurs  et adopter comme principes la douceur ainsi que l’amabilité.

Les règles de bienséance religieuses à adopter dans les relations avec les non-musulmans consistent à les inviter à découvrir l’Islam en usant de sagesse et de bonne exhortation, à maintenir avec eux un dialogue courtois en se montrant tolérant dans la mesure du possible, c’est-à-dire sans accorder de concession au détriment de l’Islam ni laisser quiconque porter atteinte à sa sacralité et à sa suprématie.

Voila donc la signification du vivre-ensemble entre les humains. L’expression « vivre-ensemble » est très largement utilisée de nos jours et a une signification très proche du mot « tolérance » qui était plus populaire et plus utilisé par le passé.

Quiconque consulte les textes religieux de l’Islam et étudie l’histoire musulmane constate que l’esprit de tolérance et de bienfaisance imprègne cette civilisation.

Nous donnerons donc un aperçu concernant la tolérance, qui est un concept proche du vivre ensemble, nous évoquerons aussi certaines de ses manifestations dans la législation islamique et quelques exemples concrets pris dans l’histoire de l’Islam.

Définition de la tolérance (tasâmuh)

Cheikh Muhammad At-Tâhir ibn ‘Âchûr écrit à propos de la tolérance :

« Le mot tasâmuh est dérivé du verbe sâmaha/yusâmihu qui signifie « manifester de la grandeur d’âme » (samâhah) ».

Il ajoute :

« Le sens originel du mot samâhah est la facilité dans la fréquentation.
Cela signifie être bienveillant dans des situations où on s’attend à ce que l’être humain soit agressif. Dans un hadith authentique, le Prophète (saw) dit : « Qu’Allah fasse miséricorde à l’homme bienveillant lorsqu’il vend, achète (s’acquitte de ce qu’il doit) et réclame (le paiement de sa créance) » (Rapporté par Al-Bukhâri) »

Il précise un peu plus loin :

« Dans ce livre, le sens que je donne au mot tasâmuh est le fait de manifester de la grandeur d’âme dans la relation avec les non-musulmans. Il s’agit d’un terme forgé par les théologiens tardifs de la fin du siècle dernier qui se sont inspirés du hadith dans lequel le Prophète (saw) dit : « J’ai été envoyé pour prêcher le monothéisme pur et facile à pratiquer (al-Hanîfiyyatu s-samhah) » (Rapporté par Ahmad).

Ainsi le sens du terme tasâmuh est devenu celui-là. Certains utilisaient par le passé le terme tasâhul qui est un synonyme, mais il s’avère qu’il exprime aussi une idée de laxisme dans la pratique religieuse du musulman, c’est pourquoi on en abandonna l’usage. Le terme tasâmuh correspond donc à ce concept de tolérance et il ne convient donc pas de le remplacer par un autre »

L’importance de faire des recherches sur la tolérance de l’Islam

Comme l’affirme Ibn ‘Âchûr, la tolérance de l’Islam figure parmi les principaux axes de recherche de celui qui étudie cette religion puisque de nombreux savants et penseurs, particulièrement les non-musulmans, en ont une idée erronée.

Certains sont convaincus que la tolérance n’a pas sa place dans l’Islam alors que d’autres, parmi ceux qui reconnaissent son existence, la sous-estiment ou la surestiment.

Cependant, on peut en excuser quelques-uns pour ces erreurs car ils ont probablement en tête des exemples de musulmans qui se sont montrés intolérants au cours de l’histoire, ce qui les amène à penser que ces exemples représentent l’Islam alors qu’il n’en est rien, puisqu’il existe de nombreuses preuves de la tolérance de l’Islam.

Ces exemples d’intolérance peuvent parfois être expliqués par le fait que les musulmans oublient la tolérance enseignée par l’Islam à cause des persécutions et des complots qu’ils endurent de la part des adeptes d’autres religions, qui profitent de cette tolérance afin de réaliser leurs intérêts et de semer les troubles parmi les musulmans.

Cette hostilité les a amenés à devenir méfiants et à rendre la pareille à leurs ennemis durant des siècles, ce qui leur a fait oublier leur tolérance originelle.

Quoi qu’il en soit, ceci est un tout autre sujet qui ne doit pas faire changer la signification du mot « tolérance ». Notons que lorsque les musulmans étaient puissants, l’hostilité de leurs ennemis ne les détournait pas de la tolérance et des vertus qui s’y rattachent, même s’ils devaient en permanence faire preuve de prudence. En effet, les atouts qu’apportent les belles qualités ne sont pas diminués par la perte de quelques avantages, et l’être humain souhaitant acquérir une vertu ne doit pas se décourager à cause des inconvénients qu’il rencontre mais plutôt s’armer de prudence.

D’autre part, il ne convient pas de juger l’Islam en fonction de ce que l’on observe chez certains musulmans dans certaines périodes de l’histoire, particulièrement à notre époque. En effet, ce serait faire preuve d’injustice et de négligence que de juger l’Islam en fonction de l’attitude de certains musulmans. On penserait alors que l’Islam n’améliore pas les mœurs de ses adeptes ni ne les élève moralement.

Par conséquent, celui qui recherche la vérité en suivant une voie juste et équitable doit se renseigner sur l’Islam en revenant à ses sources qui sont le Coran, la Sunna ainsi que la pratique des pieux prédécesseurs et prendre connaissance des livres traitant de l’Islam d’une manière juste et savante.

Il s’apercevra alors que l’Islam veut apporter le bonheur aux hommes et faire régner la paix, la sécurité, la justice et la bienfaisance.

Quant aux déviances, négligeables ou considérables, de certains musulmans, il n’est pas du tout permis de les mettre sur le compte de l’Islam ou de les lui reprocher car il en est innocent. C’est aux auteurs des déviances en question d’en assumer les conséquences car l’Islam ne leur a rien ordonné de tel. Au contraire, il leur défend de dévier de ses enseignements et les blâme lorsqu’ils le font.

En outre, le principe de justice impose de scruter le comportement de ceux qui pratiquent convenablement l’Islam et appliquent strictement ses commandements.

Examiner l’Islam sous cet angle selon cette méthode introduit alors du respect et de la révérence pour cette religion et ses fidèles, car elle n’a négligé aucune incitation au bien ni aucun avertissement contre le mal.

Cela explique que ceux qui la pratiquent sincèrement soient d’une éducation raffinée et dotés des plus nobles qualités, ce qu’attestent les proches comme les étrangers, les amis comme les adversaires. Ainsi, il n’est pas juste de se focaliser sur le comportement des musulmans laxistes dans leur pratique religieuse et déviant du droit chemin que trace l’Islam. Il s’agit au contraire d’une injustice flagrante

La tolérance dans l’Islam est le fruit de la réforme de la pensée et des nobles vertus

Ces deux éléments figurent parmi les fondements du système social islamique.

La tolérance qui en découle résulte d’une croyance valide qui ordonne à celui qui l’adopte de s’orienter vers tout ce qui est bien et de s’éloigner de tout ce qui est mal. Elle régule également ses sentiments et le débarrasse de toute frivolité.

Il ne fait aucun doute qu’une raison libérée du désir et du doute mène l’être humain à adopter des croyances vraies, elle lui procure la certitude qu’elles sont vraies et que personne ne pourra le faire douter de ces croyances.

Cependant, il se peut que l’égarement de ses contradicteurs lui fasse ressentir de la gêne et de l’étonnement quand il voit le faible nombre d’entre eux qui finissent par être guidés vers la vraie croyance alors que celle-ci est évidente.

C’est là que les vertus jouent leur rôle de concert avec les règles de bienséance islamiques dans l’élimination de cette gêne. Le musulman prend alors l’habitude d’accueillir les avis opposés avec sérénité et politesse puis d’y répondre avec des arguments sans éprouver de contrariété ni de lassitude.

Les commandements de l’Islam évoquent souvent les deux fondements que sont la certitude d’avoir la véritable croyance et les nobles vertus.

La certitude d’avoir la véritable croyance sans se soucier des croyances des autres apparaît dans le verset dans lequel Allah dit :

« Place donc ta confiance en Allah, car tu es de toute évidence dans la vérité et le bon droit. Tu ne peux faire entendre les morts ni faire entendre l’appel aux sourds quand ils s’enfuient en tournant le dos »

(Coran 27 Versets 79-80)

Elle apparaît également dans un autre verset dans lequel Allah dit :

« Ô les croyants ! Vous êtes responsables de vous-mêmes ! Celui qui s’égare ne vous nuira point si vous avez pris la bonne voie. C’est Vers Allah que vous retournerez tous ; alors Il vous informera de ce que vous faisiez »

(Coran 5 Verset 105)

Quant à l’évocation des nobles vertus, elle apparaît dans le verset dans lequel Allah dit :

«  Tu vas peut-être te consumer de chagrin parce qu’ils se détournent de toi et ne croient pas en ce discours ! »

(Coran 18 Verset 6)

Il ne fait aucun doute que l’évocation de ce fondement apaise le cœur et le prépare à endurer l’acharnement des opposants. On peut donc affirmer que la tolérance est une des caractéristiques de l’Islam, une des marques les plus notoires de sa mansuétude au profit de ses opposants et de ses ennemis, ainsi que la preuve suprême du caractère miséricordieux du message de l’Islam à propos de laquelle Allah dit :

« Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers »

(Coran 21 Verset 107)

L’Islam établit les bases générales de la tolérance

Il établit la tolérance sur des bases solides correspondant à des engagements sérieux et distingue clairement le devoir du musulman envers son frère du bon traitement qu’il doit aux adeptes des autres religions.

Ainsi, le Coran et la Sunna apprennent au musulman que la différence est partie intégrante de la nature humaine. Lorsqu’il intègre cela et le garde présent à l’esprit, il se met à considérer la différence comme le résultat naturel de réflexions pour certaines fondées et pour d’autres erronées, et non comme un signal d’alerte provoquant son agressivité. Allah dit à ce propos dans les versets suivants :

« Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté. Or, ils ne cessent d’être en désaccord (entre eux) sauf ceux à qui ton Seigneur a accordé miséricorde. C’est pour cela qu’Il les a créés. Et la parole de ton Seigneur s’accomplit :
«Très certainement, Je remplirai l’Enfer de djinns et d’hommes, tous ensemble» »

(Coran 11 Versets 118-119)

«  Et dis : «La vérité émane de votre Seigneur. Quiconque le veut, qu’il croie, quiconque le veut qu’il mécroie»…

(Coran 18 Verset 29)

« A chaque communauté, Nous avons assigné un culte à suivre. Qu’ils ne disputent donc point avec toi l’ordre reçu ! »

(Coran 22 Verset 67)


Il existe encore bien d’autres versets allant dans ce sens.

Il est indubitable que le fait d’estimer chaque chose à sa juste valeur et de la juger comme elle le mérite est une attitude louable, contrairement au fait de juger avec précipitation en se fondant sur des indices inconsistants

Le témoignage de l’histoire en faveur de la tolérance des musulmans

Les non-musulmans liés aux musulmans par un pacte ainsi que les non musulmans appartenant à d’autres catégories ont vécu au sein de l’État islamique sans que personne ne porte atteinte à leurs croyances ni à leurs religions.

En effet, la longue histoire de l’Islam témoigne que la législation islamique ainsi que ceux qui la pratiquent permirent aux adeptes d’autres religions de garder leurs croyances et on sait que cet état d’esprit tolérant n’était pas dicté par la faiblesse des musulmans car il était présent même lorsque les musulmans étaient au paroxysme de leur puissance.

Cheikh Muhammad At-Tâhir ibn ‘Âchûr écrivit après avoir rappelé ces faits :

« Le lecteur a tout le loisir de se référer aux exemples historiques tirés des époques durant lesquelles les commandements authentiques de l’Islam étaient appliqués ; il pourra ainsi vérifier l’exactitude de ce que nous avons avancé. Les musulmans avaient alors des communautés diverses sous leur autorité : des Arabes chrétiens, des Perses zoroastriens, des coptes jacobites, des Mésopotamiens sabéens et des juifs de Jéricho. Tous étaient traités de la manière la plus convenable qui soit »

Il ajoute quelques lignes plus loin :

« Aucune autre communauté n’a, dans toute l’histoire du monde, accordé à ses opposants l’égalité avec ses propres membres devant la justice et dans les différents domaines de la vie tout en leur laissant la liberté de pratiquer leurs cultes. Cette communauté agissait selon le principe suivant : ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs que nous. Ce que nous voyons là dépasse la simple tolérance.
Il convient plutôt de parler de magnanimité car le fait que l’Islam fasse de la tolérance un fondement de son système reflète sa confiance en lui-même, sa sincérité et la pureté de son intention. En effet, la vraie nature d’une religion s’exprime toujours dans ses manifestations concrètes. Allah exprime tout ceci dans le verset suivant : « Dis : «Voici ma voie, j’appelle les gens à [la religion] d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente…»  (Coran 12 Verset 108) »

Voila donc un aperçu de la tolérance des musulmans et de leur coexistence pacifique avec d’autres communautés.


Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

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