Rappels Islamiques

Le point de vue de l’Islam concernant la violence


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection


Signification du mot violence (‘unf)

Ibn Mandhûr écrit :

« La violence, c’est le fait de se montrer agressif et de ne pas faire preuve de douceur. La violence est donc le contraire de la douceur »

Être violent, c’est donc être rude, brutal et dur dans les situations où il faudrait se montrer doux. Dans la terminologie universelle actuelle, la violence signifie user de rudesse dans les paroles et agir de manière considérée comme violente et contraire à la douceur. Dans ce qui suit, nous expliquerons le point de vue de l’Islam concernant la violence et nous évoquerons quelques exemples de douceur du Prophète (saw) envers les opposants à l’Islam.

Le point de vue de l’Islam concernant la violence

L’Islam rejette la violence, avertit les croyants contre le fait d’y céder et montre ses conséquences néfastes. D’autre part, il incite à user de douceur et inspire le désir d’acquérir cette qualité.

Les textes (Coran et Sunna) renferment quantité de passages rejetant la violence, appelant à user de douceur et rappelant les mérites de la douceur ainsi que les préjudices de la violence de manière directe ou allusive.

Le rejet de la violence et l’incitation à la douceur concernent toutes les situations : le prêche religieux, l’appel au changement et à la réforme, les affaires privées comme les affaires publiques.

Allah dit en S’adressant à Hârûn (Aaron) et à Mûsâ (Moïse) :

« Allez vers Pharaon : il s’est vraiment rebellé. Puis, parlez-lui gentiment. Peut être se rappellera-t-il ou [Me] craindra-t-il ? »

(Coran 20 Versets 43-44)

Il inspira à Moïse les plus douces paroles que l’on peut adresser à un tyran qui déclare « C’est moi votre Seigneur le très haut ». Allah lui dit en effet :

« Puis dis-lui : «Voudrais-tu te purifier ? et que je te guide vers ton Seigneur afin que tu Le craignes?» »

(Coran 87 Versets 18-19)

Ibn al-Qayyim commente ces versets en ces termes :

« Observez donc comment Moïse exécuta à la lettre l’ordre de Son Seigneur dans la manière de s’adresser à Pharaon en lui disant : «  …«Voudrais-tu te purifier? et que je te guide vers ton Seigneur afin que tu Le craignes?» ».
Il présente ainsi ses paroles sous la forme d’une interrogation ou d’une proposition et non sous la forme d’un ordre. De plus, il lui dit « Voudrais tu te purifier ? » et non « Veux-tu que je te purifie ? », lui laissant alors tout le mérite de l’initiative, et utilise le verbe « purifier » en raison de la bénédiction et du bien qu’il implique. Moïse dit ensuite «  et que je te guide vers ton Seigneur » afin de faire comprendre à Pharaon qu’il lui propose d’être un guide qui le précède afin de le mener vers le bien. Le fait qu’il dise « Vers ton Seigneur » a pour objectif de faire appel à la foi de Pharaon en son Seigneur qui l’a créé, lui a accordé sa substance et le combla de nombreux bienfaits, grands et petits »

Un propos courtois et magnanime est en effet plus à même de toucher les cœurs, d’interpeller les âmes et de rassurer l’auditoire.

D’ailleurs, notre Seigneur rappelle au Prophète (saw) qu’Il l’a doté d’une nature douce, inclinant vers la douceur et qu’Il l’a préservé d’être dur et rude.

Allah dit en effet :

«  C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah). Et consulte-les à propos des affaires… »

(Coran 3 Verset 159)

D’autre part, la Sunna contient de nombreux récits rapportant que le Prophète (saw) était pourvu de cette noble qualité qui fait gagner les cœurs des gens et en plus d’en être pourvu, il ordonnait aux gens de l’acquérir et soulignait son mérite. Il dit en effet :

« Allah est Doux et aime la douceur. Il donne pour la douceur ce qu’Il ne donne pas pour la violence ni pour toute autre chose »

(Rapporté par Muslim)

Il dit également :

« Il n’est rien qui ne soit embelli par la douceur et il n’est rien qui, privé de la douceur, ne soit terni »

(Rapporté par Muslim)

Lorsqu’il envoya `Abû Mûsâ Al-`Ach’ari et Mu’âdh au Yemen, il leur dit :

« Enseignez, facilitez et ne compliquez pas les choses ! Annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir les gens ! Accordez-vous et ne divergez pas »

(Rapporté par Al-Bukhâri et Muslim)

Par ailleurs, il existe de nombreux exemples de douceur dans la Biographie Prophétique dont le hadith référencé par Al-Bukhâri et Muslim dans lequel il est rapporté qu’un homme se rendit chez le Prophète (saw) afin de réclamer son dû et s’adressa à lui avec rudesse. Lorsque des Compagnons se dirigèrent vers lui pour le corriger, le Prophète (saw) leur dit :

« Laissez-le car celui qui réclame ce qu’on lui doit a le droit de s’exprimer »

(Rapporté par Al-Bukhâri et Muslim)

Dans un autre hadith référencé par Al-Bukhâri et Muslim, il est rapporté qu’un groupe de juifs entra chez le Prophète (saw) et lui dirent :

« as-sâmu ‘alaykum » (Que la mort soit sur toi). Ils remplacèrent ainsi le mot salâmpar le mot sâm. Le Prophète (saw) se contenta de répondre « wa ‘alaykum » (Et sur vous également) et lorsque ‘Aïcha leur répondit « wa ‘alaykumu s-sâmu wa l-la’nah » (Que la mort et la malédiction soient sur vous), il lui dit : « Doucement, ô ‘Aïcha, Allah aime la douceur en toute chose »

(Rapporté par Al-Bukhâri et Muslim)

Dans un hadith référencé par Al-Bukhâri, ‘Aïcha décrit le Prophète (saw) en disant :

« Il ne s’est jamais vengé pour lui-même sauf quand l’une des limites sacrées d’Allah était transgressée et dans ce cas, il se vengeait pour Allah »

(Rapporté par Al-Bukhâri)

En examinant minutieusement la Biographie du Prophète (saw), on constate que ‘Aïcha avait raison. En effet, le Prophète (saw) n’a jamais puni personne pour une offense qu’il avait subie ni poursuivi quiconque de sa rancune pour des paroles rudes. Au contraire, il répondait à l’offense par la bienfaisance et à la rudesse par la douceur, sauf si on commettait un mal qui nuisait à la transmission du message de l’Islam ou qui semait le trouble parmi la communauté des musulmans.

La douceur est donc l’attitude la plus convenable et correspond à celle qu’adoptait le Prophète (saw) en règle générale. Toutefois, il existe des situations particulières dans lesquelles certaines personnes ont besoin de recourir à la sévérité face à ceux qui le méritent. Ainsi, une personne d’un certain rang est autorisée à être sévère si la situation est suffisamment grave et qu’aucun dommage n’est à craindre d’une telle attitude.

Ceci explique pourquoi Moïse se montra d’une extrême douceur dans les propos qu’il adressa à Pharaon au début, puis lorsqu’il vit qu’il ne récoltait de la part de ce dernier que de l’entêtement, de l’arrogance et qu’il refusait de suivre la guidée après qu’elle s’est clairement manifestée à lui, il lui adressa des paroles plus sévères comme celles que nous rapporte Allah dans le verset où il dit :

«  …et certes, Ô Pharaon, je te crois perdu »

(Coran 17 Verset 102)

Voyez donc la différence avec les premières paroles.

Allah dit à propos de la manière de dialoguer :

« Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes… »

(Coran 29 Verset 46)

Abraham (Ibrâhîm) dit pour sa part à son peuple :

« Fi de vous et de ce que vous adorez en dehors d’Allah ! Ne raisonnez-vous pas ? »

(Coran 21 Verset 67)

Par ailleurs, le Prophète (saw) était sévère lorsque la situation l’exigeait. On en veut pour preuve le hadith référencé par Al-Bukhâri et Muslim, dans lequel est rapportée l’histoire de la femme de la tribu des Banû Makhzûm qui se rendit coupable de vol. Les siens dirent : Seul `Usâmah le bien-aimé du Prophète (saw) pourrait lui parler de cette affaire. Après que `Usâmah en eut parlé au Prophète (saw), celui-ci lui dit :

« Viens-tu intercéder pour empêcher l’exécution d’une peine décidée par Allah ? ».

Il s’adressa ensuite aux gens en ces termes : « Ô gens ! Ce qui a causé la perte des peuples antérieurs, c’est que lorsqu’un de leurs nobles volait, ils le laissaient faire, mais lorsqu’un de leurs faibles volait, ils lui coupaient la main. Par Allah, si Fâtimah la fille de Muhammad volait, je lui couperais la main »

(Rapporté par Al-Bukhâri et Muslim)

Al-Bukhâri intitula même un chapitre du Livre de l’éducation de son recueil de hadiths « De la colère et la sévérité qui sont permises quand il s’agit des ordres d’Allah » dans lequel il référença cinq hadiths.

On en conclut donc que la douceur est l’attitude à adopter par défaut et celle qui est la plus convenable tant que rien ne contraint à être sévère. De plus, la sévérité ne convient pas à n’importe quelle personne, particulièrement celles qui n’ont pas l’âge, la science, le rang ou le prestige suffisant.

Par ailleurs, on peut expliquer la diversité des attitudes du Prophète (saw) par le fait qu’il s’adaptait à ceux à qui il s’adressait. Il était ainsi doux avec les ignorants, les enfants, les nouveaux convertis et d’autres catégories de gens dans les situations où la douceur est préférable. En revanche, il était parfois sévère avec ceux qui agissaient d’une manière qui ne leur seyait pas en raison de leur longue fréquentation du Prophète (saw), de leur science, de leur dévotion ou de leur piété.

Il était également sévère envers les personnes entêtées, arrogantes, moqueuses et méprisantes. Par conséquent, le Prophète (saw) était doux lorsqu’il le fallait et sévère lorsque la situation l’exigeait.

Exemples illustrant la douceur du Prophète (saw) avec ses adversaires

La Biographie Prophétique foisonne d’exemples illustrant la douceur du Prophète (saw) avec des adversaires appartenant à diverses classes sociales.

Citons-en quelques exemples :

1. Al-Bukhâri et Muslim référencent un hadith dans lequel Sa’îd ibn `Abî Sa’îd entendit `Abû Hurayrah dire :

« Le Prophète (saw) envoya des cavaliers vers le Najd. Ils revinrent avec un homme de la tribu des Banû Hanîfah appelé Thumâmah ibn `Athâl qu’ils attachèrent à une des colonnes de la mosquée. Le Prophète (saw) sortit le voir et lui dit : « Que penses-tu que je vais faire de toi, ô Thumâmah ? ».
Thumâmah répondit : « Je pense que tu me réserves un bon sort, ô Muhammad. Si tu me tues, tu tueras quelqu’un qui a du sang sur les mains. Si tu me pardonnes, tu pardonneras à un homme reconnaissant. Si tu veux de l’argent, alors demande ce que tu veux ».
Le Prophète (saw) le quitta puis il revint le lendemain et lui dit : « Que penses-tu que je vais faire de toi, ô Thumâmah ? ».
Thumâmah répondit : « Ce que je t’ai dit hier. Si tu me tues, tu tueras quelqu’un qui a du sang sur les mains. Si tu me pardonnes, tu pardonneras à un homme reconnaissant. Si tu veux de l’argent, alors demande ce que tu veux ».
Le Prophète (saw) le quitta puis il revint le lendemain et lui dit : « Que penses tu que je vais faire de toi, ô Thumâmah ? ».
Thumâmah répondit : « Ce que je t’ai dit avant. Si tu me tues, tu tueras quelqu’un qui a du sang sur les mains. Si tu me pardonnes, tu pardonneras à un homme reconnaissant. Si tu veux de l’argent, alors demande ce que tu veux ».
Le Prophète (saw) dit alors : « Relâchez Thumâmah ».
Celui-ci se dirigea alors vers un palmier près de la mosquée où il se lava, puis il entra à la mosquée et dit :
« J’atteste qu’il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah et que Muhammad est Son serviteur ainsi que Son Messager. Ô Muhammad, je jure par Allah qu’il n’y avait point de visage sur Terre qui m’était plus exécrable que le tien alors que maintenant, il est devenu celui que je chéris le plus. Je jure qu’il n’y avait pas de religion que je haïssais plus que la tienne, mais ta religion est devenue celle que j’affectionne le plus. Je jure que ton pays était celui que je détestais le plus mais il est devenu celui que j’apprécie le plus. Tes cavaliers m’ont capturé alors que je me dirigeais ici pour accomplir une ‘umrah. M’autorises-tu à l’accomplir ? ».
Le Prophète (saw) lui dit des paroles réconfortantes et lui ordonna d’accomplir sa ‘umrah. Lorsqu’il arriva à la Mecque, quelqu’un lui dit : « As-tu apostasié ? ».
Il rétorqua :
« Non, j’ai plutôt rejoint l’Islam avec le Messager d’Allah et par Allah, vous ne recevrez pas un seul grain de blé d’Al-Yamâmah sans la permission du Messager d’Allah ».

Notez cette indulgence, cette patience et cette grandeur d’âme dans le fait que le Prophète (saw) accorde à cet homme trois chances durant trois jours de répondre à la question « Que penses-tu que je vais faire de toi, ô Thumâmah ? », et lorsqu’il fut convaincu de sa dignité et qu’il sentit grâce à sa délicate sensibilité que c’était un chef qui n’accepte pas l’injustice, il lui pardonna puis le libéra après un dialogue qui dura trois jours.

La réaction de ce chef face à une telle attitude fut de se convertir immédiatement à l’Islam et il se porta garant de son peuple grâce à ce dialogue raffiné, cette douceur, cette indulgence, cette patience et cette grandeur d’âme. An-Nawawi commente ce hadith en ces termes :

« La question que répéta le Prophète (saw) à Thumâmah à trois reprises durant trois jours a pour finalité de gagner le cœur de celui à qui elle est posée et c’est une courtoisie grâce à laquelle on espère la conversion d’hommes nobles qui seront suivis par beaucoup de gens »

2. Dans un hadith référencé par Muslim, Thawbân, l’affranchi du Prophète (saw), dit :

« J’étais de service chez le Prophète, lorsqu’un rabbin entra. Il dit :
« Que la paix soit sur toi, ô Muhammad ».
Je le poussai alors tellement fort qu’il manqua de tomber et me demanda : « Pourquoi m’as-tu poussé ? ».
« Pourquoi ne dis-tu pas « ô Messager d’Allah » ? » le questionnai-je à mon tour.
Le juif répondit : « Nous l’appelons par le nom que lui donna sa famille ».
« Le nom que m’a donné ma famille est bien Muhammad », lui dit le Prophète (saw).
Le juif dit ensuite : « Je suis venu te questionner ».
« Mes paroles te seront-elles utiles ? », lui demanda le Prophète (saw).
« Je les écouterai », dit le juif.
Le Prophète (saw) traça un trait avec un bâton sur le sol puis dit : « Je t’écoute ».
Le dialogue débuta alors par cette question du juif : « Où seront les gens lorsque la Terre sera remplacée par une autre Terre et que les Cieux seront remplacés par d’autres Cieux ? ».
« Ils seront dans l’obscurité qui précède le pont ».
« Qui seront les premiers à le traverser ? ».
« Les pauvres parmi les Migrants ».
« Que leur offrira-t-on lorsqu’ils entreront au Paradis ? ».
« Un surplus de foie de baleine ».
« Que mangeront-ils ensuite ? ».
« On sacrifiera en leur honneur le taureau qui broutait jusqu’alors aux confins du Paradis ».
« Que boiront-ils avec cette nourriture ? ».
« Ils boiront d’une source appelée salsabîl ».
« Tu dis vrai. Je suis également venu te questionner à propos d’une chose que personne ne connaît, excepté un Prophète, un homme ou deux. »
« Mes paroles te seront-elles utiles ? ».
« Je les écouterai. Je suis venu te questionner concernant la conception de l’enfant ».
« Le liquide de l’homme est blanchâtre et celui de la femme est jaunâtre. Lorsque les deux se mélangent et que le liquide de l’homme domine le liquide de la femme, ils donnent naissance à un garçon par la permission d’Allah. Si le liquide de la femme domine le liquide de l’homme, ils donnent naissance à une fille par la permission d’Allah ».
Le juif conclut en disant :
« Tu dis vrai, tu es vraiment un prophète ». Puis il s’en alla.
Le Prophète (saw) dit alors : « Cet homme m’a questionné à propos de choses que je ne connaissais pas avant qu’Allah ne me les apprenne »

Ainsi, le Prophète (saw) astreignait les Gens du Livre à suivre ce que leur apprenaient leurs Livres et leur reprochait leurs infractions aux commandements de leurs messagers. C’est en raison de la connaissance qu’ils avaient de leur Livre qu’ils posaient des questions précises et pertinentes malgré leur égarement. Le rabbin dont il est question dans ce hadith interrogea le Prophète (saw) en étant persuadé qu’il ne sera pas capable de répondre à ses questions mais sa conviction n’était pas juste car le Prophète (saw) lui répondit.

De plus, ce dialogue laisse paraître une règle de bienséance prophétique importante, qui consiste à faire preuve de modestie et de douceur avec l’adversaire. En effet, le Prophète (saw) fit preuve de modestie avec ce juif : il consentit à dialoguer avec lui et accepta qu’il l’appelle par son simple prénom sans lui reconnaître sa qualité de messager car il avait espoir ce faisant de le guider.

Ce dialogue laisse paraître une autre règle de bienséance de la conversation qui est de ne pas parler de ce qui n’est pas utile, puisque le Prophète (saw) demanda au juif avant de répondre à ses questions si ses paroles lui profiteraient. C’est pourquoi ce dialogue eut les résultats escomptés : le juif arrêta de poser des questions et reconnut la véracité du Prophète (saw).


Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

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