Ô feu, devient froid et salutaire pour Abraham!
Tiré de la Chronique de Tabari Tome 1 P. 145-148
Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.
Nemrod était fils de Chaman. Il vécut, ainsi que son père, dans le pays de Babylone, dans le lieu où est maintenant Bagdad. Les rois qui avaient précédé Nemrod avaient été injustes, mais pas autant que ce prince, qui était le plus méchant et le plus injuste de tous. Nemrod était idolâtre, et il couvrait ses idoles d’ornements et de pierreries de toute espèce. Nemrod avait pour vizir le père d‘Abraham. Il avait pour lui une grande amitié, et il l’estimait. Il devint Roi et traita Abraham avec beaucoup de rigueur pour sa position contre l’idolâtrie (Conf L’hsitoire du Prohete Abraham (as)); il lui donna des gardiens, et le jeta dans les chaînes. Abraham supporta avec patience tous ces mauvais traitements.
Après cela, lorsque Azar le père de Abraham fut mort, Nemrod ordonna de construire un édifice très élevé et de l’entourer d’un mur à une distance de dix parasanges (La parasange issu du persan est une unité de mesure qui répond à environ cinq mille mètres), comme il est dit dans le Coran : .
« Ils dirent : Construisez pour lui un four, et jetez-le dans un feu ardent. Ils voulurent donc ourdir une trame contre lui mais nous les avons rendus faibles. »
(Coran 37, Verset 97-98)
Lorsque l’édifice fut achevé, Nemrod ordonna de commencer à faire apporter du bois par des mulets, des chameaux et des ânes. On porta ainsi du bois pendant un an. Or les chameaux jetaient toujours leur charge à terre et ne voulurent pas en porter. Abraham les bénit pour cette raison. Mais les mulets et les ânes portèrent toujours le bois dont on les chargeait, et Abraham les prit en aversion et les appela maudits.
Les gens qui dépendaient de Nemrod, qu’ils fussent faibles, malades ou boiteux, allaient tous porter du bois, et ils disaient :
« C’est afin de venger nos dieux du malheur qu’ils ont eu. »
Ces hommes espéraient se rendre agréables à leurs divinités en réunissant ainsi du bois pour brûler Abraham. Ensuite ils placèrent ce bois sur les dix parasanges de terrain dont nous avons parlé, de sorte qu’on voyait le bûcher d’une distance de plusieurs parasanges. On mit ensuite le feu à ce bois, et les étincelles qui sortaient des flammes montaient jusqu‘au ciel. Alors on amena Abraham attaché avec des chaînes et des entraves, pour le jeter dans les flammes; mais personne ne pouvait approcher du bûcher. Lorsque Iblis sut que ces hommes, ne pouvant trouver aucun moyen de jeter Abraham dans le feu, restaient sans rien entreprendre, il se vêtit promptement d’une robe magnifique, et, ayant jeté une écharpe sur sa tête, il se présenta devant Nemrod, qui ne le connut pas. Iblis dit à Nemrod: Je suis un vieillard; il y a deux cents ans que je me suis consacré à ton service dans ce désert, et que je prie pour toi. Maintenant j’ai appris que tu as mis en prison ce magicien, et que tu veux le brûler, mais que tu ne peux pas le lancer dans les flammes. Je suis venu afin de t’enseigner un moyen de finir cette affaire et de le lancer dans les flammes. Nemrod lui répondit :
« Tu es le bienvenu, instruis-moi. »
Iblis dit:
« Ordonne que l’on apporte du bois. »
Dès qu‘on eut apporté ce bois, Iblis en fit une baliste.
Or jamais avant cela on n’avait fait une machine semblable.
Lorsque cette baliste fut achevée, on amena, les mains enchainées, Abraham. On le plaça dans la baliste, et on le lança en l’air. Au moment où Abraham en sortait et se trouvait dans les airs, Dieu ordonna à Gabriel d’aller soutenir Abraham dans les airs, et de lui parler. Gabriel dit donc à Abraham :
« Je suis Gabriel, fais-moi connaître ce dont tu as besoin. »
Abraham lui répondit :
« Je m’en remets, pour ce qui m’est nécessaire, à Dieu. Je lui appartiens, et le feu lui appartient aussi; il me fera tomber où bon lui semblera. »
On dit que, se trouvant ainsi dans les airs, il ne demanda rien à Gabriel, et au même instant Dieu le nomma son ami, et il dit au feu, comme on le voit dans le Coran :
« Ô feu, deviens froid et salutaire pour Abraham! »
(Coran 21Verset 69)
Or on dit que, si Dieu n’avait commandé au feu que de devenir froid, sans ajouter, et salutaire, Abraham ne serait jamais sorti de ce feu; mais qu’au lieu d‘être brûlé par la chaleur, il serait mort gelé par la rigueur du froid.
Lorsque Abraham fut arrivé au milieu du feu, le feu se retira d’un côté et de l’autre et donna passage à Abraham, qui arriva jusqu’à terre. Une source jaillit au milieu de ce feu, et autour de cette source était un parterre. Abraham était assis sur le bord de l’eau, et les chaînes, les liens et les entraves qui le retenaient se détachèrent de lui par la puissance de Dieu. Or ce feu était tel que personne ne pouvait le regarder et en soutenir l’éclat à une distance de trois parasanges.
Nemrod avait un palais très élevé. Il ordonna que l‘on construisit une tour de bois au-dessus de ce palais. Il monta sur cette tour pour voir la hauteur du feu, comment Abraham brûlait, et l’état dans lequel il se trouvait. Lorsque Nemrod regarda, il vit au milieu de ce feu un parterre, de la verdure, une source d’eau courante, et Abraham au milieu du feu, assis sur le bord de cette source.
Or il y a des gens qui disent que l’on vit deux personnes assises dans ce même lieu là; l’une de ces personnes était Abraham lui-même, et l’autre était un ange.
Cela n’est point exact, car Abraham, même après avoir senti le feu, ne demanda pas de secours à Gabriel, mais il plaça sa confiance en Dieu.
Lorsque Nemrod vit Abraham dans cet état, il demeura stupéfait, et il crut avoir perdu l’esprit. Il santa en l’air, et dit à haute voix, en se tournant du côté où était le feu:
« Ô Abraham! »
Abraham répondit à Nemrod en disant :
« Que veux-tu, ô ennemi de Dieu? »
Nemrod dit:
« Quel est celui qui a rafraîchi de cette manière le feu pour toi? »
Abraham répondit:
« C’est celui qui a créé le feu. »
Nemrod ajouta :
« Obtiens de ton Dieu de sortir de ce feu, Ô Abraham, afin que je te voie. »
Abraham se leva, et marcha à travers ce feu brillant.
Partout où il posait le pied, le feu devenait froid et agréable sous les pieds de l’ami de Dieu. Lorsque Abraham fut sorti du feu, il se tint devant Nemrod. Celui-ci lui dit :
« Tu as un Dieu puissant, je désire lui donner l’hospitalité. »
Abraham répondit :
« Mon Dieu n’a pas besoin de ton hospitalité. »
Or Nemrod ordonna d’apporter plusieurs milliers de bœufs, de brebis, d’oiseaux, de poissons, et une grande quantité d’autres choses semblables qui entrent dans un banquet. Il fit un sacrifice de tous ces animaux en présence d’Abraham; mais Dieu n’accepte pas un atome de ce qu’il lui offrait. Nemrod, couvert de honte et de confusion, n’osa pas regarder Abraham. Il ferma la porte de son palais, dont il ne permit l’entrée à personne. Les hommes se tournèrent alors vers Abraham, et un grand nombre d’entre eux crurent en lui.
Et Allah Seul Sait….
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.