Rappels Islamiques

L’Indulgence En Islam

Par T.K et H.H


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.


L’homme indulgent est celui qui se montre tolérant et qui facilite toute chose, qui cède sa part ou une partie de son droit pour résoudre un problème dont il est partie prenante, pour mettre un terme à un débat ancien, gagner le cœur d’une personne qu’il invite au bien, apaiser le cœur de son frère en Islam. En outre, il ne transgresse pas les droits de son frère en Islam, ni ne l’importune en réclamant ses droits : telle est l’indulgence.

A ce propos, le Prophète (saw) a invoqué Allah, Exalté soit-Il, d’accorder Sa miséricorde à la personne indulgente :

« Qu’Allah fasse miséricorde à un homme qui s’est montré doux en vendant, en achetant et en réclamant son dû à ses débiteurs »

(Rapporté par Boukhari)

Les formes d’indulgence

Le renoncement à son droit

La personne indulgente ne ressent aucune paix si elle profite d’un droit contre la volonté de l’autre partie. Ainsi, elle préfère renoncer à son droit ou être indulgente s’il s’agit de son droit. Telle fut l’attitude de ‘Uthman (ra) quand il acheta un terrain à un homme. L’homme tarda à venir prendre son dû. ‘Uthmân découvrit ensuite que l’homme s’était absenté car il avait senti, après la conclusion du contrat, qu’il avait été l’objet d’une injustice, et que les gens lui avaient demandé comment il avait pu le vendre à si bas prix. C’est alors que ‘Uthmân lui dit :

« Choisis : ou bien ton terrain ou bien l’argent ».
Il lui cita ensuite le hadith :
« Allah a fait entrer au Paradis un homme qui facilitait les choses en tant qu’acheteur ou vendeur, et qui était aussi prompt à rembourser ses dettes, qu’indulgent envers ses débiteurs »

(Rapporté par Ahmed)

Le délai accordé au débiteur en difficulté

Accorder un délai au débiteur en difficulté ou renoncer à l’argent prêté ou à une partie de cet argent est une manifestation remarquable de la générosité et de l’indulgence. Dans ce contexte, le Prophète (saw) a dit :

« Un homme prêtait aux gens. Et quand il voyait un débiteur dans la gêne, il disait à ses commis : Accordez-lui une remise de dette en souhaitant qu’Allah, Exalté soit-Il, nous remette nos fautes ; et Allah leur remit leurs fautes »

(Rapporté par Boukhari)

De plus, le succès dans le bas monde et dans l’au-delà dépend de la bienveillance envers le débiteur dans la gêne. Le Prophète (saw) a dit :

« Celui qui facilitera les choses à quelqu’un en difficulté, verra Allah faire de même avec lui ici-bas et dans l’au-delà »

(Rapporté par Muslim)

Le remboursement du prêt de la meilleure façon

Le Prophète (saw) rendait ce qu’on lui avait prêté de la meilleure façon.

 Il disait :

« Donnes-le-lui (plus que son dû), les personnes les meilleures sont celles qui s’acquittent le mieux de leurs dettes »

(Rapporté par Ibn Mâdjah)

Il ne laissait le prêteur partir que lorsqu’il était satisfait.

L’indulgence avec le partenaire

Al-Sâ`ib ibn `Abdallah, le partenaire commercial du Prophète (saw) avant la Révélation, témoigna de sa loyauté en disant :

« Tu étais mon partenaire durant la période préislamique, et le meilleur des partenaires, celui qui ne me cachait rien, ni ne se querellait avec moi». Cela signifie : tu étais un partenaire conciliant, qualité du Prophète (saw) qu’al-Sâ`ib n’oublia jamais, et qui fut l’une des raisons de son amour envers lui, amour qui l’a d’ailleurs poussé à se convertir à l’Islam et à se protéger de l’Enfer :
« N’entrera pas en Enfer tout homme à l’abord facile, bienveillant, doux et proche des gens » »

(Rapporté par Ahmed)

Le fait d’éviter d’embarrasser les gens

L’homme indulgent veille à ne pas embarrasser les gens. Il ne se soucie pas de ses droits aux dépens de son devoir d’être indulgent envers ses frères en Islam et veille à bien évaluer leur situation. Il est rapporté que le Compagnon Abû al-Yusr (ra) avait prêté une somme d’argent à un homme. Quand il s’est rendu chez le débiteur pour récupérer son droit, le débiteur se cacha chez lui de peur de rencontrer Abû al-Yusr, car il ne disposait pas de la somme à rembourser. Quand Abû al-Yusr sut la raison de sa dissimulation, il renonça à son argent en lui disant :

« Si tu as la capacité de rembourser la dette, fais-le ; sinon, tu en es exempt »

(Rapporté par Muslim).

 Par cette indulgence, il délivra son frère en Islam de l’embarras où il se trouvait.

L’indulgence envers celui qui vous a fait du tort

La manifestation la plus éclatante de l’indulgence a lieu envers celui qui vous a fait du tort. Telle fut la situation d’Abû Bakr (ra), quand il jura de ne pas subvenir aux besoins de Musta’ ibn Uthâtha qui était impliqué dans l’affaire de la calomnie de Aïcha. Quand Allah ordonna à Abû Bakr de pardonner et d’excuser Musta’, Abû Bakr fit une œuvre expiatoire après avoir manqué à son serment et entretint Musta de nouveau. A ce propos, le Prophète (saw) a dit :

« Soyez miséricordieux envers les gens pour qu’Allah vous accorde Sa miséricorde, et pardonnez aux gens pour qu’Allah vous pardonne »

(Cf. Sahîh al-Djâmi’)

En outre, Allah, le Très Haut, a décrit Ses serviteurs croyants en ces termes :

 « Et qui savent pardonner quand ils sont en colère »

(Coran 42 verset 37)

L’indulgence entre l’accusation d’impuissance et celle d’immoralité

Le diable peut insinuer au Musulman : Si tu te comportes avec indulgence, les gens peuvent te qualifier d’impuissant et de faible. Or, il est préférable que les gens disent cela de toi plutôt que de te comporter avec méchanceté et qu’ils craignent ta rigueur. Dans ce sens, il est rapporté :

« Il viendra un temps où l’homme devra choisir entre la méchanceté et le fait d’être accusé de faiblesse. Que celui qui connaîtra cette époque opte pour la seconde option »

(Rapporté par Ahmed)

L’indulgence, dans ce contexte, concerne les musulmans qui ne font pas exprès d’être injustes envers les autres. Quant à ceux qui oppriment les gens avec insistance, il incombe de les traiter avec un esprit de revanche.

Des situations contraires à l’indulgence

La multitude des disputes

Parmi les conduites contraires à l’indulgence, nous trouvons l’exagération dans les mensonges et les disputes. En effet, Allah, le Très Haut, aime l’indulgence, et il est rapporté, à ce sujet que :

« L’homme le plus haï d’Allah est le menteur qui passe son temps à chercher querelle aux autres »

(Rapporté par Boukhari)

D’après l’interprétation fournie dans al-Fath :

« En disant ‘le menteur’, il voulait dire que celui qui a une volonté acharnée de dispute avec autrui, tombe souvent dans le mensonge ».

Celui qui manque d’indulgence, verra ses mœurs se dégrader, puis il finira par s’exprimer par des cris ou à s’engager dans des polémiques tout en sachant qu’il a tort ou à soutenir une partie sans être certain de son droit.

« Et celui qui se dispute à propos d’une chose tout en sachant qu’il a tort ne cessera d’encourir la colère d’Allah jusqu’à ce qu’il y renonce […] »

(Rapporté par Abou Daoud)

Il est rapporté que : l’homme noble ne s’adonne pas à des discussions futiles.

La polémique acharnée

L’indulgence exige de l’homme de renoncer au fait de s’engager dans des polémiques. Rappelons-nous que la date de la nuit d’al-Qadr est un grand bien dont la nation a été privée à cause du manque d’indulgence entre deux hommes de la nation. A ce sujet, le prophète (saw) a dit :

« Je suis sorti pour vous informer de la date de la nuit d’al-Qadr, puis deux hommes se sont disputés, alors je l’ai oubliée »

(Rapporté par Boukhari)

Nombreuses sont les bénédictions, les grâces et les victoires dont la nation est privée en temps de querelles. De plus, l’un des principaux traits caractéristiques de l’hypocrite est que :

« Lorsqu’il se dispute, il devient injurieux »

(Rapporté par Boukhari)

Il ne convient pas que l’homme indulgent se conduise avec intransigeance, s’engage dans des polémiques, s’irrite ou crie, et encore moins devienne injurieux au moment d’une dispute, ce qui signifie d’après Fath al-Bâri :

« Se détourner de la vérité et la rejeter en recourant à la ruse ».

Contrairement à l’esprit d’indulgence, certains frères en Islam s’engagent dans des discussions futiles concernant des questions politiques, intellectuelles ou des prévisions relevant de l’inconnaissable, puis se quittent en se haïssant mutuellement, c’est là l’une des conséquences de la polémique :

« Nul peuple ne s’est égaré après avoir été guidé qu’à cause du fait qu’il s’adonnait à la pratique de la polémique »

(Rapporté par Ibn Mâdjah)

Pour inciter les musulmans à l’indulgence dans les discussions, au renoncement lors d’un désaccord et au refus de la polémique, le Prophète (saw) a promis une demeure au Paradis à quiconque s’abstient de polémiquer :

« Je garantis une maison dans les faubourgs du Paradis à celui qui renonce aux polémiques même quand il a raison »

(Rapporté par Abou Daoud)

Et il ne peut y avoir indulgence et renoncement que si l’homme a raison, ce qui est un acte difficile et qui a une grande rétribution.

 L’abondance des futilités

Parmi les conséquences du manque d’indulgence figure le fait que les membres de la nation rivalisent de paroles au point de devenir ainsi une nation de paroles et non d’actes. C’est alors que le temps est perdu dans l’acceptation ou le rejet des opinions, chacun soutenant la sienne. Le Prophète (saw) a interdit d’entraver l’exécution des ordres d’Allah, exalté soit-Il, et de demander ce à quoi l’on n’a pas droit, et il a détesté

« Que l’on colporte des cancans, que l’on questionne à tort et à travers et que l’on gaspille notre argent. »

(Rapporté par Boukhari)

Situations exigeant l’indulgence

L’indulgence lors du djihad

La récompense du combattant ne se réalise que par l’indulgence et la facilité. Il est rapporté :

« Le combat comprend deux formes : quant à celui qui cherche l’agrément d’Allah, obéit à l’imam, donne ce qu’il a de plus précieux, traite son compagnon avec indulgence et évite la corruption, il sera récompensé pour chaque acte et chaque instant (passé dans le combat) »

(Rapporté par Abou Daoud : hasan)

D’après al-Bâdjî :

« Traite son compagnon avec indulgence » signifie le fait d’approuver son partenaire concernant un acte d’obéissance à Allah, d’agréer ses opinions correctes et de ne pas se disputer avec lui, en ce qui concerne les questions de dépense ou de travail » ».

Epargnons donc notre temps et préservons notre fraternité en répandant l’esprit d’indulgence entre nous et en nous soumettant à la volonté de nos coreligionnaires par recherche de quelque chose de plus précieux.

 L’indulgence entre époux

Les effets de l’indulgence se manifestent dans tous les détails de la vie de l’homme. Méditons sur la réponse du Prophète (saw) à son épouse `Aïcha,  lors de son accomplissement du pèlerinage et de la ‘Umra. Quand elle eut ses menstruations, elle fut affligée du fait de ne pas pouvoir effectuer la ‘Umra. Elle pleura en disant :

« Les gens reviendront alors qu’ils auront accompli un pèlerinage et une ‘Umra, mais je n’aurai pas accompli ma ‘Umra ».
Djâbir ibn ‘Abdallah rapporta que le Prophète (saw) était un homme complaisant. Quand elle désirait quelque chose, il l’aidait à l’obtenir. Il l’envoya en compagnie de `Abd al-Rahmân ibn Abû Bakr pour qu’elle se mette en état de sacralisation à al-Tan’îm.

Al-Nawawî a dit :
« Complaisant signifie ici bienveillant, généreux, doux et indulgent »

(Rapporté par Muslim).

Quelle indulgence que celle dont se caractérisait le Prophète (saw) avec ses femmes dans un endroit aussi rempli de monde et en situation de voyage.

L’indulgence avec les personnes auxquelles il prêchait

Méditez sur l’indulgence du Prophète (saw) lors de sa da’wa : quand il sentit l’odeur de l’ail dans sa mosquée, il interdit aux Compagnons qui en avaient mangé de se rendre à la mosquée. Cette interdiction concernait particulièrement al-Mughîra ibn Chu’ba (ra) qui a dit :

« Je me présentai à lui et je lui dis : ‘Ô Messager d’Allah! J’ai une excuse. Donnes-moi ta main’. Par Allah, je le trouvai indulgent et il me donna la main que j’introduisis dans ma manche jusqu’à ma poitrine qu’il trouva serrée par un bandage. Le Prophète (saw) me dit : Oui, tu as une excuse ».

Ainsi, il l’excusa quand il vit qu’il avait mangé de l’ail pour se soigner d’un mal. Comme nous avons besoin d’imiter cette indulgence avec ceux qu’on appelle à la voie d’Allah, pour faciliter les choses aux gens et éviter de les dégoûter les gens de l’Islam!

 La relation entre la patience et l’indulgence

Le Prophète (saw) définit la foi, comme cela est rapporté dans Sahîh al-Djâmi’ en disant :

« La foi : c’est la patience et l’indulgence ».

Il définit donc la foi comme étant le bon comportement avec le Créateur et la créature. Ainsi, il entendait par patience ce qui doit caractériser la relation entre le serviteur et son Seigneur : l’endurance dans l’accomplissement des actes d’obéissance, dans le refus de la désobéissance à Allah et face au destin. Et il voulait dire par indulgence ce qui doit caractériser la relation entre le serviteur et son frère en Islam, cette relation régie par la complaisance, la souplesse et l’indulgence, la générosité, et la recherche de l’agrément d’Allah, le Très Haut. Le rapport entre les deux est peut-être dû au fait que l’indulgence exige une grande patience et endurance (sens du verset) :

« C’est un signe d’une grande sagesse que de faire preuve de patience et de clémence »

(Coran 42 verset 43)

Eu égard de tout ce qui précède, soyons indulgents dans notre comportement avec autrui ou quand nous appelons à la voie d’Allah, que nous débattons ou accompagnons quelqu’un ou que nous faisons l’objet d’une injustice ou d’un mauvais traitement.


Et Allah Seul Sait….
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

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