Lettre à César roi de Rome
Tiré de « Al-Raheeq Al-Makhtoum », Le Nectar Cacheté (biographie du prophète) du cheikh Safi Ar-Rahman Al-Moubarakfawri.
Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.
Al-Boukhâri a rapporté dans un long hadith la teneur de la lettre que le prophète (saw) avait adressé à Héraclius, le roi de Rome. La lettre est la suivante :
« Au nom d’Allah, Le Clément, Le Miséricordieux.
Lettre de Mohammed le serviteur et Messager d’Allah à Héraclius, le roi de Rome.
Que la paix soit sur ceux qui observent la droiture. Accepte de te soumettre. Embrase l’Islam et Allah te récompensera deux fois. Si tu te détournes et refuses, tu porteras les péchés des Romains.
« Dis : Ô gens des Ecritures, convenons les uns des autres de ce point commun entre nous, à savoir de n’adorer qu’Allah Seul, sans Lui adjoindre d’associé, de ne pas nous prendre les uns les autres pour divinités en dehors d’Allah. » S’ils se détournent, dites-leur : « Soyez témoin qu’à Allah Seul, nous nous soumettons »
(Coran 3 Verset 64)
Le prophète (saw) fit porter cette lettre par Dihya ibn Khalifa Al-Kalbi à qui il donna l’ordre de la remettre au roi de Bassora qui lui-même se chargerait de la transmettre au roi de César. Dans des propos rapportés par Al-Boukhâri, Ibn Abbas dit avoir été informé par Abi Sofyân ibn Harb que Héraclius avait envoyé auprès de lui, alors qu’en compagnie d’un groupe de commerçants faisant partie des Koraïchites, il se rendait en Syrie, à un moment où le Messager d’Allah (saw) était en guerre contre les Koraïchites. Alors ils allèrent rejoindre les romains à Iliya (Jérusalem). Là, entouré des grands de Rome, César fit venir un traducteur et ensuite les appela pour leur parler en ces termes :
« Lequel d’entre vous est généalogiquement plus proche de cet homme qui prétend être un prophète ? »
« Moi », répondit Abou Sofyân ».
Il reprit : « Rapprochez-le de moi ! Rapprochez ses compagnons et mettez-les derrière lui »
Ensuite il dit au traducteur : « Je l’interroge au sujet de cet homme ».
S’il me traitait de menteur il le traiterait aussi de menteur. Par Allah ! N’eût été la honte de me voir attribuer un mensonge, j’aurais menti contre l’homme. La première question fut la suivante :
César : Quelle appréciation faites-vous de sa généalogie ?
Abou Sofyân : Elle est respectable.
César : Quelqu’un de chez vous a-t-il jamais, avant lui, dit qu’il était prophète ?
Abou Sofyân : Non.
César : Y-a-t-il des rois dans sa descendance ?
Abou Sofyân : Non.
César : Ceux qu’ils le suivent sont-ils les nobles ou le bas peuple ?
Abou Sofyân : Plutôt le bas peuple.
César : Ceux-ci progressent-ils ou régressent-ils ?
Abou Sofyân : Ils progressent plutôt.
César : Y en a-t-il qui apostasient ?
Abou Sofyân : Non.
César : Avez-vous déjà eu à le traiter de menteur avant qu’il ne se soit présenté comme prophète.
Abou Sofyân : Non.
César : Lui arrive-t-il de trahir ?
Abou Sofyân : Non. Toutefois, ne vivant plus avec lui depuis un certain temps, nous ne savons pas au juste ce qu’il fait exactement.
César : C’est ta seule réponse que je trouve imprécise. Mais l’avais vous combattu ?
Abou Sofyân : Oui.
César : A quoi ont abouti les combats ?
Abou Sofyân : Tantôt nous triomphions, tantôt il triomphait.
César : Que vous ordonne-t-il de faire ?
Abou Sofyân : Il dit « Adorez Allah Lui Seul sans l’associer à rien ni personne », quittez la pratique de vos ancêtres. Il nous ordonne la sincérité, la chasteté et le culte de la parenté.
César : (au traducteur) Dis-lui que je l’ai interrogé au sujet de sa généalogie et il a répondu qu’elle est respectable. Il en est de même de la généalogie des Messagers, dans leur peuple. Je lui ai demandé si quelqu’un avant lui avait la même prétention et il a répondu « non » …
Abou Sofyân : Si quelqu’un avant lui avait eu la même prétention j’aurais dit que c’est tel.
César : Je lui ai demandé s’il y avait des rois dans sa descendance et il a répondu « non » … Je me suis dit :
« S’il y avait un roi dans sa descendance je dirais qu’il cherche à reconquérir le trône de son père. »
Je lui ai demandé s’ils le traitaient de menteur avant qu’il n’ait eu à se présenter comme prophète et il a répondu « non » or je sais qu’il ne s’abstient pas de mentir aux gens pour mentir à Dieu.
Je lui ai demandé si ce sont les nobles qui le suivent ou le bas peuple et il dit « le bas peuple » or ce sont ceux-là qui suivaient les Messagers.
Je lui demandé si ses suivants progressent ou régressent et il a dit qu’ils progressent or, telle est la démarche croissante de la foi.
Je lui ai demandé s’il y en a qui apostasient parmi ses suivants et il a dit « non », or tel est aussi le comportement des Messagers : jamais ceux-ci ne trahissent.
Je lui ai demandé ce qu’il leur ordonne et il a dit qu’il leur ordonne d’adorer Allah sans l’associer à rien ni personne, de s’abstenir de l’adoration des idoles, de prier, de cultiver la sincérité et la chasteté.
Si tout ce que tu dis est vrai, il sera maître de l’endroit où, présentement, je me trouve. Je savais qu’un prophète allait venir mais je ne pensais pas qu’il viendrait de vous. Si je savais que je parviendrais jusqu’à lui, je ferais tout pour le rencontrer et si j’étais auprès de lui, je lui laverais les pieds ».
Sur ces mots, il se fit apporter la lettre du Messager d’Allah (saw) et la lut. Toutefois, dès qu’il eut fini les voix s’élevèrent et le bavardage alla en bon train. Ensuite, il donna aux Koraïchites l’ordre de se retirer. A sa sortie Abou Sofyân dit à ses compagnons :
« L’affaire d’Ibn Abi Kabcha (nom que les associateurs avaient donné au prophète (saw) poussés en cela par une volonté d’ignorer sa généalogie) devient étonnante. Même le roi des Romains a peur de lui »
A cet égard il dit plus tard après sa conversion :
« Je ne cessai d’être certain que le Messager d’Allah (saw) finirait par triompher, jusqu’au jour où Allah me fit entrer dans l’Islam ».
Voilà le témoignage apporté par Abi Sofyân au sujet de l’effet de cette lettre sur César. Celui-ci offrit à Dihya ibn Khalifa Al-Kalbi, le porteur de la lettre, de l’argent et des vêtements.
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.