Le Prophète de L'IslamRappels Islamiques

Les Religions Des Arabes Avant l’Islam


Nous venons dans cet article faire ressortir dans quel contexte le prophète (saw) a reçu la révélation et face à qui il devait exposer le changement qu’impliquait l’Islam.

La plupart des arabes avaient répondu à l’appel d’Ismaïl (as) lorsqu’il les avait appelés à la religion de son père Ibrahim (as).

Ils adoraient Allah, Le considéraient comme Dieu Unique et professaient Sa religion, même si avec le temps ils oublièrent une portion de ce qu’on leur avait prescrit. Toutefois ils conservèrent le Tawhid (la reconnaissance de l’unicité d’Allah) et plusieurs rites appartenant à la religion d’Ibrahim (as) jusqu’à l’arrivée de Amr ibn Louhay le chef de Khouzâaa.

Celui-ci avait été éduqué dans une atmosphère très favorable au bien, à la charité et à la sollicitude à l’égard des affaires religieuses. Les gens l’aimaient pensant qu’il était des grands ulémas et des saints. Ensuite Amr ibn Louhay fit un voyage en Syrie où il vit les gens adorer les idoles. Alors, il approuva la pratique et la crut être la vérité parce que la Syrie est le berceau des messagers et des livres. Aussi, revint-il avec Houbal (une idole), le mit à l’intérieur de la Kaaba puis appela les mecquois, à l’associationnisme.

Ceux-ci répondirent à son appel et furent bientôt suivis en cela par les gens du Hijâz car c’était les dirigeants de la Kaaba et les responsables du Haram. L’une de leurs idoles, les plus anciennes étaient Manât qui était à Al-Mouchallal, au bord de la Mer Rouge, près de Kadîd.

Par la suite ils choisirent Al-Lât basé à At-Tâif, puis Al-Ozza dans la steppe de Nakhla. Ces trois constituent leurs idoles les plus grandes.

De là, l’associationnisme se répandit. Les idoles faisaient légion dans le Hijâz. On raconte que Amr ibn Louhay avait un génie comme conseiller. Celui-ci l’aurait informé de ce que les idoles du peuple de Nouh (Noé), à savoir Wadd, Souwâa, Yaghouth, Yaouq et Nasr, étaient enterrées à Jiddah.

Sur ce, Amr ibn Louhay se serait rendu sur les lieux et après avoir déterré les idoles, les amena à Touhama, après quoi au pèlerinage, il les remit aux tribus de manière à ce que chacune d’elle et ensuite chaque maison disposât d’une idole. On avait rempli la sainte mosquée d’idoles, de telle sorte que le Messager d’Allah (saw) lors de sa conquête de la Mecque, trouva trois cent soixante idoles autour de la Kaaba, qu’il détruisit, fit sortir de la mosquée et brûler.

Ainsi le Chirk (associationnisme) et le culte des idoles devinrent l’aspect le plus marquant de la religion des gens de l’époque antéislamique qui, pourtant, prétendaient suivre la religion d’Ibrahim (as).Ceux-ci avaient des rites et des cérémonies protocolaires dans le culte des idoles dont la plupart étaient produits par Amr ibn Louhay. Ils pensaient que les idoles créées par celui-ci entraient dans le cadre d’une innovation positive et non dans celui d’une modification apportée à la religion d’Ibrahim (as)

– Les modalités du cérémonial de leur culte des idoles comportaient plusieurs aspects :

1- Ils s’attachaient à elles, y recouraient, les interpellaient, cherchaient leur protection dans les moments difficiles, les invoquaient pour leurs besoins, les créditant d’un pouvoir d’intercession auprès d’Allah, croyant aussi qu’elles pouvaient leur faire obtenir ce qu’ils voulaient.

2- Ils y allaient en pèlerinage, faisaient la circumambulation autour d’elles, s’humiliaient auprès d’elles et se prosternaient devant elles.

3- Ils leur faisaient diverses offrandes immolaient et égorgeaient pour elles et en leurs noms. Ces deux formes de pratique sont rappelées par le Coran:
« Vous est interdite aussi la bête qu’on a immolée sur des pierres dressées »
(Coran 5 Verset 3)

Et aussi:

« Et ne mangez pas de ce sur quoi le nom d’Allah n’a pas été prononcé »
(Coran 6 Verset 121)

4- A un autre niveau, les gens, pour se rapprocher des idoles leur réservaient selon leur appréciation, une partie de leur nourriture et de leur breuvage. De même, ils leur consacraient une partie de leurs récoltes et de leur bétail. Ce qui est curieux à cet égard, c’est qu’ils réservaient aussi une partie à Allah.

Certaines raisons les poussaient souvent à offrir aux idoles ce qui était pour Allah, mais jamais ils n’offraient à Allah ce qui était pour les idoles.

Allah dit:
« Et ils assignent à Allah une part de ce qu’il a lui-même créé, en fait de récolte et de bestiaux, et ils disent: « ceci est à Allah – selon leur prétention! – et ceci à nos divinités.
« Mais ce qui est pour leurs divinités ne parvient pas à Allah, tandis que ce qui est pour Allah parvient à leurs divinités. Comme leur jugement est mauvais! »
(Coran 6 Verset 136)

5- Une autre forme de se rapprocher des idoles était le fait de considérer comme tabous certaines récoltes et certains bestiaux. A ce sujet Allah dit:
« Et ils dirent: « voici des bestiaux et des champs frappés d’interdiction: n’en mangeront que ceux que nous voudrons – selon leur prétention – et voilà des bêtes dont le dos est tabou et des bêtes sur lesquelles ils ne mentionnent pas le nom d’Allah. Des inventions contre lui »
(Coran 6 Verset 138).

6- Il y avait aussi d’autre formes: Bahîrah, Sâïbah, Wasîlah et Hâmi. Selon ibn Ishâq, la Bahîrah est la petite de la Sâïbah. Celle-ci est la chamelle qui, ayant produit dix femelles successives, est libérée de telle sorte que personne ne l’enfourche, tond ses poils, boit de son lait, exception faite des hôtes. Si après cela elle produit une autre femelle, on fend les oreilles à celle-là avant de la laisser suivre sa mère Personne n’enfourche cette jeune chamelle. Non plus, on ne la tond pas, et son lait est pour les hôtes comme c’est le cas de sa mère. Une telle chamelle est la Bahîra, petite de la Sa’iba.

La Wasîlah est la brebis ayant mis au monde dix jumeaux femelles et cela, en cinq grossesses successives. Les autres petits que mettait au monde une telle brebis étaient pour les hommes, à l’exclusion de toute femme. Toutefois, s’il en mourait, les hommes comme les femmes avaient le droit d’en manger.

Le Hami est l’étalon qui, ayant été père de dix femelles successives, se voit marquer au dos par brûlure. Personne ne le tondait ni ne l’enfourchait. On le laissait parmi les chameaux, à des fins de croisement. C’était là sa seule utilité. A cet égard Allah dit:
« Allah n’a pas institué la Bahîrah, la Sâïbah, la Wasîlah ni le Hâmi. Mais ceux qui ont mécru ont inventé ce mensonge contre Allah et la plupart d’entre eux ne raisonnent pas »
(Coran 5 Verset 103)

Et aussi:

« Et ils dirent: ce qui est dans le ventre de ces bêtes est réservé aux mâles d’entre nous et interdit à nos femmes. Et si c’est un mort-né ils y participent tous »
(Coran 6 Verset 139)

Bien d’autres choses ont été dites à propos de ces bêtes Saîd ibn Al-Mousayeb déclara que ces bêtes étaient pour leurs faux dieux. Un Hadith authentique directement rapporté du prophète (saw) montre aussi que Amr ibn Louhay fut le premier à développer de telles pratiques.

Les arabes faisaient tout cela pour leurs idoles, croyant que celles-ci pouvaient les rapprocher d’Allah, les faire parvenir à lui et intercéder auprès de lui, comme le montre le verset suivant:
« Nous ne les adorons que pour nous rapprocher davantage d’ Allah »
(Coran 39 Verset 3)

Et aussi:

« Ils adorent au lieu d’Allah ce qui ne peut ni leur nuire ni leur profiter » et disent: « ceux-ci sont nos intercesseurs auprès d’Allah »
(Coran 10 Verset 18)

Les arabes consultaient les « Zalam » à savoir des baguettes non couvertes de plumage.

Il y avait 3 sortes d’Azlâms:

1- Une où l’on trouvait « oui » ; « non » et « neutre » et à laquelle les gens se référaient pour tout ce qu’ils voulaient entreprendre: voyage, mariage et consorts. S’ils sortaient « oui » l’action était à faire mais s’ils sortaient « non » ils leur revenaient de différer jusqu’à la prochaine consultation. La sortie de « Neutre » les portait à recommencer l’opération.

2- Une contenant « minkoum » (de vous) « ghayr minkoum » (pas de vous) et « moulsak » (rattaché). Lorsque les gens doutaient de la généalogie de quelqu’un, ils l’amenaient chez Houbal et consultaient le Zalam. La sortie de « minkoum » signifiait que l’homme était des leurs, celle de « moulsak » qu’il était un allié. S’agissant de « min ghayrikoum » il voulait dire que l’homme n’avait chez eux ni généalogie, ni postérité. Cette pratique, proche du jeu de hasard, n’était rien d’autre qu’une forme de pari, par laquelle ils se partageaient, du reste, la chair de ce qu’ils égorgeaient. Ils croyaient aux informations que leur fournissaient les « Kahanas », les « Arrafines » et les « mounajjimines ».

Les « Kahanas » sont ceux qui pratiquent le métier de faire connaître l’avenir (les devins) dont ils prétendent connaître les secrets. Certains d’entre eux se disent avoir un génie à leur disposition qui leur fournit les nouvelles. D’autres prétendent avoir accès à l’inconnaissable ou connaître les choses sur la base de prémices ou de causes de nature à leur permettre d’en prédire la production: paroles, actes ou situation du questionneur.

Ces derniers sont appelés des « Arrafines » (voyants) comme ceux qui prétendent avoir connaissance des objets volés, du lieu de vol des objets perdus etc.

Les mounajjimounes sont ceux qui observent les étoiles et les planètes calculent les moments de leur apparition pour connaître ce qui va se passer dans le monde à l’avenir, or, croire aux paroles de ces astrologues, c’est en réalité croire aux étoiles. Leur croyance aux étoiles les menait aussi à les considérer comme sources de la pluie. Il existait aussi chez eux le mauvais augure (At-Tira):
le fait d’être pessimiste à l’égard de quelque chose. Ceci tenait au fait qu’ils prenaient un oiseau ou une antilope qu’ils chassaient pour en observer l’orientation. Au cas où celui-ci s’orientait vers la droite, ils prenaient la même direction estimant être sur la bonne voie. S’il s’orientait vers la gauche, ils se défendaient de le suivre, poussés par le pessimisme. De même ils devenaient pessimistes lorsqu’ils croisaient un oiseau ou un animal sur leur chemin.

3- Dans ce même cadre ils accrochaient des talons de lapin et restaient pessimistes à l’égard de certains jours, de certains mois, de certains animaux, de certaines demeures et de certaines femmes. Croyant à la nécessité du malheur, ils pensaient aussi que l’âme de la personne tuée ne devait quitter définitivement, qu’après un acte de vengeance, sans quoi, ennuyée, elle errait dans le désert en criant: « à boire! A boire! » et ne se reposait pour de bon qu’après l’acte de vengeance.

Telles étaient les pratiques des gens de l’époque antéislamique chez qui on retrouvait aussi des traces de la religion d’Ibrahim (as) comme la vénération du temple la circumambulation, le pèlerinage, la Umra (le petit pèlerinage) la présence à Arafat et à Mouzdalifa et le goût de l’effort. Mais en cela ils innovèrent.

Par exemple; les Koraïchites disaient:
« Nous sommes les descendants d’Ibrahim (as), les gardiens du Haram, de la Kaaba, ceux qui habitent la Mecque. Les autres arabes n’ont pas les mêmes droits et le même rang que nous » d’où leur nom de Khoums.

« Il ne convient pas que nous sortions du Haram pour aller vers le profane » or, ils ne stationnaient ni à Arafat, ni ne déferlaient par ce lieu. Ils déferlaient plutôt par Mouzdalifa.

A cet égard Allah dit:
« Ensuite déferlez par où les gens déferlent »
(Coran 2 Verset 199)

Ils disaient aussi:
« Il n’est pas indiqué pour les Khoums en état de sacralité de consommer du lait ou du beurre. Ils ne doivent pas non plus accéder à une maison faite de poils de bêtes. Pour se protéger du soleil, ils ne peuvent se réfugier que dans des maisons faites de peaux ».

« Il ne convient pas que les profanes venus au pèlerinage ou à la Umra consomment une nourriture qu’ils ont apportée des lieux profanes ».

Ils ordonnaient aux profanes de ne faire le tour de la Kaaba qu’en vêtements de Khoums, s’ils le faisaient pour la première fois. A défaut les hommes devaient faire le tour en état de nudité.

Quant aux femmes, elles enlevaient tous leurs vêtements à l’exception d’un lambeau dans lequel elles faisaient la circumambulation en disant:
« Aujourd’hui, il en apparaît une partie ou le tout, et ce qui en paraît reste illicite ».

Dans ce cadre Allah dit:
« Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de prières portez vos parures »
(Coran 7 Verset 31)

Si quelqu’un faisait la circumambulation dans les vêtements qu’il a apportés du profane, il devait les jeter après la circumambulation et personne d’autre ne devait s’en servir.

C’est un fait aussi que les Qouraïch, après l’Ihrâm (l’état de consécration) n’accédaient pas à leurs maisons en passant par les portes. Au contraire, ils y entraient, et en sortaient par des trous faits derrière, pensant que ceci était un acte de bienfaisance.

Allah, toutefois, leur interdit cette pratique:
« Et ce n’est pas un acte de bienfaisance que de rentrer chez vous par l’arrière des maisons, mais la bonté pieuse consiste à craindre Allah. Entrez donc dans les maisons par leurs portes »
(Coran 2 Verset 189)

Cette religion (associationnisme, adoration des idoles, croyance aux chimères et aux superstitions) était celle de la plupart des arabes. Sur ces entrefaites, les juifs, les chrétiens, les mazdéens et les sabéens avaient trouvé le moyen d’accéder en Arabie. Les juifs jouèrent au moins deux rôles dans la Péninsule Arabe.

1. Leur émigration de la Palestine remonte aux conquêtes babyloniennes et assyriennes; et résulta de la pression exercée sur eux par Boukhtnasar en (587 avant l’ère chrétienne) qui dévasta leur pays et détruisit leur temple. La plupart d’entre eux furent emmenés en captivité à Babylone. Certains d’entre eux quittèrent la Palestine pour le Hijaz et s’installèrent en sa partie nord.

2. Le deuxième rôle commença à partir de l’occupation de la Palestine par les romains sous la direction de Bouts le romain en 70 G. En conséquence de la pression exercée sur eux par les romains, de la dévastation et de la destruction de leur temple par ceux-ci, plusieurs tribus juives passèrent au Hijaz, s’installèrent à Yathrib, à Khaybar et à Taymâ, y créèrent des villages des blockhaus et des forteresses, et y répandirent la religion juive parmi une partie des arabes, par l’intermédiaire des émigrants. Ces tribus jouèrent un rôle important dans l’échiquier politique antéislamique et aussi dans la scène politique du début de l’islam.

A l’apparition de l’islam les plus célèbres tribus juives étaient: Khaybar, An-Nadir, Moustalak, Kouraidha, Kaynoukâa. Dans Wafa Al-Wafa, page 116, As-Samboudi mentionne que le nombre de tribus juives parvenues à Yathrib d’un moment à l’autre dépassait vingt. Le judaïsme accéda au Yémen grâce à Asad Abi Karb.

Celui-ci, parti en guerre à Yathrib, y embrassa le judaïsme et revint avec deux hébreux de la tribu des Kouraidah au Yémen. Le judaïsme commença à s’étendre et à prendre de l’importance. Son fils Yousouf Thou Nouwas, investi après lui, attaqua les chrétiens de Najrân, les appela au judaïsme. Ceux-ci ayant refusé, il les jeta dans des trous où les flammes les attendaient, ne faisant nulle distinction entre hommes, femmes, enfants et vieillards.

On dit que le nombre de tués atteignait entre 20 000 et 40 000.

Cela se passait en octobre 523 G. Le Saint Coran mentionne une partie de cet événement dans la sourate Al-Bourouj.

Quant au christianisme, il entra en Arabie par la voie de l’occupation de celle-ci par les abyssiniens et les romains. La première occupation du Yémen par les abyssiniens eut lieu en 340 G. et se poursuivit jusqu’en 378, époque à laquelle les missions chrétiennes entrèrent au Yémen. Presqu’au même moment, un ascète écouté respectable et honorable, appelé Faymiyoun, entra à Najran et en appela les gens au christianisme. Ceux-ci, voyant en lui des signes de sincérité répondirent à son appel et embrassèrent sa religion.

Lorsque les abyssiniens occupèrent le Yémen pour la deuxième fois en 525 de l’ère chrétienne, comme réaction à ce qui y avait apporté Thou Nouwas, Abraha parvint à y régner, et à y répandre la religion chrétienne, de la manière la plus large, au point même de construire une église au Yémen appelée la Kaaba Yéménite, vers laquelle il voulait détourner les arabes, en détruisant le Temple d’Allah, ce qu’il ne put réaliser car Allah lui infligea une sévère punition sans préjudice du châtiment qu’il lui réserve dans l’au-delà.

Se convertirent au christianisme non seulement les arabes ghasâsinites, les tribus Taghlib, Tay et autres, du fait de la proximité des romains, mais aussi un certain nombre de rois de Hira.

Le mazdéisme se retrouvait la plupart de temps chez les arabes qui vivaient dans le voisinage des persans. Il y en avait chez les arabes de l’Iraq, à Bahrain – chez les Ahsa, les Hajar et les localités environnantes, comme les côtes du Golf Arabe. Des hommes du Yémen l’adoptèrent comme religion au temps de l’occupation persane.

S’agissant du sabéisme, les fouilles archéologiques réalisées en Iraq et ailleurs ont montré qu’il était la religion du peuple d’Ibrahim, les Khaldéens. La professait déjà une grande partie des gens de la Syrie et du Yémen, depuis fort longtemps. Cependant, face aux nouvelles religions (judaïsme et christianisme) il connut le déclin et une réduction considérable de son impact, même si l’on ne cessait de le retrouver chez les gens cohabitant avec les mazdéens ou vivant dans leur voisinage en Iraq ou sur les côtes du Golfe Arabe.

La situation religieuse

Telles étaient les religions des arabes à l’avènement de l’islam, religions qui, dans leur ensemble, connurent la décadence et la mine. Les associationnistes qui prétendaient être dans la religion d’Ibrahim (as) étaient loin de respecter les ordres et les interdits de la Charia de ce prophète, négligeant ce que celui-ci avait apporté en termes de noblesse de caractère.

Nombreuses par conséquent, étaient leurs désobéissances. Avec le temps ils finirent par avoir les mêmes habitudes et traditions que les païens, et ceci influa énormément sur leur vie sociale, politique et religieuse.

Quant aux juifs ils devinrent orgueilleux et enclins à la domination. Leurs chefs s’érigèrent en Seigneurs intraitables, maîtrisant totalement les gens et les maintenant dans l’arbitraire.

Leur seule préoccupation était d’obtenir de la richesse et du pouvoir, même s’il fallait perdre la religion et voir se répandre l’athéisme, l’incrédulité et le laxisme dans l’application des enseignements qu’Allah leur avait réservés et ordonné à chacun d’eux de considérer comme sacrés.

Les chrétiens, pour leur part, étaient redevenus des paganistes difficiles à comprendre, qui avaient, de manière étrange, confondu Dieu et l’homme.

C’est pourquoi l’influence du christianisme sur les arabes qui le professaient n’était pas bien réelle: ses enseignements étaient loin du genre de vie des adeptes, genre dont ceux-ci ne pouvaient du reste se passer.

Pour ce qui est du reste des religions des arabes la situation des adeptes restait comparable à celle des associationnistes: leurs cœurs se ressemblaient; leurs croyances convergeaient; leurs traditions et leurs habitudes s’accordaient.

Aspects de la société arabe antéislamique

Après l’étude des conditions politiques et religieuses de la Péninsule, il nous reste à en aborder, brièvement, les conditions sociales, économiques et morales.

La situation sociale

Il y avait chez les arabes des milieux différents les uns des autres par leurs conditions. Chez les nobles, la relation entre l’individu et sa famille avait atteint un haut niveau de développement.

Fortement marquée par la liberté et la franchise, elle était respectée et entretenue sans nul besoin d’un recours à l’épée et à l’effusion de sang. L’homme qui voulait se targuer aux yeux des arabes de son haut rang en matière de noblesse et de courage, ne passait pas la majeure partie de son temps à ne parler qu’aux femmes. Peut-être la femme pouvait-elle, lorsqu’elle le voulait bien regrouper les tribus pour la paix ou par contre pousser celles-ci à la dissension et à la guerre. En dépit de tout cela, l’homme était, sans conteste, considéré comme le chef de famille, le détenteur de l’autorité.

La liaison entre homme et femme se faisait par l’intermédiaire d’un contrat de mariage sous la supervision des parents de la femme. Celle-ci n’avait pas le droit de désobéir à ses parents.

Alors que ceci était la situation chez les nobles, on trouvait dans d’autres milieux certaines formes de promiscuité entre l’homme et la femme, promiscuité qu’on ne peut exprimer qu’en l’identifiant à la débauche, à la bouffonnerie, à la fornication et à la prostitution. Al-Boukhâri et d’autres que lui ont rapporté d’Aicha (ra) que le mariage à l’époque antéislamique s’effectuait sous quatre formes:

1- Une forme analogue au mariage d’aujourd’hui: un homme demandait à un autre la main de sa fille et ensuite le mariage se réalisait.

2- Une forme dans laquelle un homme disait à une femme après que celle-ci fût sortie de ses règles: « Va faire le commerce charnel avec un tel ».

Cette femme, l’homme ne s’en approchait ni n’avait de rapports avec elle que lorsqu’il devenait évident qu’elle avait été enceintée par l’homme avec qui elle avait fait le commerce charnel. Dès que la grossesse était réelle l’homme pouvait avoir un rapport, s’il le voulait, avec la femme. La pratique était destinée à obtenir un enfant noble. Cette forme de mariage était connue sous le nom de « mariage du commerce charnel ».

3- Une forme dans laquelle, un groupe d’hommes de moins de dix entrait chez une femme et celle-ci avait alors un rapport sexuel avec chaque homme. En cas de grossesse et ensuite d’accouchement, cette femme, des jours après, réunissait les hommes chez elle et leur parlait en ces termes:
« Vous savez ce qui s’est passé grâce à vous. J’ai à présent accouché ».
Désignant ensuite l’un d’entre eux, elle lui disait:
« C’est ton enfant ô toi, un tel ».

Ainsi elle nommait son enfant après l’homme qu’elle aimait et alors, à celui-là elle remettait l’enfant.

4- Plusieurs hommes se réunissaient et entraient chez une femme qui n’en pouvait repousser aucun car celle-ci était une prostituée localisant sa demeure à l’aide de drapeaux qu’elle accrochait à sa porte à l’intention des visiteurs. En cas de grossesse puis d’accouchement de cette femme, les hommes se regroupaient chez elle et remettaient l’enfant à qui d’entre eux ils estimaient en être le père.

Une fois envoyé, Mohammad (saw) détruisit toutes ces formes antéislamiques de mariage, ne laissant prévaloir que le mariage tel que l’islam le conçoit aujourd’hui. Il y avait aussi chez les arabes des unions entre homme et femme conclues par la force des épées et des lances. Les vainqueurs aux guerres tribales emmenaient en captivité les femmes des vaincus et en jouissaient.

Toutefois les enfants nés de telles unions étaient frappés de honte durant toute leur vie.

On sait aussi qu’à l’époque antéislamique, les gens avaient un nombre illimité de femmes. Ils épousaient deux sœurs à la fois, se mariaient avec les femmes que leurs pères avaient divorcées ou laissées derrière à leur mort.

A cet égard, Allah dit:
« Et n’épousez pas les femmes que vos pères ont épousées, exception faite pour le passé. C’est une turpitude, une abomination, et quelle mauvaise conduite! vous sont interdites vos mères, filles, sœurs, tantes paternelles ou tantes maternelles, filles d’un frère ou fille d’une sœur, mères qui vous ont allaités, sœurs de lait, mères de vos femmes avec qui vous avez consommé le mariage – si le mariage n’a pas été consommé ceci n’est pas un péché de votre part, les femmes de vos fils nés de vos reins, de même que deux sœurs réunies-exception faite pour le passé. Car vraiment Allah est Pardonneur et Miséricordieux »
(Coran 4 Verset 22 à 23)

Le divorce dépendait de l’homme, en l’absence de toute réglementation. La pratique de la fornication avait libre cours dans tous les milieux. N’en échappaient que certains hommes et certaines femmes dont la grandeur les portait à refuser un comportement aussi abject. Les femmes qui se tenaient sur leurs gardes étaient mieux loties que les captives, car, celles-ci étaient la grande catastrophe. En outre il parait que la plupart des gens de l’époque antéislamique n’éprouvaient aucune honte à se réclamer des fornicateurs.

Abou Daoud, rapportant les propos que Amr ibn Souayb avait tenu de son père et son père de son grand père dit:
« Un homme se leva et dit: « Ô Messager d’Allah! Tel est mon fils: j’ai commis un adultère avec une captive à l’époque antéislamique ». Le prophète (saw) lui répondit: « Aucun procès dans l’islam. L’époque antéislamique est révolue. L’enfant est pour le lit et la pierre pour l’adultère ».

Le récit de la querelle entre Saad ibn Abi Wakkas et Abd ibn Zama au sujet du fils de la captive de Zamaa, à savoir Abdir-Rahman ibn Zamaa est bien connu. Les relations entre l’homme et ses enfants s’exprimaient sous diverses formes. Certains disaient:
« Nos enfants ne sont rien d’autres que nos cœurs marchant sur terre ».

D’autres enterraient leurs filles, vives, par crainte de la honte et des dépenses: ils les tuaient par crainte de la pauvreté. Allah dit:
« Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux »
(Coran 6 Verset 151)

« Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde l’envahit. Il se cache des gens à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre? Combien est mauvais leur jugement! »
(Coran 16 Verset 58 à 59)

« Ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté, c’est nous qui attribuons leur substance tout comme à vous »
(Coran 17 Verset 31)

« Et qu’on demandera à la fillette enterrée vivante »
(Coran 81 Verset 8)

Il n’est cependant pas possible de considérer cette pratique comme faisant partie des tendances morales répandues.

Les gens de l’époque antéislamique avaient un vif besoin d’enfants mâles pour se faire craindre de leurs ennemis.

Quant aux liens entre l’homme et ses frères, ses cousins et son clan, ils étaient très solides. Les gens croyaient à l’esprit de clan (Al-Asabiwa) pour lequel ils vivaient et à la défense duquel ils étaient prêts à mourir. La tribu fonctionnait aussi sur un esprit de groupe et ceci en accentuait la Asabiwa.

Le système social reposait sur le chauvinisme racial et liens de sang.

A cet égard, la devise était:
« Assiste ton frère, qu’il soit offenseur ou offensé »

Loin de l’équilibrage apporté par l’islam à savoir que la manière d’assister l’offenseur est de le dissuader de l’injustice. Toutefois, la rivalité en matière de noblesse et de courage conduisait souvent à des guerres entre tribus de même souche, comme ce fut le cas entre les tribus Aws et Khazrai, entre Abs et Thoubyân, entre Bakr et Taghlib, etc…

Pour ce qui est des relations intertribales, elles étaient totalement désarticulées et propices à la guerre. Cependant, le respect et la crainte de certaines traditions et coutumes communes à la religion et aux superstitions contribuaient, peut-être, à en réduire la tension et aussi la sévérité.

Parfois, l’assistance mutuelle, le serment et la subordination conduisaient au rassemblement de tribus différentes.

Les mois saints leur étaient une clémence et une aide grâce auxquelles ils pouvaient vaquer à leurs affaires et obtenir leurs moyens de subsistance.

Le maximum de ce qu’on peut dire à ce sujet est que la situation sociale était à un niveau abject de faiblesse et de cécité.

L’ignorance sévissait parallèlement aux superstitions extrêmement répandues et fortes. Les gens menaient une vie de bestiaux.

La femme se vendait et s’achetait, traitée dans certains cas, à un pied d’égalité avec les objets inanimés. Les relations communautaires n’avaient nulle consistance, si elles n’étaient détériorées. Quant aux autorités, Ta plupart d’entre elles étaient occupées à s’enrichir sur le dos des sujets ou à faire la guerre aux ennemis.

La situation économique

Elle était dans le sillage de la situation sociale, comme l’on peut s’en rendre compte si l’on observe de plus près le mode de vie des arabes. En effet, le commerce était le plus grand moyen d’obtenir le nécessaire or, la tournée commerciale n’était possible et facile qu’en temps de paix et de sécurité, ce qu’on ne trouvait dans la Péninsule Arabe qu’à l’avènement des mois saints.

C’est dans ces mois que se tenaient les célèbres marchés arabes: Okadh, Thoul-Majâz, Mijannah etc.

Pour ce qui est de l’artisanat, le peuple y était plus arriéré que tout autre.

La majorité de l’artisanat qu’il y avait chez les arabes: tissage, teinture etc. se retrouvait au Yémen, à Hira et en Syrie.

A l’intérieur de la Péninsule il y’avait tant soit peu d’agriculture et d’élevage. Toutes les femmes arabes travaillaient au filage. Toutefois, les marchandises étaient la visée des guerres en conséquence de quoi la pauvreté, la faim et la nudité étaient générales dans la société.

La morale

Nous ne nions pas que les gens de l’époque antéislamique présentaient des petitesses, des ignominies et des comportements que refuse le bon sens.

Toutefois, il y avait en eux des vertus qui ne manqueraient pas de mener à la surprise et à l’étonnement.

De celles-ci on retient:

1. La générosité:

Les gens de l’époque antéislamique rivalisaient de générosité et se glorifiaient des performances qu’ils pouvaient réaliser dans ce sens. La moitié de leur poésie était consacrée à cela: louange d’autrui et de soi. Il arrivait qu’un homme recevait un hôte dans l’intensité du froid et de la faim. N’ayant alors d’autres bien que sa chamelle qui était du reste sa vie et celle de sa famille, il se saisissait de l’animal, par générosité, et l’égorgeait pour cet hôte.

Un autre signe de leur générosité était le fait qu’ils supportaient d’énormes prix du sang et de charges grâce auxquels ils se méfiaient de l’effusion du sang et aussi de faire perdre des vies humaines. Cela, ils en étaient fiers et s’en vantaient au regard d’autres chefs et d’autres seigneurs.

Une des conséquences de leur générosité était la vanité qu’ils tiraient du fait de boire du vin.

À cet égard, ils considéraient le vin non pas comme un titre de gloire mais comme un moyen parmi d’autres de générer de la générosité et de faciliter le gaspillage pour le compte de soi-même. C’est la raison pour laquelle ils appelaient « Karam » (générosité) l’arbuste produisant le raisin. Quant au vin ils l’appelaient « Bintoul-karam » (la fille de la générosité).

Quiconque observe les recueils de poèmes provenant de l’époque antéislamique verra consacrer au vin un chapitre de louanges et de glorification.

Dans ce sens Antar ibn Chaddâd Al-Absi dit, dans son recueil:
« J’ai bu du vin à midi même, pour des dinars bien lustrés et dans une bouteille jaune comparable à un philtre.
Lorsque je bois, c’est mon argent que je dépense. Mon honneur reste intact car, en vérité rien ne l’affecte. La fin de mon ivresse ne me transforme pas en avare. Je reste tel que tu me connais avec ma grandeur et ma générosité ».

Une autre marque de leur générosité est qu’ils se livraient au jeu de hasard qu’ils considéraient comme moyen d’être généreux. En effet, ils utilisaient tout ou partie de leurs gains pour nourrir les pauvres. C’est pourquoi, le Coran ne nie pas l’utilité du vin et du jeu de hasard mais se contente de dire:
« Dans les deux, le péché est plus grand que l’utilité »
(Coran 2 Verset 219)

2. Le respect des engagements:

L’engagement était chez eux une religion. Ils y tenaient et pouvaient même, à cet égard, tuer leurs enfants et détruire leurs propres maisons. Il suffit dans ce cadre de connaître l’histoire de Ghani’, d’ibn Mas’oud As-Chaybani, d’ibn As-Soumaw-al ibn Idiyaet de Hajib ibn Zarara At-Tamimi.

3. La noblesse d’âme, le refus de subir l’humiliation et l’injustice:

Il résultait de ces caractéristiques l’excès de courage et de jalousie, l’irascibilité. Ils ne s’entendaient dire aucun mot signifiant avilissement et bassesse sans recourir à l’épée, à la lance et à la guerre, prêts à sacrifier leur âme.

4. La résolution ou la détermination:

S’ils décidaient de faire quelque chose à des fins de gloire et d’orgueil, personne ne pouvait les en détourner. Ils y allaient jusqu’ au bout.

5. La bonté, la patience et la douceur:

Ces qualités étaient pour eux des objets de fierté. Toutefois, elles n’existaient en eux que de manière assez rare, du fait de leur courage excessif, de la vélocité avec laquelle ils parvenaient à se battre.

6. La simplicité et le nomadisme, la non-atteinte par les souillures et artifices de la société:

Il résultait de tout cela la sincérité, l’honnêteté, l’aversion pour la tromperie et la lâcheté. Comme l’on peut le constater, ces précieuses références morales, malgré la position géographique de la Péninsule Arabe par rapport au reste du monde constituaient les raisons du choix des arabes pour porter le message universel et diriger la communauté humaine à savoir l’humanité.

En effet, il s’agit là de caractères précieux en soi, pouvant profiter à l’humanité après tant soit peu de redressement, même si certains d’entre eux mènent au mal et provoquent des événements douloureux. C’est un tel redressement que l’Islam a effectué.

Peut-être, ce que les gens de la Jâhiliyyah (période antéislamique) avaient de plus cher et de plus utile en matière de caractère, était-il après tout le respect des engagements, la noblesse de l’âme et la détermination. Ce dernier trait de caractère est du reste le seul moyen de réprimer le mal et la corruption pour instaurer un système fondé sur la justice et le bien.

(Extrait Tiré de « Le Nectar Cacheté »)

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