Rappels Islamiques

Les moyens par lesquels la Sunna a été préservée


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection


La Sunna fait partie de la Révélation et du Rappel qu’Allah a promis de préserver et cette préservation se manifeste par le fait qu’Allah a assisté les musulmans dans le soin qu’ils lui portaient. En effet, Il a suscité des hommes qui ont étudié la Sunna avec soin et distingué ce qui est authentique de ce qui est inventé. Elle fut ensuite transmise de génération en génération et demeura la référence à laquelle les musulmans revenaient dans tous les domaines de leur religion. Ils ont pu ainsi œuvrer conformément à ce qu’elle contient, lui rester fidèles et la préserver afin de prendre exemple sur le Prophète de la meilleure des façons. Cette idée sera développée dans les trois points suivants.

Ce qui a été rapporté à propos du respect de la Sunna et du mérite des hadiths ainsi que des savants en hadith

Sachant que la Sunna est une source de législation, qu’elle provient du Prophète, qu’Allah ordonna aux croyants de révérer et de respecter le Prophète et qu’Il fit l’éloge de ceux qui baissent la voix en sa présence, il n’est pas étonnant que la Sunna soit aussi sacrée que celui dont elle provient. C’est pour cette raison entre autres que les savants respectent et révèrent la Sunna. Voici dans ce qui suit quelques exemples de ce respect :

1. ‘Amr ibn Maymûn rapporte d’Ibn Mas’ûd qu’un jour, il narra un hadith et au moment où il prononça « Le Prophète dit », il fut pris de malaise et je vis la sueur couler de son front. Dans une autre version du récit, il dit : « je  vis ses yeux s’emplirent de larmes et ses jugulaires saillir ».

2. Lorsque l’on citait un hadith en présence d’Ibn Sîrîn alors qu’il riait, il redevenait aussitôt sérieux et adoptait une attitude humble.

3. L’imam Mâlik était encore plus connu pour le respect qu’il vouait à la Sunna. En effet, lorsqu’il projetait d’enseigner des hadiths, il se lavait, se parfumait, mettait des vêtements neuf, se coiffait avec un turban puis il s’asseyait avec humilité sur l’estrade et on ne cessait de faire brûler de l’encens pour lui jusqu’à ce qu’il finisse d’enseigner les hadiths. Il disait à ce propos :

« J’aime accorder de l’importance aux paroles du Prophète (saw) ».

De plus, il détestait réciter des hadiths en étant debout ou dans la précipitation. C’est le juge ‘Iyâd qui rapporta ces anecdotes dans son livre ach-Chifâ`.

Par son comportement, Mâlik témoignait sa considération envers celui dont provient la Sunna, par respect pour les plus nobles paroles – après celles d’Allah – qu’elle contient.

Allah nous a incités à apprendre la science, à faire l’éloge des savants et Il les a évoqués à plusieurs reprises. Il a en effet associé leur témoignage sur Son Unicité à Son propre témoignage ainsi qu’à celui des anges et a indiqué qu’eux seuls Le craignaient véritablement. De plus, il a souligné leur supériorité sur les ignorants. Allah dit en effet dans les versets suivants :

« Allah Atteste, Et Aussi Les Anges Et Les Doués De Science, Qu’il N’y A Point De Divinité A Part Lui, Le Mainteneur De La Justice. Point De Divinité A Part Lui, Le Puissant, Le Sage »

(Coran 2 Verset 18)

«  …Parmi Ses Serviteurs, Seuls Les Savants Craignent Allah… »

(Sourate 35 Verset 28)

« Dis : «Sont-Ils Egaux, Ceux Qui Savent Et Ceux Qui Ne Savent Pas?» »

(Sourate 39 Verset 9)

Pour sa part, le Prophète a également incité les croyants à apprendre la science, désignant les savants comme les héritiers des prophètes ; il a aussi dit que les anges baissent leurs ailes devant les étudiants en science religieuse et d’autres choses encore. (rapporté par Ahmad, Abû Daoud, At-Tirmidhy)

Ainsi, quiconque se préoccupe des hadiths, les apprend et les enseigne aura droit à la part la plus importante de l’éloge consacré aux savants. Cet honneur suffit à ceux qui s’engagent dans cette voie. En effet, dédier sa vie à l’apprentissage et l’enseignement de la Sunna est plus méritoire que de s’occuper à accomplir des adorations surérogatoires car par la Sunna, on explique le Coran, on faire vivre la tradition prophétique et on continue à prendre le Prophète pour exemple dans la diffusion de l’Islam, même si on n’acquiert comme mérite que la fréquence de la prière sur le Prophète qui est grandement rétribuée. Le Prophète dit en effet :

« Les gens qui mériteront le plus d’être auprès de moi le Jour de la Résurrection sont qui prient sur moi le plus souvent »

(Rapporté par At-Tirmidhy)

De plus, on mérite d’être récompensé comme l’a souhaité le Prophète.

En effet, il dit dans un hadith narré par Zayd ibn Thâbit et d’autres Compagnons :

« Qu’Allah réjouisse un serviteur qui entend mes paroles, les comprend et les met en application telles qu’il les a entendues »

(Rapporté par Ahmad, Abû Daoud, At-Tirmidhy)

Enfin, on obéit à son ordre car il dit :

« Faites parvenir de moi ne serait-ce qu’un verset »

(Rapporté par Al-Bukhâri, Ahmad)

L’importance que les prédécesseurs accordaient aux hadiths

Connaissant l’importance de la science religieuse, les Compagnons veillèrent à la recueillir du Prophète et par conséquent, ils étaient souvent à ses côtés et préféraient rester en sa compagnie plutôt que de s’occuper de leurs biens et de leur subsistance. Il arrivait même que certains, lorsqu’ils devaient s’absenter, demandent à d’autres d’assister à ses assemblées afin de leur raconter ce qui s’y était passé, à l’image de la demande que fit ‘Umar ibn al-Khattab à son voisin (Rapporté par Al-Bukhâri).

Le Prophète atteignit le rang d’exemple suprême dans l’enseignement à ses Compagnons et l’art de leur faire comprendre le sens de ses paroles.

Il usait ainsi de divers moyens d’explication comme l’exposé, le débat, la métaphore et la répétition. Ses Compagnons apprenaient de lui en toutes situations : dans les assemblées, à la mosquée et lors des voyages.

Lorsqu’Allah reprit son âme, il leur avait appris tout ce dont ils avaient besoin. Même ses ennemis parmi les polythéistes témoignèrent de cela.

En effet, Muslim rapporta de Salmân Al-Fârisi qu’un polythéiste lui dit :

« Votre Prophète vous a tout appris, même comment faire vos besoins »

(Rapporté par Muslim)

Après la mort du Prophète, ses Compagnons prirent conscience que la science qu’ils héritèrent de lui était un dépôt dont ils avaient la responsabilité et qu’ils étaient tenus de la rendre accessible aux gens afin de ne pas être exposés à la menace d’Allah. En effet, Allah dit :

« Certes ceux qui cachent ce que Nous avons fait descendre en fait de preuves et de guide après l’exposé que Nous en avons fait aux gens, dans le Livre, voilà ceux qu’Allah maudit et que les maudisseurs maudissent »

(Coran 2 Verset 159)

Par la suite, les disciples des Compagnons surent être à la hauteur de cette responsabilité et apprécier cette science à sa juste valeur, ce qui les incita à l’apprendre puis à l’enseigner. Ils consacraient ainsi leurs assemblées à la récitation des hadiths ; la collecte de hadiths était leur principale préoccupation, pour laquelle ils enduraient maintes épreuves et se déplaçaient parfois très loin de chez eux. On rapporte qu’Ibn ‘Abbâs a dit :

« Lorsque je savais qu’un Compagnon connaissais un hadith que je ne connaissais pas, je me rendais chez lui et si j’arrivais lorsqu’il faisait la sieste, je restais à sa porte, alors que le vent soufflai du sable sur mon visage, jusqu’à ce qu’il se réveille »

(Rapporté dans le Al-Mustadrak d’Al-Hâkim)

De même, Jâbir est célèbre pour avoir voyagé jusqu’en Syrie pour apprendre un seul hadith de ‘Abdullâh ibn `Unays (Rapporté par Ahmad).

Quant à `Abû `Ayyûb, il voyagea de Médine jusqu’en Egypte afin de rapporter un seul hadith que lui narra ‘Uqbah ibn ‘Âmir.

Après avoir appris un hadith, ces Compagnons le partageaient avec les autres afin de s’assurer de son authenticité et il arrivait même que certains le répètent longtemps afin de l’apprendre par cœur à l’image de `Abû Hourayra qui, selon Ibn Jurayj et d’autres narrateurs, consacrait une partie de la nuit à l’étude des hadiths afin de les mémoriser.

Allah avait accordé aux disciples des Compagnons une mémoire bien supérieure à celle des savants des générations ultérieures et on rapporte à ce propos des récits extraordinaires.

Certains s’aidaient de l’écriture afin de mémoriser efficacement.

Dans l’ensemble, nous savons que nos prédécesseurs ont accordé aux hadiths le soin et l’intérêt nécessaires, et que c’est par ce moyen qu’Allah préserva cette religion et ses sources. Qu’Allah leur fasse donc miséricorde et qu’Il les rétribue de la meilleure des façons pour avoir servi l’Islam.

Les efforts des savants de la Sunna pour préserver les hadiths

A la fin de l’époque des Compagnons sont apparues des personnes qui attribuaient sciemment des paroles mensongères au Prophète malgré les menaces et les avertissements contre cette dérive, Le Prophète dit Par Exemple :

« Quiconque ment sciemment a propos de moi doit s’attendre a avoir une place en enfer ».

(Rapporté par Al-Bukhâri, Muslim)

La plupart de ceux qui inventaient des hadiths et les plus célèbres étaient des athées qui se convertirent à l’Islam pour camoufler leur véritable dessein : corrompre le dogme et faire douter les gens de l’Islam.

D’autres dont Allah dit : «  …parmi ceux qui ont divisé leur religion et sont devenus des sectes… » (Coran 30 Verset 32) avaient comme motivation leur fanatisme et leur allégeance à leurs tribus et à leur pays.

La troisième catégorie de faussaires est constituée d’affabulateurs qui recherchaient la célébrité à travers la variété et l’étrangeté de leurs histoires, et y introduisaient tout ce qui était à même de frapper l’auditoire..

Cependant, lorsque les savants en hadith ressentirent ce danger, ils lui firent face par des moyens à même de le neutraliser et les hadiths prophétiques ont été protégés de toute fausseté.

Ces savants ont posé des règles et mis en place des méthodes grâce auxquelles la Sunna fut préservée. Elle devint alors une science constituée que les générations se transmettent telle qu’elle était connue à l’époque du Prophète. Parmi les règles établies en science du hadith figurent les suivantes :

1. Exiger des chaînes de narration et nommer les narrateurs

C’est une caractéristique propre à cette communauté et c’est grâce à elle que l’on connaît l’origine du hadith ainsi que la fiabilité de ses narrateurs.

On peut ainsi juger, en ayant ces données, de l’authenticité du hadith.

‘Abdullâh ibn al-Mubârak :

« La chaîne de narration est partie intégrante de la religion car sans elle, n’importe qui pourrait dire n’importe quoi »

De fait, beaucoup de faussaires cessèrent d’inventer des hadiths par peur d’être démasqués, ce qui aurait détruit leur prestige auprès de leurs admirateurs.

2. Évaluer la fiabilité des narrateurs et vérifier leur capacité à assumer la responsabilité de transmettre la Sunna.

Les savants ont émis un avis critique sur ces personnes dans l’intérêt de la communauté car ces narrateurs se sont approprié un domaine faisant partie de la religion. Cette critique ne relève donc pas de la médisance.

3. Vérifier que les hadiths sont correctement appris et les transmettre à ceux qui sont capables de faire de même.

En effet, un savant en hadith ne rapportait un hadith que lorsqu’il le connaissait correctement. D’autre part, il ne le transmettait qu’à des personnes qui méritaient de le recevoir et s’abstenait d’en faire part aux faibles d’esprits et à ceux qui sont esclaves de leurs passions.

Ces règles permirent de purifier les hadiths des éléments inventés de toutes pièces et les menteurs furent clairement identifiés et démasqués. Ils renoncèrent à leurs desseins et laissèrent la place aux vrais savants. Sufyân Ath-Thari disait à ce propos:

« Allah ne couvre pas une personne qui ment à propos des hadiths ».

On fit également remarquer un jour à Ibn al-Mubârak que des hadiths avaient été inventés de toutes pièces et il répondit :

« Il y a des savants pour s’en occuper car Allah dit : «  En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Rappel, et c’est Nous qui en sommes gardien » (Coran 15 Verset 9) »

Ces deux anecdotes furent rapportées par As-Sakhâwi dans Fathu l-mughîth ainsi que par d’autres savants

A propos de la transcription des hadiths

Dans certains hadiths, le Prophète a défendu à ses Compagnons de mettre la Sunna par écrit. Cependant, on trouve d’autres hadiths où il le permit expressément à certains. Le Prophète a dit :

« N’écrivez pas de ce que je dis autre chose que le coran »

(Rapporté par Muslim)

D’autre Part, Il permit a ‘Abdullâh Ibn ‘Amr Ibn Al-‘Âs de transcrire ses paroles (Rapporté par Al-Bukhâri). Et il remit a ‘Ali un feuillet sur lequel étaient transcrites ses paroles (Rapporté par Al-Bukhâri).

Il serait erroné de croire que la défense d’écrire les hadiths prouve que la Sunna n’a pas force de preuve comme certains pervers le prétendirent. Il serait également erroné de la justifier uniquement par la rareté des outils d’écriture et des scribes car parmi les Compagnons et leurs enfants, beaucoup savaient écrire, A l’image de ‘Ali, Zayd Ibn Thâbit, ‘Abdullâh Ibn ‘Amr Et d’autres.

La justification la plus crédible est que la défense de transcrire les hadiths concerne les débuts de l’Islam, où il était important que les Compagnons se consacrent à apprendre le Coran. Quant aux hadiths, ils pouvaient les apprendre à force de fréquenter le Prophète.

Une autre justification crédible serait qu’il était défendu d’écrire le Coran et les hadiths sur un même feuillet par crainte que les ignorants ne les confondent. L’autorisation aurait donc été accordée à ceux qui étaient à l’abri de commettre cette faute, comme ‘Abdullâh ibn ‘Amr, et utilisée en cas de nécessité comme lorsqu’il ordonna à ‘Abdullâh d’écrire à `Abî Chât.

De plus, il est connu que le Prophète fit écrire plusieurs lettres à certaines personnes avec qui il avait conclu un pacte à certaines occasions. Il envoya également des missives à des souverains de son époque afin de les inviter à l’Islam. Le Prophète (saw) envoya des missives A l’empereur Byzantin Héraclès, A l’empereur Des Perses Chosroês, au Négus le Roi d’Abyssinie, au Roi d’Egypte Cyrus De Phase, Et a d’autres Souverains. . Tout ceci constitue des preuves de licéité de transcrire ce qui est considéré comme des hadiths.

Les Compagnons savaient pour quelle raison la transcription des hadiths fut défendue. Certains s’abstinrent d’écrire alors que d’autres eurent recours à l’écriture par nécessité.

Lorsque ces raisons devinrent caduques, que l’on sut clairement distinguer ce qui appartient au Coran de ce qui ne lui appartient pas et que la nécessité d’écrire les hadiths se fit sentir, on commença à mettre la Sunna par écrit.

Ceci eut lieu à la fin du premier siècle de l’Hégire par ordre de ‘Abdul’Azîz ibn Marwân puis de son fils ‘Umar.

Écrire devint alors une pratique courante : les savants écrivaient les hadiths puis les enseignaient à partir de leurs livres tout en veillant à les préserver.

Il en fut ainsi jusqu’à ce que ces hadiths parviennent à des savants respectables comme Al-Bukhâri, Muslim et les auteurs des principaux autres recueils de hadiths qui les compilèrent de manière générale ou de façon thématique en distinguant ceux qui sont authentiques des autres, etc.

Ces recueils nous sont parvenus tels qu’ils ont été composés, exempts de toute modification et c’est ainsi que fut réalisée la promesse d’Allah de préserver les sources de l’Islam, ce qui constitue un argument d’Allah vis-à-vis de Ses serviteurs. Louange à Allah le Seigneur des Mondes.

L’on voit ainsi que l’Islam, le Livre de l’Islam et la Sunna du Prophète de l’Islam nous sont parvenus dans un état parfait de préservation par l’intermédiaire de savants dignes de confiance qui les entourèrent de leurs soins.


Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

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