Rappels Islamiques

La science et la clairvoyance


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection


La science fait partie des bases autour desquelles doit s’articuler l’éveil islamique. On entend par-là : la connaissance de la législation d’Allah, recueillie essentiellement à partir des deux sources fondamentales que sont le livre d’Allah et la Sunna de Son messager (saw). Conformément à la parole d’Allah :

« Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux »

(Coran 16 Verset 44)

Et comme l’illustre Sa parole :

« Allah a fait descendre sur toi le Livre et la Sagesse, et t’a enseigné ce que tu ne savais pas. Et la grâce d’Allah sur toi est immense »

(Coran 4 Verset 113)

Ainsi la science constitue le fondement et la matière de la prédication. Et il est strictement impossible que celle-ci s’accomplisse de la manière qui satisfait Allah  autrement qu’en étant basée sur la science. A cet effet, Al-Bukhâri a intitulé l’un des chapitres de son recueil authentique de  hadiths comme suit : « Chapitre : la science précède la parole et l’action » en se référant à la parole du Très-Haut :

« Sache donc qu’en vérité il n’y a point de divinité à part Allah et implore le pardon pour ton péché »

(Coran 47 Verset 19)

En conséquence, toute prêche effectuée sans science est vouée à contenir une part de déviation et d’égarement. C’est pour cela que le prophète (saw) a mis en garde contre ce phénomène, qui se multipliera lorsque les savants viendront à disparaître, ne laissant derrière eux que des dirigeants ignorants qui donnent des verdicts religieux sans science, et qui par là s’égareront et égareront les autres. Cette citation se réfère au hadith de ‘Abdullah Ibn ‘Amr Ibn Al-Âs (ra) qui a dit : « J’ai entendu le messager d’Allah (saw) dire :

« Allah ne fera pas disparaître la science en l’enlevant directement aux hommes, mais Il la fera disparaître en faisant disparaître les savants, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus un seul. Alors les hommes prendront pour chefs des ignorants qui, interrogés, répondront sans la moindre science, s’égarant ainsi eux-mêmes et égarant les autres »

(Rapporté par Al-Bukhâri)

On observe beaucoup de nos frères qui portent en eux cette ferveur, portés par ces sentiments islamiques – et nul doute que ceci est un bien, car sans enthousiasme ni ardeur, il n’y aura pas de prise d’initiative. Cependant, ce sentiment n’est pas suffisant en lui-même. Il est indispensable qu’il s’accompagne de science sur laquelle les gens fondent leurs actes ainsi que leur prêche. Cette pour cette raison que le prophète (saw) a dit :

« Transmettez de moi, ne serait-ce qu’un verset ».

(Rapporté par Al-Bukhâri)

Or, il nous est seulement possible de transmettre ce que l’on connaît de sa religion. En effet, sa parole « Transmettez de moi » signifie qu’il nous a délégué la mission de transmettre ce qui est venu de lui.

Il incombe donc au prêcheur d’appeler les gens avec savoir, un savoir correct qui se fonde sur le livre d’Allah et la Sunna de Son messager (saw), car toute science acquise en dehors de ces deux références doit d’abord leur être confrontée (pour en attester de sa conformité). Après avoir été confrontée, elle sera soit en concordance ou bien en contradiction. Si elle concorde, elle sera alors acceptée. Dans le cas contraire, elle sera rejetée et renvoyée à son énonciateur, quel qu’il soit. En effet, il a été rapporté de manière authentique d’Ibn ‘Abbâs (ra) qu’il a dit :

« Peu s’en faut pour que des pierres ne vous tombent du ciel. Je vous dis : « Le messager d’Allah a dit.. » et vous me dites : « Abû Bakr et ‘Umar ont dit… » ! ».

S’il en est ainsi de la parole d’Abû Bakr et ‘Umar lorsqu’on l’oppose à celle du messager d’Allah (saw), alors que pensez-vous de celle d’un individu qui n’a pas atteint leur niveau de science et de piété, et qui n’a pas eu la même proximité avec le prophète (saw) ni atteint le rang de calife ! Nul doute que la parole de ces individus, lorsqu’elle contredit le livre d’Allah et la tradition de Son messager (saw) sera encore plus évidemment rejetée. A cet effet, Allah a dit :

« Que ceux, donc, qui s’opposent à son commandement prennent garde qu’une épreuve ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux »

(Coran 24 Verset 63)

L’imam Ahmad a dit :

« Sais-tu ce qu’est cette épreuve? Cette épreuve est le polythéisme (« Shirk »). Si jamais quelqu’un rejette une partie de Sa parole, il se peut que son cœur soit atteint d’une déviation qui le conduira ainsi à sa perte ».

Quant au prêche mené sans science, il est basé sur l’ignorance. Or, le prêche effectué avec ignorance est plus nuisible que profitable.

Et pour cause, le prédicateur s’est érigé en initiateur et en guide, et s’il s’avère être ignorant, alors il sera égaré et source d’égarement – qu’Allah nous en préserve. Et dans ce cas, son ignorance sera alors une ignorance exacerbée. Et cette forme est plus marquée que l’ignorance ordinaire, car l’ignorance ordinaire conduit l’individu à faire preuve de retenue et à ne pas se prononcer, et il est d’ailleurs possible que celle-ci se dissipe par l‘apprentissage. Mais le cœur du problème réside bel et bien dans l’individu qui fait preuve d’une ignorance exacerbée car celui-ci ne peut s’empêcher de parler, il s’exprime en toute circonstance fut-ce sans science et constitue une source de destruction plus que d’éclaircissement.
est de deux formes : ordinaire (« basît ») ou exacerbée (« murakkab »). Sa forme ordinaire consiste par exemple à ne pas connaître une information car on n’y a jamais eu accès, ou bien on n’y a jamais prêté attention ou on n’en a jamais entendu parler. C’est le fait de savoir que l’on ne sait pas…Quant à sa forme exacerbée, elle consiste à par exemple à ne pas connaître une information tout en pensant que l’on le sujet connaît parce qu’on en a entendu parler et qu’on estime disposer d’un niveau d’information suffisant sur la question. C’est le fait de ne pas savoir que l’on ne sait pas. Et cette forme est la pire des ignorances, elle est celle qui pousse les personnes imbues d’elles-mêmes à ne pas apprendre, à ne pas changer, à ne pas rechercher la vérité, à blâmer autrui sous prétexte qu’il a un avis différent…

Ô mes frères, la prêche à Allah sans science est contraire à ce sur quoi était le prophète (saw) et ceux qui l’ont suivi. Ecoutez donc la parole d’Allah lorsqu’Il a ordonné à Son prophète :

« Dis : « Voici ma voie, j’appelle les gens à [la religion] d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une clairvoyance. Gloire à Allah ! Et je ne suis point du nombre des associateurs  ».

(Coran 12 Verset 108)

Il a bien dit : « J’appelle les gens à [la religion] d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une clairvoyance ». Autrement dit, ceux qui l’ont réellement suivi doivent de manière inconditionnelle appeler à Allah avec science et non pas avec ignorance. Médite, Ô toi prêcheur, la parole d’Allah : « sur une clairvoyance ». Trois aspects sont à retenir :

Premièrement : être clairvoyant vis-à-vis de ce à quoi on appelle.

Cela consiste à détenir un savoir du jugement religieux de l’acte auquel on invite. Sinon, il est possible qu’on appelle à une chose qu’on considère obligatoire alors que dans les faits, elle ne l’est pas religieusement, et qu’ainsi, on impose aux serviteurs d’Allah ce qu’Allah ne leur a pas imposé. Et à l’inverse, il se peut qu’on appelle au délaissement d’un acte qu’on considère interdit, alors qu’il ne l’est pas dans la religion d’Allah, rendant ainsi illicite aux serviteurs d’Allah ce qu’Allah leur a permis.

Nous avons entendu des individus appeler au renoncement de toute chose nouvelle, quand bien même cette nouveauté répondait à un réel besoin, et n’était pas préjudiciable du point de vue de la législation. Par exemple, certains ont ordonné de ne pas écouter le Coran à partir d’un magnétophone ! Mais pour quelle raison ? Ils répondront que ceci n’était pas d’usage à l’époque du prophète (saw) et de ses compagnons, et qu’il s’agit donc d’une innovation. Or le messager d’Allah (saw) a dit :

« Toute innovation est égarement ».

(Rapporté par Muslim)

Ainsi, de tels individus ont appelé à Allah sans preuve évidente dans ce à quoi ils appellent. En effet, le magnétophone est uniquement un moyen pour enregistrer la voix écoutée. Or, les moyens ne peuvent être considérés comme des objectifs puisqu’en religion, les moyens prennent le jugement des objectifs qu’ils servent. par exemple, un acte qui n’est pas interdit en lui-même mais qui mène à un interdit sera alors jugé comme interdit, de même qu’un acte qui n’est pas obligatoire en soi-même sera jugé comme obligatoire si c’est le moyen par lequel on accomplit l’acte obligatoire.

De la même manière, y avait-il au temps du prophète (saw) des bibliothèques ou des maisons d’édition qui imprimaient les livres, et des placards ou des entrepôts pour les stocker ? La réponse est non. Il n’y avait pas non plus à son époque de calendrier [pour compter les jours] et c’est bien ‘Umar Ibn Al-Khattâb (ra) qui, le premier, a mis en place un système de datation en l’an 16 h. Cela nous conduit-il à qualifier l’utilisation de ce système de datation comme étant une innovation religieuse illicite ? Non.

En conséquence, il nous est obligatoire de prêcher avec clairvoyance ce à quoi on appelle.

Certains, à l’opposé de cela, exagèrent dans ce genre d’affaires et appellent par exemple à ce que l’on fasse tourner une cassette enregistrée de l’appel à la prière que l’on diffuse via le microphone pour qu’elle fasse [automatiquement] l’adhan. Cette catégorie de personnes prône un avis diamétralement opposé à celui des premiers cités. Et ces derniers ne souhaitent pas nous voir adorer Allah en faisant l’appel à la prière, mais n’utilisent ce prétexte qu’afin que les gens puissent entendre la voix d’un mu’adhhin 2 [de leur choix] qui parfois même est décédé, et ceci constitue également une erreur.

Pour résumer : il est impératif que l’individu prêche en ayant une bonne connaissance de ce à quoi il appelle.

Il existe par ailleurs certaines personnes qui s’imaginent qu’une chose soit obligatoire, en se basant probablement sur un effort de compréhension erroné de leur part. Si seulement ils pouvaient se cantonner à cela…Le problème est qu’ils vont faire de cette conviction – qui ne repose que sur une interprétation ou sur une présomption de leur part et qui n’a aucun fondement – un moyen pour s’allier aux autres ou se désavouer d’eux. Et c’est là qu’est tout le problème !! Et si une personne n’est pas d’accord avec leur opinion – malgré le fait qu’elle soit fausse si l’on se fie au Livre et à la Sunnah – ils la haïront et la détesteront. Tandis que si elle est d’accord avec eux, ils l’aimeront, et ce sans tenir compte des innovations commises par cette personne. L’ennui, c’est que lorsqu’elle a adopté le même avis qu’eux, ils se sont mis à l’apprécier, et cela est le vrai problème !!

Je n’ai pas envie de mettre les points sur les « i » à propos de ce sujet en particulier, car il est bien connu chez la plupart des jeunes. Ainsi, une partie d’entre eux se sont alliés avec untel et se sont désavoués d’un autre. Et s’ils se sont alliés avec untel, c’est parce qu’il leur a donné un verdict religieux en conformité avec ce qu’ils considèrent être la vérité, et s’ils se sont désavoués d’un autre, c’est uniquement dû au fait qu’il leur a émis un verdict opposé à ce qu’ils pensent être la vérité. Or ceci est une erreur.

Aussi, le mufti ne délivre pas de fatwâ (verdict religieux) en vue d’obtenir l’éloge des gens, ou afin d’être aimé ou détesté auprès d’eux. Non, il ne fait cela qu’en fonction de ce qu’il juge être la législation d’Allah, car au final, au nom de qui s’exprime-t-il ? Il s’exprime au nom de la religion d’Allah (saw) et de ses règles. C’est pourquoi le mufti doit savoir où il met les pieds avant de s’aventurer quelque part, et il doit s’assurer que l’avis qu’il va émettre n’est autre que celui de la législation, car il se fait le porte-parole de la loi d’Allah. En résumé, ce qui importe est que le prêche se fasse avec science.

Deuxièmement : connaître la condition de celui qu’on invite.

Lorsque le prophète (saw) a envoyé Mu’âdh au Yémen, que lui a-t-il dit ? Il lui a dit :

« Tu vas te rendre chez un peuple des gens du Livre ».

(Rapporté par Al-Bukhâri, et Muslim)

Et ceci afin qu’il connaisse leur situation et qu’il se prépare à leur rencontre.

Invites-tu un individu sans avoir connaissance de sa condition ? Il n’est pas impossible que celui-ci possède une science qui, bien qu’erronée, te laissera perplexe dès la première confrontation, même si la vérité est avec toi.

Aussi, il t’est donc nécessaire de bien cerner la personne que tu invites, d’évaluer son niveau de connaissance et sa capacité à débattre, pour te tenir prêt à débattre avec elle. En effet, en rentrant en polémique avec ce type de personne, il se peut qu’elle remporte le débat grâce à sa capacité à débattre [et non pas à cause du fait qu’elle détienne la vérité]. Ainsi, il résultera de cela un échec retentissant pour la vérité, et tu en seras le responsable. Et ne t’imagine pas que celui qui prend le faux pour allié échoue en permanence, car le messager (saw) a dit :

« Certes vous venez vous disputer auprès de moi et, il se peut que certains d’entres vous soient plus éloquents que d’autres dans leur argumentation, et que je tranche ainsi en leur faveur selon ce que j’entends de leur part. Ainsi, quiconque obtient de ma part un jugement qui prive son frère de son droit, qu’il ne prenne pas ce droit, car je ne fais en vérité que lui tailler un morceau du feu (de l’enfer)».

(Rapporté par Al-Bukhâri, et Muslim)

Ceci prouve bien qu’une des deux parties, même si elle s’appuie sur le faux, est capable d’obtenir un jugement en sa faveur grâce au fait qu’elle soit plus habile que son opposant dans l’argumentation. Il t’appartient donc de bien connaître la condition des personnes visées par ton prêche.

Troisièmement : connaître la manière de prêcher.

Cet aspect fait défaut chez certains prêcheurs. Certains d’entre eux sont pleins d’attachement à leur religion, de ferveur et d’entrain mais peinent à se contenir pour accomplir ce qu’ils souhaitent mettre à exécution. Ainsi, ils appellent à Allah sans faire preuve de sagesse, alors qu’Allah a dit :

« Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon ».

(Coran 16 Verset 125)

Cependant, ce prêcheur plein de bonne volonté dont Allah a rempli le cœur de jalousie protectrice envers sa religion, ne parvient pas à se maîtriser. Et aussitôt qu’il constate un mal, il fond dessus tel un rapace sur sa proie, sans mesurer les conséquences de son acte, non seulement sur lui mais également sur ses semblables parmi les prêcheurs à la vérité. Et vous savez que, la vérité a des ennemis, comme le dit Allah :

« C’est ainsi que Nous fîmes à chaque prophète un ennemi parmi les criminels. »

(Coran 25 Verset 31)

Ainsi, le prêche de tout prophète aura à affronter des criminels qui seront ses ennemis. C’est pour cette raison que le prêcheur doit mesurer les conséquences de ses actes et jauger la situation. En se mettant en colère, il trouvera peut-être à cet instant un exutoire pour éteindre la flamme de sa jalousie protectrice mais s’il fait preuve de retenue et de sagesse, cela apaisera l’ardeur de sa colère et celle d’autrui dans le futur, qui pourrait bien être proche.

Pour ces raisons, j’encourage me frères prêcheurs à ne pas se précipiter et à faire preuve de sagesse, puisqu’ils savent bien qu’Allah a dit :

« Il donne la sagesse à qui Il veut. Et celui à qui la sagesse est donnée, vraiment, c’est un bien immense qui lui est donné  »

(Coran 2 Verset 269)

Ou bien encore :

« Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon ».

(Coran 16 Verset 125)

Et si nous avions voulu, nous aurions pu donner d’autres exemples pertinents sélectionnés de la guidée du messager (saw), l’enseignant du bien, le meilleur et le plus sage des prêcheurs.

Le fait que le prêcheur se dote de science authentique fondée sur le livre d’Allah et la Sunna de Son messager (saw) est non seulement ce qui est prescrit dans les textes religieux, mais c’est également ce à quoi appellent les esprits raisonnables dépourvus d’ambigüités et de passions.

En effet, comment peux-tu appeler à Allah sans connaître la voie qui mène à Lui ni Sa législation ? Comment peux-tu être légitime pour prêcher ?! Et lorsqu’une personne n’a pas de science, il doit logiquement commencer par se cultiver, puis viendra alors ensuite le tour de la prédication.

Il se peut qu’on nous interpelle en disant : « Est-ce que votre parole que voici est en contradiction avec la parole du prophète (saw) :

« Transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset ?»

(Rapporté par Al-Bukhâri)

La réponse est non car le messager (saw) a dit : « Transmettez de moi » ce qui implique que ce tu transmets au sujet du messager d’Allah émane réellement de lui, et c’est précisément ce que nous recherchons.

Ainsi, lorsque nous affirmons que le prêcheur a besoin de science, nous ne sommes pas en train d’affirmer qu’il doive atteindre un niveau très élevé dans celle-ci. En revanche, nous disons qu’il convient qu’il se restreigne dans son prêche à ce dont il a la maîtrise, et qu’il ne s’exprime pas sur ce dont il n’a aucune science.


Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page