Le Prophète Muhammad (saw) – Partie 8
L’émigration Vers Médine
Lorsque les qurayshites eurent vent de ce pacte d’allégeance, ils intensifièrent leurs persécutions contre les musulmans et la pression augmenta tellement que la vie de ces derniers y était devenue infernale. Constatant que la situation était devenue insupportable, le prophète (saw) autorisa ses compagnons à émigrer à Yathrib. Ces derniers, craignant que Quraysh ne s’interpose entre eux et Médine, se faufilèrent discrètement hors de la ville.
Personne donc, exception faite de ‘Umar Ibn Al-Khattâb, n’émigra publiquement.
Le messager (saw), quant à lui, attendant qu’Allah lui donne la permission d’émigrer, demeura en compagnie d’Abû Bakr à La Mecque. Dans le même temps, Quraysh prit conscience du danger qui la menaçait si le prophète (saw) venait à émigrer et à former à Yathrib un état fort, susceptible de faire pencher les Arabes de son côté.
Leurs notables se réunirent à « Dar An-Nadwah1 » afin de réfléchir à une solution, et après délibération, ils tombèrent d’accord pour assassiner le prophète (saw). Aucun clan cependant ne devrait porter seul la responsabilité de sa mort.
En effet, il fut décidé que des jeunes appartenant chacun à un clan différent le frapperont ensemble d’un seul coup. La responsabilité de sa mort étant alors partagée, les Banû ‘Abdimanâf seront dans l’incapacité de faire la guerre à tout le monde et par conséquent forcés d’accepter le prix du sang.
Seulement, Allah dévoila à Son messager le complot ourdi par les mecquois et lui donna l’ordre de plier bagage. Aussi, lors de cette fameuse nuit, le messager (saw) demanda à Alî Ibn Abi Tâlib de prendre sa place dans son lit puis le couvrit de son manteau. Il quitta ensuite les lieux alors que les jeunes qurayshites étaient postés devant sa porte attendant qu’il sorte pour l’assassiner. Il prit un peu de sable qu’il jeta sur leur visage en récitant la parole d’Allah :
« Et Nous avons mis une barrière devant eux et une barrière derrière eux ; Nous les couvrirons d’un voile : et voilà qu’ils ne pourront rien voir ».
Allah les endormit et personne ne le remarqua. Le prophète (saw) prit ensuite la direction de Yathrib, accompagné d’Abû Bakr. Arrivés à la grotte de Thawr, ils s’y cachèrent durant trois nuits, afin ne pas être vus par les polythéistes qui de leur côté, craignant que Muhammad (saw) ne réussisse à leur échapper, s’étaient lancés à sa poursuite et avaient offert une récompense de cent chamelles à quiconque le capturerait, lui ou son compagnon.
Cette alléchante récompense suscita la convoitise de beaucoup de jeunes vigoureux et de fougueux cavaliers de Quraysh. Surâqah Ibn Mâlik, un homme des Banû Mudlaj, était l’un des plus motivés. Il partit sur les traces des fugitifs et parvint même à les apercevoir. Quand son espoir de remporter la récompense fut sur le point de se réaliser, les pattes de son cheval s’embourbèrent dans le sable et il ne put poursuivre son chemin. C’est ainsi que le messager (saw) et son compagnon s’en tirèrent.
Finalement, au terme d’un voyage qui dura douze jours, le prophète arriva à Qubâ’. Il y fit halte quelques jours durant lesquels il édifiera sa mosquée bénie, puis il prit la direction de Yathrib. En arrivant, le messager (saw) reçut de la part des Aws et des Khazraj un accueil chaleureux et rencontra une immense joie suscitée par sa venue noble et bénie.
Sa chamelle se posa devant la maison d’Abû Ayyûb Al-Ansârî, ce qui amena le prophète (saw) à
déclarer :
« Ici sera la demeure – si Allah le veut. Seigneur, fais-moi débarquer dans un refuge béni. Tu es Celui qui procure le meilleur refuge. »
L’arrivée du prophète à Yathrib, rebaptisée Médine pour l’occasion, eut lieu le vendredi 16 du mois de Rabîc Al-Awwal. C’est à partir de cette date que l’Islam commencera à s’imposer, c’est en référence à cela que l’Hégire marque le début du calendrier musulman.