Le lignage d’une personne ne lui est d’aucune utilité en Islam
Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection
L’éloquence du Prophète est un des signes les plus saillants de sa grandeur et un des arguments les plus clairs prouvant sa prophétie. Il fut doté d’une langue éloquente, d’une logique droite, d’une sagesse parfaite, d’une parole sincère et d’un miracle éternel.
Allah l’a favorisé au niveau de sa manière de s’exprimer tel qu’Il le confirme par Sa parole :
« Et il y aura pour toi certes, une récompense jamais interrompue. Et tu es certes, d’une moralité éminente »
(Coran 53 Verset 3-4)
Il s’est loué (saw) lui-même comme rapporté dans le Sahih Al-Boukhari :
« Je fus envoyé avec Djawâmi’ al-Kalim »
(Rapporté par Al-Boukhari)
Et il a indiqué son mérite et ce qui le caractérise par rapport aux autres Prophètes tel que rapporté dans le Sahih Mouslim :
« J’ai été privilégié par rapport aux autres Prophètes par six (qualités) : on m’a doté de Djawâmi’ al-Kalim (…) »
(Rapporté par Mouslim)
Et il a évoqué, par la suite, les cinq autres qualités.
Une des qualités dont fut doté le Prophète (saw) est Djawâmi’ al-Kalim. Al-Boukhari a interprété le sens de Djawâmi’ al-Kalim ainsi :
« J’ai appris que Djawâmi’ al-Kalim consistait à ce qu’Allah regroupe dans un ou deux thèmes beaucoup de sujets que l’on traitait dans les livres précédents»
C’est-à-dire que le Prophète (saw) pouvait aborder dans une seule phrase plusieurs questions, dispositions, directives, leçons et enseignements.
Dans cet artcile, on parlera de ce Hadith rapporté dans le Sahih Mouslim et narré par Abû Hourayra (ra) selon lequel le Prophète (saw) a dit :
« Le lignage d’une personne ne lui est d’aucune utilité s’il la retarde dans l’accomplissement des bonnes œuvres »
(Rapporté par Moslim)
C’est une phrase brève de par sa forme, mais si l’on s’attarde longuement sur son contenu, l’on constatera qu’il est vaste et bien riche.
Elle comprend une multitude d’enseignements :
1er enseignement : Dans le chemin vers Allah tout le monde prend des montures
En s’engageant dans le sentier d’Allah et en se dirigeant vers Lui, les gens, tous, enfourchent des montures. Celui-ci choisit comme monture les bonnes œuvres tandis que celui-là, sa monture est son lignage, ses alliances et son origine.
Celui qui prend comme monture les bonnes œuvres se dirige certes vers le bien, et il y aboutira. Quant à celui qui compte sur le fait qu’il est fils d’untel, de la famille d’untel, et que son lignage et ses origines sont tels, sans bonnes œuvres, c’est vers le mal qu’il se dirige, et il y aboutira.
Comme rapporté dans le Sahih Mouslim, selon Abû Mâlik al-Ach’ar (ra) notre Prophète (saw) a dit :
«Tous les hommes prennent le matin leur chemin, Certains vendent leur âme (à Allah) et l’ont ainsi affranchie; D’autres la condamnent à sa damnation éternelle (en la vendant au Diable) »
(Rapporté par Mouslim)
Soit il l’affranchit du châtiment du Feu, soit il l’y condamne.
Chacun prend son chemin le matin ; vérifiez alors, serviteur d’Allah, quelle monture vous choisissez : est-ce celles des bonnes œuvres ? Ou bien celle de la fierté du lignage.
2ème enseignement : Allah créa les hommes et les diversifia
Allah a créé les gens et les a diversifiés de telle sorte qu’ils soient issus de différents lignages, d’origines multiples, de races variées, et cela pour qu’ils s’harmonisent ensemble, non pour qu’ils se méconnaissent ; pour qu’ils fassent preuve de clémence les uns envers les autres, non pour qu’ils luttent les uns contre les autres ; pour qu’ils s’accordent, non pour qu’ils s’opposent ; pour qu’ils s’entre-connaissent, non pour qu’ils se séparent. C’est ce à quoi Il appelle, Exalté soit-Il, dans Sa parole (sens du verset) :
«Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur»
(Coran 49 Verset 13)
3ème enseignement Dans cette religion, il n’y a jamais ni favoritisme, ni complaisance, ni différences de classes
Dans cette religion, il n’y a jamais ni favoritisme, ni complaisance, ni différences de classes. Allah révéla à Son Prophète (saw) Sa parole :
« Et avertis les gens qui te sont les plus proches »
(Coran 14 Verset 214)
De même, il fut rapporté dans le Sahih Mouslim, selon Abû Hourayra (ra) que le Prophète (saw) escalada le mont As-Safaa et interpella les gens :
« Ô peuple de Qoraych ! Vendez vos âmes à Allah »
C’est-à-dire soumettez-vous à Allah et le prix sera le Paradis tel que l’indique Allah par Sa parole :
«Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis»
(Coran 9 Verset 111)
«Ô peuple de Qoraych ! Vendez vos âmes à Allah ! Je ne peux vous être d’aucune utilité contre les desseins d’Allah.
(Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim)
Ô Banû ‘Abdel Muttalib ! Je ne peux vous être d’aucune utilité contre les desseins d’Allah.
Ô ‘Abbâs ibn ‘Abdel Muttalib ! Je ne peux t’être d’aucune utilité contre les desseins d’Allah.
Ô Safiya, tante (paternelle) du Messager d’Allah ! Je ne peux t’être d’aucune utilité contre les desseins d’Allah.
Ô Fatima, fille du Messager d’Allah ! Demande-moi ce que tu désires (de ce bas monde), mais je ne peux t’être d’aucune utilité contre les desseins d’Allah»
Car il n’y a point de favoritisme dans cette religion.
4ème enseignement : Seul celui qui est loué par Allah et Son prophète est digne d’être loué
Celui qui est digne de louanges et d’éloges est celui qu’Allah et Son Messager (saw) louent et dont Ils témoignent des mérites.
Seul celui qu’Allah loue et dont Il reconnaît les vertus est digne de louanges et d’éloges. En revanche, le blâmable est celui qu’Allah et Son Messager (saw) blâment.
Dans le Mousnad d’Ahmad, d’après Abû Nudhra (ra) notre Prophète (saw) se leva et dit :
« Ô hommes ! Certes, votre Seigneur est Unique et votre père est unique ! Il n’y a pas de différence entre un Arabe et un non Arabe, et il n’y a pas de différence non plus entre un Blanc et un Noir, si ce n’est par la piété. Ai-je bien transmis le message ? »
(Rapporté par Ahmad)
« Le Messager d’Allah (saw) a bien transmis le message », répondirent-ils.
Dans son ouvrage Majmou’ al-Fatâwâ, le cheikh de l’Islam ibn Taymya commenta ce sujet par des paroles marquantes :
« Par conséquent, il n’existe dans le Livre d’Allah aucun verset où une personne est louée ou blâmée en vertu de son lignage ; c’est en vertu de la foi et de la piété qu’elle est louée ; et c’est à cause de la mécréance, la perversité et la désobéissance qu’elle est blâmée »
(Ibn Taymya, Majmou’ al-Fatâwâ)
Dans un autre livre, il dit :
« Le mérite s’obtient uniquement à travers les noms louables recensés dans le Coran et la Sunna à l’exemple de : l’islam (la soumission à Allah), la foi, la bienveillance, la piété, le savoir, les bonnes œuvres, la bienfaisance, etc. Il ne provient pas du simple fait que l’individu soit arabe ou non arabe, noir ou blanc, villageois ou bédouin »
(Ibn Taymya, Iqtidhâ’ al-Sirât al-Mustaqîm).
La conclusion résumant cet enseignement est énoncée par ‘Omar (ra) lorsqu’il dit :
« Par Allah ! Si les non Arabes viennent, le Jour de la Résurrection, avec de bonnes œuvres tandis que nous venons sans bonnes œuvres, ils seront plus dignes que nous de notre prophète Mohammed (saw) »
(Rapporté par Ibn Sa’d, Al-Tabaqât al-Kubrâ)
5ème enseignement : Cette religion garantit la suprématie
C’est par cette religion que les gens acquièrent la suprématie, faute de quoi elle ne leur sera jamais accordée.
Il arriva que le Prince des Croyants, ‘Abdel Malik ibn Marwân, reçut Ibn Chihâb al-Zuharî, un ouléma et enseignant de la communauté musulmane, il est en fait l’Imam des Oulémas et Mâlik et Al-Awzâ’î furent, entre autres, parmi ses disciples ; le Prince des Croyants, ‘Abdel Malik ibn Marwân, lui demanda :
– «Ô Zuharî ! D’où viens-tu ? »
– «De la Mecque»
– «Qui y gouverne les gens ? »
– «‘Atâ’ ibn abî Rabâh », répondit Al-Zuharî.
– « Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis (non Arabes convertis à l’Islam)?»Voyez-vous sur quoi le Prince des Croyants l’interroge ? Ce n’est ni au sujet du savoir de ce gouverneur, ni de sa compétence, ni de sa religion qu’il s’enquit. Il a demandé :
– «Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis ? »
– «Il fait partie des Mawâlis », répondit Al-Zuharî.
– «Qu’est-ce qui l’a rendu digne de les gouverner ? »
– «Ce sont la religion et le savoir», rétorqua Al-Zuharî.Le Prince des Croyants répliqua :
(Ibn ‘Asâkir, Târîkh Dimachq)
– «C’est certes aux gens pieux et savants que le pouvoir doit être accordé. Qui donc gouverne les habitants du Yémen?»
– «Tâwus ibn Kaysân» ; répondit Al-Zuharî.
– «Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis?»
– « des Mawâlis »
– «Qui gouverne alors les habitants de l’Egypte?»
– «Yazîd ibn abî Habîb» ; répondit Al-Zuharî.
– «Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis?»
– « des Mawâlis »
– «Qui gouverne alors les habitants du Châm ?»
– «Mak-hûl» ; répondit Al-Zuharî.
– «Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis ?»
– « des Mawâlis, c’est un esclave qu’une femme de la tribu des Hudhayl a affranchi »
– «Qui gouverne alors les habitants d’Al-Djazîrah ?»
– «Maymûn ibn Mahrân» ; répondit Al-Zuharî.
– «Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis ?»
– «des Mawâlis »
– «Qui gouverne alors les habitants du Khurasân ?»
– «Al-Dahhâk ibn Muzâhim» ; répondit Al-Zuharî.
– «Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis ?»
– « des Mawâlis »
– «Qui gouverne alors les habitants d’Al-Basra ?»
– «Al-Hassan ibn abi-l-Hassan» ; répondit Al-Zuharî.
– «Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis ?»
« des Mawâlis »
– «Malheur à toi ! Qui gouverne alors les habitants d’Al-Kûfa ?»
– «Ibrâhîm al-Nakh’î» ; répondit Al-Zuharî.
– «Fait-il partie des Arabes ou des Mawâlis ?»
– « des Arabes »
– «Ô Zuharî ! Tu m’as enfin réjoui !»
Là, l’Imam Al-Zuharî répliqua par une parole en or qui résume tout ce que j’ai évoqué ici. Si l’on ne retient que cette parole seulement, ce sera déjà bien suffisant.
Il a dit :
« Ô Prince des Croyants ! C’est de l’ordre d’Allah et de Sa religion qu’il s’agit : à celui qui les préserve, la suprématie; et à celui qui les néglige, la chute »
Telle est la vie dans ce bas monde en bref : que celui qui désire l’honneur, la puissance, l’éminence et la suprématie, veille à préserver cette religion ; sinon, la chute sera la fin fatale de celui qui la néglige.
Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.