L’être Humain et Le libre arbitre
La nature humaine qui en son essence même est dépendante de la volonté divine ne peut pas avoir une existence indépendante. Nous croyons en ces aspects du décret divin. Nous croyons également qu’Allah nous a accordé un libre arbitre et que nous choisissons librement les actions que nous posons. Le fait qu’Allah nous commande et nous interdit n’a de sens que si nous sommes libres d’obtempérer ou non, donc en pleine conscience de ce libre arbitre qui fait que la personne est croyante ou pas, ce qui induit automatiquement notre obéissance à Ses commandements ou désobéir.
Si les gens n’étaient pas libres de faire des choix, l’argument de certains d’entre eux, à savoir qu’Allah ne leur a rien envoyé pour les guider serait vraie. Mais Allah avec son immense sagesse dit :
« … afin qu’après la venue des messagers il n’y eût pour les gens point d’arguments devant Allah »
(Coran 4 Verset 165)
Un passage du fameux hadîth dit de Gabriel qui définit les principes généraux de l’Islam, le passage concerné est le suivant :
« Gabriel demanda au Prophète Mohammed (saw) : « Informe-moi quant à la foi ? » Et le Prophète (saw) de répondre : « C’est croire en Dieu, Ses anges, Ses livres, Ses messagers, au Jour Dernier et au Décret divin (Qadar), qu’il soit en bien ou en mal. »
(Rapporté par Muslim)
Nous sommes à la fois libres et soumis au destin d’Allah. Comme Allah crée nos actions et nous donne la liberté d’agir, nos actions sont en quelque sorte soumises à Sa volonté. Mais comme nous choisissons nous-mêmes les actions que nous accomplissons (un choix qu’Allah nous a accordé) nous sommes libres de nos choix et responsables de nos actions. Allah a voulu que l’Homme construise son propre futur, bon ou mauvais, clair ou sombre, d’après son propre discernement et ses désirs. Il reste que le champ de nos actes volontaires reste limité à un cadre bien précis; le pouvoir est d’Allah et l’utilisation qui en est faite est de nous.
Allah dit :
« Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu’elle aura fait, punie du mal qu’elle aura fait… »
(Coran 2 verset 286)
Nous disposons d’une certaine liberté de choisir notre chemin et nous retrouverons notre destin déterminé par Allah.
Allah dit :
« Mais vous ne pouvez vouloir, que si Allah veut, (Lui), le Seigneur de l’Univers »
(Coran, 81 Verset 29)
Et :
« Nous l’avons guidé dans le chemin, – qu’ il soit reconnaissant ou ingrat »
(Coran, 76 Verset 3)
Et :
« Ne l’avons-Nous pas guidé aux deux voies »
(Coran 90 Verset 10)
Allah, nous mène vers les deux voies, c’est-à-dire le bien et le mal. Mais l’Homme ayant le libre choix, il choisira le chemin de l’action envers laquelle son cœur le guidera. L’ingratitude est le chemin de la perdition, l’obéissance est celle du salut. L’âme humaine s’incline facilement aux jouissances de ce bas monde ; ou on la domine ou elle nous domine.
Allah dit :
« S’ils avaient voulu partir (au combat), ils lui auraient fait des préparatifs. … »
(Coran 9 Verset 46)
Dans la vie, nous avons toujours le choix entre deux possibilité pour apporter une réponse à une situation ou une action. Ne connaissant pas son destin, l’individu doit suivre la loi, respecter l’interdits et le permis, solliciter l’assistance d’Allah et Lui demander d’éclairer son choix dans toute affaire (prière de consultation) comme le faisait notre Saint Prophète (saw), et ce, tout en employant les moyens tangibles. Pour les plus importants, à se référer à l’avis d’experts.
Allah dit :
« Ô hommes, vous êtes les indigents ayant besoin d’Allah, et c’est Allah, Lui qui se dispense de tout et Il est digne de louange »
(Coran 35 Verset 15)
Le Prophète (saw) à dit :
« Par Dieu, en dehors de qui il n’y a aucune divinité, il se peut que l’un de vous agisse comme agissent les hôtes promis au Paradis jusqu’à ce qu’il n’en soit séparé que d’une coudée et qu’alors les données écrites le rattrapent et qu’il se mette à agir comme agissent les hôtes promis au Feu et qu’il finisse par y entrer ! De même, il se peut que l’un de vous agisse comme agissent les hôtes promis au Feu jusqu’à ce qu’il n’en soit séparé que d’une coudée et qu’alors les données écrites le rattrapent et qu’il se mette à agir comme agissent les hôtes promis au Paradis et qu’il finisse par y entrer. »
(Rapporté par Boukhâri et Muslim)
Dans le livre du Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî « Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des Orientaliste dans le chapitre du Développement dogmatique – Le libre arbitre chez l’Homme et l’animal » Le Professeur Abû Al-Hasan An-Nadwî poursuit :
« L’être humain incline par nature à la thèse du libre arbitre. Il conscientise parfaitement cette idée et l’applique dans sa vie quotidienne. Par ses actions et son comportement, il entérine ce libre arbitre et rejette la prédestination. Ainsi ne sanctionne-t-il pas les choses inanimées et ne se met-il pas en colère contre les pierres, le bois, l’eau, le feu, le vent, aussi grands soient les dommages et les souffrances que ceux-ci peuvent lui infliger. Nous posons la question suivante : Si une branche tombe sur ta maison, qu’elle te cause de graves blessures et beaucoup de douleur, iras-tu t’emporter de colère contre cette branche ? Et si tu la réprimandes, et que tu lui demandes pourquoi elle t’a brisé le bras ou pourquoi elle t’a blessé à la tête, seras-tu un homme raisonnable ?
De même, si un déluge ou des inondations arrivent chez toi, qu’ils emportent tout tes biens et tout ton mobilier, ou bien si le vent se déchaîne et qu’il t’arrache ta coiffe, iras-tu te mettre en colère contre l’eau ou le vent, en les réprimandant ou en les châtiant ?
En revanche, si un être humain t’humilie ou bafoue ta dignité, tu te révolteras certainement contre lui et tu lui administreras une terrible correction. Cela indique alors que tu sais faire la différence entre ce qui dispose d’une volonté libre et ce qui est prédestiné. Tu crois au fond de toi-même que l’être humain dipose d’un libre arbitre et d’une volonté. Et c’est en conséquence de cela que tu lui demandes des comptes, que tu le réprimandes, que tu le punis, que tu te plains de lui, que tu lui adresses des reproches et que tu n’acceptes pas ses excuses. Car tu penses qu’il est libre, et non pas prédestiné.
Jalâl Ad-Dîn Ar-Rûmî ne s’arrête pas ici. Il va encore plus loin en affirmant que même l’animal est conscient de cette réalité et qu’il sait faire, le plus naturellement du monde, la distinction entre ce qui dispose ou non d’une volonté libre. Si tu frappes un chien avec une pierre, le chien t’attaquera et voudra te mordre toi : il ne se dirigera pas vers la pierre pour s’en venger. De même, si le chamelier frappe son chameau, celui-ci se déchaînera non pas contre le bâton qui l’a frappé mais bel et bien contre son maître qui abuse de lui. Honte à toi, Homme raisonnable, si tu ne parviens à saisir et à comprendre cette vérité. »
Il dit enfin : « L’être humain n’ignore pas cette vérité. Mais il feint de l’ignorer en fonction de ses intérêts, de ses passions et de ses instincts, comme le jeûneur qui, convaincu que l’aube a fait son apparition, tourne sa tête de la lumière vers l’obscurité, s’enferme chez lui, et continue à boire et à manger. »
Un pécheur ne peut prétendre avoir été « destiné » à commettre un péché puisqu’il a commis son péché de son propre gré. Oui, Dieu savait, de par Son savoir éternel, que ce pécheur allait commettre un acte répréhensible, à un moment particulier et dans des circonstances particulières, et Il a permis qu’il se produise; mais Il n’a certainement pas forcé le pécheur à commettre cet acte. De plus, le pécheur ne peut réaliser que cet acte avait été écrit qu’après l’avoir commis. C’est pourquoi Dieu dit :
« Nulle âme ne sait ce qu’elle acquerra demain. »
(Coran 31 Verset 34)
Dieu dit également :
« Ceux qui attribuent des associés à Dieu diront : « Si Dieu avait voulu, nous ne Lui aurions pas attribué d’associés, pas plus que ne l’auraient fait nos ancêtres, et nous n’aurions rien déclaré interdit. » Ainsi leurs prédécesseurs accusaient-ils (les messagers de Dieu) de mentir (jusqu’au jour) où ils goûtèrent à Notre rigueur. Dis : « Avez-vous quelque savoir à nous apporter en guise de preuve? Certes, vous ne faites que suivre des conjectures et mentir. »
(Coran 6 Verset 148)
Dans nos actions, nous sommes à la fois libres et soumis au destin de Dieu. Comme Dieu crée nos actions et nous donne la liberté d’agir, nos actions sont en quelque sorte soumises à Sa volonté. Mais comme nous choisissons nous-mêmes les actions que nous accomplissons – un choix que Dieu nous a accordé – nous sommes libres de nos choix et responsables de nos actions.
Et Allah sait mieux.