Rejet des actions blâmables et des innovations
SOMMAIRE
I – Importance du hadîth
II – Ce que l’on peut retenir du hadîth et ses bonnes directives
1 – En Islam, on se conforme (au Coran et à la sunna) et on n’innove pas
2 – Les actes rejetés
a) Les pratiques cultuelles
b) Les relations humaines
3 – Les actes acceptables
4 – Les innovations blâmables et les innovations louables
5 – L’intérêt du hadîth
La mère des croyants, Aïsha (ra) a rapporté que le Messager de Dieu (saw) a dit :
« Celui qui apporte dans notre religion-ci une innovation qui lui est étrangère, on doit rejeter tout ce qu’il dit. »
(Rapporté par Al-Boukhâri et Muslim)
Dans une autre version de Muslim :
« Celui qui fait une chose en désaccord avec notre religion, on doit rejeter tout ce qu’il fait. »
I – Importance du hadîth :
Ce hadîth est un des importants fondements de l’Islam. Car si le hadîth :
« Les actes ne valent que par les intentions » évalue les actes quant à leur aspect intérieur et montre que toute action entreprise sans le désir de satisfaire Dieu, sera sans récompense. De même, le présent hadîth évalue les actes quant à leur aspect extérieur. Il s’ensuit que toute action qui ne se conforme pas aux Commandements de Dieu et à ceux de Son Envoyé (saw) est irrecevable. Autrement dit, quiconque innove en matière de religion ce que Dieu et Son Envoyé n’ont pas autorisé, n’appartient en rien à la religion.
An-Nawawy a dit :
« Il faudrait que ce hadîth soit appris et retenu et rejeter, sur sa base, les actions blâmables ».
Ibn Hajar Al-Haytamî a dit :
« C’est une des règles de l’Islam. C’est même la plus utile de par son contenu. Il représente, en effet, un préambule général pour tout argument (texte coranique ou hadîth) d’où est déduit une règle juridique ».
II – Ce que l’on peut retenir du hadîth et ses bonnes directives :
1 – En Islam, on se conforme (au Coran et à la sunna) et on n’innove pas :
Par ce hadîth, qui est le fruit de la faculté exclusive qu’avait le Prophète (saw) d’exprimer beaucoup de choses en peu de mots, l’Envoyé de Dieu (saw) a préservé l’Islam de l’exagération des extrémistes et de l’altération des manipulateurs de textes. Le hadîth tire sa substance de nombreux versets qui édictent que le succès et le salut résident dans la conformité des actes à la guidance de l’Envoyé de Dieu (saw), sans exagération ni rigorisme. Il en est ainsi de ces versets coraniques :µ
« Dis: « Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »
(Coran 3 Verset 31)
« Et telle est ma voie en toute rectitude, Suivez-la et ne suivez pas les chemins qui vous disperseraient de Sa voie. »
(Coran 6 Verset 153)
Par ailleurs, Muslim rapporte dans son « Sahih » que le Messager de Dieu (saw) disait dans ses sermons :
« Le meilleur discours est le Livre de Dieu, la meilleure direction est celle de Muhammad (saw) et les pires des choses sont les créations nouvelles. Toute création nouvelle est une innovation et toute innovation est source d’égarement. »
Al-Baïhaqi rapporte le même hadîth avec un ajout :
« Et tout égarement conduit au Feu ».
2 – Les actes rejetés :
Le texte du hadîth est explicite quant au rejet de tout acte en désaccord avec la religion de Dieu. Son contenu indique que les personnes légalement responsables, doivent, dans leurs actes, se conformer aux règles de la législation (la Shari’a), et s’en tenir aux injonctions et aux interdits qui sont soit dans le Livre de Dieu, soit dans la sunna de Son Messager (saw).
Il s’ensuit que tout l’égarement est que les actes se dégagent du cadre des règles de la législation (la Shari’a), ne s’y conforment pas, et qu’ils jugent la législation au lieu que ce soit cette dernière qui les juge. Il est, alors, du devoir de tout Musulman de juger ces actes comme étant nuls et irrecevables.
Ces actes irrecevables se divisent en deux parties : Ils peuvent relever soit des pratiques cultuelles (‘ibâdât), soit des relations humaines (mu’âmalât).
a) Les pratiques cultuelles :
Tout acte qui s’inscrit en dehors de la Loi de Dieu et de Son Envoyé est rejeté.
Dieu dit :
« Ou bien auraient-ils des fois des associés (de Dieu) qui leur auraient fait à partir de la religion une législation leur prescrivant ce que Dieu n’a jamais autorisé ? »
(Coran 42 Verset 21)
Il en est ainsi de celui qui prétend se rapprocher de Dieu en écoutant de la musique, en dansant, en regardant les femmes (qu’il pourrait légalement épouser), ou par d’autres choses qui ne sont que pure innovation des gens, et simple produit de la folie qui caractérise notre époque.
Ces gens et d’autres que Dieu a aveuglés et détournés du chemin de la vérité, et qui ont suivi le chemin de Satan, prétendent se rapprocher de Dieu au moyen des innovations qu’ils ont apportées. Ils ressemblent en cela aux arabes associateur qui ont créé des actes cultuels et des moyens de se rapprocher de Dieu, sans que Dieu y fasse descendre la moindre preuve ayant force d’autorité. Dieu dit d’eux :
« Leur prière autour de la Ka’ba se limitait à des sifflements et à des battements de mains… »
(Coran 8 Verset 35)
D’aucuns se figurent que ce qui, dans un acte de dévotion, est un moyen de se rapprocher de Dieu, peut l’être également dans tout autre acte de dévotion. C’est le cas de cet homme qui, au temps du Prophète (saw) avait fait le vœu de rester continuellement debout sous le soleil, de ne jamais s’asseoir, de ne jamais se mettre à l’ombre, et de jeûner sans arrêt. Le Messager de Dieu (saw) lui ordonna de s’asseoir, de se mettre à l’ombre et de terminer son jeûne jusqu’à la fin de la journée.
Les livres de droit musulman fournissent des détails sur les règles relatives aux pratiques cultuelles en Islam. Ils précisent ce qui en est rejeté et annulé lorsqu’on leur fait subir un ajout ou une amputation qui n’ont pas été établis par le Sage Législateur.
b) Les relations humaines :
C’est le cas par exemple de la conclusion de contrats et de leur résiliation. Ainsi, tout ce qui est contraire à la législation de Dieu est nul et non avenu. L’argument en est le hadîth suivant. Al-Boukhâri et Muslim ont rapporté que quelqu’un est venu voir le Messager de Dieu (saw) et lui a dit :
« Mon fils qui travaillait pour untel, a forniqué avec sa femme. Et j’ai remis au mari, à titre de compensation, cent brebis et un esclave. »
L’Envoyé de Dieu (saw) répliqua :
« Les cent brebis et l’esclave vous seront restitués. Quant à ton fils, il recevra cent coups de fouet et sera expatrié pendant une année ».
Donc, tout contrat interdit par la législation islamique ou dont l’un des piliers ou l’une des conditions n’est pas respecté par l’un des contractants, est un contrat nul et non avenu. Ceci est amplement détaillé dans les livres de jurisprudence islamique.
3 – Les actes acceptables :
Il existe pourtant des faits nouveaux et des actions originales qui ne contredisent pas les règles de la législation islamique. Bien au contraire, il y a dans les arguments (Adillatu) de la législation islamique et dans ses fondements, ce qui les justifie. Ces nouveautés ne sont donc pas à rejeter. Mieux encore, elles sont acceptables et louables.
Il n’est qu’à prendre pour exemple les Compagnons du Prophète (saw) qui avaient fait des choses nouvelles et qui étaient tous d’accord pour autoriser ces initiatives créatives et à les juger bonnes. L’exemple le plus éloquent est l’assemblage du Coran sous le califat d’Abû Bakr (ra) en un seul volume. Sous le califat de Uthman (ra), on en fit de nombreuses copies qu’on envoya aux différentes provinces musulmanes.
Il y a également d’autres exemples de cette innovation louable, comme la rédaction d’ouvrages relatifs à différentes sciences comme la grammaire, le code successoral, les mathématiques, le commentaire du Coran, la critique des chaînes de transmission (Isnâd) et de l’énoncé des termes des hadiths (Matn). Ce travail créatif a donné naissance à d’autres sciences théoriques qui servent les sources fondamentales de la législation islamique, mais aussi aux sciences expérimentales utiles aux gens, dans la mesure où elles leur permettent de préparer les causes secondes de la force, de peupler la terre, de faire que la Loi de Dieu soit appliquée et de juger d’après ce que Dieu à fait descendre.
4 – Les innovations blâmables et les innovations louables :
On déduit de ce qui précède qu’il existe certains actes nouvellement créés qui contredisent la législation divine et qui, de ce fait, sont de mauvaises innovations, et d’autres qui sont en harmonie avec elle, et qui sont, pour cela, agréés et louables, et peuvent même être recommandables (mandûb), ou obligatoires à titre collectif (fard kifâya). C’est pourquoi As-Shâfi’î a dit :
« Toute chose innovée qui contredit le Livre, la Sunna, le consensus (des savants) ou une information traditionnelle (Athar) est une innovation qui se perd dans l’errance. Par contre, toute chose qui est innovée en matière de bien et qui ne les contredit en rien, est une innovation louable. »
Par ailleurs, la mauvaise innovation peut être détestable (makrûh) ou illicite (harâm) en raison de sa nuisance et de son opposition aux finalités et nécessités de l’Islam. Elle peut, même, conduire l’homme à l’impiété et à l’égarement. C’est le cas, par exemple de :
– L’appartenance à des organisations et à des groupes qui dénient la révélation, renient la Loi de Dieu, appellent à l’application des lois positivistes et voient dans l’application de la Loi de Dieu un facteur de régression et de faiblesse.
– L’appartenance aux groupes qui se réclament des soufis, mais rendent licites la négligence des charges prescrites par la législation islamique, ne s’arrêtent pas sur les limites de ce que Dieu prescrit en matière de licite et d’illicite, professent le panthéisme et l’incarnation, etc.
Parmi les mauvaises innovations que l’on trouve chez les gens en général, on peut relever la glorification de certaines choses dont ils espèrent tirer bon augure et croient qu’elles peuvent leur apporter quelque bien. Il en est ainsi de la glorification d’une fontaine, d’un arbre, d’un marabout.
A ce sujet, on rapporte qu’en marchant à Hunayn, les Compagnons passèrent devant un jujubier que les associateur vénéraient et suspendaient leurs armes à ses branches. Quelques nouveaux convertis dirent alors :
« O Envoyé de Dieu ! Désigne-nous un arbre de bénédictions comme les associateur en ont un. »
Le Messager de Dieu (saw) leur dit : « Dieu est Grand (Allah Akbar), vous venez de demander ce que le peuple de Moïse lui avait demandé :
« Fais-nous un dieu de même qu’ils ont des divinités. »
(Coran 7 Verset 138)
Puis il dit :
« Vous êtes un peuple se comportant selon l’ignorance païenne. Vous allez cheminer sur les mêmes voies que ceux avant vous. »
5 – L’intérêt du hadîth :
L’intérêt que représente la version de Muslim, à savoir : « celui qui fait une chose en désaccord avec notre religion, on doit rejeter tout ce qu’il fait. » réside dans le fait qu’elle sert d’argument contre ceux qui font des choses innovées, en désaccord avec la religion, sans les avoir, eux-mêmes, créées.
En effet, lorsqu’ils disent qu’ils ne sont pas à l’origine de ces innovations, et qu’ils peuvent donc, de ce fait, les faire sans risquer de tomber sous le coup de la sentence de la version rapportée par Al-Boukhâri et Muslim, on leur réplique en citant la version de Muslim : « Celui qui fait une chose en désaccord avec notre religion, on doit rejeter tout ce qu’il fait »
Par ailleurs, le hadîth signifie que celui qui innove, en matière de religion, ce qui va à l’encontre de la législation islamique, il en supporte le péché, son œuvre est rejetée, et il mérite le châtiment de Dieu. Il montre également qu’à chaque fois que le législateur demande de s’abstenir de quelque chose, c’est parce qu’elle entraîne forcément un dégât.
Enfin, il met en exergue le fait que la religion islamique est complète et exempte de toute imperfection.