Les droits des malades et des handicapés
L’islam et la civilisation musulmane ont une vision particulière des malades et des personnes à besoins spécifiques; depuis l’allègement de certaines obligations juridiques, comme dans la parole divine:
« Il n’y a rien à reprocher à l’aveugle, ni au boiteux, ni au malade »
(Coran 24 Verset 6), jusqu’à l’incitation à l’espoir et à la protection de leurs droits physiques et psychologiques.
Lorsque le Prophète (saw) apprenait que quelqu’un était malade, il s’empressait de lui rendre visite chez lui, malgré tous les soucis et toutes les charges qui pesaient sur lui. Il n’y avait rien de forcé dans ces visites: elles étaient motivées par un sentiment de devoir à l’égard de ces malades. Comment aurait-il pu en être autrement, alors qu’il avait lui-même souligné le fait que recevoir des visites fait partie des droits du malade? Le Prophète (saw) a dit en effet:
« Le musulman a cinq droits sur le musulman… la visite au malade… »
Le Prophète (saw), guide et éducateur, soulageait la souffrance des malades, les consolait et leur montrait une compassion et une affection réelles, ce qui aidait les malades et leur entourage. ‘Abdallah ibn ‘Umar (ra) fait le récit suivant: « Sa’d ibn ‘Ubâda tomba malade et le Prophète (saw) lui rendit visite en compagnie de ‘Abd ar-Rahmân ibn ‘Awf (ra), Sa’d ibn Abî Waqqâs (ra) et ‘Abdallâh ibn Mas’ûd (ra). Quand il entra il le trouva entouré des siens et demanda: « Est-il mort? » Ils lui répondirent: « Non, Messager de Dieu ». Le Prophète (saw) pleura, et le voyant pleurer, les gens pleurèrent aussi. Il leur dit alors: « N’entendez-vous pas? Dieu ne châtie pas pour les larmes de l’œil ni la tristesse du cœur, mais ll châtie pour tout cela – montrant sa langue – ou Il pardonne” ».
Le Prophète (saw) invoquait Dieu pour les malades et leur promettait qu’ils seraient récompensés pour leur maladie, apaisant ainsi leur souffrance et les aidant à l’accepter. Umm al-‘Alâ’ (ra) a relaté:
« Le Prophète (saw) me rendit visite alors que j’étais malade, et il me dit “Réjouis toi, Umm al-‘Alâ’: Dieu efface les fautes du musulman à travers la maladie comme le feu ôte les impuretés de l’or et de l’argent”».
Le Prophète (saw) s’efforçait d’alléger la condition des malades et de ne pas les fatiguer. A ce sujet, Jâbir ibn ‘Abdallâh fait le récit suivant:
« Comme nous étions en expédition, l’un de nous fut atteint par une pierre qui le blessa à tête. Cet homme eut une pollution nocturne et demanda ses compagnons: “Pensez-vous que j’aie une excuse suffisante pour effectuer l’ablution sèche? (tayammum)” lui dirent: “Nous ne te trouvons pas d’excuse, tu es capable de supporter l’eau”. Il effectua alors la grande ablution et il mourut. Lorsque nous arrivâmes auprès du Prophète (saw), il fut informé de cela et dit: “Il l’ont tué, que Dieu les tue. Que n’ont-ils demandé s’ils ne savaient pas. C’est en posant des questions qu’on guérit l’ignorance. Il aurait suffi d’effectuer l’ablution sèche et de presser – ou nouer, l’un des rapporteurs ayant un doute sur le terme utilisé – un linge sur sa blessure, d’y passer ses mains humides et de laver le reste du corps” ».
Il se montrait disponible pour répondre aux besoins des malades et les accompagnait pour s’occuper de leurs affaires. Ainsi, un jour, une femme à l’esprit dérangé vint le trouver et lui dit:
« Messager de Dieu, j’ai besoin de toi ». Il répondit: « Um Untel, vois vers où tu veux aller afin que je m’occupe de ton affaire ».Il s’écarta avec elle sur un chemin pour écouter ce qu’elle avait à lui dire.
Le Prophète (saw) a également reconnu aux malades et aux handicapés le droit d’être soignés. En effet, un corps sain extérieurement et intérieurement fait partie des objectifs de l’islam. C’est pourquoi il répondit aux Bédouins qui l’interrogeaient sur fait d’employer des remèdes:
« Soignez-vous, serviteurs de Dieu, car Dieu n’a pas créé de maladie sans créer son remède, excepté la mort… »
En outre, il n’interdisait pas qu’une femme musulmane soigne un homme musulman: lorsque Sa’d ibn Mu‘âdh (ra) fut atteint d’une flèche lors de la bataille du Fossé, il le fit soigner par Rufayda (ra), une femme de la tribu d’Aslam qui soignait les blessés et s’occupait des champs des musulmans en leur absence.
Attardons-nous encore sur l’admirable comportement du Prophète (saw) à l’égard de ‘Amr ibn al-Jamûh. Ce dernier était infirme, mais cela ne l’a pas empêché d’être honoré de la meilleure des façons en raison de son engagement et de son généreux don de soi dans la voie de Dieu. ‘Amr ibn al-Jamûh était un homme qui boitait fortement. Il avait quatre fils, pareils à des lions, qui participaient aux batailles avec le Prophète (saw). Le jour d’Uhud, ils voulurent l’empêcher de partir la bataille. ‘Amr ibn al-Jamûh alla trouver le Prophète (saw) et lui dit:
« Mes fils veulent m’empêcher de partir avec toi pour cette bataille. Par Dieu, je souhaite marcher au paradis avec mon boitement ». Le Prophète (saw) répondit à ‘Amr (ra): « Dieu t’a excusé, tu n’es pas tenu de participer au jihâd ». Puis il dit à ses fils « Ne l’en empêchez pas, peut-être Dieu lui octroiera-t-Il le martyre ». L’homme participa donc la bataille d’Uhud et y fut tué.
Le Prophète (saw) dit à son sujet:
« Par Celui qui tient mon âme en Son pouvoir! Il est des gens parmi vous à qui Dieu donnerait raison s’ils juraient devant Lui. L’un de ceux-là est ‘Amr ibn al-Jamûh. Je l’ai vu marcher au paradis avec son boitement ».
C’est ainsi que les malades et les handicapés ont été traités par l’islam et sous l’égide de la civilisation musulmane.
(Extrait de « La famille en Islam, structure et finalité » de Hani Ramadan)