D’où venons-nous ?
Par Cheik Yusuf al Qaradawi
Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.
D’où venons-nous ?
Cette première question constitue le problème-clé pour les matérialistes qui ne croient qu’à ce que les sens peuvent percevoir. Ils étouffent la voix de l’instinct au fond de leurs cœurs, défient la logique de leurs esprits, et soutiennent, avec un aveuglement étonnant, que cet univers, avec tout ce qu’il contient et tous ses habitants, est le fruit du hasard ; que toute sa minutieuse organisation n’est que le produit d’une coïncidence aveugle !
Par contre, ceux qui répondent à l’appel de leur nature innée reconnaissent qu’eux-mêmes et l’univers qui les entoure ont un Maitre Tout-Puissant, vers lequel leurs cœurs se tournent avec révérence, espoir, crainte et confiance, et dont ils recherchent le secours. C’est là un sentiment enraciné au plus profond d’eux-mêmes. Telle est la religion évoquée dans le Coran en ces termes :
« Dirige ton visage vers la religion en un culte pur, selon la nature innée que Dieu a donnée aux hommes en les créant – pas de changement dans la création de Dieu-. Voilà la religion droite ; mais la plupart des gens ne savent pas »
(Coran 30 Verset 30)
Il peut arriver que cette voix instinctive faiblisse en nous, ou que nous la refoulions volontairement, dans les moments de prospérité et d’aisance. Mais lorsque l’être humain se trouve confronté à des événements dramatiques, lorsqu’il est ébranlé par de graves difficultés, lorsqu’il est déçu par tous ceux qui l’entourent, alors cette voix s’élève pour implorer Dieu dans la crainte, l’espoir et le repentir.
Un homme interrogea l’imam Ja’far as-Sâdiq au sujet de Dieu. Il lui répondit :
« N’as-tu jamais embarqué en mer ? »
L’homme répondit : « Si »
Il lui demanda alors : « T’est-il arrivé que les vents se déchaînent autour de vous en tempête ? »
L’Homme répondit « oui »
Il lui demanda encore : « Et que tu n’aies plus aucun espoir d’être sauvé par les marins ni par aucun moyen de secours ? »
L’homme répondit « oui ».
Il poursuivit : « T’est-il alors venu à l’esprit, et as-tu ressenti, qu’il existait quelqu’un qui pouvait te sauver s’il le voulait ? »
L’homme répondit encore : « oui »
Il lui dit alors : « Voilà qui est Dieu »
De nombreux versets du Coran soulignent cette vérité :
« Lorsqu’un malheur atteint l’être humain il invoque Son Seigneur en revenant vers Lui »
(Coran 39 Verset 8)
« Lorsqu’une vague comme les ténèbres les enveloppe, ils invoquent Dieu en lui voyant un culte exclusif »
(Coran 14 Verset 32)
« Lorsque le malheur vous atteint en mer, tous ceux que vous invoquez disparaissent, sauf Lui »
(Coran 17 Verset 67)
Descartes a dit :
« Non seulement je connais que je suis une chose imparfaite…mais je connais aussi en même temps qu’il existe une substance infinie, et je me vois obligé de croire que cette idée a été mise en moi par cette substance infinie qui possède en soi tous les attributs de la perfection, c’est-à-dire Dieu »
Le philosophe français Bergson a dit également :
« On a rencontré, et on rencontre encore, des groupes humains ne possédant ni sciences, ni arts ni philosophie, mais on n’a jamais rencontré de groupe sans religion ».
Ernest Renan écrit quant à lui dans ses Études d’histoire religieuse :
« Il est possible que tout ce que nous aimons soit anéanti, et que disparaissent le libre usage de la raison, la science et l’industrie, mais il est impossible que la religiosité s’efface : elle demeurera toujours la preuve éloquente de la fausseté du matérialisme, qui voudrait limiter la pensée humaine aux vils retranchements de la vie terrestre »
(Voir La religion du Docteur Draz, page 87)
Si la nature innée de l’homme se dirige vers Dieu (alors que cette nature n’est pas faite uniquement de sentiment ni de raison pure, mais d’un mélange des deux), la raison pure considère quant à elle la foi en Dieu comme une nécessité inéluctable, qui seule lui permet d’expliquer l’univers, la vie et l’être humain. La raison, indépendamment de toute connaissance acquise, croit naturellement à la causalité et ne saurait concevoir un acte sans auteur, ni une œuvre sans artisan.
C’est cette loi de causalité qu’exprima si simplement le bédouin qui, lorsqu’on l’interrogea sur Dieu, répondit :
« La crotte prouve l’existence du chameau, les traces de pas prouvent l’existence du passant ; est-ce-qu’un ciel orné de constellations, une terre vallonnée, des mers agitées de vagues ne prouvent pas l’existence de Dieu Tout Puissant ? »
Le célèbre physicien Isaac Newton disait :
« Ne doutez pas du Créateur : il est inconcevable que cet univers ne soit régi que par les coïncidences ! ».
Plus l’être humain découvre les merveilles de l’univers, plus il approfondit sa connaissance de sa beauté et de ses lois, et plus il est convaincu de l’existence du Créateur, de Sa Sagesse, de Sa Toute-Puissance et de Sa Perfection. Spencer cite ces propos d’Herschel :
« Plus la sphère et la science s’élargit, plus s’accumulent les preuves éclatantes de l’existence d’un Créateur éternel dont la puissance ne connaît ni limite ni fin : les géologues, les mathématiciens, les astronomes, les naturalistes ont contribué ensemble à l’édification du monument de la science, qui n’est autre que le monument de la toute-puissance divine ! »
Spencer ajoute :
« Le savant qui, voyant une goutte d’eau, sait qu’elle est composée d’oxygène et d’hydrogène selon des proportions précises, de sorte que si ces proportions étaient modifiées elle serait autre chose que de l’eau, est certes convaincu de la grandeur et de la toute-puissance du Créateur et de l’immensité de Sa Sagesse et de Sa Science, de manière bien plus forte que quelqu’un qui, n’étant pas naturaliste, n’y voit rien d’autre qu’une goutte d’eau ! De même, le savant qui voit l’élaboration harmonieuse et les proportions précises constituant un grêlon, ressent certainement d’avantage la beauté du Créateur et la précision de Sa Sagesse, que quelqu’un qui sait uniquement qu’il s’agit de pluie devenue solide sous l’effet du froid ! »
Francis Bacon dit encore :
« Un peu de philosophie fait pencher l’esprit humain vers l’athéisme, tandis que son approfondissement conduit les esprits à la foi. En effet, l’esprit humain peut s’arrêter aux causes secondaires éparses qu’il rencontre, sans les relier pour parvenir à ce qui est derrière elles ; mais s’il en pousse plus loin la considération pour voir comment s’embriquent les maillons de la chaîne des causes, il ne peut alors que reconnaître Dieu »
Tel est le témoignage d’éminents savants qui ont approfondi l’étude des sciences de l’univers. Ces témoignages vont dans le sens de la foi. Le doute et l’athéisme proviennent, par contre, de ceux dont la science est superficielle, ou de ceux qui n’ont étudié qu’un peu de philosophie, comme le dit justement Bacon.
La foi en Dieu n’est pas seulement instinctive chez l’homme, c’est également une nécessité logique. Sans cette foi, cette question posée par le Coran demeurera une énigme sans réponse :
« Auraient-ils été créés sans rien, ou seraient-ils eux-mêmes les créateurs ? Auraient-ils créé les cieux et la terre ? »
(Coran 52 Verset 35-36)
Il est évident que l’être humain n’est pas apparu spontanément, et il ne s’est bien sûr pas créé de lui-même. Nul n’a jamais non plus prétendu avoir créé les cieux et la terre. Qui est donc le Créateur ?
Cette question n’a qu’une seule réponse possible, une réponse que l’être humain, confronté à lui-même, ne pourra éviter de donner, comme l’ont fait les idolâtres eux-mêmes :
« Et si tu leur demandes qui a créé les cieux et la terre, ils te répondront certainement : c’est le Puissant, l’omniscient qui les à créées »
(Coran 43 Verset 9)
Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.