Le Prophète Muhammad (saw) – Partie 1
L’état de la péninsule arabique
Les Quraysh à La Mecque
La plus célèbre des tribus ‘Adnânites était celle des Quraysh. L’histoire et la gloire des Quraysh étaient étroitement liées à celles de la Mecque et de la Maison Sacrée. C’est en effet à la Mecque qu’Ibrâhîm (as) et son fils Ismâ’îl (as) avaient bâti la Ka’bah, Maison Sacrée d’Allah. C’est alors qu’Ibrâhîm (as) avait lancé un appel à l’humanité pour qu’ils effectuent le pèlerinage, et ce conformément à l’ordre qu’Allah lui avait adressé :
« Et fais aux gens une annonce pour le pèlerinage. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné ».
[Coran 22, v. 27]
Grâce à cela, La Mecque était devenue la destination privilégiée de toutes les tribus de la presqu’île arabique, qui s’y rendirent aussi bien pour le pèlerinage que pour le commerce.
Parmi la descendance d’Ismâ’îl (as), il y avait le peuple des ‘Adnân. C’est d’ailleurs de sa descendance que s’apparentent toutes les tribus ‘Adnânites. Parmi les plus illustres chefs de cette tribu figurait « Qusayy Ibn Kilâb », aïeul du prophète Muhammad (saw) de quatre générations. Il prit le commandement de la Mecque et de la Mosquée Sacrée vers l’an 440 du calendrier gregorien et y cumula le pouvoir politique et religieux. Il jouissait en effet du privilège « d’As-Siqâyah » qui consistait à abreuver les gens pendant le pèlerinage. Par ailleurs, il se chargeait « d’Ar-Rifâdah » qui était le privilège de nourrir les nécessiteux lors de la saison du pèlerinage, de même qu’il disposait « d’Al-Hijâbah » qui faisait de lui le gardien des clefs de la Ka’bah. Il détenait également « Al-Liwâ’ » qui était l’étendard militaire sous lequel les Quraysh menaient la guerre, et enfin « Dâr An-Nadwah » à savoir la chambre parlementaire dans laquelle se réunissaient les chefs qurayshites pour les questions importantes.
Tout ceci nous montre que Qusayy avait réuni à lui seul toutes les fonctions principales de La Mecque et en d’autres termes, qu’il exerçait une position de dirigeant (absolu), ce qui procurait aux Quraysh un immense prestige. Par la suite, les descendants de Qusayy héritèrent de ce pouvoir et de cette gloire. Ainsi, à l’époque de ‘Abdul-Muttalib Ibn Hâshim, grand-père du prophète (saw), le pouvoir était reparti entre dix personnes parmi les nobles de Quraysh, chaque fonction se perpétuant de père en fils.
La situation religieuse
A l’avènement du prophète Muhammad (saw), à la fin du 6ème siècle, le paganisme – l’adoration des statues – était la religion prédominante des arabes, notamment à la Mecque et ses alentours. Pourtant, en revenant plusieurs siècles en arrière, nous découvrons que « Al-Hanîfiyah » religion d’Ibrâhîm (as) et de son fils Ismâ’îl (as), religion reposant sur l’unicité absolue d’Allah, prévalait dans la péninsule. Mais au fil du temps, les gens ont commencé à se détourner de la religion d’Ibrâhîm (as) et à la transformer en culte des idoles.
On dit que le paganisme fut introduit à La Mecque puis répandu dans le reste de l’Arabie par Amr Ibn Luhayy Al-Khuzâ’î, et ce lorsque il visita la ville Al-Balqâ’ – qui se situe dans le Shâm – d’où il importa quelques statues puis les érigea autour de la Kacbah.
Or les arabes vouaient à la Ka’bah une vénération telle que quand ils sortaient de la Mecque, ils emportaient avec eux une pierre du sanctuaire, marque de vénération et de sanctification. Et partout où ils s’arrêtaient, ils posaient leur pierre et tournaient autour comme ils le font autour de la Ka’bah. Dans le même temps, ils vénéraient la Ka’bah et La Mecque, et y accomplissaient le grand et le petit pèlerinage.
Par la suite, les choses s’amplifièrent au point qu’ils oublièrent ce lien et s’éloignèrent considérablement de la religion d’Ibrâhîm (as), allant même jusqu’à la transformer en polythéisme. La Ka’bah, qui était littéralement encerclée par les statues, devint alors le centre du paganisme après avoir été le centre du monothéisme. « Hubal » était d’ailleurs la plus grande de ces statues. En outre, chaque tribu disposait de sa propre statue, de même qu’une seule tribu pouvait en avoir plusieurs.
Aussi, avant l’avènement de l’Islam, des juifs et des chrétiens coexistaient dans la péninsule arabique, aux côtés des polythéistes.
Le judaïsme s’établit en terre arabe à une époque où certains juifs immigrèrent au nord du Hijâz, suite aux persécutions subies de la part des chrétiens. Parmi eux, on retrouve les tribus de Banû Qaynuqâ’, Banû An-Nadhîr, Banû Qurayzhah et bien d’autres. Certains d’entre eux s’établirent à Yathrib (Renommer plus tard MEDINE), d’autres dans ses environs et d’autres encore plus loin.
Quant au christianisme, il entra progressivement en Arabie et son entrée fut liée aux routes commerciales qui reliaient les arabes à leurs voisins. D’ailleurs, au 5ème siècle, la ville d’Al-Hîrah, en Iraq, fut le principal canal à travers lequel le christianisme se propagea vers l’Arabie, lorsque les chrétiens utilisèrent la région qui s’étend de la vallée « d’Al-Qurâ » jusqu’au nord-est de Yathrib comme ouverture sur l’Arabie.
Par ailleurs, une autre porte d’entrée pour la religion chrétienne se trouvait au sud de la péninsule arabique : celle de Najrân, ville à laquelle était parvenu le christianisme par l’intermédiaire des Abyssins. A l’époque de l’envoi du prophète Muhammad (saw), la religion chrétienne prospérait encore à Najrân, et l’administration des chrétiens de la ville était assurée par deux moines : « As-Sayid » et « Al-‘Âqib ». D’ailleurs, après la prise de la Mecque par les musulmans, ces deux moines vinrent au prophète (saw) qui leur octroya un [document] leur garantissant leur sécurité, leur religion, leurs terres et leurs demeures.
Aux côtés du paganisme, du judaïsme et du christianisme, une petite communauté de mazdéens – adorateurs du feu – vivait également dans la péninsule arabique. L’origine géographique de leur religion est La Perse. De même que se trouvait quelques sabéens – adorateurs des astres – dont le lieu d’origine est le nord-ouest de l’Euphrate.
Heureusement, l’Islam a débarrassé la péninsule arabique de ses religions perverties permettant ainsi à la lumière du monothéisme de la recouvrir.