Jour 9: Ahl Al-Kahf (Les compagnons de la Caverne)
Vous rappelez-vous de notre slogan “A la lumière du Coran nous vivons” ? Avec nos récits de tous les jours, nous nous rapprochons du Coran pas à pas.
Aujourd’hui, notre récit tourne autour du sujet de jeunes gens à peine sortis de l’adolescence. Ce récit nous montrera comment Allah peut changer le monde pour une seule personne qui porte le message. Nos jeunes ne doivent pas se sous-estimer, ce récit est pour eux. Une personne qui prend le bon chemin attire avec elle dix, puis quinze, puis mille autres et ainsi de suite … Les prophètes et les leaders étaient tout seuls à leur début. Et pourtant, Allah a changé la face du monde pour eux.
Ce qui est plus impressionnant encore est le fait que les jeunes gens dont nous raconterons l’histoire aujourd’hui sont des personnes ordinaires, ni prophètes ni adeptes. Ils nous font comprendre que celui qui veut voir le monde sous un aspect particulier commence à se former lui-même.
Dans une ancienne histoire chinoise un homme était entrain de lire son journal où, en première page, figurait la carte de la Terre entière. Et furieux d’être incessamment interrompu par son jeune enfant, il déchira le journal en mille morceaux et le jeta. Se rappelant ensuite que le premier puni était lui-même, il dit à son fils :
« Comme punition, tu remettras toutes les pièces de la page du journal telles qu’elles étaient. »
Cinq minutes plus tard, l’enfant revint avec la page en ordre et le père étonné lui demanda comment il avait fait. L’enfant répondit :
« Lorsque tu lisais, je regardais au dos de la page un visage humain dessiné. J’ai trouvé alors plus facile de recomposer la page du côté du visage. »
Cette histoire souligne le même sens que nous disions plus haut :
« Le monde peut être recomposé par un seul visage ».
Notre récit aujourd’hui donne un exemple de cette idée avec six ou sept jeunes gens de moins de vingt ans. Ils voulaient réformer leur société et leur pays par amour pour Allah qui changea les lois de l’univers pour eux. Nous les connaissons sous le nom des compagnons de la Caverne (Ahl Al-Kahf).
Ce récit est un miracle coranique et une preuve de la prophétie du Messager d’Allah (saw). Les mécréants de la Mecque voulaient à tout prix prouver qu’il était menteur. Ils envoyèrent `Oqba Ibn Abou Mou`ayte et An-Nadr Ibn Al-Hârith chez les rabbins juifs leur demander ce qu’ils pouvaient poser au Prophète (saw) comme questions difficiles auxquelles il ne pourrait répondre et prouver qu’il n’est pas prophète.
Les Juifs ne voulurent pas lui poser de questions au sujet d’histoires racontées par la Torah et l’Évangile supposant que quelqu’un les lui aurait racontées. Ils en posèrent au sujet d’un évènement arrivé après leur apparition et cent cinquante ans après la venue du Messie (Jésus).
Munis des questions, les Quraychites s’en allèrent demander au Prophète (saw) de les informer au sujet de jeunes gens et de leur dire quel était leur nombre et combien de temps ils avaient disparus. Le Prophète (saw) promit de leur répondre le lendemain et oublia de faire suivre sa promesse par la formule « S’il plaît à Allah (Insh’Allah) ».
La révélation tarda à venir, il fut passé quinze jours et les Quraychites exultaient. Pourtant, ce retard est encore une preuve de la prophétie du Messager d’Allah (saw) puisqu’il ne connaissait pas l’histoire qu’il allait bientôt raconter.
L’Ange Jibril (Gabriel) apporta la parole de Dieu répondant à cette question et lui rappelant également qu’il ne devait jamais dire :
« Je ferai telle chose demain » sans ajouter : « si Dieu le veut ».
Alors ces versets furent révélés :
« Penses-tu que les gens de la Caverne et d’ar-Raquîm ont constitué une chose extraordinaire d’entre Nos prodiges? Quand les jeunes gens se furent réfugiés dans la caverne, ils dirent: « Ô notre Seigneur, donne-nous de Ta part une miséricorde; et assure nous la droiture dans tout ce qui nous concerne » … … » du verset 9 au verset 30 de sourate Al-Kahf (La Caverne) Sourate 18 du Coran, Allah révèle l’histoire de ces jeunes hommes.
Bien que les Juifs n’avaient posé que deux questions, Allah nous a raconté toute l’histoire pour nous faire profiter de sa sagesse et n’a donné les deux réponses qu’à la fin. Ils avaient demandé combien de temps les jeunes gens étaient restés dans la caverne et le verset vint dire :
« Or, ils demeurèrent dans leur caverne trois cents ans et en ajoutèrent neuf (années). »
(Coran 18 Verset 25)
Pour leur question au sujet du nombre le Coran n’a pas été précis, il dit :
« Ils diront: « ils étaient trois et le quatrième était leur chien». Et ils diront en conjecturant sur leur mystère qu’ils étaient cinq, le sixième étant leur chien et ils diront: « sept, le huitième étant leur chien ». Dis: « Mon Seigneur connaît mieux leur nombre. Il n’en est que peu qui le savent ». Ne discute à leur sujet que d’une façon apparente et ne consulte personne en ce qui les concerne. »
(Coran 18 Verset 22)
Allah qui connaît tout aurait pu dire leur nombre exact mais les Juifs dans leurs livres n’étaient pas d’accord sur ce sujet et le Coran a révélé les chiffres qu’ils disaient eux-mêmes. Un défi extrême !
Le Coran insiste également sur leur âge et leur petit nombre pour nous faire savoir qu’il n’est pas nécessaire d’être un grand nombre et d’âge mûr pour recomposer la face du monde.
Leur histoire est facile à trouver sur Internet dans toutes les langues et avec beaucoup de détails. Elle a commencé cent cinquante ans après la venue du Messie et s’est déroulée sur trois cents ans jusqu’à cent cinquante ans avant la venue du Prophète (saw).
C’étaient des jeunes gens chrétiens. Oui, le Coran honore des gens autres que le Prophète (saw) et ses Compagnons, des gens loyaux, croyant en l’unicité d’Allah et adeptes d’un prophète postérieur. C’est comme si le Prophète (saw) disait, je ne suis pas venu détruire tout ce qui m’a précédé, je viens construire. Il préservait tout le bien édifié avant lui, les points qu’il avait en commun avec ceux qui l’avaient précédé. Voyez-vous l’esprit de coexistence ? C’est lui qui a dit :
« Par comparaison aux prophètes qui m’ont précédé, je suis comme l’exemple d’un homme qui a bâti une maison belle et parfaite en omettant une pierre. Les gens admiraient cette maison et ne faisaient que tourner tout autour en disant : « Quelle belle maison, si ce n’était cette pierre qui manque. Et je suis la pierre. »
(Rapporté par Al-Boukhâri, chapitre “Le sceau des prophètes”.)
Il est vrai que nous admirons plus que tout les Compagnons et que nous ne donnons pas leur part aux Chrétiens croyant en l’unicité d’Allah- Dieu unique sans fils. Le Coran nous l’apprend en mentionnant l’histoire de ces jeunes Chrétiens. Si cela semble confus pour certains, ils doivent remarquer que cette sourate commence par des versets qui réprimandent ceux qui attribuent un fils à Allah :
« Louange à Allah qui a fait descendre sur Son serviteur (Muhammad), le Livre, et n’y a point introduit de tortuosité (ambiguïté)! [Un Livre] d’une parfaite droiture pour avertir d’une sévère punition venant de Sa part et pour annoncer aux croyants qui font de bonnes œuvres qu’il y aura pour eux une belle récompense. Où ils demeureront éternellement, et pour avertir ceux qui disent: « Allah S’est attribué un enfant. » Ni eux ni leurs ancêtres n’en savent rien. Quelle monstrueuse parole que celle qui sort de leurs bouches! Ce qu’ils disent n’est que mensonge. »
(Coran 18 verset 1 à 5)
Il faut savoir que Jésus a vécu en Palestine. Les Romains pris de peur en voyant les gens le suivre dans sa nouvelle religion, voulurent le tuer, mais Allah le fit monter au ciel alors que l’oppression des Romains continua longtemps après.
Cette oppression a marqué l’esprit des Chrétiens et leur a fait dire aujourd’hui que l’Islam les opprime. Les Musulmans de l’autre côté ont pris une attitude défensive bien que le Coran ait dit :
« Nulle contrainte en religion! … »
(Coran 2 Verset 256)
Et que le Prophète (saw) ait mis ce verset en pratique.
Ce verset fut révélé à cause des Aws et des Khazradj, les premiers habitants de Médine, dont les enfants mouraient très souvent. Leurs mères, pensant leur éviter ce sort en les mettant sous la protection du ciel, leur donnaient la religion des Juifs de Médine. Une fois devenues musulmanes après la venue du Prophète (saw), elles voulurent donner à leurs enfants leur nouvelle religion de force. Ce verset fut alors révélé parce que la religion imposée par la force ne vaut rien et l’histoire que nous racontons aujourd’hui traite de l’oppression religieuse exercée par l’état sur les citoyens.
C’est l’histoire de six ou sept jeunes hommes qui vivaient en Jordanie au temps de l’empereur romain Decius (Dèce) connu pour son oppression du peuple et sa persécution de tous ceux qui osaient proclamer l’unicité. Son peuple était pauvre, dans un état déplorable. Nos jeunes hommes décidèrent de réformer le pays et, naturellement, ils furent poursuivis et persécutés. Ils s’échappèrent et se cachèrent dans une caverne. Allah les endormit pendant trois cents ans et ils se réveillèrent pour trouver que leur réforme avait continué et que le pays était devenu comme ils l’avaient souhaité.
Decius avait recherché un vieil homme, le dernier des adeptes du Messie, pour l’exécuter. Ce dernier, sentant que sa fin approchait, s’était mis à attirer à lui des jeunes personnes à qui il pourrait communiquer sa science et sa croyance. Il en trouva six ou sept qu’il prit un à un isolément craignant les espions de Decius. Malheureusement, il mourut avant de les avoir présentés les uns aux autres.
Ibn Kathir raconte l’histoire et dit :
« Le jour de la fête nationale, alors que tout le peuple célébrait les dieux dans la débauche et l’alcool, nos jeunes gens qui ne se connaissaient pas encore et qui ne pouvaient supporter ce genre de jouissances, se retirèrent un à un. Le premier alla s’asseoir sous un arbre éloigné et fut bientôt suivi par un autre – c’est le premier signe de la vraie foi, de se trouver incapable de demeurer dans un endroit où le péché est commis. Un à un les sept jeunes hommes se trouvèrent sous le même arbre, chacun d’entre eux se demandant ce qui avait amené les autres. Ils demeurèrent silencieux jusqu’à ce que l’un d’eux rompît le silence en disant : “Par Allah, je ne me suis retiré que pour la même raison qui vous fit vous retirer.”
Je me demande ce qui empêche la jeunesse de nos jours de réformer leurs pays. Nous vivons heureusement dans des contrées où nous pouvons clamer « Il n’y a pas d’autre dieu à part Allah », pourquoi ne pas agir positivement, pourquoi se laisser aller à la torpeur ?
Après avoir rompu le silence, les sept jeunes hommes découvrirent qu’ils étaient tous les adeptes du vieux croyant mort. Ils décidèrent alors de s’unir pour agir.
C’est ainsi que la bonne compagnie encourage au bien. Allah les a désignés par le terme « compagnons » et Il a insisté sur cette idée de la bonne compagnie en disant dans cette même sourate :
« Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier »
(Coran 18 Verset 28)
Un proverbe dit: « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. »
Et moi je dis : « Dis-moi qui tu fréquentes je te dirai quel sera ton avenir. »
Avez-vous des amis sur qui vous pouvez vous appuyer pour faire le bien ? Sans cela pas moyen d’essayer.
La compagnie des jeunes hommes ensemble dura trois cents ans et continue de nos jours puisqu’ils sont enterrés ensembles et qu’ils ont été mentionnés comme amis dans le Coran. Après s’être mis d’accord pour l’action ils avaient dit avec une ardeur sincère et non momentanée :
« Notre Seigneur est le Seigneur des cieux et de la terre: jamais nous n’invoquerons de divinité en dehors de Lui, sans quoi, nous transgresserions dans nos paroles. »
(Coran 18 Verset 14)
Les jeunes hommes de notre histoire avaient tous les traits du vrai croyant : ils ne supportaient pas de rester dans un endroit où la débauche sévissait, ils étaient pleins d’une ardeur sincère, ils agissaient positivement et ils se souciaient de leurs compatriotes.
Par où ces jeunes hommes ont-ils commencé ? Sûrement par aider les gens dans leur vie quotidienne et par nourrir les pauvres parce que les miséreux et ceux qui ont faim ne peuvent pas entendre les prêches et les sermons avant d’avoir apaisé leur faim.
Remarquez que parmi ces compagnons, il y avait le cousin de Decius en même temps que d’autres de différentes classes sociales. Il y avait même un berger accompagné par son chien.
Les jeunes hommes s’activaient pleins d’ardeur sociale et cultuelles avec la bénédiction d’Allah qui dit :
« Nous allons te raconter leur récit en toute vérité. Ce sont des jeunes gens qui croyaient en leur Seigneur; et Nous leur avons accordé les plus grands moyens de se diriger [dans la bonne voie]. »
(Coran 18 Verset 13)
Faites un pas vers Allah et voyez comment Il vous récompensera. C’est lui qui dit dans un hadith Qoudoussi :
« Celui qui se rapproche de Moi d’un empan, Je me rapproche de lui d’une coudée et, celui qui se rapproche de Moi d’une coudée, Je me rapproche de lui d’une grande distance et, celui qui se rapproche de Moi en marchant, Je me rapproche de lui au pas de trot. »
Malheureusement, Decius eut vent de l’action de nos jeunes héros et, furieux, il ordonna leur arrestation. Des gens du palais qui avaient de l’amitié pour eux coururent les prévenir. Ils refusèrent de se rendre, de faire des excuses ou de comploter un acte de violence. Ils refusèrent également de s’échapper et l’un d’eux suggéra d’aller se cacher dans une caverne où ils s’étaient réunis une fois pour discuter ensemble, pour attendre le retour du calme et reprendre leur action.
Ils devaient rapidement prendre une décision comme d’habitude avec les épreuves de ce monde qui laissent peu de temps à la réflexion. Mais celui qui adore Allah comme il faut trouve Son aide dans ces moments difficiles. C’est ainsi qu’ils décidèrent d’aller attendre dans la caverne malgré l’angoisse de l’inconnu et le peu de confort qu’ils allaient y trouver. Allah dit à ce sujet :
« Nous avons fortifié leurs cœurs … »
(Coran 18 Verset 14)
La caverne était étroite et sombre mais Allah l’a remplie de miséricorde tout comme la grotte Hirâ’, la grotte Thor et la corbeille où Moussa (Moïse) fut mis nourrisson. La caverne dont Allah a donné le nom à la sourate représente un carrefour entre deux direction : choisir le monde ou le message, choisir le bien ou le mal. Ainsi lorsque le Compagnon du Prophète (saw) Sohayb fut intercepté par les mécréants sur la route vers Médine, il dut choisir entre leur abandonner tout son argent et partir ou retourner avec eux. Il leur donna l’argent et même les habits qu’il portait.
Que pensez-vous que les six ou sept jeunes hommes ont fait à leur arrivée à la caverne ? Ils invoquèrent Allah :
« Quand les jeunes gens se furent réfugiés dans la caverne, ils dirent: « Ô notre Seigneur, donne-nous de Ta part une miséricorde; et assure-nous la droiture dans tout ce qui nous concerne ». »
(Coran 18 Verset 10)
Un conseil bien utile : il ne faut jamais oublier que Allah dit :
« N’est-ce pas Lui qui répond à l’angoissé quand il L’invoque, et qui enlève le mal … »
(Coran 27 Verset 62)
Au moment où toutes les issues sont obstruées, l’invocation est toujours exaucée. Allah dit dans un hadith Qoudoussi :
« Mon serviteur, appelle-Moi, tu Me trouveras. Si tu Me trouves, tu trouveras toute chose et, si tu M’oublies, tu perds toute chose. »
Nous nous demandons sûrement pourquoi Allah n’a pas laissé ces jeunes gens continuer leur bonne œuvre puisqu’ils s’activaient sincèrement. Il faut savoir que Allah aime que la victoire vienne de Lui. Nous n’avons qu’à agir avec bonne intention et c’est à Lui de nous mener au but. Allah dont Al-Wakîl (l’Intendant, le Gérant) fait partie de Ses plus beaux attributs, aime qu’on compte sur Lui. Il est le maître de l’univers, Il le manie comme Il veut.
Comprenons-nous bien cette situation et avons-nous des projets aussi ambitieux que nous aimerions réaliser ? Faites des rêves prétentieux et détaillés comme les compagnons de la caverne qui voulaient réformer leur pays et faire connaître et aimer Allah par leur peuple. Le rêve projeté dans le futur est une des capacités qui différencie l’être humain des autres créatures. Les compagnons de la caverne, en plus de leur rêve, avaient de l’espoir. Leur histoire nous montre qu’il suffit d’avoir ces deux éléments et d’avancer sur le chemin et Allah aidera avec le reste. Il faut apprendre cela à nos enfants.
Allah présente la même idée dans la sourate Al-Anfâl (Le Butin), la Sourate 8 du Coran. Au jour de la bataille de Badr, les Compagnons du Prophète (saw) au nombre de trois cents treize étaient sortis en guerre à la rencontre de mille mécréants. Logiquement cela semblait impossible mais Allah leur dit :
« Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le vôtre, et d’autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu’Allah connaît. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d’Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés. »
(Coran 8 Verset 60)
Remarquez qu’Il leur dit d’agir avec toute leur force. Ensuite, dans la même sourate et après leur victoire Il leur dit :
« Ce n’est pas vous qui les avez tués: mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais: mais c’est Allah qui lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part! »
(Coran 8 Verset 17)
Le récit de la sourate Al-Kahf nous apprend à compter sur “Al-Wakîl” et à L’aimer. Il est toujours là lorsque nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir et ensuite disons : « Je compte sur Toi Seigneur. » Nous Lui signons une délégation et nous Le laissons agir.
Voyons alors ce qui est arrivé aux compagnons de la caverne qui s’étaient activés de toute leur force et après quoi s’étaient vus obligés d’arrêter.
Tout d’abord, la caverne en son intérieur est vraiment étonnante. On dirait un appartement nanti d’air conditionné. On y pénètre par une petite entrée qui mène à une chambre puis à un endroit où l’air entre d’une toute petite ouverture. Cet air était nécessaire pour préserver la fraîcheur de leurs corps. Il entrait avec un peu de soleil et passait tout au long d’un couloir où il se rafraîchissait avant de leur parvenir:
« Tu aurais vu le soleil, quand il se lève, s’écarter de leur caverne vers la droite, et quand il se couche, passer à leur gauche, tandis qu’eux-mêmes sont là dans une partie spacieuse (de la caverne)… Cela est une des merveilles d’Allah. Celui qu’Allah guide, c’est lui le bien-guidé. Et quiconque Il égare, tu ne trouveras alors pour lui aucun allié pour le mettre sur la bonne voie. »
(Coran 18 Verset 17)
L’ouverture de la caverne est située au sud-est et le soleil n’y reste que très peu à son coucher.
Il serait impossible pour un architecte de nos jours de construire un palais garantissant une atmosphère pareille qui persistera trois cents ans. Les compagnons de la caverne s’étaient confiés à Al-Wakîl et avaient dit :
« Ô notre Seigneur, donne-nous de Ta part une miséricorde … »
(Coran 18 Verset 10)
Tous les éléments de la nature les servaient de la façon qui leur convenait le mieux. Même les reptiles ne pouvaient y pénétrer.
Ces jeunes gens avaient essayé de servir le message d’Allah autant que cela était en leur pouvoir. Et Allah, sûr de leur sincérité, décida de les reposer et de terminer le travail pour eux. Leur repos allait servir leur objectif plus que leur action. En apprenant leur histoire, les gens qui les avaient aimés et recherchés avaient décidé de continuer à agir comme eux et c’est ainsi que leur projet avançait sans eux et que leur rétribution continuait à grandir même pendant leur sommeil.
Ils n’étaient pas morts, juste endormis :
« Tu aurais vu le soleil, quand il se lève, s’écarter de leur caverne vers la droite, et quand il se couche, passer à leur gauche, tandis qu’eux-mêmes sont là dans une partie spacieuse (de la caverne) … »
(Coran 18 Verset 17)
Cela est une des merveilles d’Allah.
Après avoir vu cet apprêt de la caverne, ensuite les éléments naturels qui changent leurs lois universelles aux ordres d’Allah, puis leur sommeil qui a duré trois cents neuf ans, pouvons-nous ne pas avoir pleinement confiance en Al-Wakîl ?
La puissance d’Allah est infinie et parfois même elle se réalise par l’action de ceux qui s’y opposent. Le verset dit :
« Ils complotèrent mais Allah a fait échouer leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes. »
(Coran 8 Verset 30)
Informés par ses espions que les jeunes hommes s’étaient cachés dans la caverne, Decius fit obstruer l’entrée de la caverne avec des pierres en oubliant l’ouverture par où passaient l’air et le soleil. Par ce geste, il rendait la caverne encore plus confortable et leur assurait un silence paisible.
Ce n’était pas seulement cela, mais « … Nous les tournons sur le côté droit et sur le côté gauche, tandis que leur chien est à l’entrée, pattes étendues … » (Coran 18 Verset 18)
Il est connu que chacun de nous se tourne dans son sommeil en moyenne trente fois par nuit et que dans les hôpitaux on tourne les malades qui ne peuvent le faire d’eux-mêmes pour leur éviter la formation d’escarres. Vous rendez-vous compte si la personne se tourne dans sa couche trente fois en moyenne par nuit combien de fois cela fait pendant trois cents ans ? Quant au chien, sa présence dissuadait quiconque pensait entrer dans la caverne.
Les jeunes hommes étaient entrés dans la caverne poussés par la peur et Allah fit que celui qui les voyait :
« Aurais été assurément rempli d’effroi devant eux. »
(Coran 18 Verset 18)
Ils sommeillaient paisiblement tandis que le pays était tout bouleversé.
Lorsque trois cent neuf ans se furent écoulés depuis leur assoupissement dans cette caverne, Allah les ressuscita de leur sommeil. Ne pouvant supporter la faim, ils s’interrogèrent entre eux:
« Combien de temps sommes-nous restés ? »
Certains d’entre eux dirent :
« Nous sommes restés un jour ou une partie d’une journée »
Et l’un d’entre eux dit :
« Nous nous sommes endormis le matin et voici le soleil qui se rapproche du coucher. »
Un quatrième a dit :
« Laissez-nous avec vos suppositions, Allah sait plus que nous combien de temps nous sommes restés. Envoyons seulement l’un d’entre nous, nous lui donnerons de notre argent pour qu’il nous ramène de la nourriture. Mais qu’il soit méfiant et qu’il fasse preuve d’intelligence pour que personne ne le reconnaisse, sinon ils risquent de le rattraper et s’ils arrivent jusqu’à nous, ils en parleront au roi Decius et à sa cour qui sauront ainsi où nous nous trouvons et qui risqueront de nous torturer ou d’essayer encore de nous faire sortir de notre religion. »
Or Decius qui était le roi de cette ville était mort depuis bien des centaines d’années et la souveraineté de cette ville était revenue à un roi vertueux. Durant son époque, les gens de sa ville avaient divergé au sujet du Rassemblement et de la Résurrection des corps à partir des tombes.
Certaines personnes en avaient douté et avaient jugé cela peu probable. Ils avaient dit:
« Ce ne seront que les âmes qui seront rassemblées, quant aux corps, ils seront assimilés par la terre et ils ne seront pas ressuscités. »
D’autres ont dit:
« Non, l’âme et le corps seront ressuscités ensemble. » (Et ceci est la vérité)
Le roi s’était attristé à ce sujet et une dissension avait risqué de se produire. Il supplia Allah de faciliter l’argument et la preuve pour manifester la vérité.
Pendant ce temps, l’un des compagnons de la caverne était entré dans la ville pour ramener de la nourriture, il était craintif et méfiant. Il fut surpris par le changement de la ville et par la forme des habitations. Voici que cette région qui n’était que des terres pour le pâturage du bétail s’était bâtie de palais élevés alors que par là il y avait des palais qui étaient devenus des ruines démantelées, voici des visages qu’il ne reconnaissait pas et des images auxquelles il n’était pas habitué.
Son regard s’était rempli d’incertitude, il se retournait pour regarder tantôt par ci tantôt par là. La perplexité se manifestait sans sa démarche. Quelqu’un finit par se retourner vers lui et lui adressant la parole lui dit:
« Es-tu étranger à cette ville, que cherches-tu ? ».
Il lui répondit:
« Je ne suis pas étranger, seulement je cherche à acheter de la nourriture mais je ne retrouve pas l’endroit où l’on en vendait, l’endroit auquel j’étais habitué et que je connaissais. »
Cet homme le prit par la main jusqu’à le ramener chez un marchand d’alimentation. Il sortit ses pièces d’argent qu’il donna au commerçant mais celui-ci fut surpris par ces pièces puisqu’elles étaient à l’effigie du roi Decius qui était mort depuis des centaines d’année.
Il pensa que c’était un homme qui avait découvert un trésor et qu’il y avait avec lui beaucoup d’argent et de pièces. Les gens se rassemblèrent autour de lui et on l’amena jusqu’au roi vertueux. Les nouvelles précédèrent l’arrivée du jeune jusqu’au roi vertueux qui attendait impatiemment de voir cette personne dont il avait entendu parler par ses ancêtres.
Il interrogea à son sujet et le jeune lui raconta ce qui lui était arrivé à lui et à ses compagnons. Le roi s’en réjouit et dit à son peuple:
« Voici que Dieu vous a envoyé un signe pour vous montrer ce sur quoi vous avez divergé »
Le roi se mit en route avec les gens de sa ville en compagnie du jeune.
Lorsqu’ils se rapprochèrent de la caverne, il leur dit:
« Moi je rentre pour qu’ils n’aient pas peur. »
Il entra et leur apprit ce qui lui était arrivé en les tranquillisant sur le fait que Decius était mort et que le roi actuel était un vertueux. Ils s’en réjouirent et sortirent voir le roi, ils le saluèrent et il les salua puis ils revinrent à leur caverne. Lorsque ceux qui avaient douté au sujet de la résurrection des corps les avaient vus, ils abandonnèrent leur position et ils eurent pour croyance la vérité, que le rassemblement avait lieu avec l’âme et le corps ensemble.
Voilà le récit des compagnons de la caverne dont Allah a fait un rappel pour les gens, une leçon de morale et d’exhortation, une preuve de Son éminente toute-puissance et que rien ne Le rend incapable.
Ce récit met aussi en exergue les difficultés que, à toute époque, en certains lieux, les gens de la foi peuvent être amenés à connaître de la part de certains hommes, parmi ceux qui ne croient pas. Il montre comment ces hommes peuvent alors être sans pitié aucune et montrer une détermination sans faille à contraindre les croyants à abandonner leur foi.
L’histoire montre également que, malgré la faiblesse matérielle et sociale dans laquelle les croyants sincères se trouvent, l’aide de Dieu viendra sous une forme ou une autre, tôt ou tard, à eux ou aux générations de croyants qui les suivront et auxquelles le message sera parvenu grâce aux sacrifices de leurs prédécesseurs.
Il faut enfin retenir de cette histoire que la situation change, et si le croyant fait preuve de patience face à l’oppression que certains non croyants lui font subir à cause de sa foi, tôt ou tard un jour viendra où la situation s’améliorera et où les croyants pourront adorer Dieu sereinement ; à ce moment-là, et bien que lui ne sera peut-être plus de ce monde, le croyant qui sera resté stoïque quant à son époque la situation était très difficile aura sa part de récompense auprès de Dieu, car il aura contribué à la réalisation de cette situation de sérénité, en ayant gardé et en ayant transmis aux générations suivantes la foi pendant des temps difficiles.