Fleur Bleue

Des Femmes d’Exception : Fâtimah Az-Zahrâ’, La Resplendissante


Fâtimah (ra) était la cinquième enfant du Prophète Muhammad (saw) et de sa femme Khadija (ra). Elle naquit alors que son respecté père avait commencé à passer de longs moments de solitude dans les montagnes entourant Makka, méditant et réfléchissant aux grands mystères de la création.

C’était le moment, avant que le Prophète Muhammad (saw) ne commence à recevoir la Révélation, où sa sœur aînée, Zaynab, épousa son cousin Al-`Âs Ibn Ar-Rabî`ah. Puis suivit le mariage de ses deux autres sœurs, Ruqayyah et Umm Kulthum, avec les fils d’Abû Lahab, l’oncle paternel du Prophète (saw). Abû Lahab ainsi que sa femme Umm Jamil étaient devenus des ennemis jurés du Prophète (saw) au tout début de sa mission publique.

La petite Fâtimah (ra) vit alors ses sœurs quitter la maison l’une après l’autre pour vivre avec leurs époux. Elle était trop jeune pour comprendre la signification du mariage et les raisons pour lesquelles ses sœurs devaient quitter la maison. Elle les aimait beaucoup et fut triste et solitaire après leur départ. On dit qu’un certain mutisme et une douloureuse tristesse l’envahit alors.

Bien entendu, même après le mariage de ses sœurs, elle n’était pas seule dans la maison de ses parents. Baraka (voir l’article sur Baraka), l’esclave d’Amina, la mère du Prophète (saw), qui était avec le Prophète (saw) depuis sa naissance, Zayd ibn Harithah (ra) et `Alî (ra), le jeune fils d’Abû Talib faisaientt tous partie de la famille de Muhammad (saw) à cette époque. Et bien sûr, il y avait sa mère affectueuse, Khadija (ra).

En sa mère et en Baraka, Fâtimah (ra) trouva énormément de soulagement et de réconfort. En `Alî (ra), qui n’avait que deux ans de plus qu’elle, elle trouva un frère et un ami, qui d’une manière ou d’une autre prenait la place de son propre frère Al-Qâsim, mort en bas âge. Son autre frère, Abdullah, connu comme « le bon et le pur », qui naquit après elle, mourut également en bas âge. Pourtant dans aucune des personnes composant la famille de son père, Fâtimah (ra) ne trouva le plaisir insouciant et la joie qu’elle trouvait avec ses sœurs. Elle était une enfant exceptionnellement sensible pour son âge.

A l’âge de cinq ans, elle apprit que son père était devenu « Rasûl Allah », le Messager de Dieu.

Sa première obligation était de transmettre la bonne nouvelle de l’Islam à sa famille et à ses proches relations. Ils devaient adorer Dieu Tout Puissant Seul. Sa mère, qui était un puissant appui et soutien, expliqua à Fâtimah (ra) ce que son père devait faire. A partir de ce moment, elle devint plus étroitement liée à lui et éprouva un amour profond et durable pour lui. Souvent elle marchait à ses côtés, à travers les rues étroites et les sentiers de Makka, visitant la Ka’ba, s’occupant des secrètes réunions des premiers musulmans à avoir accepté l’islam et à avoir prêté allégeance au Prophète (saw).

Un jour, alors qu’elle n’avait pas encore dix ans, elle accompagna son père à la Masdjid al-Haram où il se tint en un endroit nommé al-Hijr, en face de la Ka’ba, et commença à prier. Fâtimah (ra) resta à ses côtés. Un groupe de Quraysh, avec de mauvaises intentions à l’égard du Prophète (saw), se réunirent autour de lui. Il y avait Abû Jahl ibn Hisham, l’oncle du Prophète (saw), Uqbah ibn Abi Mu`ayt, Umayyah Ibn Khalaf, ainsi que Shaybah et `Utbah, les fils de Rabi’ah. De façon menaçante, le groupe monta vers le Prophète (saw) et Abû Jahl, le meneur, demanda : « lequel d’entre vous peut apporter les entrailles d’un animal abattu et les jeter sur Muhammad ? »

`Uqbah Ibn Abi Mu`ayt, l’un des plus odieux du groupe, se porta volontaire et partit précipitamment. Il revint avec les ordures dégoûtantes et les jeta sur les épaules du Prophète (saw), alors qu’il était toujours prosterné. Abdullah Ibn Massoud, un compagnon du Prophète (saw), était présent mais il ne pouvait rien dire ou faire. Imaginez le sentiment de Fâtimah (ra), quand elle vit son père traité de la sorte. Que pouvait-elle faire, elle, une enfant de moins de dix ans ? Elle monta vers son père et lui retira les choses répugnantes puis elle se tint fermement et en colère devant le groupe de voyous Quraysh et lança des paroles blessantes contre eux. Ils ne lui dirent pas un seul mot. Le Prophète (saw) releva sa tête de la prosternation et continua à accomplir la salat. Puis il dit « Oh Allah ! Puisses-tu punir ces Quraysh ! » Et il répéta cette invocation trois fois. Puis il continua : « Puisses-tu punir `Utbah, `Uqbah, Abû Jahl et Shaybah » ceux qu’il nomma moururent quelques années plus tard à la bataille de Badr.

A une autre occasion, Fâtimah (ra) était avec le Prophète (saw) alors qu’il faisait le « Tawâf » autour de la Kabah. Une foule de Quraysh se réunit autour de lui, le saisirent et essayèrent de l’étrangler avec ses propres vêtements. Fâtimah (ra) cria et appela à l’aide. Abû Bakr (ra) accouru et réussit à libérer le (saw). Il implorait alors : « Tueriez-vous un homme qui dit : « Mon seigneur est Allah ». » Au lieu de baisser les bras, la foule se tourna vers Abû Bakr (ra) et commença à le battre jusqu’à ce que le sang coule de sa tête et de son visage.

Elle fut témoin de telles scènes de cruelle opposition et de harcèlement contre son père et les premiers musulmans. Elle ne se tenait pas sagement de côté mais se joignait à la lutte pour la défense de son père et de sa noble mission. Elle n’était encore qu’une jeune fille, et au lieu de gambader joyeusement, au lieu de la gaîté et l’entrain auxquels chaque enfant de son âge est et doit normalement être habitué, Fâtimah (ra) était témoin, et participait à de telles épreuves.

Bien sûr elle n’était pas la seule. Toute la famille du Prophète (saw) souffrait à cause des violents et stupides Quraysh. Ses sœurs, Ruqayyah et Um Kulthum souffraient également. Elles vivaient à ce moment dans un environnement de haine et de machination contre le Prophète (saw). Leurs maris étaient `Utbah et `Utaybah, les fils d’Abû Lahab et d’Um Jamil. Um Jamil était connue comme une femme dure et bourrue qui avait une langue acérée et mauvaise. C’était principalement à cause d’elle que Khadija (ra) n’était pas contente du mariage de ses filles avec les fils d’Umm Jamil. Cela dû être difficile pour Ruqayyah et Um Kulthum de faire partie de la famille de tels ennemis invétérés qui ne se joignaient pas seulement à la bataille contre leur père mais qui la menaient.

Comme un signe de déshonneur pour Muhammad (saw) et sa famille, Utbah et Utaybah furent poussés par leurs parents à répudier leurs femmes. Cela faisait partie du procédé pour bannir totalement le Prophète (saw). Le Prophète (saw) accueillit bien sûr ses filles, de retour à la maison, avec joie, bonheur et soulagement.

Sans aucun doute, Fâtimah (ra) se réjouit d’être à nouveau avec ses sœurs, elles souhaitaient toutes que leur sœur aînée, Zaynab, soit aussi répudiée par son mari. En fait, les Quraysh exerçait une pression sur Abû Al-Âs pour cela mais il refusa. Quand le meneur des Quraysh s’approcha de lui et lui promit la plus riche et la plus belle femme s’il répudiait Zaynab, il répondit :
« j’aime profondément et passionnément ma femme, et j’ai une grande estime pour son père, même si je n’ai pas embrassé l’islam. »

Ruqayyah et Um Kulthum étaient toutes deux heureuses d’être de retour auprès de leurs chers parents et d’être débarrassées de l’insupportable torture mentale dont elles faisaient l’objet chez Um Jamil. Peu de temps après, Ruqayyah se remaria, avec le jeune et timide Uthman Ibn Allan, l’un des premiers à avoir accepté l’islam. Ils partirent tous deux pour l’Abyssinie aux côtés des premiers « Muhâjirun » (émigrés) qui cherchèrent refuge dans ce pays et y restèrent plusieurs années.

Fâtimah (ra) ne revit plus Ruqayyah jusqu’après la mort de sa mère. La persécution du Prophète (saw), de sa famille et de ses compagnons continua et s’aggrava même après l’émigration des premiers « Muhâjirun » en Abyssinie. Lors de la septième année environ de sa mission, le Prophète (saw) et sa famille durent quitter leur maison et trouvèrent refuge dans une petite vallée accidentée entourée de tous côtés de pentes et de défilés, dont on ne pouvait entrer de Makka que par un étroit chemin.

Dans cette vallée aride, Muhammad et les clans de Banu Hashim et al-Muttalib furent forcés de se retirer avec peu de réserves de nourriture. Fâtimah (ra) était l’une des plus jeunes membres du clan, elle avait environ douze ans, et devait passer des mois dans les privations et les souffrances. Les lamentations d’enfants et de femmes affamés pouvaient être entendues depuis Makka. Les Quraysh ne permirent aucun approvisionnement en nourriture ni contact avec les musulmans, dont la privation était seulement soulagée durant la saison du pèlerinage. Le boycott dura trois ans. Quand il fut levé, le Prophète (saw) dut faire face à encore plus d’épreuves et de difficultés.

Khadija (ra), « la croyante et l’affectueuse », mourut peu après. Avec sa mort, le Prophète (saw) et sa famille perdirent une de leur plus grande source de réconfort et de force qui les avait soutenus à travers les moments difficiles. L’année pendant laquelle la noble Khadija (ra), puis ensuite Abû Talib, moururent, fut appelé l’année de la tristesse.

Fâtimah (ra) à présent une jeune fille, fut vivement attristée par la mort de sa mère. Elle pleura des larmes amères et pendant quelques temps fut si frappée par la douleur que sa santé se détériora. On craignit même qu’elle ne meure de chagrin.

Bien que sa sœur aînée, Um Kulthum, demeurait dans la même famille, Fâtimah (ra) réalisa qu’elle avait maintenant une grande responsabilité avec le décès de sa mère. Elle ressentait qu’elle devait donner à son père un soutien encore plus fort. Avec une tendresse affectueuse, elle se dévoua pour veiller à ses besoins. Elle fut si soucieuse par le bien-être de son père qu’on commença à l’appeler Um Abi-ha, la mère de son père. Elle lui apportait ainsi un soulagement et un réconfort pendant les moments d’épreuve, de difficulté et de crise.

Souvent les épreuves étaient trop pour elle. Une fois, à cette époque, une foule insolente amoncela de la poussière et de la terre sur la gracieuse tête de Muhammad (saw). Quand il rentra à la maison, elle pleura abondamment et essuya la poussière de la tête de son père. « Ne pleure pas » dit-il « Allah protège ton père » 

Le Prophète (saw) avait un profond amour pour Fâtimah (ra), il dit une fois :
« Quiconque plait à Fâtimah (ra) plait en réalité à Dieu, et quiconque cause sa colère cause en réalité celle de Dieu. Fâtimah (ra) est une partie de moi. Ce qui lui plait me plait aussi, et ce qui l’a met en colère me met aussi en colère. »

Il dit aussi :
« Les meilleures femmes au monde sont au nombre de quatre : la vierge Marie, Âsiyâ la femme de Pharaon, Khadija (ra) la mère des croyants, et Fâtimah (ra) la fille de Muhammad (saw). »

Fâtimah (ra) acquit ainsi une place d’amour et d’estime dans le cœur de son père, qui n’était occupé que par sa femme Khadija.

On donna à Fâtimah (ra) le titre de Az-Zahrâ’, ce qui signifie la Resplendissante, en rapport avec son visage radieux, qui semblait diffuser de la lumière. On dit que lorsqu’elle se levait pour la prière, le mihrab reflétait la lumière de son visage. On l’appelait aussi Al-Batûl, en raison de son ascèse. Au lieu de passer son temps en compagnie d’autres femmes, elle passait beaucoup de son temps en prière, à lire le Coran ou à d’autres actes d’adoration (`ibâda).

Fâtimah (ra) avait une forte ressemblance avec son père, le Messager de Dieu (saw).

A’ishah (ra), l’épouse du Prophète (saw) dit d’elle :
« Je n’ai jamais vu une créature de Dieu qui ressemblait davantage au Messager de Dieu (saw) dans son langage, sa conversation et sa façon de s’asseoir que Fâtimah (ra). »

Quand le Prophète (saw) la voyait s’approcher, il l’accueillait, se levait et l’embrassait, la prenait par la main et la faisait asseoir à l’endroit où il était assis. Elle faisait de même quand le Prophète (saw) venait vers elle. Elle se levait, l’accueillait avec joie et l’embrassait.

Les bonnes manières de Fâtimah (ra), son doux langage, faisaient partie de sa ravissante et sympathique personnalité. Elle était particulièrement gentille avec les pauvres et les nécessiteux, et donnait souvent toute la nourriture qu’elle avait à quelqu’un qui se trouvait dans le besoin même si elle-même restait sur sa faim. Elle n’avait aucun amour pour les ornements, ni pour le luxe et le confort de la vie. Elle vivait simplement, bien que, parfois, comme nous le verrons, les circonstances étaient vraiment trop éprouvantes et trop difficiles pour elle.

Elle a hérité de son père une éloquence convaincante, puisée dans la sagesse. Quand elle parlait, les gens étaient souvent émus aux larmes. Elle avait la capacité et la sincérité pour créer des émotions, émouvoir les gens aux larmes, et emplir leur cœur de louange et de gratitude pour Dieu pour ses faveurs et sa générosité inestimable.

Fâtimah (ra) émigra à Médine quelques semaines après le Prophète (saw). Elle y alla avec Zayd ibn Harithah, qui fut renvoyé par le Prophète à Makka pour amener le reste de la famille, dont Fâtimah (ra) et Umm Kulthum, Sawdah, la femme du Prophète (saw), la femme de Zayd, Barakah et son fils Usâmah.

Pour voyager avec le groupe il y avait également Abdullah le fils d’Abû Bakr, qui accompagnait sa mère et ses sœurs, Aishah et Asmâ’.

A Médine, Fâtimah (ra) vivait avec son père dans la simple demeure qu’il avait construite, jouxtant la mosquée. En l’an 2 de l’Hégire, elle reçut des propositions de mariage par l’intermédiaire de son père, dont deux furent rejetées. `Ali (ra), le fils d’Abû Talib, rassembla alors son courage et vint demander sa main au Prophète (saw).

En présence du Prophète (saw) pourtant, il se laissa intimider et perdit sa langue. Il ne quitta pas le sol des yeux et ne put dire un mot. Le Prophète (saw) lui demanda alors :
« Pourquoi es-tu venu ? As-tu besoin de quelque chose ? » `Alî (ra) ne pouvait toujours pas parler alors le Prophète (saw) suggéra : « Peut-être es-tu venu pour demander Fâtimah (ra) en mariage ? » « Oui » répondit `Alî (ra).

Selon ce qu’on rapporte, le Prophète (saw) dit simplement : « Marhaban wa ahlan- Bienvenue dans la famille » et cela fut pris comme l’approbation du Prophète (saw) par `Alî (ra) et par les Ansars qui l’attendaient dehors.

On rapporte aussi que le Prophète (saw) approuva et demanda à `Alî (ra) s’il avait quelque chose à donner en dot. `Alî (ra) répondit que non. Le Prophète (saw) lui rappela qu’il avait un bouclier qu’il pouvait vendre.
Ali (ra) vendit le bouclier à Uthman pour quatre dirhams et pendant qu’il se dépêchait de retourner chez le Prophète (saw) pour lui remettre la dot, Uthman l’arrêta et lui dit :
« Je te rends ton bouclier comme cadeau de ma part pour ton mariage avec Fâtimah (ra) ».
Fâtimah (ra) et `Alî (ra) se marièrent donc probablement au début de l’an 2 de l’Hégire. Elle avait environ 19 ans à ce moment, et `Alî (ra) en avait environ 21. Le Prophète (saw) lui-même dirigea la cérémonie du mariage.

Pour le « Walîmah », on servit aux invités des dattes, des figues et une mixture de dattes et de beurre gras appelé hais. Un membre dirigeant des Ansars offrit un bélier et d’autres firent des dons de céréales. Tout Médine se réjouit.

Pour son mariage, on rapporte que le Prophète (saw) offrit à Fâtimah (ra) et à `Alî un lit de bois entrelacé de feuilles de palmes, une couverture de lit en velours, un coussin en cuir rempli de fibres de palmes, une peau de mouton, une marmite, une outre en peau et une meule manuelle pour moudre le grain.

Fâtimah (ra) quitta pour la première fois la maison de son bien-aimé père pour vivre avec son mari. Le Prophète (saw) était clairement inquiet à son sujet et envoya Baraka avec elle au cas où elle aurait besoin d’aide. Aucun doute que Baraka était source de réconfort et de consolation pour elle. Le Prophète (saw) pria pour elle :
« O Allah, bénit les tous deux, bénit leur maison et bénit leur descendance ». Dans l’humble demeure d’Ali (ra), il y avait seulement une peau de mouton en guise de lit. Le matin qui suivit la nuit de noces, le Prophète (saw) vint chez `Alî et toqua à la porte. Baraka sortit et le Prophète (saw) lui dit : « O Um Ayman ? Appelle mon frère pour moi »
« Ton frère ? C’est celui à qui tu as marié ta fille ? »
demanda Baraka de façon quelque peu dubitative comme si elle se demandait : « Pourquoi le Prophète (saw) appelle `Alî (ra) son frère ? »

Il faisait référence à `Alî (ra) comme son frère seulement parce que faisant partie des musulmans qui se joignirent à la fraternité après l’hijrah, le Prophète (saw) et `Alî (ra) était donc liés comme des frères.

Le Prophète (saw) répéta ce qu’il venait de dire à plus haute voix. `Alî (ra) vint et le Prophète (saw) fit une du’â, invoquant les bénédictions de Dieu sur lui.

Puis il demanda Fâtimah (ra). Elle arriva se faisant presque toute petite, dans un mélange de respect et de timidité et le Prophète (saw) lui dit :
« Je t’ai marié à la personne de ma famille qui m’est le plus cher », de cette façon il cherchait à la rassurer. Elle ne commençait pas à vivre avec un parfait étranger mais avec quelqu’un qui avait grandi dans la même famille, qui était l’un des premiers à être devenu musulman à un jeune âge, qui était connu pour son courage, sa bravoure et sa moralité, et que le Prophète (saw) décrivait comme « son frère dans ce monde et dans l’au-delà ».

La vie de Fâtimah (ra) avec `Alî fut aussi simple et sobre qu’elle l’avait été chez son père. En fait, en ce qui concerne le confort matériel, c’était une vie de difficultés et de privations. Durant leur vie commune, `Alî resta pauvre car il n’attachait que peu d’importance aux richesses matérielles.

Fâtimah (ra) était la seule parmi ses sœurs à ne pas avoir épouser un homme riche.

En fait, on pourrait dire que la vie de Fâtimah (ra) avec `Alî était même plus rigoureuse que celle qu’elle eut chez son père. Au moins, avant le mariage, il y avait toujours dans la famille du Prophète (saw) une quantité de mains prêtes à aider. Mais maintenant elle devait faire face seule, de fait.

Pour soulager leur pauvreté extrême, `Alî travaillait comme peintre et porteur d’eau et elle comme broyeuse de céréales. Un jour elle dit à `Alî :
« J’ai moulu jusqu’à ce que mes mains se couvrent de cloques. »
« J’ai puisé de l’eau jusqu’à en avoir mal à la poitrine »
répliqua `Alî.
Celui-ci suggéra à Fâtimah (ra) : « Dieu a donné à ton père quelques prisonniers de guerre, va lui demander de te donner un esclave ».
A contrecœur, elle alla chez le Prophète (saw) qui lui dit : « qu’est-ce qui t’amène ici, ma petite fille ? »
« Je suis venue te donner le Salam » dit-elle de peur qu’il ne puisse lui donner ce qu’elle avait l’intention de demander.
« Que faisais-tu ? » demanda `Ali lorsqu’elle repartit seule.
« J’avais honte de lui demander » dit-elle. Alors tous deux vinrent ensemble mais le Prophète (saw) sentit qu’ils étaient moins dans le besoin que d’autres.
« Je ne vais pas vous le donner » dit-il, « et laisser les Ahl as-Suffah (pauvres musulmans restés dans la mosquée) tourmentés par la faim. Je n’ai pas assez pour leur nourriture… ».

Ali et Fâtimah (ra) rentrèrent chez eux, et se sentirent quelque peu découragés mais cette nuit, après qu’ils soient allés se coucher, ils entendirent la voix du Prophète (saw) leur demandant la permission d’entrer. Pour l’accueillir, ils se levèrent, mais le Prophète (saw) leur dit :
« Restez où vous êtes » et il s’assit à côté d’eux « Ne vous indiquerais-je pas quelque chose de meilleur que ce que vous êtes venus me demander ? » demanda-t-il et ils lui dirent « Si », il dit : « Les mots que Jibril m’a enseignés, que vous pouvez dire : « Soubhana Allah » dix fois après la prière, et dix fois « AI hamdou lillah » et dix fois « Allahou Akbar ». Et ceci, avant de dormir, il faut que vous le disiez 33 fois chacun. »
Ali   dit plus tard : « je n’ai jamais manqué de le faire depuis que le Messager de Dieu (saw) nous l’a enseigné »

Il existe plusieurs récits sur les temps durs et difficiles auxquels Fâtimah (ra) a dû faire face. Il n’y avait souvent aucune nourriture chez elle. Une fois, le Prophète (saw) était affamé. Il alla de l’un à l’autre des appartements de ses femmes mais il n’y avait pas de nourriture. Il alla alors chez Fâtimah (ra), et elle n’avait pas non plus de nourriture. Quand il trouva en fin de compte de la nourriture,
il envoya deux miches de pain et un morceau de viande à Fâtimah (ra). Une autre fois il alla chez Abû Ayyub al-Ansari et de la nourriture qui lui fut donnée, il en garda pour elle. Fâtimah (ra) savait aussi quand le Prophète (saw) n’avait pas de nourriture pendant de longues périodes, et en retour elle lui en apportait quand elle le pouvait. Une fois, elle lui donna un morceau de pain d’orge, et il lui dit « c’est la première nourriture que ton père a mangée depuis trois jours ».

Par ces actes de bonté, elle montrait combien elle aimait son père et il l’aimait vraiment en retour.

Un jour, il revenait d’un voyage hors de Médine. Il se rendit d’abord à la mosquée et pria deux rackat comme de coutume. Puis, comme il le faisait souvent, il se rendit chez Fâtimah (ra) avant d’aller chez ses femmes. Fâtimah (ra)l’accueillit et embrassa son visage, sa bouche et ses yeux et pleura.
« Pourquoi pleures-tu ? » demanda le Prophète (saw).
« Je te vois, O Rasûl Allah, ton teint est pâle et jaune et tes habits sont devenus usés et élimés » « O Fâtimah » répondit le Prophète tendrement « Ne pleure pas car Allah a envoyé ton père avec une mission qui touchera chaque maison sur la surface de la terre, que ce soit dans les villes, les villages ou les campements du désert apportant soit la gloire soit l’humiliation jusqu’à ce que cette mission soit accomplie avant que la nuit ne tombe inévitablement. »


Avec de telles observations, Fâtimah (ra) était souvent amenée de la dure réalité de la vie quotidienne à un aperçu des perspectives immenses et de grande portée ouvertes par la mission dont était investi son noble père.

Fâtimah (ra) retourna par la suite vivre dans une maison proche de celle du Prophète (saw). L’endroit fut offert par un Ansari qui savait que le Prophète (saw) se réjouirait d’avoir sa fille comme voisine. Tous les deux partageaient le quotidien mouvementé de la vie à Médine, aussi bien dans la joie et la réussite que dans la peine et la difficulté.

Au milieu de la seconde année suivant la Hijrah sa sœur Ruqayyah tomba malade : Elle fut prise par la fièvre et la rougeole. Ce fut peu de temps avant la bataille de Badr. Uthman (ra), son mari, resta à ses côtés et manqua la bataille. Ruqayyah mourut juste avant le retour de son père. De retour à Médine, un des premières choses qu’il fit fut de se rendre sur sa tombe.

Fâtimah (ra) y alla avec lui. C’était la première perte qu’ils subirent au sein de leur proche famille depuis la mort de Khadija (ra). Fâtimah (ra) fut énormément touchée par la mort de sa sœur. Les larmes coulèrent de ses yeux dès qu’elle s’assit à côté de son père sur le bord de la tombe, et il la consola et chercha à sécher ses larmes avec le coin de son manteau.

Le Prophète  (saw) avait auparavant parlé des lamentations de la mort, mais cela avait amené un malentendu et quand il revinrent du cimetière, la voix d’Umar (ra) en colère fut entendue, contre les femmes qui pleuraient pour les martyrs
de Badr et pour Ruqayyah. « Umar laisse-les pleurer » dit le Prophète Muhammad (saw) et il ajouta : « Ce qui vient du cœur et des yeux, cela vient d’Allah et de sa miséricorde, mais ce qui vient des mains et de la langue, cela vient de Satan » — par « les mains », il faisait allusion au fait de se frapper la poitrine et de se gifler les joues et par « la langue », aux cris en cœur lancés par les femmes, comme une marque publique de sympathie.

Uthman (ra) épousa plus tard l’autre fille du Prophète (saw), Um Kulthum (ra), et de ce fait devint le Dhun Nurayn : l’homme aux deux lumières.

La perte dont souffrit la famille avec la mort de Ruqayyah (ra) fut suivie par la joie quand, au grand plaisir de tous les croyants, Fâtimah (ra) donna naissance à un garçon au mois de Ramadan de la troisième année après l’hégire. Le Prophète (saw) prononça l’adhân dans l’oreille du nouveau-né et l’appela Al-Hasan, ce qui signifie le beau.

Un an plus tard elle donna naissance à un autre garçon, qui fut appelé Al-Husayn, ce qui signifie le petit Hassan ou ’le petit beau’.

Fâtimah (ra) emmenait souvent ses deux fils voir leur grand-père qui les aimait excessivement. Plus tard il les emmenait à la Mosquée et ils grimpaient sur son dos quand il se prosternait. Il fit de même avec sa petite-fille, Umamah, la fille de Zaynab.

Huit ans après l’hégire, Fâtimah (ra) donna naissance à un troisième enfant, une fille qu’elle nomma comme sa sœur aînée Zaynab, qui était décédée peu avant sa naissance. Cette Zaynab grandit et fut l’héroïne de Karbala. Le quatrième enfant de Fâtimah (ra) naquit l’année d’ensuite. L’enfant était aussi une fille et elle l’appela Um Kulthum comme sa sœur qui mourut l’année précédente d’une maladie.

Ce fut seulement par la progéniture de Fâtimah (ra) que la descendance du Prophète (saw) fut perpétuée. Tous les enfants mâles du Prophète (saw) étaient morts en bas âge et les deux enfants de Zaynab, `Ali et Umamah, moururent jeunes. L’enfant de Ruqayyah, Abdullah, mourut aussi alors qu’il n’avait pas deux ans. Cela était une raison supplémentaire à l’admiration accordée par le Prophète (saw) pour Fâtimah (ra).

Bien que Fâtimah (ra) était souvent occupée avec les grossesses, les naissances, et l’éducation des enfants, elle prenait part autant qu’il lui était possible aux affaires de la communauté musulmane grandissante de Médine

Avant son mariage elle était une sorte d’hôtesse pour les pauvres et les démunis d’Ahl as-Suffah. Dès la fin de la bataille d’Uhud, elle vint avec d’autres femmes sur le champ de bataille, pleura les martyrs morts et prit le temps de panser les blessures de son père. Au cours de la bataille des tranchées, elle joua un rôle majeur de soutien avec d’autres femmes en préparant à manger durant le long et difficile siège. Dans son camp, elle menait la prière des femmes musulmanes et à cet endroit on construisit une mosquée appelée Masdjid Fâtimah (ra), une des sept mosquées où les musulmans étaient de garde et accomplissaient leurs adorations.

Fâtimah (ra) accompagna aussi le Prophète (saw) quand il fit la Umra au cours de la 6ème année de l’Hégire, après le traité d’Hudaybiyah.
L’année qui suivit, elle et sa sœur Um Kulthum furent parmi la foule nombreuse de musulmans qui participèrent avec le Prophète (saw) à la libération de Makka.

On rapporte qu’en cette occasion, Fâtimah (ra) et Um Kulthum (ra) visitèrent la maison de leur mère Khadija (ra), se rappelèrent les souvenirs de leur enfance et de leur jihad, des longs combats dans les 1ères années de mission du Prophète (saw).

Au cours de Ramadan de la 10ème année, juste avant qu’il n’accomplisse son pèlerinage d’adieu, le Prophète (saw) confia à Fâtimah (ra) un secret révélé à personne jusqu’alors :
« Jibril me récitait le Coran et je le lui récitais une fois par an, mais cette année il l’a récité avec moi deux fois. Je suis bien forcé de croire que mon temps est venu. »

De retour de son pèlerinage d’adieu, le Prophète (saw) tomba gravement malade. Il passa ses derniers jours dans l’appartement de sa femme A’ishah (ra). Quand Fâtimah (ra) venait lui rendre visite, A’ishah (ra) laissait le père et sa fille seuls ensemble.

Un jour il appela Fâtimah (ra)… quand elle vint il l’embrassa et murmura quelques mots dans son oreille. Elle pleura. Alors il murmura à nouveau dans son oreille et elle sourit. A’ishah (ra) vit cela et demanda : « tu pleures et tu ris en même temps Fâtimah (ra)? Que t’a dit le Messager de Dieu (saw)? »
« Il me dit d’abord qu’il allait rencontrer son Seigneur dans un court instant et j’ai pleuré. » Il me dit alors : « Ne pleure pas tu seras la 1ère de ma maison à me rejoindre et là j’ai souris. »

Peu de temps après, le Noble Prophète (saw) décéda. Fâtimah (ra) était frappée de chagrin et on la vit souvent pleurer abondamment. Un des compagnons nota qu’il ne vit plus Fâtimah (ra) rire après la mort de son père.

Un matin, tôt, au cours du mois de Ramadan, 5 mois seulement après la mort du Prophète (saw), Fâtimah (ra) se réveilla semblant exceptionnellement heureuse et pleine de gaieté. L’après-midi, on rapporte qu’elle appela Salma bint Umays (ra) qui veillait sur elle. Elle demanda de l’eau et prit un bain. Elle mit alors de nouveaux habits et se parfuma. Elle demanda ensuite à Salma de mettre son lit dans la cour de la maison. Le visage tourné vers le ciel au-dessus, elle demanda son mari `Ali (ra).

Il fut surpris de la voir étendue au milieu de la cour et lui demanda ce qui n’allait pas. Elle sourit et dit : « j’ai rendez-vous aujourd’hui avec le Messager de Dieu (saw) »

Ali (ra) pleura et elle essaya de le consoler. Elle lui dit de prendre soin de ses fils Al-Hasan et Al-Husayn et demanda à être enterrée sans cérémonie. Elle fixa à nouveau le ciel, puis ferma les yeux et rendit l’âme.
Fâtimah (ra) la resplendissante n’avait que 29 ans.
Qu’Allah l’agrée. Amine.

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