Ne pas innover dans la religion
Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection
Les mots à connaitre :
ah-datha: littéralement innover. Il faut le comprendre, dans ce hadith, comme innovation dans les règles cultuelles établies par Dieu et Son Prophète (saw).
Amrinâ : dans notre affaire, comprendre la religion musulmane.
Radd : Litteralement rejeté, mardûd.
Sens Global du Hadith
Les savants considéraient deux grands domaines : le rituel ( ‘ibâdât) et le relationnel (mu ‘âmalât).
Les innovations ainsi blâmées dans ce hadith sont celles touchant le domaine cultuel ( ‘ibâdât).
En effet, ce domaine est régi par le premier principe : « Tout est interdit sauf ce que permet le Législateur », c est-a-dire Dieu et Son prophète Muhammad (saw).
Au sens où on ne peut adorer Dieu que comme Il le désire et nous l’a fait savoir à travers l’enseignement prophétique.
L’imam Shâtibî tient à préciser que ce qui est interdit comme innovation est ce qui a pour vocation de concurrencer les enseignements prophétiques dans ce domaine. Ainsi, d’autres façons de prier, de jeûner, d’accomplir le Hajj, ajouter ou retrancher à l’enseignement prophétique constituent des « innovations » blâmables, et sont donc rejetées.
Le deuxième domaine, le relationnel (mu’âmalât), est régi par le second principe : « Tout est permis sauf ce qui est interdit par le Législateur », au sens où c’est l’interdiction qui doit être prouvée, non l’inverse. Il faut cependant en exclure le sous-domaine des relations maritales qui est régi par le premier principe.
Commentaire
Contre toute dénaturation de la Religion
Ce hadith constitue ainsi un rempart fortifié contre toute dénaturation de l’essence de la religion, à savoir rendre le culte à Dieu de la façon qu’Il veut. C’est l’application scrupuleuse de ce hadith qui a permis la sauvegarde du culte musulman dans sa pureté originelle jusqu’à aujourd’hui.
Les innovations « dans la religion » peuvent revêtir différentes formes:
• S’astreindre à des pratiques et leur donner un aspect cultuel. Tel l’exemple de cette personne qui pensait que la pénibilité et la dureté étaient recherchées par l’Islam et qui s’était astreinte à jeûner et se placer debout sous le soleil sans aucune protection, sans parler à personne ! Le Prophète (saw) ayant vu cet homme et s’étant informé sur lui, dit :
« Qu’il parle, qu’il se mette à l’ombre, qu’il ne reste pas debout et qu’il termine son jeûne. »
(Rapporté par Bukhâri et Ibn Maja)
• S’astreindre à des pratiques cultuelles, permises par ailleurs, mais interdites en certaines occasions, comme celui qui voudrait jeûner le jour de l’Aïd.
• Ajouter ou retrancher des éléments de culte instaurés par les textes coraniques et prophétiques, comme ajouter un cycle de prière (rak’ât), ou décider de donner moins que les 2.5% de sa fortune pour la zakât. Ou décider de ne plus se purifier pour effectuer la prière …
Innovation Permise
Cependant, il ne faudrait pas comprendre ce hadith dans le sens opposé à son enseignement, à savoir interdire toute innovation dans le domaine hors cultuel. L’interpréter ainsi reviendrait à s’opposer au sens compris par les compagnons du prophète Muhammad (saw) et les savants tous unanimement reconnus. Ainsi ‘Umar a « innové » en créant la prison, en utilisant le « diwân », en règlementant la solde des troupes et des permissions régulières, en instituant une allocation familiale pour les familles démunies, en instituant un conseil de consultation pour le gouvernant, en instituant une commission pour choisir et faire élire le nouveau gouvernant, de rassembler les croyants autour de la prière nocturne des tarâwîh du ramadan …
De même Abû Bakr, premier calife, a « innové » en compilant le Coran. Ainsi que le troisième calife ‘Uthmân qui a institué la première vulgate du Coran à partir de la compilation faite par Abû Bakr, qui a institué le deuxième âdhân (appel à la prière) du vendredi et ainsi de suite.
La saine compréhension de ce hadith ne s’est pas opposée à la création de nouvelles sciences par les générations des savants depuis 14 siècles. C’est donc dans le domaine de la croyance, du culte rendu à Dieu l’Unique qu’il faut comprendre ce hadith.
Intention et Actions
Il est à remarquer que la bonne intention ne saurait justifier une innovation dans ce domaine. Ainsi sont considérés comme innovations rejetées les cultes rendus aux saints dans leurs tombes, ou l’invention de nouvelles formes d’adoration, ou l’abandon de certaines formes d’adorations prescrites par Dieu dans Son Livre Saint, et le Prophète dans ses enseignements.
Autant le hadith sur l’intention peut être considéré comme l’étalon de mesure des actions dans l’intimité des cœurs de chacun, autant ce hadith est considéré comme l’étalon de mesure des actes cultuels extérieurs. Car tout acte est constitué de deux parties : l’intention en vertu de laquelle on procède à cet acte, et sa forme extérieure.
Pour qu’un acte soit agréé, il faut donc que son aspect intérieur (intention) ainsi que son aspect extérieur soient conformes à la volonté divine dans son orientation et sa forme.
Notre Prophète (saw) n’a pas dit seulement : « Les actions ne valent que par leurs intentions. »
Il a dit encore : « Tout acte non conforme à la Loi est rejeté. »
Ceci est donc la preuve que la bonne conduite ne consiste ni dans la bonté de la seule intention, ni seulement dans l’exactitude de l’action, mais dans la conjonction de la forme et du fond dont l’un ne saurait se dispenser de l’autre.
Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.