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Le Hadith de Jabir


Jabir ibn Abdillah était le fils d’un célèbre combattant, Abdullah ibn Haram. Jabir était un Ansar, et accepta l’islam alors qu’il était encore un jeune garçon. Il eut la bénédiction de participer au Traité d’Aqaba et vécu très longtemps. Cela permit à Jabir de devenir l’un des plus grands narrateurs de hadiths, dont le nom figure parmi les cinq compagnons ayant rapporté le plus de hadiths.

Jabir se maria jeune – il avait peut-être dix-sept ans lorsqu’il se maria. Son mariage eu lieu très peu de temps après que son père mourut en martyr lors de la bataille de Uhud. Son histoire est racontée dans la plupart des livres de hadiths, y compris les deux Sahihs:

Jabir ibn Abdullah raconta qu’il était une fois parti en expédition avec le Prophète (saw). Sur le chemin de retour, dès qu’ils furent aux portes de Médine, il accéléra sa monture. Le prophète (saw) lui demanda pourquoi il était aussi pressé de rentrer chez lui. Jabir répliqua :
« Je viens de me marier ! ».
Le prophète (saw) lui demanda :
« à une femme âgée ou une jeune femme ? » (En arabe on pourrait également comprendre « A une veuve ou une vierge ? »).
Ce à quoi il répondit : « à une veuve »
Le Prophète (saw) dit :
« Mais pourquoi n’as-tu pas épousé une jeune fille afin de pouvoir jouer avec elle et qu’elle puisse jouer avec toi, et que tu pourrais faire rire et qui t’aurait fait rire ? »
Il dit : « Ô messager d’Allah ! Mon père est mort en martyr à Uhud, et a laissé derrière lui des filles ; Je n’ai donc pas voulu épouser une jeune fille comme elles, mais plutôt une femme d’âge mûr qui pourra s’occuper d’elles et les surveiller»
Le Prophète (saw) lui répondit : « Tu as fait le bon choix… »

Ceci constitue une partie d’un hadith beaucoup plus long, connu sous le nom du « Hadith de Jabir ». C’est un hadith plein de leçons, et en fait nombre de thèses ont été écrites par nos savants sur ce seul hadith. Certaines des leçons découlant de la partie citée plus haut sont les suivantes :

– La franchise de la question du Prophète (saw). Il encourage Jabir à trouver une femme avec qui il peut jouer, et veut qu’ils profitent l’un de l’autre. Ceci montre clairement que l’un des principaux objectifs du mariage est la satisfaction des deux partenaires.

– La connotation sexuelle des jeux est clairement sous-entendue, sans aucune allusion directe. Ce hadith ainsi que beaucoup d’autres références, montrent que le Coran et la Sunna évoquent la sexualité de façon directe et franche, mais jamais vulgaire. Ce qui doit être notre attitude et notre façon de parler également.

Le célèbre commentateur du Sahih al Boukhâri, al-Hafidh Ibn Hajjar, précisa qu’il existe plusieurs versions de ce hadith. Dans une version authentique, le hadith dit après que Jabir eut précisé qu’il avait épousé une femme âgée :
« Pourquoi t’es-tu détourné d’une jeune fille et de sa salive ? »


Leçons :

– Une fois encore, nous sommes frappés par la franchise des paroles prophétiques. Les mots « jouer » et « rire » indiquent clairement que ce qui est encouragé ici, c’est la romance dans le couple, les préliminaires et en général le fait de s’amuser l’un avec l’autre. Il serait bénéfique pour nous de comparer la franchise de notre Prophète à la culture islamique ultra réservée que nous trouvons autour de nous, dans laquelle les mots « amour » et « romance » sont considérés comme des mots vulgaires qui ne devraient jamais être prononcés en public !

– Cette compréhension est d’avantage renforcée par l’étude de la vie de notre Prophète (saw). Dans tous les sens du terme, il était un mari aimant, attentionné, doux, et compatissant envers ses femmes. Il est même vrai et plus juste de dire qu’il était romantique avec ses femmes de la façon la plus idéale et la plus noble.

– La variante du hadith (mentionnant la salive d’une jeune fille) est expliquée par Ibn Hajjar et al-Qourtoubi comme une référence au fait d’embrasser les lèvres et sucer la langue. En d’autres termes, on se réfère ici à un baiser passionné – le préliminaire idéal !

L’attitude de l’Islam envers la sexualité est complètement à l’opposé de celui de nombreux penseurs Chrétiens. St. Augustin (d. 430), qui est peut-être le théologien le plus influent de la première époque du Christianisme, considérait la sexualité comme étant quelque chose de dégoûtant dont il fallait avoir honte et dont il fallait culpabiliser. Ses écrits eurent un profond impact sur toutes les notions chrétiennes de la sexualité (et furent utilisées pour justifier l’interdiction du mariage pour les prêtres). C’est pour cette raison que, jusqu’à nos jours, les chrétiens non religieux sont étonnés par l’attitude de l’Islam vis-à-vis de la sexualité. C’est en grande partie à cause de telles notions que l’Islam a été perçu par beaucoup d’occidentaux comme une religion « libertine ». Les hadiths tels que celui de Jabir font l’objet de moqueries et sont tournés en ridicule (un commentaire sur un site web dit ceci :
« Comment un prophète de Dieu peut-il commander à ses disciples de prendre du plaisir avec leurs femmes ? »)

Ce choc découle de la pensée augustinienne pour laquelle la sexualité est un mal en elle-même. Nous devons tenir compte de ces fondements psychologiques lorsque nous discutons de l’islam avec les autres. Pour nous musulmans, le désir sexuel en lui-même n’est jamais associé au mal. Ce n’est que son mauvais usage et son abus qui est mal. La sexualité est plutôt mentionnée assez clairement dans le Coran comme étant une bénédiction d’Allah dont les conjoints peuvent entièrement tirer profit.

Jabir raconte :
« Alors que nous étions sur le point d’entrer dans la ville, le Prophète (saw) me dit :
« Ralentis, et rentre la nuit, afin que celle qui ne s’est pas peignée se peigne les cheveux, et que celle qui ne s’est pas rasé les parties intimes, puisse se raser les parties intimes » Puis il me dit :« Quand tu iras vers elle, sois doux et prévenant. »
(Rapporté par al-Boukhâri et Muslim)


Leçons :

– Le Prophète (saw) ne voulait pas que Jabir surprenne sa femme. A une époque où il n’existait ni téléphones mobiles ni autres moyens d’informer la famille du retour du voyageur, le Prophète (saw) envoyait un crieur dans la ville qui annonçait le retour de la caravane. Il demanda ainsi à Jabir d’attendre ce crieur avant d’entrer dans la ville.

– Nous apprenons que les époux doivent s’embellir physiquement l’un pour l’autre. Se peigner les cheveux est une manière de s’embellir et toute chose amplifiant la beauté et l’élégance d’un des conjoints devant l’autre est à encourager. Le Prophète (saw) dit à l’impatient Jabir, qu’il était mieux pour lui de retarder son arrivée afin que sa femme se prépare pour lui.

– Le commandement explicite de se raser le pubis est une phrase remarquable! Nous savons tous que cela fait partie de notre tradition islamique de se raser le pubis. Il est dit au mari d’être patient afin que sa femme puisse embellir ses parties privées dans le but d’accroître le plaisir esthétique ainsi que la satisfaction sexuelle. Les deux conjoints doivent s’assurer qu’ils sont séduisants, même au niveau de leurs parties intimes !

– Une fois de plus, nous voyons la franchise des traditions prophétiques, ainsi que l’encouragement à profiter des relations intimes dans le mariage. Regardez comme cela contraste avec les attitudes ultra conservatrices et prédominantes dans nombres de pays musulmans. C’est comme si certains musulmans voulaient être ‘plus stricts’ que le Prophète (saw) lui-même !

Le hadith de Jabir comporte beaucoup d’autres leçons dont nous allons discuter dans les lignes qui suivent.


Leçons :

– Nous avons traduit la dernière phrase du hadith par : « … Sois doux et prévenant. ». Le Texte arabe est: « fa-l-kayyis al-kayyis », et la répétition ici a pour but de mettre l’emphase sur ce mot. Le premier sens du mot « kayyis » est la sagesse, mais il a aussi une connotation de douceur. Les savants ont compris cette phrase dans le sens que Jabir doit approcher sa femme de façon douce et sage.

– Le fait que le Prophète (saw) enseigne à Jabir ce qu’il faut faire dans un moment pareil montre qu’il a enseigné à sa Ummah même des choses aussi personnelles. Dans un hadith, concernant l’étiquette à avoir dans les toilettes, le Prophète (saw) a dit :
« Je suis pour vous comme un père, et je vous enseigne comme le fait un père… »
(Rapporté par Abu Daoud)

Etant donné que Jabir n’avait pas de grands frères, et que son père était décédé, le Prophète (saw) prit cette responsabilité, et lui donna des conseils jusque sur son comportement sexuel.

Nous pouvons en déduire que les savants doivent également ne pas être timides quand il s’agit d’enseigner aux musulmans leur comportement au sein du couple, lorsque le besoin se fait ressentir.

– L’imam Al-Boukhâri, Ibn Khuzayma et Ibn Hibbân ont tous rapporté ces propos, et ont tous compris qu’ils faisaient référence aux rapports intimes. Une fois de plus, les paroles sont directes sans être vulgaires.

– Ce qui est sous-entendu par « Al Kayyis », est que Jabir doit agir de manière sage ; Il a été absent pendant un certain temps et il venait juste de se marier. Par conséquent, les deux conjoints se manquent l’un à l’autre, et c’est un signe de sagesse qu’ils se satisfassent et qu’ils ne retardent pas inutilement cela. Il y a aussi une connotation de douceur; Jabir doit se rendre compte qu’il est un homme jeune, et qu’il ne doit donc pas agir d’une manière qui pourrait faire du mal à sa femme.

Le hadith de Jabir contient beaucoup d’autres leçons dans plusieurs autres domaines du Fiqh. Néanmoins, en ce qui nous concerne, nous pouvons en tirer de ce hadith beaucoup de leçons dans le domaine de la sexualité en islam.

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