Rappels Islamiques

La Crainte – « Al Khawf »


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection


Qu’est-ce que la Crainte ?

Le Shaykh Al-Islâm Ibn al-Qayyim dit, dans son Madârij as-Sâlikîn, au sujet de la crainte (al-khawf) :

« Il faut dire que les mots arabes wajal, khawf, khashyah, rahbah qui connotent tous le sens de la peur et de la crainte sont des termes proches quant au sens, mais ils ne sont pas synonymes. Par exemple, si al-khawf est un terme général qui désigne la peur, al-khashyah est plus spécifique. Elle s’applique surtout à la crainte d’Allah par les savants. Allah a dit :
« …Parmi les serviteurs d’Allah, les savants sont seuls à Le craindre… »
(Coran 35 Verset 28)

Donc c’est une crainte à laquelle se mêle connaissance. Le Prophète (saw) a dit : « Je suis, d’entre vous, celui qui est le plus pieux devant Allah et celui qui Le craint le plus. »

Quant à la rahbah, c’est la crainte doublée d’application à fuir ce qui est mauvais. En ce sens, elle est le contraire d’al-raghbah (le désir et l’aspiration) qui est le transport du cœur vers ce qu’il désire.
Quant au wajal, c’est le trouble du cœur et son ébranlement à l’évocation de Celui qu’il craint.
Et la haybah, c’est une crainte mêlée d’estime et de vénération. Elle est souvent inspirée par l’amour et la connaissance. ».

Quant à lui, Abou Hâmid Al-Ghazâlî dit dans Crainte et Espoir :

« Sachez que la crainte est l’expression de la souffrance et de la brûlure que ressent le cœur à l’appréhension d’un mal à venir. »

Sheikh-al-Islam Ibn Qoudâma Al-Maqdisi va dans le même sens dans son Moukhtaçar minhâj al qâçidîn :

« Sache que la crainte est une sorte de souffrance du cœur et sa brûlure à cause de l’appréhension d’un mal futur. C’est comme dans le cas de celui qui commet un forfait contre un roi et qu’ensuite il tombe dans les mains de ce roi : Il craint d’être tué tout en envisageant la possibilité d’une grâce. Mais la souffrance de son cœur sera en fonction de l’ampleur de la connaissance qu’il possède sur les motifs qui conduisent à son exécution, de la gravité de son forfait, et son effet sur le roi. Inversement, plus la connaissance est faible, plus la crainte est faible. La crainte peut aussi ne pas être motivée par un forfait mais par la qualité de celui qui intimide, Sa Puissance et Sa Majesté, dans la mesure où le serviteur sait que si Allah veut faire périr les deux mondes, il ne s’en soucie guère et rien ne l’empêche de le faire.

Donc, la crainte du serviteur dépend de la connaissance des défauts de son âme, de la Majesté et de la Richesse d’Allah et du fait qu’on ne L’interroge pas sur ce qu’Il fait. »

Il dit également plus loin :

« Sache que la crainte est le fouet d’Allah avec lequel Il pousse Ses serviteurs à s’attacher régulièrement à la science et à l’action pour atteindre grâce à elles le degré de proximité d’Allah»

Quant à al-khawf, Allah en parle à de nombreuses reprises dans le Coran :

« …Et invoquez-Le avec crainte et espoir, car la miséricorde d’Allah est proche des bienfaisants. »

(Sourate 7, Verse56)

Dans ce verset Allah couple la crainte (al-khawf) avec l’espoir. En effet, La crainte seule ne suffit pas, un équilibre est nécessaire. Le musulman doit toute sa vie vivre entre crainte (du Châtiment) et espoir (d’entrer dans la Miséricorde d’Allah).

Allah parle également d’al-khawf dans les versets suivants :

« Dis : « Je crains, si je désobéis à mon Seigneur, le châtiment d’un jour terrible». »

(Sourate 39 Verset 13)

« Et pour celui qui aura craint de comparaître devant son Seigneur, il y aura deux jardins; »

(Sourate 55 Verset 46)

Pour ce qui est d’al-khashyah, citons ce verset :

« C’est Allah qui est plus digne de votre crainte si vous êtes croyants ! »

(Sourate 9 Verset 13)

Enfin, le wajal est ce à propos de quoi parle Allah dans ce verset :

« Les croyants sont ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah »

(Sourate 8 Verset 2)

Et toi mon frère, toi ma sœur, ton cœur frémit-il quand on mentionne Allah ? Regardons les générations de musulmans qui sont passées, comment craignaient-ils Allah?

Au moment de son agonie, Sufyân al-Thawrî se mit à pleurer.

Un homme lui dit :

« Ô Abdullâh ! Je vois que tu as beaucoup de péchés. »
Sufyân prit quelque chose de la terre et dit : « Par Allah ! Mes péchés me sont plus insignifiants que ceci, mais je crains d’être privé de la foi avant de mourir. »

`Imrân ibn al-Hasan disait :

« Si seulement j’étais une poussière que le vent disperse. »

`Alî ibn Abî Tâlib (ra) disait :

« Par Allah ! J’ai vu les Compagnons de Mohammad (saw) et je ne vois rien aujourd’hui qui leur ressemble.
Ils étaient, le matin, hirsutes et poussiéreux, avec entre leurs yeux des tâches noires semblables à celles des genoux des chèvres, car ils passaient leurs nuits prosternés et debout devant Allah, en récitant le Livre d’Allah et en alternant l’appui sur leurs fronts (pour les prosternations) et l’appui sur leurs pieds (pour les postures debout).
Puis, lorsqu’ils se réveillaient le matin, ils mentionnaient Allah, se balançaient comme des arbres secoués par le vent et leurs yeux déversaient des larmes au point de mouiller leurs vêtements.
Par Allah ! C’est comme s’ils avaient passé la nuit dans l’insouciance. »

Et nous, qui avons vraiment passé nos nuits et nos jours dans l’insouciance et même dans le péché, sommes-nous dans le même état de crainte qu’eux? Si la réponse est non, alors réfléchissons : Avons-nous passé un pacte avec Allah afin que nous ne finissions pas en Enfer éternellement ?

Et Allah a dit :

« Et ils (les enfants d’Israël) ont dit : «Le Feu ne nous touchera que pour quelques jours comptés ! » Dis : « Auriez-vous pris un engagement avec Allah – car Allah ne manque jamais à Son engagement; – non, mais vous dites sur Allah ce que vous ne savez pas» »

(Sourate 2 Verset 80)

Comment acquérir la Crainte d’Allah ?

Nous connaissons tous le concept de crainte, nous avons lu et su qu’il fallait craindre Allah mais nous butons, pour la plupart d’entre nous, à l’étape suivante qui est celle d’acquérir et d’arriver à cette station spirituelle.

Alors, comment craindre Allah ?
Qu’est-ce qui fera que nous atteindra cette station spirituelle ?

Ibn Qoudâma répond pour nous :

« …Sache que la crainte d’Allah comporte deux aspects.
L’un deux, c’est la crainte de Son châtiment. C’est la crainte des gens du commun. Elle a pour origine la croyance au paradis et à l’enfer et au fait qu’ils constituent une récompense et une sanction pour l’obéissance et la désobéissance. Or cette crainte faiblit à cause de l’affaiblissement de la croyance ou du renforcement de l’insouciance. Et la disparition de l’insouciance s’obtient grâce au rappel et à la méditation sur le châtiment de la vie future, on la chasse aussi en regardant et en fréquentant ceux qui vivent dans la crainte révérencielle, ou en écoutant des récits sur eux.
L’autre crainte, c’est la crainte d’Allah. C’est la crainte des savants qui possèdent la connaissance spirituelle. Allah a dit :
« Allah vous met en garde contre Lui-même »
(Sourate 3 Verset 30)

C’est que Ses Attributs inspirent la révérence et la crainte. Or, les savants craignent l’éloignement et le voilement. »

Un des moyens pour augmenter notre crainte est de connaître Allah. Noms et Attributs. Car comment craindre quelqu’un que l’on ne connaît pas ?

Un autre obstacle à cette crainte est notre manque de certitude (yaqin). Car comment celui qui a la certitude qu’Allah a créé l’Enfer et que celui-ci sera rempli de Djinn et d’hommes,

Comment celui-ci peut-il ne pas craindre d’être parmi ceux que le Feu touchera de toute part ?

Nul doute que la solution à se problème qu’est le manque de crainte est la méditation

Méditons ensemble

Maintenant que nous avons bien exposé la théorie, passons à la pratique.

Méditons sur quelques ahadith et quelques versets du Coran :

« Ô Mes serviteurs ! Vous ne devez avoir aucune crainte aujourd’hui; vous ne serez point affligés… »

(Sourate 43 Verset 68)

Allah nous demande de Le craindre ici-bas afin que nous n’ayons aucune crainte dans la vie future, celle qui est bien plus durable que la dounia. Et quiconque n’expérimente pas la crainte d’Allah ici-bas, comment peut-il espérer faire partie de ceux qui n’auront rien à craindre dans l’au-delà.

« Et les gens de la gauche; que sont les gens de la gauche ? Ils seront au milieu d’un souffle brûlant et d’une eau bouillante, à l’ombre d’une fumée noire ni fraîche, ni douce. »

(Sourate 56  Verset 41-44)

Et que ferais-je si Allah avait décidé dans Sa justice de mettre parmi les gens de la gauche ?
Oserais-je dire que je ne le mérite pas ?

Non si Allah me mettait parmi eux je n’aurais que ce que je mérite. Ne suis-je pas ce pécheur qui commet des énormités alors qu’Il m’a averti qu’Il est Samî` (Celui qui entend), Baçîr (Celui qui voit), `Alîm (Celui qui sait tout) et qu’un atome de mal se verra ce jour-là.

Et imagine que c’est à toi qu’on dira :

« Saisissez-le ! Puis, mettez-lui un carcan ; ensuite, brûlez-le dans la Fournaise ; puis, liez-le avec une chaîne de soixante-dix coudées… »

(Sourate 69 Verset 30-32)

Que feras-tu ?

Rien ne te servira alors. Rien ne nous dit que nous serons au Paradis, bien au contraire, la multiplication de nos péchés nous rapproche chaque jour plus du Feu. Et rien ne nous dit non plus que nous mourrons soumis à Allah.

Et si nous ne mourrons pas soumis à Lui qu’adviendra-t-il de nous?

Et ne sois pas mon frère, ma sœur comme les enfants d’Israël qui ont dit :

« Et ils ont dit : «Le Feu ne nous touchera que pour quelques jours comptés ! » Dis : «Auriez-vous pris un engagement avec Allah – car Allah ne manque jamais à Son engagement; – non, mais vous dites sur Allah ce que vous ne savez pas» »

(Sourate 2 Verset 80)

« Bien au contraire ! Ceux qui font le mal et qui se font cerner par leurs péchés, ceux-là sont les gens du Feu où ils demeureront éternellement. »

(Sourate 2 Verset 81)

N’oublions pas qu’Allah est Al-Moumît, c’est-à-dire que c’est Lui qui fait mourir. Si Allah nous faisait maintenant, serions-nous parmi les gens du Paradis? Si Allah voulait nous faire disparaître totalement comme ont été exterminés des `Âd, le peuple de Loth et bien d’autre, il le pourrait car Allah est Al-`Azîz, Al-Qâdir, Al-Mouqtadir, Il est Puissant et nous ne sommes rien du tout….

Après tout cela, ne pleurerons-nous pas nos péchés innombrables?

Crainte et Espoir, quel équilibre ?

Donnons ici la réponse que nous apporte Ibn Qoudâma dans son Moukhtaçar minhâj al qâçidîn :

« Sache que si quelqu’un disait : laquelle est la meilleure, la crainte ou l’espérance? C’est comme s’il se demandait : lequel est meilleur, le pain ou l’eau?

La réponse est la suivante : on lui dira : le pain est meilleur pour celui qui a faim, et l’eau est meilleure pour celui qui a soif. S’il y a faim et soif en même temps, on regarde celle qui domine. Si la faim et la soif s’équilibrent, il y a équilibre en crainte et espérance. »

Il faut savoir que la crainte et l’espérance sont des remèdes pour l’âme. Tout dépend donc du mal qui nous touche. Étant donné qu’en temps normal, c’est plutôt la désobéissance qui nous envahit, on peut dire que, en règle générale, la crainte est meilleure car elle résoudra plus de problèmes à notre niveau. En effet, si tu te noies dans les péchés et que tu t’y complais qu’est ce qui t’aidera à arrêter les péchés : te dire qu’Allah peut te châtier à tout moment ou te dire que de toute manière Allah pardonne ?

Par contre, si le désespoir commence à nous envahir, c’est l’espérance qui devra prédominer.

Pour ce qui est de la personne pieuse, le mieux est que crainte et espérance s’équilibrent.

« Seigneur, donne-nous une belle part dans ce monde et une belle part dans l’Autre, et préserve-nous du châtiment du feu !
Rabbanâ âtinâ fi d-dunyâ hassanatan w-wa fî-l-âkhirati hasanatan w-waqinâ ‘adhâba n-nâr »

(Sourate 2 Verset 201)

Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

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