Jour 30 : La descente et La lecture du coran
Les versets du Noble Coran indiquent qu’il est descendu en une nuit bénie du mois béni de ramadan, Laylat Al-Qadr (la Nuit du Destin et de l’Honneur). Le Très-Haut dit :
« Le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu […] »
(Sourate 2 Verset 185)
Il dit également :
« Nous l’avons certes, fait descendre pendant la nuit d’Al-Qadr. »
(Sourate 97 Verset 1)
Il dit aussi – Exalté soit-Il :
« Nous l’avons fait descendre en une nuit bénie, Nous sommes en vérité Celui Qui avertit »
(Sourate 44 Verset 3)
Ces versets dans leur ensemble signifient que le Noble Coran est descendu sur le fidèle Prophète pendant le mois de ramadan, au cours d’une nuit précise, Laylat Al-Qadr, cette nuit est privilégiée et honorée si bien qu’elle vaut mieux que mille mois (d’adoration et de prières).
On pourrait se demander : La réalité observée est que le Noble Coran est descendu sur le fidèle Prophète pendant les vingt-trois années allant du début de la mission prophétique jusqu’à la fin de sa noble vie. Le Très-Haut dit en effet :
« (Nous avons fait descendre) un Coran que Nous avons fragmenté, pour que tu le lises lentement aux gens. Et Nous l’avons fait descendre graduellement. »
(Sourate 17 Verset 106)
Donc, le Coran n’est pas descendu en une nuit, mais plutôt en vingt-trois ans.
Comment concilier le sens des premiers versets avec celui de ce dernier verset ?
Les savants ont trois opinions à cet égard :
1- On entend par la descente du Coran pendant Laylat Al-Qadr le début de sa révélation, de l’usage courant consistant à nommer une chose par son début le considérant comme la fondation de cet édifice magnifique.
Donc, le début de la descente du Coran eut lieu pendant Laylat Al-Qadr puis il continua à être révélé de manière fragmentaire selon les événements et les circonstances. Tel est l’avis d’Ash-Sha`bî qui interpréta la parole du Très-Haut :
« Nous l’avons certes, fait descendre pendant la nuit d’Al-Qadr. » par : la révélation du Noble Coran débuta pendant Laylat Al-Qadr, puis se poursuivit pendant vingt-trois ans conformément à la parole du Très-Haut :
« (Nous avons fait descendre) un Coran que Nous avons fragmenté, pour que tu le lises lentement aux gens. Et Nous l’avons fait descendre graduellement. »
2- Le Coran est descendu au ciel inférieur (as-samâ’ ad-dunyâ) pendant vingt-trois nuits d’Al-Qadr successives, chacune d’elles comportant la portion prévue par Dieu pour l’année suivante, laquelle devait descendre sur le Prophète (saw) graduellement au cours de l’année.
2- Le Coran est descendu au ciel inférieur en une fois pendant Laylat Al-Qadr, puis il est descendu au Prophète graduellement en vingt-trois ans.
La troisième opinion est celle de la majorité des savants et c’est l’opinion qui nous semble la plus juste étant donné qu’elle allie le sens des versets et les narrations authentiques établissant la révélation du Coran tout au long de la mission prophétique.
Les tenants de cette opinion pensent que le Noble Coran a connu trois descentes :
1- La descente vers la Table Gardée. Le Très-Haut dit :
« Mais c’est plutôt un Coran glorifié préservé dans une Table. »
(Sourate 85 Verset 21)
Le Coran descendit vers cette Table en une fois et y fut inscrit ; nous apportons foi en cette inscription et nous en remettons à Dieu – Exalté soit-Il – quant à sa réalité et son sens divin.
2- La descente depuis la Table Gardée vers la Maison de la Gloire au ciel inférieur, ce qui est exprimé dans la parole du Très-Haut :
« Nous l’avons certes, fait descendre pendant la Nuit d’Al-Qadr. »
3- La descente du Noble Coran par les soins de Jibril le fidèle (l’ange Gabriel) de la Maison de la Gloire au ciel inférieur vers le Messager d’Allah (saw) tout au long de sa mission prophétique, ce qui est exprimé dans Sa parole :
« et l’Esprit fidèle est descendu avec cela sur ton cœur, pour que tu sois du nombre des avertisseurs, en une langue arabe très claire. »
(Sourate 26 Versets 193 à 195)
La sagesse justifiant cette descente est de souligner le rang du Coran et celui du prophète qui l’a reçu, en informant les habitants des sept cieux que ceci est le dernier Livre révélé au Sceau des prophètes pour la meilleure nation, en le descendant deux fois, une fois en entier et une fois réparti, contrairement aux livres précédents qui avaient été révélés en une fois.
Certains ont dit que la descente au ciel inférieur est pour mieux attiser la langueur du Prophète (saw) à l’instar de ce que dit le poète :
La langueur est à son paroxysme lorsque les tentes se rapprochent des tentes (du bien-aimé)
Les hadiths authentiques
Diverses traditions authentiques ont explicité les descentes du Coran. Al-Qurtubî a également rapporté le consensus des savants concernant la descente du Coran en une fois de la Table Gardée vers la Maison de la Gloire au ciel inférieur comme indiqué dans les narrations suivantes.
1- Al-Hakim, Al-Baïhaqi et d’autres ont rapporté selon Mansûr, selon Sa`îd Ibn Jubayr, qu’Ibn `Abbâs dit : « Le Coran est descendu en une fois vers le ciel inférieur, où il fut réparti. Ensuite, Allah le faisait descendre sur Son Messager (saw) progressivement. »
2- Al-Hakim a rapporté via une chaîne de narration indiquée selon Sa`îd Ibn Jubayr qu’Ibn `Abbâs dit : « Le Coran fut séparé du Dhikr et fut déposé dans la Maison de la Gloire au ciel inférieur, puis Jibril le descendit au fil de la révélation vers le Prophète (saw) »
3- Ibn Mardaweih et Al-Baïhaqi ont rapporté d’après Ibn `Abbâs qu’il fut interrogé par `Atiyyah Ibn Al-Aswad : « Je suis un peu dérouté par la parole du Très Haut : « le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu […] » et « Nous l’avons certes, fait descendre pendant la nuit d’Al-Qadr. » alors que le Coran fut révélé aussi bien pendant les mois de Chawal, Dhul Al-Qi`dah, Dhul Al-Hijja, Muharram, Safar et Rabi` ». Ibn `Abbâs répondit : « Il est descendu en une fois au cours du mois de Ramadân pendant laylat al-qadr, puis il est descendu par fragments au fil des mois et des jours. »
Ces narrations sont authentiques comme le rappelle As-Suyûtî. Bien qu’elles émanent d’Ibn `Abbâs (mawqûfah) (La narrations dites mawqûfah sont celles qui proviennent d’un compagnon sans être explicitement attribuées au Prophète – paix et bénédictions sur lui.), leur statut est assimilé à celui des narrations marfû`ah attribuées au Messager d’Allâh (saw).
La raison de la fragmentation du Coran
On pourrait s’interroger sur la sagesse qui justifie la répartition en plusieurs fois de la révélation du Coran au Prophète (saw).
La sagesse réside dans le fait que le Coran provient du monde céleste de l’Inaccessible (`âlam al-ghayb) pourvu d’une force et d’une intensité à la mesure de sa magnificence.
`Â’ishah (ra) dit :
« J’ai vu le Prophète recevoir la révélation des jours où il faisait très froid, la sueur perlait alors sur son front. »
Ainsi, de par la divine prévenance envers le Prophète, la descente du Coran s’étala sur la durée de sa noble mission prophétique si bien qu’elle apaisait son cœur et le raffermissait. Le Coran devint ainsi une provision continue procédant progressivement à l’éducation de la communauté musulmane en puissance tant par les préceptes que par l’action, et se renouvelant au fur et à mesure des événements. Chaque fois qu’une chose nouvelle survenait, la portion correspondante du Coran était révélée et Dieu exposait les prescriptions qui convenaient. Le Très-Haut dit :
« Et ceux qui ne croient pas disent : « Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur lui le Coran en une seule fois ? » Nous l’avons révélé ainsi pour raffermir ton cœur. Et Nous l’avons récité soigneusement. Ils ne t’apporteront aucune parabole, sans que Nous ne t’apportions la vérité avec la meilleure interprétation. »
(Sourate 25 Versets 32 et 33)
Enfin, l’affaire est une question de foi et de reconnaissance que le Coran est le Livre de Dieu descendu sur Son Prophète (saw), sa lecture est un acte de culte, il représente en lui-même un défi pour les Arabes, et est préservé par Dieu, le Seigneur de l’Univers.
« Et c’est certainement un Coran noble, dans un Livre bien gardé que seuls les purifiés touchent ; il est une révélation de la part du Seigneur de l’Univers.»
(Sourate 56 Versets 77-80)
La lecture du coran
Le Coran est la parole éternelle et incréée de Dieu. Il est la Parole de Dieu adressée à la création. L’Imâm Ahmad Ibn Hambal dit :
« Lorsque je veux parler à mon Seigneur, j’y parviens, et lorsque je veux qu’Il me parle, j’y parviens aussi. »
On s’enquit : « Comment cela ? »
Il répondit : « Lorsque je veux que mon Seigneur me parle, je lis le Coran, et lorsque je veux Lui parler, je m’engage dans la prière, car ce n’est autre qu’un entretien intime avec Allah. »
La lecture du Coran est une pratique cultuelle instituée par l’islam. S’y adonner fréquemment est recommandé, afin que le musulman ait un cœur vivant et éclairé par ce qu’il lit dans le Livre de Dieu. Al-Boukhâri et Muslim rapportent qu’Ibn `Umar dit
« Le Messager d’Allah (saw) dit :
« L’envie n’est légitime que vis-à-vis de deux personnes : un homme à qui Allah accorde une fortune qu’il dépense dans le bien jour et nuit et un homme à qui Allah a donné le Coran si bien qu’il le récite dans sa prière jour et nuit. » »
La lecture du Coran avec une bonne disposition et une intention pure est un acte de culte pour lequel le musulman reçoit une rétribution. At-Tirmidhi rapporte d’après Ibn Mas`ûd que le Messager d’Allah (saw) dit :
« Celui qui lit une lettre du Livre d’Allah reçoit une bonne action, et chaque bonne action est décuplée. »
Muslim rapporte également d’après Abû Umâmah que le Messager d’Allah (saw) dit :
« Lisez le Coran car il intercède en faveur de ses lecteurs le jour de la résurrection. »
L’Envoyé d’Allah (saw) nous a mis en garde contre l’abandon du Coran et son oubli disant d’après les narrations d’Al-Boukhâri et Muslim :
« Attachez-vous à l’étude du Coran car, par Celui Qui détient l’âme de Muhammad dans Sa Main, il s’échappe bien plus facilement que les chameaux attachés. »
Bienséance de la lecture du Coran
Le mot tilâwah désigne la lecture rituelle du Coran. Ce terme est fréquemment traduit par récitation et comporte outre ces deux dimensions l’idée de psalmodie.
Il est recommandé au lecteur du Coran de le lire soigneusement en donnant à chaque lettre sa mesure exacte en termes de diction conformément à la parole du Très-Haut :
« Et récite le Coran, lentement et clairement. »
(Sourate 73 Verset 4)
Le musulman ne doit pas appréhender la lecture du Coran ni craindre de se tromper en récitant. Au contraire, il doit prolonger sa compagnie avec le Coran pour atteindre un bon niveau de récitation par la répétition et la pratique. Le Très-Haut dit :
« En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour la méditation. Y a-t-il quelqu’un pour méditer ? »
(Sourate 54 Verset 17)
Il serait appréciable également que tu connaisses, ô croyant, quelques règles de tajwîd ; (On traduit parfois le terme tajwîd par psalmodie. Il s’agit de l’art de la récitation du Coran avec une belle voix et en respectant les règles de diction coranique.) ou que tu t’entraînes à lire le Coran en présence d’un mémorisateurs ou d’un maître-récitateur afin qu’il t’indique la manière de le restituer correctement.
Parmi les règles de bienséance de la lecture du Coran, il y a le fait que le lecteur ait ses ablutions et qu’il inaugure sa récitation par la formule : « A`ûdhu billâhi min ash-shaytânir-rajîmi bismillâhir-rahmânir-rahîm » (Je cherche refuge auprès de Dieu du Diable lapidé. Au nom de Dieu le Clément le Miséricordieux). Il faut également qu’il médite ce qu’il lit, qu’il lise avec componction, calme et douceur et qu’il soit sensible aux versets du Coran tant dans leurs promesses que dans leurs menaces. Parmi les règles de bienséance, il y a également l’effort d’embellir sa voix en récitant le Coran car cela affecte davantage l’esprit et porte au recueillement et à la componction. Ibn Hibbân et d’autres rapportent que l’Envoyé d’Allah (saw) dit :
« Embellissez le Coran par votre voix. »
Al-Boukhâri et Muslim rapportent que le Messager de Dieu (saw) dit :
« Allah n’a guère écouté quelqu’un comme Il a écouté un prophète doté d’une belle voix récitant le Coran à voix haute. »