L’humilité dans la Prière
Comment accomplir la prière avec humilité ?
Comment se soumettre entièrement à Allah pendant notre prière ?
Nous avons envie d’avoir cette humilité, mais nous n’y arrivons pas, nous sommes distrait. Nous voyons des personnes qui pleurent en priant ; pourquoi pleurent-elles ? Qu’est-ce qui dans la prière fait pleurer ces personnes ?
Comment faire pour sentir ce que sentent ces gens dans leur prière ?
Tant de questions que nous nous posons…
Nous allons essayer d’expliquer par étapes comment y parvenir….
A) Différents niveaux dans la prière
1. Celui qui ne respecte pas le temps de la prière (il la fait n’importe quand), l’ablution (quand il la fait, il la fait n’importe comment), les règles d’apparence (il ne respecte pas les gestes que le Prophète nous a appris : il regarde sa montre, il bouge tout le temps, il regarde la télévision, il lit mécaniquement, etc.)….
Il a fait la prière mais il sera puni le jour du jugement pour son manque de politesse envers Allah.
2. Il respecte le temps, l’ablution, les règles d’apparence, mais il n’est pas soumis à Allah, son cœur n’est pas présent. Son jugement sera très long.
3. Il respecte le temps, l’ablution, les règles d’apparence et pendant un moment son cœur est présent, et un autre moment Satan lui prend de son temps, alors il le repousse puis il réessaye d’être soumis, puis Satan revient, etc.
Il est donc entre prière et Jihad (effort) et il a deux récompenses : la récompense de sa soumission à Allah et la récompense de son effort en repoussant Satan.
4. Il respecte le temps, l’ablution, les règles d’apparence et il ressent l’humilité, il est concentré, il ressent les versets qu’il recite : Quand il dit « Allahou Akbar », il ressent la Grandeur d’Allah, Quand il dit « Soubhana Rabbiya-al’Adhîm » il ressent la puissance d’Allah, etc.
C’est le bien-aimé d’Allah. Mais il y a encore un 5ème niveau
5. Il respecte le temps, l’ablution, les règles d’apparence, mais il a sorti son cœur et l’a mis entre les mains d’Allah et il s’est déconnecté de ce monde et de ce qui s’y trouve.
Il n’a aucune information de ce qui se trouve autour de lui, il est avec Allah.
A-t-on déjà réussi à prier comme cela ? Ne fut-ce qu’une seule fois ?
B) Gens qui ont cette humilité :
1. Le Prophète Mohammed (saw) disait au muezzin (Bilal)
« Ô Bilal, réconforte-nous par la prière ».
Alors que nous, nous dirions plutôt « débarrasse-nous vite de la prière, la série télévisée va commencer dans deux minutes ! »
N’aurais-t-on pas quelque temps à consacrer à Allah ? Ce temps-là n’étant déjà pas très dominant dans notre journée, ne serait-ce pas une occasion pour le remplir d’une bonne prière ? Remarquez que dans le Coran, Allah ne dit jamais « ‘Sallou’ » (Priez), mais Il dit « ‘Aqimous Salât? » (établissez, édifiez, enrichissez la prière).
Quand s’approchait près du Prophète (saw), on entendait un fond de pleures qui se cachait derrière sa lecture du Coran.
La chose qui importait le plus à notre Prophète (saw) dans la vie d’ici-bas était les deux rackat qu’il faisait pendant la nuit.
2. Soufiâne Atthawriy :
On dit que quand on le voyait prier on aurait dit qu’il allait mourir à cet instant. Il y a un hadith qui dit « Priez la prière du partant ». Priez comme si c’était votre dernière prière sur terre.
Nous disons tous « Allahou Akbar » plusieurs fois dans notre prière, mais savez-vous la signification profonde de cette phrase?
Elle signifie que j’abandonne toutes mes préoccupations d’ici-bas pour Allah, « Dieu est plus Grand » que tout ce qui peut m’importer dans ce monde. Le premier « Allahou Akbar » est le plus important car si on y pense profondément c’est celui qui va couper toutes les relations, les pensées qui n’ont pas de rapport avec Allah.
Puis les autres qui viennent sont des rappels (au moment de la génuflexion, de la prosternation, etc…). Chaque fois qu’on est distrait dans quelque chose, « Allahou Akbar » doit nous faire rappeler que Dieu est plus Grand et plus important que cette chose à laquelle nous pensons.
3. Imam Hâtem Al’Assam :
On lui demanda un jour comment il faisait pour se soumettre complètement dans sa prière et il répondit :
« Je prie comme si la Kaaba était entre mes yeux, ‘As-sirâte sous mes pieds (‘As-sirâte, c’est le pont surplombant l’Enfer sur lequel nous passerons le jour du jugement), le Paradis à ma droite, l’Enfer à ma gauche, l’Ange de la mort derrière moi, le Prophète me regardant attentivement, je dis « Allahou Akbar » avec glorification, je lis avec méditation, je m’incline avec modestie, je me prosterne avec humilité et j’assemble dans ma prière ma crainte d’Allah et mon espoir de Clémence de Sa part puis je termine ma prière, en me demandant si ma prière a été acceptée ou pas ».
4. ‘Orwa Ibn Az-zoubayr :
Il avait une maladie à son pied et on devait le lui amputer, alors on lui a proposé de le droguer pour qu’il ne sente rien, mais il refusa. On lui proposa alors de le frapper sur la tête pour l’assommer, mais c’était trop dangereux parce qu’il risquait la mort puisqu’il était très vieux.
Ne sachant que faire, on lui demanda une solution et il répondit :
« Laissez-moi prier, lire, méditer, m’incliner puis attendez que je me prosterne puis faites de mon pied ce que vous voulez ».
Ils firent comme il a dit et attendirent qu’il se prosterne et à ce moment, le médecin commença à lui amputer son pied.
Il ne criait pas, il ne faisait que dire
« La ilâha illa Lah » (Il n’y a pas de divinité sinon Allah)
« Astaghfirou Lah » (je demande pardon à Allah)
« Al-hamdou lilah » (louanges à Allah)
« Allahou Akbar » (Allah est plus Grand).
Puis le sang coulait de plus en plus et on apporta de l’eau bouillante pour l’arrêter et à ce moment, ‘Orwa s’évanouit. Quand il se réveilla, il dit :
« Par Allah, je n’ai rien éprouvé comme douleur jusqu’à ce que l’eau bouillante touchât mon pied ».
5. Ali Ibn Abi Talib :
Avant la prière il devenait pâle, très pâle et on lui a demandé ce qu’il avait, pourquoi il pâlissait, alors il répondit : « Savez-vous devant qui je vais me placer ? »
A-t-on le sentiment de se placer devant Allah quand nous prions ? Pourtant c’est ce que nous faisons, parfois sans s’en rendre compte, alors comment faudrait-il se comporter ?
C) Comment ressentir l’humilité dans la prière ?
1. Eviter les péchés car les péchés assombrissent et alourdissent le cœur. Ils t’empêcheront d’avoir les larmes aux yeux et d’être influencé par la lecture du Coran. On raconte l’histoire d’une personne qui s’est rendue chez l’imam et lui a dit :
« Je dors tôt, je prépare mon eau et j’ai l’intention de me lever à la prière du matin mais je n’y arrive pas » alors l’imam lui répondu : « Tes pêchés t’ont ligoté ».
2. Choisir un ensemble de sourates qu’on aime bien, les étudier et lire leur signification, leur exégèse. Puis prier en lisant ces sourates pendant la nuit. C’est difficile mais une forte volonté suffit pour pouvoir se lever la nuit.
Allah ne mérite-t-il pas qu’on se lève pour Lui ? Nous sommes tous capables de le faire, Allah n’a pas choisi des gens à qui il ne donnent pas la possibilité de sentir l’humilité. Bien sûr, plus on étudie le Coran, plus c’est facile de se sentir proche d’Allah.
3. Prier en groupe (Jamâ’a) : prier avec son frère, sa sœur, sa mère, son père, dans la mosquée, prier les Tarawih. La mosquée est très importante. Si ce n’est pas possible, prier en groupe. Il faut chercher la prière de groupe !
4. Comprendre la signification de « Salât », de la prière. Il faut savoir que chaque geste dans la prière a une influence sur le cœur du prieur :
a. L’ablution : il y a un hadith qui dit que chaque geste que nous faisons pendant nos ablutions purifie non seulement le corps, mais aussi le cœur. En effet, on se rince la bouche et toutes les mauvaises paroles qu’on a dites s’effacent, on se rince le visage et toutes les choses mauvaises que nous avons vues s’effacent, etc. Donc essayons de penser à cela pendant que nous faisons nos ablutions.
b. On dit « Allahou Akbar », (Allah est plus Grand) : rien dans mon cœur, Ô Allah, n’est plus grand que Toi. Faisons attention à ne pas mentir, c’est-à-dire le dire avec la langue, mais le cœur ne le ressent pas. Oserions-nous dire Allahou Akbar, alors que la vie est plus grande, la famille est plus importante, les jeux, l’argent, le travail, l’amour, etc. ? Du moment qu’on a dit Allahou Akbar, nous entrons directement en conversation avec Allah. Respectons-Le et soyons poli. Imaginez-vous en conversation avec le roi ou quelqu’un de très important et que vous êtes impoli ; il vous met dehors tout de suite, mais par contre, Allah est Clément, Il ne fait pas cela, Il dit : « Aurais-tu trouvé quelqu’un de meilleur que Moi pour que Tu me délaisse ? » Si nous restons impolis avec Lui, Il se détourne. Imaginez-vous si Allah ne veut pas vous écouter !.
Puis vient le prologue, la Fatiha. Savez-vous qu’Allah réplique après chaque verset de la Fatiha? D’après un hadith Qoudoussi voici les répliques :
1. Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
2. Louange à Allah, Seigneur de l’univers.
Mon serviteur M’a glorifié.
3. Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,
Mon serviteur M’a exalté.
4. Maître du Jour de la rétribution.
Mon serviteur M’a complimenté.
5. C’est Toi [Seul] que nous adorons, et c’est Toi [Seul] dont nous implorons secours.
Ceci est entre Moi et Mon serviteur.
6. Guide-nous dans le droit chemin,
7. le chemin de ceux que Tu as comblé de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.
Ceci est entre Moi et Mon serviteur, et à lui ce qu’il demande
C’est pour cela qu’Omar Ibn Abd Al’Aziz, quand il lisait le prologue, il marquait un temps d’arrêt entre chaque verset et quand on vint lui demander pourquoi il faisait cela, il répondit : « Afin de goûter pleinement la réplique de mon Seigneur ».
D). Puis une sourate au choix. Il y a trois niveaux dans la lecture d’une sourate :
a. La langue lit, mais le cœur est absent.
b. La langue lit et le cœur écoute.
c. Le cœur lit et la langue traduit.
Pour pouvoir atteindre le troisième niveau, il faut étudier beaucoup de Coran et lire son exégèse.
E) Puis les gestes habituels en essayant de penser le plus possible à ce que nous disons.
Et Allah Sait Mieux….