Les Récits de la Tradition

Ali Ibn Abi Talib (ra)


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.


L’Envoyé d’Allah (saw) était entouré de Compagnons nobles et pieux. Il a ainsi promis à certains d’entre eux le Paradis, à savoir : Abu Bakr As-Siddiq, ‘Umar Ibn Al-Khattâb, ‘Uthman Ibn ‘Affan, Ali Ibn Abi Talib, Talha Ibn ‘Ubaydullah, Zubair Ibn Al ‘Awam, Saad Ibn Abi Waqas, Saïd Ibn Zayd, Abu ‘Ubayda ‘Umar Ibn Jarâh et ‘Abderrahmane Ibn ‘Awf (qu’Allah les agrée).

Dans un Hadith rapporté par Tirmidhi, le Messager d’Allah (saw) a dit :

« Dix seront au Paradis : Abu Bakr sera au Paradis, ‘Umar sera au Paradis ainsi que ‘Uthman, ‘Ali, Az-Zubayr, Talha, ‘Abd ar-Rahman, Abu ‘Ubayda, Saad ibn Abi Waqas et le dixième je ne veux pas vous le dire. »
Ils ont insisté pour le savoir en lui demandant par deux fois : « Qui est le dixième ? »
La première fois il s’est tu et la deuxième fois il répondit : « C’est Saïd Ibn Zayd. »

(rapporté par Tirmidhi)

Nous allons raconter dans cette série, la Biographie de ces dix Compagnons concernés.


Ali Ibn Abi Talib (ra)

Il se nomme Ali (ra) fils de Abou Talib, fils de Abdoul-Muttalib fils de Hâshim, fils de Abdou Manaf. Il est donc le fils de l’oncle paternel du Messager de Allah (Abou Talib) et le gendre du Prophète puisqu’il était marié à sa fille Fâtimah. Il est le père de Al-Hassan et Al-Houssayn. Sa mère est Fâtimah fille de ‘Açad, fils de Hâshim.

Cet enfant, qui admirait beaucoup son cousin plus âgé, allait devenir un noble guerrier de l’islam, un juge très instruit, un remarquable exégète du Coran et un leader de la nation musulmane se distinguant par sa droiture et sa piété.

Il naquit à la Mecque, vers l’an 600.  Son père, Abou Talib, était l’oncle du prophète Mohammed (saw) et un de ses plus fervents défenseurs.  Alors qu’Ali (ra) était un jeune enfant, une grande famine ravagea la région de la Mecque; la nourriture se fit très rare et plusieurs familles étaient incapables de nourrir leurs enfants.  Mohammed, qui n’était pas encore prophète, à l’époque, mais qui était déjà marié à Khadija, offrit de s’occuper de son jeune cousin. Ali (ra) adorait son grand cousin et le suivait partout, imitant tout ce qu’il faisait.  Adolescent, Ali (ra) commença également à adopter les bonnes manières de Mohammed.

Ali (ra) avait environ dix ans quand Mohammed (saw) reçut ses premières révélations de Dieu. Ali (ra) était présent lorsque son cousin annonça aux membres de sa famille que Dieu l’avait choisi pour être Son messager.  On raconte qu’Ali (ra) vit Mohammed (saw) et Khadija invoquer Dieu et qu’il demanda à son cousin ce qu’il avait vu.  Dès que Mohammed (saw) expliqua à Ali (ra) le message de l’islam qu’il avait reçu, Ali (ra) y crut.  Cependant, avant de se lancer et de se convertir à l’islam, il réfléchit longuement à ce que serait la réaction de son père.  Le lendemain matin, il prononça l’attestation de foi, i.e. qu’il n’y a pas d’autre divinité méritant d’être adorée en dehors d’Allah et que Mohammed (saw) est Son messager.  Ali (ra) occupe la position honorable du premier adolescent ayant accepté l’islam.

Certains érudits musulmans croient qu’Ali (ra) avait probablement plus de dix ans lorsqu’il embrassa l’islam.  Mais son âge n’a pas vraiment d’importance; ce qui compte surtout, c’est qu’il était un jeune homme très brillant qui aimait apprendre et qui souhaitait adorer Dieu de la meilleure manière.  Plusieurs érudits ont souligné qu’Ali (ra) faisait partie d’un groupe de jeunes hommes et de jeunes femmes, autour du prophète Mohammed, qui n’avait jamais été initié aux rituels idolâtres des Arabes de l’ère préislamique.  Jamais Ali (ra) ne se prosterna devant quoi ou qui que ce fût à part Dieu.

Ali (ra) passa son enfance auprès de Fatima, la plus jeune des filles de Mohammed (saw) et de Khadija.  Quelques années plus tard, alors que la communauté musulmane avait émigré à Médine, Ali (ra) alla voir le Prophète (saw) et lui demanda la main de Fatima.

Ali (ra) était toutefois contrarié par le fait qu’il était très pauvre et qu’il n’avait rien à offrir à Fatima comme cadeau de mariage.  Mohammed (saw) lui rappela qu’il avait un bouclier qu’il souhaitait vendre.  Ali (ra) vendit le bouclier à Othman ibn Affan et s’apprêtait à retourner chez le Prophète (saw) quand Othman l’arrêta et lui rendit son bouclier, qu’il leur offrit à tous deux en cadeau de mariage.  Selon les informations disponibles, Ali (ra) et Fatima étaient probablement à la fin de leur adolescence quand le Prophète (saw) célébra leur union.

Le jeune garçon qui avait partout suivi son cousin comme une ombre était devenu un noble guerrier.  Lorsque Dieu révéla le verset « … et avertit ta tribu, ô Mohammed » (Coran 26 Verset 214), le Prophète (saw) invita tous les membres de sa famille pour un repas.  Après le repas, il s’adressa à eux et demanda lesquels d’entre eux se joindraient à lui pour la cause de Dieu.  Nul n’eut le courage de répondre, à l’exception d’un garçon à l’aube de son adolescence.  Il s’agissait d’Ali, évidemment; et il se tint droit et résolu devant les rires et les moqueries et exprima son désir d’aider le Prophète (saw) et de se rendre utile à lui.  Dans les moments difficiles qui allaient rapidement survenir, pour les musulmans, Ali (ra) tint bon et démontra à plusieurs reprises son grand courage et son amour pour Dieu et pour Son messager.

Quand les mécréants de la Mecque complotèrent pour tuer Mohammed, il devint nécessaire, pour lui et Abou Bakr, de quitter la Mecque.  Ils décidèrent de le faire à la nuit tombée, pour être protégés par l’obscurité.  Alors qu’ils fuyaient dans le désert obscur, c’est Ali, adolescent, qui se coucha à la place de Mohammed (saw) dans son lit, sachant qu’à n’importe quel instant, des assassins se pointeraient pour tuer celui qu’ils croyaient être le Prophète.  Ali (ra) survécut, cette nuit-là, et, dans les jours qui suivirent, il retourna à leurs propriétaires les biens qui avaient été confiés en gage à Mohammed.   Puis, il alla rejoindre son cousin à Médine.  Celui-ci considéra Ali (ra) comme faisant partie des plus braves, des plus fiables et des plus pieux de ses compagnons.

Le prophète Mohammed (saw) aimait tant son cousin qu’il lui avait donné plusieurs surnoms affectueux, qu’il avait pris l’habitude d’utiliser.  Celui qu’Ali (ra) aimait le plus était Abou Tourab (père de la poussière).   Il se faisait appeler ainsi car un jour, alors qu’il dormait dans la cour de la mosquée, son dos se couvrit de poussière.  le Prophète (saw) s’approcha de lui, l’aida à se relever, brossa la poussière sur son dos et, en souriant, l’appela Abou Tourab.  Il l’appelait aussi Ali (ra) Haidarah (Ali le lion).  Le jeune cousin du Prophète allait devenir un guerrier très respecté de ses semblables comme de ses ennemis.

Ali (ra) fut le quatrième calife de l’islam, après Abou Bakr, Omar et Othman.  Il régna sur l’empire musulman, en ne se basant sur rien d’autre que la loi de Dieu, de l’an 656 à l’an 661.  Il était le jeune cousin et le gendre du prophète Mohammed.  Il passa son enfance à prendre exemple sur le noble caractère de son cousin et son adolescence à apprendre l’islam.  Il devint un noble guerrier, physiquement fort et sûr de lui, mais avec un cœur tendre, rempli d’amour pour Dieu et Son messager.  Les musulmans se souviennent d’Ali (ra) pour son courage, son honnêteté, sa générosité et sa bonté envers les autres, de même que pour son dévouement indéfectible à l’islam.

Après sa migration à Médine, il épousa Fatima, la fille du Prophète.  Le jeune couple mena une vie simple et austère, car Ali (ra) n’avait aucun intérêt dans les choses de ce monde; il préférait se concentrer sur sa religion et déployer tous les efforts pour atteindre le paradis éternel dans l’au-delà.  Ils n’avaient ni serviteurs ni esclaves.  Ali (ra) puisait et transportait l’eau jusqu’à leur demeure et Fatima s’occupait de moudre le grain jusqu’à ce que ses mains deviennent calleuses et douloureuses.  Un jour que le jeune couple demanda un serviteur au Prophète, il les réprimanda en leur disant qu’il ne se voyait pas leur offrir du luxe alors que la mosquée était remplie de gens affamés.

Ce soir-là, Mohammed (saw) rendit visite à Ali (ra) et Fatima.  Il s’assit sur le bord de leur lit et leur enseigna des paroles par lesquelles invoquer Dieu.  Il leur dit qu’invoquer Dieu leur rapporterait plus, au final, qu’un serviteur pour alléger leur charge de travail.  Jamais Ali (ra) n’oublia les conseils que leur prodigua le Prophète, ce soir-là.  Des années plus tard, il affirma que pas une nuit ne se passait sans qu’il ne récite les paroles que lui avait enseigné le Prophète (saw) ce fameux soir.  Ali (ra) et sa famille faisaient tout leur possible pour plaire à Dieu; il n’était pas rare qu’ils s’empêchent de manger pour donner leur nourriture à des gens encore plus pauvres qu’eux.  La générosité d’Ali (ra) ne connaissait pas de limites et il traitait chacun avec respect et bonté.

L’érudit Imam Ahmad a décrit Ali (ra) comme l’un des compagnons du Prophète les plus vertueux et l’un de ses plus fervents défenseurs.  Il était connu comme un guerrier impressionnant et il se distingua clairement lors de la première et cruciale bataille contre les mécréants de la Mecque, la bataille de Badr.  Le jeune « lion » participa à toutes les batailles menées dans les premiers temps de l’islam, à l’exception d’une.  On rapporte que lors de la bataille de Khaybar, le Prophète (saw) lui accorda un grand honneur.  Il dit à ses compagnons :

« Demain, je donnerai l’étendard à un homme qui aime Dieu et Son messager et qui est également aimé de Dieu et de Son messager, un homme qui jamais ne se défile sur le champ de bataille et à travers lequel Dieu nous apportera la victoire. » 

Les compagnons passèrent la nuit à se demander qui porterait l’étendard, le lendemain, sur le champ de bataille.  On rapporte qu’Omar ibn al-Khattâb aurait affirmé que c’était la seule fois où il avait espéré qu’on lui accorde ce leadership, mais cet honneur revint finalement à Ali.

Après que le calife Othman ibn Affan fut assassiné au service de la nation musulmane, c’est Ali (ra) qui fut choisi pour lui succéder.  Plusieurs musulmans avaient hâte qu’Ali (ra) prenne les rênes du pouvoir, mais Ali (ra) était inquiet, car il avait remarqué qu’une certaine rébellion commençait à faire son apparition parmi les croyants.  Il hésitait, donc, jusqu’à ce que des compagnons qui avaient été parmi les plus proches du prophète Mohammed (saw) le pressent d’accepter et lui promettent tout leur soutien.  Les événements ayant entouré l’assassinat d’Othman avaient fait plonger la nation musulmane dans une sombre période qui allait être décrite, plus tard, comme la « période de tribulations ».  Et c’est ainsi qu’Ali (ra) entama et termina son califat lors d’une période de tribulations.  Il demeura toutefois ferme dans ses convictions et dirigea la nation de la manière dont on se serait attendu d’un homme qui, enfant et adolescent, avait appris à se comporter de manière noble et vertueuse aux côtés du Prophète.

Ali (ra) était un homme profondément religieux; il était dévoué envers l’islam et s’efforçait, dans sa vie quotidienne et dans son rôle de leader de la nation, de respecter le Coran et la sounna du Prophète.  Une guerre éclata parmi les musulmans et Ali (ra) dû faire de son mieux pour diriger une nation entravée par la rébellion et les querelles.  Durant cette période de guerre civile, Ali (ra) ne perdit jamais de vue la tâche importante qu’on lui avait confiée, i.e. celle de veiller sur la nation musulmane.

Comme Othman, son prédécesseur et frère en islam, Ali (ra) dirigea la nation avec un cœur humble, avec austérité et piété.

Ali (ra) fut assassiné avec un sabre empoisonné, tandis qu’il priait dans la mosquée.  Abou Bakr, Omar Ibn al-Khattâb, Othman ibn Affan et Ali (ra) ibn Abou Talib, les quatre grands califes de l’islam, étaient des hommes nobles et d’une grande moralité, qui dirigèrent la nation sur la base du Coran et des leçons enseignées par le prophète Mohammed (saw).

Notre maître Ali (ra) était de taille moyenne et avait de larges épaules. Il était beau, courageux et faisait preuve d’ascétisme. Des compagnons l’ont décrit comme un homme fort ayant de la sagesse, de l’éloquence et parlant peu. C’était un homme de science, détaché du bas monde.

Ali (ra) était mat de peau, de taille moyenne. Il avait un beau visage de grands yeux très noirs et une large barbe blanche qu’il ne teignait généralement pas. Il l’avait teinte seulement une fois avec du henné puis avait abandonné cette pratique. Ses épaules étaient larges. Il avait en outre les mollets développés et fins à leurs extrémités, tout comme ses avant-bras.

Ali (ra) était souriant, il était parmi les plus courageux des compagnons. Il était de ceux qui avaient le plus de connaissances pour juger et de ceux qui étaient les plus ascètes dans le bas monde. Il ne s’était jamais prosterné pour une idole. Il n’a jamais combattu quelqu’un sans avoir le dessus, il était toujours victorieux.

Ali (ra) était un homme modeste qui ne recherchait pas les plaisirs d’ici-bas. Il portait des vêtements très simples, parfois très usés. Bien qu’étant calife, il ne portait pas de vêtement luxueux ou de longue cape qui traîne par terre comme on le voyait des monarques de l’époque, mais plutôt des vêtements arrivant mi- mollet conformes à sa modestie et son ascétisme.

Il avait un bâton avec lequel il se déplaçait dans les marchés. Il ordonnait aux gens de faire preuve de piété à l’égard de Allah et de vendre correctement. Il leur disait :

« Soyez larges lorsque vous mesurez ou pesez pour les gens. »

Il portait parfois un bandeau de couleur noire autour sa tête et parfois un turban noir. Comme notre bien-aimé Mohammad avait mis un turban noir en laissant pendre une partie de son extrémité le jour de la conquête de la Mecque.

Ali (ra) portait à la main gauche une bague sur laquelle était inscrit :

« Mohammad raçoulou l-Lah »
« Mohammad le Messager de Allah »
Et :
« Lil-Lahi l-moulk »
« A Allah la souveraineté [absolue] ».

Sa description par Dirar As-Souda’iy

Muawiya a demandé à Dirar :

« Décris moi Ali. »
Dirar a répondu : « Décharge moi de cela. »
Mais Muawiya a insisté.
Dirar As–Souda‘iy a alors dit :
« S’il est nécessaire que je le décrive, par Allah, il était très fort, il parlait peu mais bien, ses jugements étaient justes, la science émanait de tout son être et la sagesse jaillissait de sa bouche. Le bas monde et sa beauté l’ennuyaient et c’est sa solitude dans la nuit qui le distrayait. Une éloquence extraordinaire et une méditation profonde le caractérisaient. Il était parmi nous comme l’un d’entre nous. Il nous répondait lorsque nous l’interrogions et il était tellement proche de nous que nous nous adressions à lui sans que sa prestance soit un obstacle. Il avait beaucoup de respect pour les religieux. Les pauvres avaient toute leur place dans ses assemblées. Le fort dans son tort n’avait pas d’espoir et le plus faible ne désespérait pas de sa justice. Je témoigne qu’une fois, alors que la nuit était tombée et que les étoiles étaient nombreuses dans le ciel, je l’ai vu tenir sa barbe dans sa main et s’agiter comme s’il souffrait. Il pleurait comme celui qui est chagriné en disant : « Ô toi bas monde, tente autre que moi ! C’est à moi que tu te montres, devant moi que tu t’exhibes ? détrompe-toi ?! Je t’ai divorcé par trois fois et il n’y a pas de reprise. Ta longévité est courte et ta beauté minime. Malheur, malheur à celui qui a peu de provisions pour le long voyage et la solitude du chemin. » »
C’est alors que Muawiya s’est mis à pleurer. Il a dit : 
« Que Allah fasse miséricorde à Abou-Hassan, il était par Allah comme tu l’as décrit. Quel est ton chagrin à son sujet, Ô Dirar (maintenant qu’il est mort) ? » Il lui a répondu : « Mon chagrin est celui de la femme dont on a égorgé l’unique enfant dans ses bras. »

Ali (ra) était détaché de la vie d’ici-bas, il n’accordait d’importance ni aux biens matériels ni à l’argent (c’est-à-dire que son cœur n’y était pas attaché). Le Prophète Mohammad a demandé à Dieu d’accorder à Ali (ra) de faire preuve d’ascétisme dans ce bas monde.

Le Prophète (saw) parle de Ali (ra) l’ascète

Ammar Ibnou Yacir (ra) a rapporté : « Le Messager de Allah a dit à Ali (ra):

« Allah t’a embelli par une parure. Il n’a pas accordé meilleure qu’elle aux autres gens. C’est la parure des bienfaisants et pieux selon le jugement de Allah. Il s’agit de l’ascèse dans le monde. Il a alors fait que tu ne t’attaches à rien du bas monde et que le bas monde ne prenne rien de toi. Il a fait que les pauvres t’aiment et te suivent, que tu sois satisfait d’eux comme partisans, et qu’eux soient satisfaits de toi en tant qu’imam. »

Ali (ra) ne cherchait pas la richesse

Un jour Ibnou t-Tayyah est venu à Ali (ra) et lui a dit :

« Emir des croyants, le trésor public des musulmans s’est rempli d’or et d’argent. »
Alors Ali (ra) a dit :
« Allahou ‘Akbar »
Et il s’est relevé en s’appuyant sur Ibnou t-Tayyah. Ils se sont rendus au Trésor des musulmans (baytoul-mal), c’est-à-dire au trésor public. Ali (ra) a alors dit :
« Ô, toi le jaune et toi la blanche, allez entraîner quelqu’un d’autre que moi »

(Ici la jaune et la blanche signifient l’or et l’argent) et il a distribué tout ce qu’il y avait jusqu’à ce qu’il ne reste ni dinar ni dirham (dinar ce sont les pièces d’or et dirham ce sont les pièces d’argent). Puis il a ordonné qu’on nettoie la pièce et y a accompli deux rackat.

Il a été rapporté qu’une autre fois, il est rentré dans cet endroit et y a vu quelques richesses. Il a alors dit :

« Je ne veux pas voir cela ici alors que des gens sont dans le besoin. »

Il a ordonné que ces richesses soient partagées et elles l’ont été. Il a ordonné qu’on nettoie cette pièce et il s’y est endormi.

Ali (ra) n’a pas profité de l’argent du Trésor pour s’enrichir personnellement ou pour assouvir ses passions comme cela était vu des monarques de son époque. Il pensait avant tout au bien-être des musulmans. Il recherchait l’agrément de Dieu et la réussite dans l’au-delà.

Ali (ra) vivait modestement, un jour, il est monté sur le minbar et a dit :

« Qui veut acheter mon épée que voici ? Si j’avais eu le prix d’un pagne je ne l’aurai pas vendue. » C’est alors qu’un homme s’est levé et lui a dit : « Moi je te prête l’argent d’un pagne. »

Une autre fois, des gens l’ont blâmé pour ses vêtements et il a dit :

« Qu’avez-vous avec mes vêtements ? C’est mieux ainsi afin de ne pas tomber dans l’orgueil et que les musulmans prennent exemple sur cela. »

En effet, la tenue modeste de Ali (ra) témoigne de son humilité et de son ascèse.

Ali (ra) avait un mérite particulier. Il avait beaucoup de science, le Prophète (saw) en a témoigné. Il a dit : 

« Je suis comme une ville de science et Ali (ra) en serait la porte. » 

‘Ahmad et Al-Hakim, et d’autres que ces deux-là, ont rapporté que le Messager Mohammad (saw) a dit :

 « Celui qui insulte Ali, c’est comme s’il m’avait insulté. Et celui qui m’a insulté, c’est comme s’il avait insulté Dieu (Allah). »

Insulter Ali (ra) est un grand pêché. Ainsi, celui qui insulte Ali, qui le déteste et qui ne l’aime pas est un grand pécheur. Et ceci est une mise en garde contre l’insulte de Ali.

Muslim et d’autres ont rapporté que Ali (ra) a dit :

« C’est la promesse que le Prophète, qui ne lit pas et n’écrit pas, m’a faite, que ne m’aimera que le croyant et ne me détestera que l’hypocrite. »

Si insulter un musulman ordinaire est un grand péché, que dire alors de celui qui insulte Ali (ra)?

le Prophète (saw) a transmis sa bannière à Ali. Dans le sahih de Muslim est parvenu que Amir Ibnou Sad Ibnou Abi Waqqas a rapporté d’après son père qu’il a dit :

« Muawiya Ibnou Abi Sofyân a ordonné à Sad d’insulter Ali (ra) », celui-ci a refusé. Muawiya a alors demandé : « Qu’est-ce qui t’empêche d’insulter Abou Tourab (c’était le surnom de Ali) ? »
Il lui a répondu :

« Pour répondre à ta question, trois paroles du Messager de Allah m’en empêchent. Et c’est pour cela que je ne l’insulterai jamais. Posséder une seule d’entre elles vaut mieux pour moi que les biens les plus précieux. »

C’est alors que Sad a cité ces trois choses :

1. Le Messager d’Allah (saw) a chargé Ali (ra) de rester derrière lui, quand il est parti pour une des conquêtes, Ali (ra) lui a dit :

« Ô Messager de Allah, tu m’as laissé avec les femmes et les enfants ? »
Le Messager de Allah (saw) lui a répondu :
« Ne voudrais-tu pas être pour moi ce que Haroun fut pour Moussa ? Mais il n’y a plus de Prophète après moi. »

Haroun et Moussa étaient tous deux Prophètes.

2. Je l’ai entendu dire le jour de la bataille de Khaybar :

 « Je donnerai la bannière à un homme qui aime Allah et Son Messager, et que Allah aime et que Son Messager aime. »
Le compagnon a dit :
« Nous avons tous souhaité être cet homme. »
Et le Prophète (saw) a ajouté :
« Appelez-moi Ali. »

Il est venu, il avait le ramad (une infection des yeux). le Prophète (saw) a mis de sa salive dans les yeux de Ali (ra) et lui a donné la bannière. Et Dieu lui a accordé la victoire.

3. Quand le verset a été révélé :

« Dis, venez et allons appeler, venez, nous appellerons nos enfants et vos enfants. »
(Coran 3 Verset 61)
Le Messager de Allah a appelé Ali, Fâtimah, Al-Hassan et al-Houssayn. Et il a dit :
« Ô Allah, ceux-là sont ma famille. »

Et cela a été rapporté également par An-Nasa’y. Le Messager considérait donc son gendre comme étant de sa famille.

C’est pour ces 3 raisons que Sad a catégoriquement refusé d’insulter Ali.

Ali (ra) était doué en science, il lui suffit comme mérite le hadith :

« Je [le Prophète Mohammad] suis comme une ville de science et Ali (ra) en serait la porte. »

Et c’est un honneur pour lui qu’il soit le premier des enfants à être entré en Islam. C’est également un mérite pour lui qu’il soit descendu dans la tombe du Messager lorsque celui-ci est décédé afin de l’enterrer, et qu’il ait participé à son lavage. Ali (ra) possède d’autres mérites, et d’autres caractères louables. Il fait partie des compagnons auxquels le Messager d’Allah (saw) a annoncé la bonne nouvelle qu’ils seront au Paradis.

Ali (ra) était un calife juste et intelligent. Il faisait preuve d’une grande sagesse lorsqu’il jugeait les conflits entre les gens.

Les bons jugements rendus par Ali (ra) lui ont valu les éloges du Prophète

Il a été rapporté du Prophète qu’il a dit :

 « Celui qui est le plus fiable dans ses jugements entre les gens dans ma communauté, c’est Ali. »

Et d’après Oumar Ibn Khattâb, il a dit :

« Celui qui est le plus fort d’entre nous pour juger entre les gens, c’est Ali (ra) Ibn Abi Talib. »

Ibn Mas’ûd (ra) a dit :

« Nous discutions entre nous et nous disions que celui qui était le plus fort des gens de Médine pour juger entre les gens était Ali Ibn Abi Talib (ra). »

Les récits suivants témoignent de la force et de l’extrême intelligence de Ali (ra) pour juger entre les gens.

La dispute des familles de 4 hommes tués par un lion

Notre maître Ali (ra) a été envoyé au Yémen par le Messager d’Allah. Une fois là-bas, il a appris que quatre hommes étaient tombés dans un piège dans lequel un lion était capturé. Le premier tombé a entraîné dans sa chute le deuxième qui en a entraîné un troisième qui lui-même a fait tomber un quatrième. Le lion les a blessés et ils sont morts de leurs blessures. C’est alors que leurs héritiers se sont disputés jusqu’à faillir s’entre-tuer.

Ali (ra) leur a alors dit :

« Moi, je juge pour vous départager. Si vous êtes d’accord, ce sera votre sentence. Sinon je vous empêche de vous voir les uns les autres jusqu’à ce que vous rencontriez le Messager d’Allah pour qu’il juge entre vous. Vous réunissez des biens de ceux qui ont creusé le piège. Ils verseront un quart du prix du sang plus un tiers du prix du sang plus une moitié du prix du sang et tout le prix du sang. Le premier tombé aura le quart du prix du sang car il a entraîné avec lui les trois autres, le deuxième aura le tiers car il en a entraîné deux autres, le troisième aura la moitié car il en a entraîné un et le dernier aura un prix du sang complet. »

Les gens ont refusé d’accepter cette sentence. Ils sont alors allés voir le Messager d’Allah et l’ont rencontré près du maqam de ‘Ibrahim. Ils lui ont raconté leur histoire et un homme lui a dit :

« Il y a Ali (ra) qui nous a déjà donné une sentence. »

Lorsqu’ils lui ont dit ce que Ali (ra) avait dit, le Messager a confirmé cette sentence. Ceci témoigne de la grande intelligence de l’imam Ali.

La dispute de 2 hommes qui avaient mangé ensemble

Il est également rapporté au sujet de Ali (ra) qu’il a émis un jugement entre deux hommes qui étaient en train de manger ensemble. L’un avait 5 pains avec lui et l’autre en avait 3. Un troisième homme est venu et il leur a demandé la permission de manger avec eux, et de partager leur repas. Ils ont accepté. Ils ont tous trois mangé de façon équivalente.

Le troisième arrivé leur a donné 8 dirhams (le dirham est la monnaie de l’époque) et leur a dit :

« Ça, c’est en contre partie de ce que j’ai mangé de votre nourriture. »
Les deux hommes se sont disputés pour partager ces 8 dirhams.
Celui qui avait 5 pains a dit :
« Moi, je prends 5 dirhams et toi je t’en donne 3. »
Mais celui qui avait ramené 3 pains a répondu : « Non, on les partage à parts égales. »
Ne se mettant pas d’accord, ils sont partis voir Ali (ra). C’est alors que Ali (ra) a dit à celui qui avait 3 pains :
« Accepte la proposition de ton ami. »
Mais celui qui avait 3 pains a refusé et a dit :
« Moi, je ne veux que la vérité même si elle est amère. »
Alors Ali (ra) lui a dit :
« Pour la vérité qui t’est amère, tu n’as droit qu’à 1 seul dirham et lui, il en prend 7. »
Il lui a dit :
« Et comment cela Emir des croyants ? »
Il lui a répondu :
« Parce que 8 dirhams, c’est 24 tiers et les 5 pains représentent 15 tiers. Et les 3 pains représentent 9 tiers. Vous avez mangé à parts égales. Toi tu as mangé 8 tiers, et de tes 9 tiers d’origine, il te reste 1 tiers. Quant à ton ami, il a mangé 8 tiers et il lui reste de ce qu’il a ramené 7 tiers. Le troisième a pris 8 tiers, c’est-à-dire 1 tiers de chez toi et 7 tiers de ton ami. Tu auras donc 1 part sur 8 de ce qu’il a donné des 8 dirhams et lui aura 7 parts sur 8 des 8 dirhams. Tu auras donc 1 dirham et ton ami aura 7 dirhams. »
Alors l’homme a dit :
« Maintenant, j’accepte. »

Certains prodiges de Ali

Ali (ra) faisait partie des grands saints. Il lui arrivait certains prodiges par la volonté de Dieu. De nombreux recueils les évoquent.

Le calife Ali (ra) était un saint, il avait un haut degré selon le jugement de Dieu. Dieu lui a accordé certains prodiges, ce sont des actes extraordinaires qui témoignent de sa sainteté.

Le moulin à grain qui tournait tout seul

Abou Dharr (ra) a rapporté :

« Le Messager d’Allah (saw) m’a envoyé appeler Ali (ra). Je suis parti chez lui, je l’ai appelé mais il ne m’a pas répondu. Je suis revenu et j’en ai parlé au Messager d’Allah (saw) qui m’a alors dit :
« Retournes-y et appelle-le ». Je suis reparti pour l’appeler et j’ai entendu le bruit d’une pierre à moudre. C’est alors que j’ai regardé et j’ai vu le moulin moudre tout seul sans que personne ne le fasse tourner. Je l’ai appelé. Il est sorti apaisé et je lui ai dit que le Messager d’Allah l’appelait. Il est alors venu au Messager.
Après son départ, je suis ensuite resté à regarder le Messager de Allah au point qu’il m’a dit :
« Qu’est-ce que tu as ? »
Je lui ai dit :
« Ô Messager de Allah, je suis au comble de l’étonnement. J’ai vu le moulin moudre dans la maison de Ali (ra) alors que personne ne le faisait tourner. » »

Dieu l’a protégé

Une fois, deux hommes qui s’étaient querellés sont venus voir Ali (ra) pour qu’il règle leur différend. Alors que Ali (ra) était assis, appuyé contre un mur, un des deux hommes lui a dit :

« Ô Emir des croyants, fais attention, ce mur va s’écrouler. » 
Alors Ali (ra) lui a répondu : « Poursuis ton affaire, Allah me suffit comme protecteur. » 

Ali (ra) a prononcé la sentence entre les deux hommes qui s’étaient querellés, il s’est levé et le mur s’est écroulé juste après ! Ceci est un prodige que Dieu a accordé à Ali, Il l’a protégé.

Le Califat de Ali

Après l’assassinat du calife Uthman (ra), les rebelles proposèrent le califat à Ali (ra) mais ce dernier déclina. Cependant, les grands responsables parmi les Emigrés et les Auxiliaires insistèrent pour qu’il accepte, afin d’éviter de nouveaux troubles. Ali (ra) consentit donc à leur requête et dans les derniers jours de Dhul-Hijjah de l’an 35 de l’Hégire, on vint lui prêter serment solennellement.

L’état islamique sous le califat de Alî (ra)

Ali (ra) demeura environ cinq années à la tête de l’état. Son califat coïncida avec une période de troubles et de dissensions parmi les Musulmans, causées par ce qui avait conduit à la mort du calife Uthman (ra). Les conséquences de ces troubles apparaîtront à la bataille d’Al-Jamal et celle de Siffîn.

La bataille d’Al-Jamal

Talha IbnUbaydullah (ra) et Az-Zubayr Ibn Al-‘Awwâm (ra) font partie des six que le calife Umar (ra) avait désignés pour choisir son successeur. Et lorsqu’après la mort de Uthman (ra), on jura fidélité à Ali, Talha et Az-Zubayr furent de ceux qui prêtèrent serment. Mais sous l’influence des troubles, ils changèrent d’avis, de même que la mère des croyants A’ishah (ra). En l’an 36, le différend entre les deux camps s’accrut au point de mener à la bataille d’Al-Jamal. Cette bataille débouchera sur une véritable hécatombe au sein des deux camps, sans épargner Talha et Az-Zubayr (ra).

La bataille de Siffîn

La première décision de Ali (ra) en tant que calife, sera de révoquer certains gouverneurs que Uthman (ra) avait nommés, parmi lesquels Muawiya Ibn Abi Sofyân, gouverneur de Damas depuis le califat de Umar (ra) et du Shâm depuis celui de Uthman (ra). Plutôt que d’obéir aux ordres du nouveau calife et d’abandonner sa fonction, Muawiya l’accusa d’être de mèche avec les rebelles dans l’assassinat de son prédécesseur. La crise prit de l’ampleur jusqu’à finalement aboutir en l’an 37, à la bataille de Siffîn, bataille qui a failli s’achever sur la victoire de Alî (ra) si ce n’est que les partisans de Muawiya, pressentant la défaite, brandirent des exemplaires du Coran au bout de leurs lances sollicitant l’arbitrage du Livre d’Allah.

Ali (ra), estimant que ce n’était qu’une ruse, n’accepta pas cette proposition bien que la majorité de son armée opta pour l’arbitrage. Après qu’il eut accepté l’arbitrage, certains soldats lui demandèrent de retourner combattre et de délaisser cet arbitrage. Devant son refus, cette faction entra en dissidence et sortirent de son autorité. C’est pour cela qu’ils furent surnommés les Kharijites (de la racine arabe « kha-ra-ja » qui signifie sortir).

Ali (ra) s’accorda ensuite avec Muawiya sur la désignation de deux représentants pour ce jugement. Le calife désigna Abû Musa Al-Asharî, Muawiya choisira quant à lui Amr Ibn Al-Âs.

Les deux représentants se réuniront à Dawmat Al-Jandal mais ne parviendront malheureusement pas à une solution acceptable.

Les kharijites

Après être sortis de l’autorité de Ali (ra), les Kharijites se mirent à provoquer des troubles un peu partout, obligeant le calife à les combattre. Une grande bataille s’engagea alors entre les deux camps à Nahrawan (dans l’actuel Iraq situé entre Baghdâd et Wâsit), bataille qui fera de nombreux morts dans les rangs kharijites.

Après cette débâcle, le Kharijite Abdurrahmân Ibn Al-Muljim (qui avait survécu et fui) réussit à asséner un coup d’épée à Ali (ra) alors que ce dernier dirigeait la prière de l’aube, le 15 du mois de Ramadan de l’an 40 de l’Hégire. Deux jours après, à l’âge de soixante-trois ans, son âme pure rejoignit son Seigneur.

Après l’assassinat de Ali (ra), ses partisans prêtèrent serment à son fils Al-Hasan (ra). Toutefois, celui-ci fit le choix de céder son titre en faveur de Muawiya, pour préserver la vie des Musulmans.

Les funérailles de Abou Tourab

Al-Hassan et Al-Houssayn, les deux fils de l’imam Ali, ainsi que AbdoulLah, le fils de son frère Jafar, se sont occupés de son lavage mortuaire. Al-Hassan a dirigé la prière funéraire et Ali (ra) a été enterré peu avant l’aube. Certains disent qu’il a été enterré en face de la mosquée Koufa ; d’autres devant le palais des gouverneurs ; d’autres encore ont dit à Najaf. Mais en vérité sa tombe a été dissimulée par crainte des nuisances de la part des kharijites et personne ne sait où elle se trouve.

Qu’Allah le Tout-Puissant l’enveloppe dans Sa miséricorde.


Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

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