Jour 8 : Révélation Mecquoise et Médinoise
Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.
Par convention, les savants qualifient de mecquois le Coran révélé avant l’hégire et de médinois ce qui en fut révélé après l’hégire, en référence aux villes de la Mecque et de Médine. Les sourates mecquoises représentent environ 19/30ème du Coran alors que les sourates médinoises représentent 11/30ème, sur un total de 114 sourates. Quatre-vingt-deux sont mecquoises à l’unanimité, vingt sont médinoises à l’unanimité et douze sourates font l’objet de divergences quant à leur caractère mecquois ou médinois.
Les vingt sourates médinoises sont : Al-Baqarah, Âl `Imrân, An-Nisâ’, Al-Mâ’idah, Al-Anfâl, At-Tawbah, An-Nour, Al-Ahzâb, Muhammad, Al-Fath, Al-Hujurât, Al-Hadîd, Al-Mujâdalah, Al-Hashr, Al-Mumtahanah, Al-Jumu`ah, Al-Munâfiqûn, At-Talâq, At-Tahrîm et An-Nasr.
Les sourates qui font l’objet de divergence sont : Al-Fâtihah, Ar-Ra`d, Ar-Rahmân, As-Saff, At-Taghâbun, At-Tatfîf, Al-Qadr, Al-Bayyinah, Al-Zalzala, Al-Ikhlâs et les deux sourates préservatrices (Falaq et Nass).
Les quatre-vingt-deux sourates restantes sont consensuellement mecquoises.
Révélation Mecquoise
Dieu accorda à Ses Prophètes des miracles en adéquation avec leur époque afin d’appuyer leur Message.
Il donna à Moïse un bâton qui se transforma en un énorme serpent avalant les cordes des magiciens. De même, lorsqu’il mit sa main sur son côté puis la ressortit, elle était d’une blancheur éclatante, plus éblouissante que le soleil. Les Egyptiens avaient en effet excellé en magie et Moïse vint avec un miracle qui surpassait leur magie.
Jésus fut envoyé à une époque marquée par des progrès médicaux et des avancements dans le développement des remèdes. Dieu lui accorda alors des miracles dans ces mêmes domaines si bien qu’il put guérir l’aveugle-né et le lépreux, et ressuscita les morts, par la permission d’Allah.
Muhammad, quant à lui, fut envoyé dans les terres des arabes, au milieu de personnes illettrées, excellant dans l’éloquence et les belles paroles, versifiées ou en prose.
Les arabes avaient coutume d’user de la prose rimée, de parler par phrases rythmées et donnaient beaucoup d’importance à la rhétorique. Ils jouaient sur la corde de l’émotion, employaient des procédés linguistiques et variaient leurs expressions, afin de séduire leur audience et l’éveiller.
La révélation mecquoise s’adressa à ces Arabes. C’est la Parole de l’Audient, du Voyant, du Compatissant, le Parfaitement Connaisseur, qui créa l’homme et qui sait, mieux que quiconque, ce que l’âme de l’homme lui suggère. C’est ainsi que Dieu révéla le Coran, au paroxysme de l’éloquence. Plus encore, le Coran atteignit dans ce domaine un degré inaccessible, un rang hors concurrence, si bien que Dieu leur dit :
« Dis : « Même si les hommes et les djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s’ils se soutenaient les uns les autres » »
(Sourate 16 Verset 88)
Les premières révélations du Coran furent faites au Prophète alors qu’il était à la Mecque Honorée. La révélation se poursuivit dans cette ville pendant treize ans, appelant les gens à embrasser la foi en Dieu et à vouer un monothéisme pur au Créateur. Le Noble Coran lutta contre l’adoration des idoles et des statues, rappela aux gens la Résurrection et le Jugement, projeta des images du retentissement de la Trompe (Il s’agit ici de la Trompe qui marque la fin du monde, puis donne le signal pour la Résurrection), l’exode à partir des tombes, la distribution des registres des œuvres, la pesée des œuvres, le passage sur le Sirât, l’entrée des pieux au Paradis et la chute des mécréants en Enfer.
Par ailleurs, le Coran détailla la description du Paradis et de ses délices : les fleuves qui y coulent, ses fruits à portée de mains, les houris aux yeux magnifiques, et des éphèbes éternellement jeunes.
Le Coran décrit également l’Enfer et ses divers châtiments et tourments. Ses habitants auront le visage noirci ; leurs visages seront tournés dans le Feu, ils mangeront du darî` et du zaqqûm, ils boiront une eau bouillante telle le métal en fusion, brûlant le visage. Dieu – Exalté Soit-Il – ne les regardera pas, Il ne leur parlera point, et ils auront un douloureux châtiment.
La toute première phase dans l’histoire de la révélation mecquoise comporte les sourates suivantes : Al-`Alaq, Al-Muddaththir, At-Takwîr, Al-A`lâ, Al-Layl, Ash-Sharh, Al-`Âdiyât, At-Takâthur et An-Najm.
Les sourates de cette période sont caractérisées par leur extrême concision, la brièveté des versets, l’harmonie des transitions, la variation du discours entre l’injonction, l’interdiction, l’interrogation et le souhait, le choix des termes, la matérialisation des abstractions, la personnification et l’attribution de mouvements, de vie et de discours à des objets inanimés. Les sourates sont alors autant de scènes évocatrices, de spectacles fantastiques et vivants, inscrits dans un appel à dessein trouvant son chemin vers les cœurs et s’écoulant à l’intérieur des esprits calmant leur orgueil, rectifiant leurs travers grâce aux vérités éclatantes qu’il expose à propos de l’univers et de ses scènes, la création, la résurrection, le commencement et le retour.
Le Noble Coran relate également dans cette phase de courts récits sur les prophètes précédents et les nations passées en guise d’avertissement aux polythéistes et à titre de soutien aux croyants. Il montre également que la religion est une dans ses fondements et ses croyances et que l’islam est un appel général embrassant l’ensemble de l’humanité.
La phase mecquoise intermédiaire comporte les sourates `Abasa, At-Tîn, Al-Qâri`ah, Al-Qiyâmah, Al-Mursalât, Al-Balad et Al-Hijr. Les sourates de cette période conservent la brièveté de leurs versets et le rythme des transitions, sauf que certaines sourates commencent à être plus longues, de même que certains versets s’allongent à leur tour. On peut dire que cette phase clarifie la précédente et détaille les questions qui y sont abordées. Pendant la première phase, le Coran aborde en effet la foi, le commencement et la résurrection, la rétribution, la révélation et le jugement, sans entrer dans les détails de ses questions, ni développer un argumentaire. Dans la phase intermédiaire, il passe en revue ces questions clarifiant l’idée sous-jacente, développant les arguments, apportant des démonstrations et citant des preuves historiques, cosmologiques et psychologiques pour appuyer son message et incliner les esprits par la sagesse et la bonne exhortation.
La troisième et dernière phase comporte les sourates As-Sâffât, Az-Zukhruf, Ad-Dukhân, Adh-Dhâriyât, Al-Kahf, Ibrâhîm et As-Sajdah. Les sourates et les versets s’y distinguent par leur longueur et l’apparition de quelques lettres disjointes au début de certaines sourates. Le discours s’y adresse à l’humanité entière et non pas seulement aux habitants de la Mecque. On y expose certains sujets relevant du ghayb (L’Invisible) tels que l’Essence de Dieu, les anges et les djinns, les prophètes et les saints, les miracles et les prodiges.
Cette phase illustre également la foi monothéiste dans un nouveau style ; on y rappelle également les vertus de l’obéissance à Dieu et à Son Messager, préparant le terrain aux prescriptions et obligations qui allaient être détaillées à Médine.
Parmi les caractéristiques de la révélation mecquoise citons :
1- Chaque sourate où figure le mot kallâ (« non ! ») est mecquoise. Il y a 33 occurrences de ce mot dans le Noble Coran, toutes dans la seconde moitié du Coran.
2- Chaque sourate qui contient l’apostrophe « Ô gens ! » et ne contenant pas « Ô vous qui avez cru ! » est une sourate mecquoise.
3- Chaque sourate rapportant les récits des Prophètes et les communautés passées est mecquoise, exception faite de sourate Al-Baqarah.
4- Chaque sourate mentionnant le récit de Adam et Satan est mecquoise, sauf, encore une fois, sourate Al-Baqarah.
5- Chaque sourate débutant par des lettres détachées comme (Alif Lâm Mîm), (Tâ Sîn Mîm), ou (Hâ Mîm), est mecquoise, à l’exception de sourate Al-Baqarah et sourate Âl `Imrân.
6- Chaque sourate comportant une prosternation pendant la récitation est mecquoise.
Autres caractéristiques du Coran mecquois
– L’interpellation de l’intellect et de la réflexion.
– Le Coran mena une violente guerre contre le polythéisme (Shirk), l’idolâtrie (wathaniyyah) et les prétextes qu’avançaient les mecquois pour persister dans l’adoration des idoles.
– Le Coran aborda les mauvaises coutumes des mecquois. Il les appela à les délaisser, en leur montrant leurs effets néfastes sur l’individu et la société. Il leur interdit le meurtre, l’effusion du sang, l’enterrement des filles à leur naissance, la violation des honneurs, et l’usurpation de l’argent des orphelins.
– Le Coran exposa magnifiquement aux mecquois les fondements de l’éthique et les droits de la société. Il leur rendit détestables la mécréance, la perversion, la désobéissance à Dieu, l’anarchie, l’ignorance, le mauvais caractère, la dureté du cœur et la rudesse dans les paroles. Il leur fit aimer la foi, l’obéissance à Dieu, l’ordre, la science, l’amour, la miséricorde, la sincérité, le respect d’autrui, la gratitude envers les parents, la générosité à l’égard des voisins, la purification du cœur et la pureté de la langue…
– Le Coran relata aux mecquois les récits des Messagers, des Prophètes et l’histoire des peuples précédents.
– Le Coran s’adressa aux mecquois en des termes concis. C’est ainsi que les versets des sourates mecquoises furent courts.
Révélation Médinoise
Le Prophète (saw) émigra à Médine. Les Médinois accueillirent avec enthousiasme et hospitalité ce Loyal Messager. Paix et Islâm se propagèrent à Médine.
Les musulmans médinois furent appelés Ansâr (les Soutiens ou les Auxiliaires) alors que les musulmans ayant quitté la Mecque pour s’installer à Médine, furent qualifiés de Muhâjirûn (les Emigrés).
Le Prophète (saw) unit solennellement les Muhâjirûn et les Ansâr par un lien de fraternité. Il établit les fondements du nouvel Etat et s’engagea dans une réconciliation avec les juifs stipulant la liberté de foi et une défense commune de Médine.
Le Prophète (saw) voulait ainsi assurer la sécurité des musulmans à Médine afin qu’il puisse propager l’Islam en dehors de cette ville.
Le Prophète (saw) envoya des expéditions, dirigea les batailles et fut victorieux dans la plupart d’entre elles. Le nouvel ordre à Médine appela à la distinction de la révélation médinoise et à son harmonie avec la nouvelle société.
Suite à l’avènement et l’expansion de l’Islam à Médine, la société évolua, comptant principalement trois groupes religieux : les musulmans, les juifs et les hypocrites (munâfiqûn).
1- Les musulmans reçurent des versets médinois traitant de questions pointilleuses de la Législation islamique, des détails des jugements légaux, des divers types de lois – civiles, pénales, militaires, sociales, internationales -, des droits individuels, ainsi que des diverses œuvres cultuelles et transactions.
Cela apparaît de façon manifeste dans des sourates comme Al-Baqarah, An-Nisâ’, Al-Anfâl et Al-Hujurât.
2- Pour ce qui est des juifs, les sourates médinoises débattirent avec eux. Elles leur rappelèrent leur passé, leur falsification de la Parole de Dieu, leur transgression du jour du Shabat, les assassinats des Prophètes qu’ils commirent, leur adoration du veau d’or, leur amour pour la vie matérialiste, et leur grand attachement à la vie. Dieu dit à leur égard :
« Et certes tu les trouveras les plus attachés à la vie (d’ici-bas) … »
(Sourate 2 Verset 96)
Par ailleurs, les versets médinois décrivirent l’état des juifs du temps de Moïse, ainsi que leur état après lui, du temps de Jésus et à l’époque de Muhammad (saw). Ils montrèrent que leur comportement fut le même à ces différentes époques et que les nouvelles générations avaient hérité les viles manières de leurs aïeux. C’est pour cela que Dieu leur adressa, tous, un discours unique :
« …Dis : « Pourquoi donc avez-vous tué auparavant les prophètes d’Allah, si vous étiez croyants ? »
(Sourate 2 Verset 91)
3- Quant aux hypocrites, le Coran leur fit face, dévoila au grand jour les tréfonds de leurs consciences, et révéla leurs viles intentions si bien qu’une sourate portant leur nom fut révélée. Elle décrivit leur hypocrisie et fit la lumière sur leur tromperie et leur mauvais caractère. Dieu dit :
« Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent : « Nous attestons que tu es certes le Messager d’Allah » ; Allah sait que tu es vraiment Son messager ; et Allah atteste que les hypocrites sont assurément des menteurs. »
(Sourate 63 Verset 1)
Par ailleurs, la sourate At-Tawbah fut révélée à Médine. Cette sourate fut également appelée Al-Fâdihah (Littéralement « celle qui dévoile au grand jour »), car elle dévoila les hypocrites au grand jour et multiplia les assauts contre eux en montrant qu’ils trahissent les engagements, s’absentent du jihâd, espèrent le mal pour les musulmans, et avancent des prétextes mensongers dans l’espoir de séjourner à Médine et par crainte de participer aux batailles, surtout aux moments difficiles et sous la chaleur d’été. Dieu – Exalté Soit-Il – dit :
« Ceux qui ont été laissés à l’arrière se sont réjouis de pouvoir, rester chez eux à l’arrière du Messager d’Allah, ils ont répugné à lutter par leurs biens et leurs personnes dans le sentier d’Allah, et ont dit : « Ne partez pas au combat pendant cette chaleur ! » Dis : « Le feu de l’Enfer est plus intense en chaleur. » – S’ils comprenaient ! »
(Sourate 9 Verset 81)
Parmi les caractéristiques de la révélation médinoise citons :
1- Chaque sourate renfermant des détails relatifs aux sanctions pénales, aux obligations, aux droits, aux lois civiles, sociales ou internationales, est une sourate médinoise.
2- Chaque sourate autorisant le jihâd et traitant de ses prescriptions juridiques est médinoise.
3- Chaque sourate mentionnant les hypocrites est médinoise.
4- Chaque sourate débattant intensément avec les gens du Livre et les appelant à délaisser l’immodération dans la religion, est médinoise.
Les signes dominants qui caractérisent la révélation médinoise sont :
1- La longueur de la sourate, et certains de ses versets, le recours aux hyperboles et le style législatif paisible.
2- Le détail des preuves et arguments soutenant les vérités religieuses.
Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.