Jour 7 : L’inscription du Coran dans un Codex (Mushaf – Livre)
Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.
Après avoir vue comment la révélation a eu lieu, dans cet article nous verrons comment a été faite son inscription dans un Codex
À l’époque du Prophète (saw)
L’énergie du Prophète et de ses compagnons était dirigée initialement vers la mémorisation du Coran et sa collection dans les cœurs et les poitrines. Les musulmans s’attachèrent à sa récitation pendant les prières prescrites et lors des prières surérogatoires nocturnes, au cours de leurs voyages et quand ils se fixaient, de jour comme de nuit. Il y avait une armée de mémorisateurs ; des masses de musulmans qui récitaient le Coran au cœur de la nuit et à tous les moments de la journée.
Néanmoins, le prophète et ses compagnons accordèrent une attention extrême au Coran. Leur attachement à sa mémorisation et à sa récitation ne les détourna pas de son inscription ni de sa consignation qui furent à la hauteur des instruments d’écriture et des moyens disponibles de leur temps. Ainsi le Messager d’Allah engagea-t-il des scribes pour consigner la révélation. Certains étaient intérimaires et d’autres étaient consacrés à cette activité. Chaque fois qu’un passage du Coran était révélé, le Prophète leur ordonnait de l’inscrire tellement il veillait à son inscription et à sa consignation et par supplément de précaution et d’attention envers le Livre de Dieu afin que l’inscription appuie la mémorisation et que l’écrit corrobore le verbe.
Ces scribes étaient parmi l’élite des Compagnons. On comptait parmi eux :
– Abû Bakr,
– `Omar,
– `Uthmân,
– Mu`âwiyah,
– Abân Ibn Sa`îd,
– Khâlid Ibn Al-Walîd,
– Ubayy Ibn Ka`b,
– Zayd Ibn Thâbit et d’autres.
Le Prophète (saw) leur indiquait l’emplacement du passage dans sa sourate respective. Alors ils l’y inscrivaient sur les supports disponibles que ce soit les feuilles de palmiers, les pierres plates, les peaux, les feuillets, les omoplates et les côtes. Puis, l’écrit était conservé dans le domicile du Messager d’Allah (saw).
Ainsi à la fin de l’ère prophétique le Coran était-il compilé, non pas dans des parchemins ni dans un livre relié, mais dispersé dans les peaux, les os et les supports sus-mentionnés.
À l’époque de Abû Bakr (ra) – 1er Calife de l’Islam
Puis, lorsque Abû Bakr devint le Calife des Musulmans, il s’engagea activement dans les guerres d’apostasie. Un certain nombre de musulmans périrent dans ces guerres, notamment lors de la bataille d’Al-Yamamah qui déboucha sur la mort de Musaylimah l’Imposteur et durant laquelle 1200 musulmans dont 39 grands Compagnons et 70 mémorisateurs du Coran atteignirent le martyre.
Les musulmans s’attristèrent sur la mort des maîtres-récitateurs du Coran et craignirent qu’une partie du Coran ne soit perdue par la mort de ses dépositaires, Surtout ‘Oumar Ibn Al Khattâb (ra). Par conséquent, ils proposèrent à Abû Bakr (ra) de compiler le Coran dans un livre solidaire unique certifié par un comité de grands récitateurs l’ayant reçu du Messager d’Allah (saw).
On nomma Zayd pour superviser la compilation du Coran car il avait assisté à la Dernière Révision du Coran. En Effet, une révision annuelle du Coran se faisait entre l’ange Gabriel et le Prophète pendant le Ramadan. La Dernière Révision est celle qui eut lieu l’année du décès du Prophète. Il s’agit en réalité d’une double révision et Zayd était présent.
Zayd était jeune et donc plus endurant à la tâche. De par sa jeunesse, il était aussi moins arc-bouté sur son opinion personnelle et moins fier de son passé, ce qui lui permettrait une bonne écoute des grands Compagnons parmi les récitateurs et les mémorisateurs et d’être plus attentif à la compilation sans privilégier sa propre mémorisation.
Al-Boukhâri rapporte dans son Sahih que Zayd Ibn Thâbit (ra) dit :
« Après la mort des gens d’Al-Yamâmah, Abû Bakr me convoqua. Je trouvai chez lui `Umar Ibn Al-Khattâb. Abû Bakr (ra) dit :
« `Umar est venu me voir et pour me dire : « La mort a prélevé un lourd tribut sur les hommes le jour d’Al-Yamamah et je crains que cela ne touche les mémorisateurs sur les divers fronts si bien que l’on perdra une grande partie du Coran s’ils ne le compilent pas. Je serais donc d’avis que tu compiles le Coran. »
Abû Bakr demanda : « comment puis-je faire une chose que le Messager d’Allah n’a pas faite ? »
Il dit : « Par Allah, c’est une entreprise bénéfique. Il n’a cessé d’en discuter avec moi jusqu’à ce qu’Allah ouvre ma poitrine et que je partage l’opinion de `Omar ».
Zayd dit : « `Omar était assis et ne disait mot. Abû Bakr dit : « Tu es un homme jeune et sage et nous n’avons pas de suspicion à ton égard. Tu écrivais la révélation pour le Messager d’Allah (saw) alors poursuis le Coran et compile-le. »
Par Allah, si l’on m’avait chargé de déplacer une montagne, cela aurait été moins lourd pour moi que la compilation du Coran qu’il me demandait de faire. Je dis :
« comment feriez-vous une chose que le Messager d’Allah (saw) n’a pas faite ? »
Abû Bakr dit : « Par Allah, c’est une entreprise bénéfique. »
Je n’ai cessé d’en discuter avec lui jusqu’à ce qu’Allah ouvre ma poitrine pour ce pourquoi Il avait ouvert les poitrines d’Abû Bakr et de `Omar. Je m’employai donc à suivre le Coran le compilant des feuillets, des omoplates, des feuilles de dattiers et des poitrines des hommes.
Les feuillets où « le Coran » compilé furent conservés chez Abû Bakr jusqu’à ce qu’Allah le rappelle à Lui puis chez `Omar jusqu’à ce qu’Allah le rappelle à Lui à son tour, puis chez Hafsa la fille de `Omar et épouse du Prophète (saw). »
Zayd ne se basa pas sur sa propre mémorisation ni sur sa mémoire ni sur ce qu’il avait écrit pour le Messager d’Allah alors qu’il était l’un des scribes de la révélation les plus fiables. En fait, il compila tout ce qui a été inscrit en matière de Coran et s’assit avec `Omar à la porte de la mosquée disant :
« Quiconque a appris quelque passage du Messager d’Allah (saw) qu’il nous l’apporte »
Zayd et ses assistants prirent toutes les précautions nécessaires :
« On n’acceptait un passage que sur le témoignage de deux personnes attestant qu’il avait été inscrit en présence du Messager d’Allah (saw) »
Le texte coranique fut établi par un tawâtur abondant (transmissions parallèles concordantes et nombreuses), transmis par des masses nombreuses que l’on ne peut soupçonner de connivence dans le mensonge et Dieu se chargea de sa préservation. Son inscription fut conduite de la manière la plus parfaite grâce au conseil de `Omar, la conviction d’Abû Bakr et l’énergie de Zayd Ibn Thâbit et sa volonté sincère. Il s’agit là du document le plus fiable que l’histoire connut et ne fut entaché de la moindre altération ni changement :
« Nulle modification aux paroles d’Allah »
À l’époque de `Uthman (ra) – 3ème Calife de L’Islam
Les conquêtes s’étendirent pendant le califat de Oumar (ra) (2ème Calife) et ensuite de `Uthman (ra). Ce dernier autorisa les Compagnons à s’installer dans les diverses contrées musulmanes, chose que `Umar leur avait interdite leur demandant de rester auprès de lui à Médine. Ainsi les habitants de chaque contrée s’instruisirent-ils auprès d’un maître-récitateur parmis les compagnons.
Ils avaient alors diverses manières de réciter le Coran selon les différents modes dans lesquels il avait été révélé. Les gens différèrent alors dans la récitation et leurs divergences grandirent au point que l’un dise à son compagnon :
« Ma récitation est meilleure que la tienne. »
La discorde n’était pas loin :
« Ils divergèrent et se disputèrent, les uns reniant les autres, les désavouant et les damnant. »
Diverses narrations exposent les raisons qui poussèrent `Uthman (ra) à compiler le Mushaf (Le Codex : Le Coran), mais toutes ces narrations se rejoignent sur la présence d’éléments nouveaux dans la société musulmane qui poussèrent `Uthman à compiler le Coran en un seul et unique Mushaf.
Il est possible que les divergences se soient manifestées à Médine devant `Uthman (ra) (divergences entre les instituteurs du Coran), et en Irak et à Kûfah devant Hudhayfa (ra) (La récitation d’Ibn Massoud et celle d’Abû Musa) et que ce dernier en ait également été témoin lors de sa participation à la campagne d’Arménie (à l’occasion des conquêtes et du jihad et leur découverte de diverses récitations) et décida alors de porter l’affaire à `Uthman (ra). Il y a d’autres raisons qui ne sont pas mentionnées explicitement dans les narrations mais que l’on peut déduire des données que nous avons. Par exemple, on peut citer l’ignorance des nouveaux musulmans de tout ce qui touche aux sept modes (Al-Ahruf As-Sab`ah : les sept modes de récitation) ; en effet, même en ayant connaissance du hadîth stipulant que le Coran fut révélé dans ces sept modes, ils ignorent quels sont les lectionnaires (les récitations) corrects auxquels ils peuvent se référer en cas de divergence.
Par conséquent, `Uthman décida de réunir les gens autour d’un codex unique conforme à la langue de Quraysh, la langue de la révélation du Coran, pour unir les musulmans, conjurer la discorde, pour défendre l’intérêt général, et rassembler les gens autour d’un livre unique servant de base pour leur religion et d’axe pour leur vie. Leur rassemblement autour de lui est un rassemblement autour d’une anse solide et sur un fondement inébranlable.
Al-Boukhâri rapporte dans son Sahih selon une chaîne de transmission remontant à Ibn Shihâb que Anas Ibn Malik lui dit que Hudhayfa Ibn Al-Yamân, en provenance du front d’Arménie et d’Azerbaïdjan où il combattait avec les troupes d’Irak, inquiété par leurs différends à propos de la récitation, alla voir `Uthman et lui dit :
« Ô Prince des Croyants ! Fais quelque chose avant que cette Ummah ne se divise au sujet du Livre comme les juifs et les chrétiens ! »
« Si vous divergez avec Zayd Ibn Thâbit sur quelque chose dans le Coran, inscrivez-le selon la langue de Quraysh car il a été révélé dans cette langue. »
Lorsqu’ils eurent achevé la copie des parchemins dans les codex, `Uthman restitua les parchemins à Hafsa et envoya dans chacune des grandes régions l’un des codex ainsi copiés et ordonna que soit brûlé tout autre support du Coran que ce soit un parchemin ou un codex. »
L’inscription du codex à l’époque de `Uthman se fit selon la langue de Quraysh, la langue dans laquelle le Coran fut révélé, celle de la majorité des musulmans, celle de la poésie et de la littérature, la langue officielle de l’État. A l’aube de l’islam, il était permis de réciter le Coran dans divers dialectes arabes par facilité. Mais lorsque les arabes s’habituèrent à la récitation, que la restriction à un seul mode était devenue chose facile et davantage dans leur intérêt, ils se réunirent autour d’un seul mode, celui de la Dernière Exposition.
Le public agréa l’œuvre de `Uthman et l’approuva, convaincu par l’effort qu’il y dépensa et persuadé de la réalisation de l’intérêt de la Ummah en termes d’unité et de cohésion. L’Imâm `Ali (ra) dit :
« Ne dîtes que du bien au sujet de `Uthman. Par Allah, tout ce qu’il fit était au vu et au su de chacun d’entre nous. »
Il dit également :
« Si j’étais calife, j’aurais pris la même initiative que `Uthman vis-à-vis du codex. »
`Abd Ar-Rahmân Ibn Mahdî dit :
« Deux choses distinguent `Uthman par rapport à Abû Bakr et `Omar : sa patience face aux épreuves jusqu’à être assassiné injustement et le fait d’avoir rassemblé les musulmans autour du codex. »
Et Allah seul détient La Vérité
Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.