Jour 22 : Le Coran et la Révélation
1- Définition du wahy (inspiration divine et révélation)
2- Les formes de la révélation
3- La Spécificité de la révélation
4- Étendue temporelle de la révélation
5- Soins accordés à la Révélation
6- Les Mérites du Coran
Pour terminer ce mois de Ramadan, nous avons pensé important que nous sachions tout sur notre Livre : Le Coran
Après avoir relater les merveilleux récit qu’il contient, nous allons de ce jour 22 à la fin du Ramadan, Incha’Allah, parler de sa révélation en passant par sa compilation jusqu’à la Bienséance de sa lecture.
Aujourd’hui, nous verrons tout ce qui attrait à sa révélation.
Al-Boukhâri rapporte selon `Â’ishah (ra) :
« Le début de l’inspiration divine (wahy) au Messager d’Allah (saw) fut les songes véridiques durant son sommeil. Chaque fois qu’il faisait un rêve, il se réalisait manifestement. Puis, il eut une attirance pour la retraite solitaire. Il se rendait alors au Mont Hirâ’ où il se consacrait à l’adoration des nuits durant et il se préparait pour ces retraites. Ensuite, il retournait chez Khadija (ra) qui le parait pour une autre retraite jusqu’à ce que la Vérité le surprit à Hirâ’. C’est alors que l’ange lui apparut disant :
« Lis »
Le Messager de Dieu dit : Je lui répondis : « je ne lis guère. »
Alors il me saisit et me serra fort au point de m’épuiser puis me relâcha et me dit : « Lis. »
Alors je lui répondis : « je ne lis guère. »
Alors il me serra une deuxième fois au point de m’épuiser puis me relâcha et dit : « Lis. Alors je dis : je ne lis guère. »
Alors il me serra une troisième fois au point de m’épuiser puis me relâcha et dit :
« Lis au nom de ton Seigneur qui a créé
Qui a créé l’homme d’une adhérence.
Lis! Ton Seigneur est le Très Noble,
Qui a enseigné par la plume [le calame],
A enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. »
(Coran 96 Verset 1 à 5)
Alors le Messager de Dieu (saw) rentra chez son épouse Khadija et s’écria : « Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! »
On s’empressa de le tenir enveloppé jusqu’au moment où son effroi fut dissipé.
Puis il dit à Khadija :
« Je craignis pour moi-même ».
Khadija de lui dire :
« À Dieu ne plaise, Dieu ne te voudrait aucun mal. Par Dieu, tu entretiens tes liens de parenté, tu soutiens les faibles, tu donnes aux pauvres, tu accueilles généreusement les hôtes, et tu viens en aide aux victimes des vraies crises ».
Puis elle partit avec le Prophète voire son cousin Paternel Waraqa Ibn Nawfal. C’était un homme âgé, non-voyant, douée d’une connaissance des Anciens Livres. Khadija lui dit :
« Ô mon cousin, écoute les propos de ton neveu ».
Alors le Messager de Dieu (saw) lui relata ce qu’il vit. Waraqa lui dit :
« Cet Ange, c’est le Confident (Gabriel) qu’Allah a envoyé autrefois à Moïse. Plût à Allah que je sois vivant à l’époque où tes concitoyens te banniront ! »
« Ils me chasseront donc ? », s’exclama le Prophète (saw)
« Oui », reprit Waraqa. « Jamais un homme n’a apporté ce que tu apportes sans être persécuté ! Si je vis encore ce jour-là, je t’aiderai de toutes mes forces ».
Peu de temps après, Waraqa décéda et la révélation fut interrompue pendant un certain temps.
1- Définition du wahy (inspiration divine et révélation)
En langue arabe, wahy signifie : informer secrètement.
Il est utilisé de façon consacrée dans le vocabulaire religieux pour signifier : le fait que Dieu informe celui qu’Il a élu parmi Ses serviteurs de ce qu’Il veut lui faire connaître en termes de guidance et de savoir, et ce, d’une façon secrète, peu familière aux humains.
Ainsi, l’acception linguistique inclut-elle l’inspiration due à la disposition naturelle (Fitra) chez l’homme. Nous retrouvons cela dans Sa Parole :
« Et Nous inspirâmes à la mère de Moïse [ceci] : « Allaite-le » »
(Sourate 28 Verset 7)
Et, Sa Parole :
« Et quand J’ai inspiré aux Apôtres : « Croyez-en Moi et Mon messager (Jésus) ». Ils dirent : « Nous croyons ; et atteste que nous sommes entièrement soumis » »
(Sourate 5 Verset 111)
De même, cette acception englobe-t-elle l’inspiration innée chez les animaux, comme dans Sa Parole Exalté Soit-Il :
« Et ton Seigneur a inspiré aux abeilles : « Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres, et les treillages que [les hommes] font. »
(Sourate 16 Verset 68)
Quant à l’inspiration divine ou révélation aux Prophètes, elle vise à les informer des Instructions Divines. Il s’agit d’un phénomène similaire pour eux tous, car son origine est la même et sa finalité est unique.
C’est pourquoi, on a défini la révélation comme étant :
« L’enseignement de façon secrète provenant de la part de Dieu pour les Prophètes, que la Paix soit sur eux ».
Dieu Exalté Soit-Il a dit :
« Nous t’avons fait une révélation comme Nous fîmes à Noé et aux prophètes après lui. Et Nous avons fait révélation à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, à Jésus, à Job, à Aaron et à Salomon, et Nous avons donné le Zabour à David. Et il y a des messagers dont Nous t’avons raconté l’histoire précédemment, et des messagers dont Nous ne t’avons point raconté l’histoire — et Allah a parlé à Moïse de vive voix »
(Sourate 4 Versets 163 et 164)
2- Les formes de la révélation
Dans un seul verset, le Noble Coran a indiqué trois formes que peut prendre la révélation.
La première : le fait de projeter le sens dans le cœur d’un Prophète.
La deuxième : le fait de parler à un Prophète de derrière un voile, comme Dieu a appelé Moïse de derrière l’arbre et ce dernier a entendu Son Appel.
La troisième : l’envoi d’un ange à un Prophète pour lui transmettre ce dont il a été chargé de communiquer. Cette forme est la plus fréquente de toutes. Toute la révélation du Coran est de cette forme que l’on appelle wahy jaliyy (révélation explicite et manifeste).
Dieu Exalté Soit-Il a dit :
« Et Il n’a pas été donné à un mortel qu’Allah lui parle autrement que par révélation, ou de derrière un voile, ou qu’Il [lui] envoie un messager (Ange) qui révèle, par Sa permission, ce qu’Il [Allah] veut. Il est Sublime et Sage »
(Sourate 42 Verset 51)
Et Il a dit, Glorifié Soit-Il :
« Et l’Esprit fidèle est descendu avec cela sur ton cœur, pour que tu sois du nombre des avertisseurs »
(Sourate 26 Versets 193 et 194)
Par ailleurs, l’ange descend avec la révélation sous des formes diverses. Il lui arrive d’apparaître au Prophète sous sa forme réelle, angélique. Il lui arrive aussi d’apparaître sous une forme humaine ; l’audience le voit et l’entend dans ce cas. Il lui arrive aussi de descendre sur le Prophète et rester invisible, mais les conséquences de sa venue et l’émotion sont visibles sur le Messager. Il s’absente alors à son environnement comme s’il s’était évanoui. Il ne s’agit aucunement d’un évanouissement ; dans cet état, il est absorbé spirituellement par la rencontre avec l’ange, il sort de sa condition humaine normale, ce qui influence son corps qui devient très lourd, au point que la sueur peut couler abondamment de son front alors qu’il fait très froid. Il se peut aussi que l’effet de la révélation sur le Prophète soit similaire au son d’une cloche. Il s’agit dans ce dernier cas de sa forme la plus éprouvante. Il arrive aussi que les personnes présentes entendent comme le bruit des abeilles près du visage du Prophète, sans pour autant comprendre ce son. Quant à lui, paix et bénédiction de Dieu sur lui, il entend et comprend ce qui lui est révélé. Il sait qu’il s’agit d’une révélation divine, avec certitude, sans la moindre confusion, sans le moindre doute, sans l’ombre d’une hésitation. Lorsque la révélation s’arrête, il trouve ce qui lui a été révélé présent dans sa mémoire, gravé, comme si cela avait été inscrit dans son cœur.
Dieu dit :
« Et il ne prononce rien sous l’effet de la passion ; ce n’est rien d’autre qu’une révélation inspirée »
(Sourate 53 Versets 3 et 4)
Al-Boukhâri rapporte dans son Sahih, selon Â’ishah (ra) qu’Al-Hârith Ibn Hishâm demanda au Messager de Dieu (saw) :
« Ô Messager de Dieu, comment te vient la révélation ? »,
« Parfois, dit le Prophète, elle me vient comme le bruit d’une cloche, c’est pour moi la forme la plus éprouvante. Lorsqu’elle cesse, j’ai alors compris ce qui m’a été dit. Il arrive aussi que l’ange apparaisse sous une forme humaine ; il me parle et je comprends ce qu’il dit ».
`Â’ishah dit : « Je vis la révélation descendre sur lui un jour où il faisait très froid. Lorsque la révélation cessa, la sueur coulait abondamment de son front »
3- La Spécificité de la révélation
La révélation est un inconnu céleste que Seul Dieu détient. Il s’agit d’un secret parmi les Secrets de Dieu qu’Il l’inspire à Ses serviteurs. C’est donc un miracle divin par lequel Dieu privilégie Ses Prophètes et Ses Messagers. C’est une vérité qui n’a absolument aucun rapport avec l’hypnotisation, ou l’enregistrement des voix sur une bande magnétique, ou leur transmission via des téléphones ou des portables. Il s’agit également d’une vérité différente et distincte de l’inspiration (Ilham) ou le songe véridique (ru’yâ sâdiqah), qui se produisent pour des humains qui ne sont pas Prophètes, ou encore toute autre chose qui peut arriver aux humains.
Le Docteur Muhammad Darrâz disait :
« Sache que la révélation divine, sous toutes ses formes, est accompagnée d’un savoir, ou d’une prise de conscience, de la part de celui qui reçoit la révélation. Il sait que ce qui lui est communiqué est une vérité de la part de Dieu, et non pas quelque pensée illusoire ou insufflement du diable. Cela se produit sans préliminaire. C’est comme la prise de conscience de certains phénomènes émotionnels tels la faim, la satiété, l’amour ou la haine. Si tu réalises que telle est la caractéristique de la révélation divine, tu sauras qu’elle est spécifique aux Prophètes, paix sur eux, et tu n’auras pas de peine à la distinguer de certaines inspirations divines ou songes véridiques qui surviennent pour des personnes qui ne sont pas des Prophètes. Il a été rapporté que le croyant voit par la Lumière de Dieu et que le songe véridique est une fraction de soixante-quatre fractions de la Prophétie (nubuwwah). Ainsi, ce qui survient pour les pieux en matière d’inspiration (Ilham) n’appartient aucunement aux savoirs certains, mais ce sont plutôt des choses que l’on pense être vraies de façon spéculative. Il est possible que l’influence d’un ange et celle d’un diable s’y mêlent d’une façon qui porte à confusion. C’est pour cela que l’inspiré (al-mulham) a besoin d’éléments extérieurs supplémentaires pour juger de quel type d’influence il s’agit. De même, le songe véridique, qui peut survenir pour de nombreux humains, même parmi les pervers et les mécréants, n’a pas cette caractéristique spécifique de la révélation divine. Pour le songe dit véridique, on pense qu’il est véridique, par habitude à ce qu’il soit ainsi »
(Abd Ar-Rahîm Fûdah dans la Révélation et le Coran, p. 9)
Quiconque récite les versets du Coran voit que la révélation est commandée par Dieu. C’est un bienfait de Dieu pour ses serviteurs ; un bienfait qu’Il accorde à qui Il veut. Dieu a dit :
« Tu n’espérais nullement que le Livre te serait révélé. Ceci n’a été que par une miséricorde de ton Seigneur »
(Sourate 28 Verset 86)
Et dans son poème l’auteur de Al-Jawharah écrivit :
« Le statut de Prophète ne s’obtient par le mérite, quand bien même on aurait gravi les plus hauts échelons du bien.
C’est un bienfait de Dieu qu’Il accorde à qui Il veut. Exalté Soit Dieu, le Pourvoyeur des dons. »
Il arrivait que la révélation tarde à venir pour le Prophète, à des moments où il désire fortement la recevoir. Mais, il ne peut l’accélérer.
Les habitants de la Mecque adressèrent au Prophète plusieurs questions sur l’Âme (Ar-Rûh), les Gens de la Caverne (Ahl Al-Kahf) et Dhul-Qarnayn. Il leur dit :
« Demain, je vous donnerai la réponse » et par oubli, il a omis de dire « inshâ’Allâh » (Si Dieu le veut).
La révélation tarda, pendant quinze jours, si bien que les mécréants mecquois dirent :
« Le Dieu de Muhammad l’a abandonné et l’a détesté… ».
Lorsque Jibril descendit, le Prophète lui dit
« Ô Jibril, tu n’es pas venu jusqu’à ce que tu m’aies beaucoup manqué ».
« Tu m’as manqué davantage », lui répondit Jibril.
Alors le Prophète de lui demander :
« Qu’est-ce qui t’a empêché de descendre ? ».
Jibril récita :
« Nous ne descendons que sur ordre de ton Seigneur. À Lui tout ce qui est devant nous, tout ce qui est derrière nous et tout ce qui est entre les deux. Ton Seigneur n’oublie rien »
(Sourate 19 Verset 64)
La révélation a enseigné au Prophète le fait de commencer par la mention de la Volonté de Dieu, afin que cela soit un enseignement pour sa communauté :
« Et ne dis jamais, à propos d’une chose : « Je la ferai sûrement demain ». Sans ajouter : « Si Allah le veut », et invoque ton Seigneur quand tu oublies et dis : « Je souhaite que mon Seigneur me guide et me mène plus près de ce qui est correct » »
(Sourate 18 Versets 23 et 24)
Puis, la révélation se chargea de répondre aux questions soulevées [par les mécréants mecquois] :
« Et ils t’interrogent au sujet de l’âme, Dis : « l’âme relève de l’Ordre de mon Seigneur ». Et on ne vous a donné que peu de connaissance »
(Sourate 17 Verset 85)
De même, la révélation a traité du récit des Gens de la Caverne et celui de Dhul-Qarnayn (cf. Jour 9 et Jour 20)
Par ailleurs, la révélation s’est suspendue, après que les premiers versets de sourate Al-`Alaq (96) aient été révélés. La révélation s’interrompit pendant trois ans où le Prophète eut un ardent désir pour la rencontre de Jibril et il y éprouva une vive douleur, de peur que le retard de la révélation soit un châtiment divin à cause de quelque péché qu’il aurait commis. Alors que le Prophète marchait en haut des montagnes, il entendit une voix dans le ciel. Il leva le regard et c’est là qu’il vit l’Ange qui était venu le trouver à Hirâ’. Il fut pris d’une frayeur et revint à son épouse Khadija en disant :
« Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! ».
Dieu Exalté Soit-Il a alors révélé ces versets :
« 1. Ô, toi le revêtu d’un manteau !
2. Lève-tôt et avertis.
3. Et de ton Seigneur, célèbre la grandeur.
4. Et tes vêtements, purifie-les.
5. Et de tout péché, écarte-toi »
(Sourate 74 Verset 1 à 5)
Après cela, la Révélation reprit avec ardeur et continua sans interruption. (Rapporté pas Al-Boukhâri & Muslim)
La descente de la révélation ou son interruption sont deux choses détenues par la Volonté de Dieu, et le Prophète ne peut ni presser l’arrivée de la révélation, ni la retarder.
La révélation descendait sur le Prophète dans la nuit obscure, ou dans le froid très vif, ou dans la forte chaleur du midi, ou pendant le repos au cours d’un séjour, ou encore dans un voyage, ou dans un contexte de paix ou celui de guerre, et même à l’occasion du voyage nocturne (Isrâ’) et l’Ascension (Mi`râj) vers les hauts cieux.
4- Étendue temporelle de la révélation
La révélation commença pour le Messager de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui, le 17 Ramadan, en l’an 13 avant l’Hégire Prophétique, soit en juillet 610 E.C. Il avait alors quarante ans. La révélation se poursuivit pendant 23 ans jusqu’à son retour à Dieu, le 13 Rabî` Al-Awwal, de l’an 11 après l’Hégire, soit le 8 juillet 633 E.C. Il avait alors 63 ans.
Ainsi la période pendant laquelle la révélation est venue au Noble Prophète s’étend sur 23 ans et se subdivise en deux parties :
– Première Partie : la période où la révélation eut lieu à la Mecque. Elle s’étend sur 13 ans où les sourates dites mecquoises ont été révélées. Ces sourates constituent 19/30, ou environ 2/3, de la révélation.
– Seconde Partie : la période où la révélation eut lieu à Médine. Cette période a duré 10 ans où les sourates dites médinoises ont été révélées. Ces dernières comptent pour 11/30 du Coran, ou environ, 1/3 de celui-ci.
Le tout premier verset révélé du Coran est : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé » (Sourate 96 Verset 1) et le dernier verset de la révélation est Sa Parole : « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous » (Sourate 5 Verset 3)
5- Soins accordés à la Révélation
Tout au long de sa mission bénie, le Messager de Dieu (saw) reçut la Révélation. Il lui accorda la plus grande importance, la mémorisa, la transmit et la récita de jour comme de nuit. Le Messager de Dieu (saw) en vint à remuer sa langue avec le Coran après Jibril (Gabriel), de peur d’en oublier quelque verset. Mais Dieu lui ordonna de ne pas hâter la Révélation et le rassura que c’est Lui qui prend en charge la préservation de son Livre et qu’Il se charge de le sauvegarder dans le cœur de Son Prophète et de lui accorder sa récitation et sa compréhension. En effet, Dieu, Exalté et Glorifié Soit-Il, dit :
« Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation. Son rassemblement (dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire) Nous incombent, ainsi que la façon de le réciter. Quand donc Nous le récitons, suis sa récitation. A Nous, ensuite incombera son explication »
(Sourate 75 Versets 16 à 19)
Les compagnons, qui entouraient le Prophète, se concurrençaient dans la mémorisation du Coran et sa récitation à tout instant. Au cœur de la nuit, leur récitation du Coran produisait comme un bourdonnement d’abeilles. Les deux Sheikh Al-Boukhâri et Muslim ont rapporté que le Messager de Dieu (saw) a dit :
« Je reconnais bien les Ash`ariyyûn à leurs voix quand ils récitent le Coran en rentrant chez eux la nuit. Je reconnais également (les endroits de) leurs demeures quand ils récitent le Coran, bien que je n’aie pas vu de jour l’endroit où ils ont campé »
Les musulmans accordèrent la plus grande importance au Coran et l’étudièrent afin de le réciter dans leurs prières obligatoires, que ce soit des prières accomplies le jour ou la nuit, que la récitation soit silencieuse ou à haute voix, mais aussi pour accomplir les prières surérogatoires qu’ils faisaient pour l’Agrément de Dieu. Le Messager de Dieu (saw) les aidait et les inciter à faire cela. En outre, le Messager de Dieu (saw) choisissait parmi ses compagnons les meilleurs connaisseurs du Coran pour qu’ils l’enseignent aux autres.
« Lorsqu’un Emigré arrivait, le Prophète (saw) le confiait à un compagnon pour lui apprendre le Coran. Des voix élevées récitant le Coran émanait alors de la Mosquée du Prophète, si bien que le Prophète leur ordonna de baisser leur voix pour éviter qu’ils s’embrouillent »
Ainsi voyons-nous que le Coran fut sauvegardé dans les poitrines, récité abondamment, notamment dans les mosquées et les maisons, sa récitation étant une œuvre d’adoration de Dieu. Il fut appris par cœur par de nombreuses personnes, le récitant de jour comme de nuit, pendant la guerre et en temps de paix, conscients que la récitation du Coran est une œuvre qui les approche de Dieu et qui permet de connaître la religion. La pureté de leur disposition naturelle, leur bonne mémoire et la limpidité de leurs esprits les aidèrent à mémoriser le Coran. Ils surmontèrent l’analphabétisme répandu par la mémorisation et la récitation fréquente.
Ibn Al-Jazarî estime que :
« Le fait de compter dans la transmission du Coran sur la mémorisation des cœurs et non sur les manuscrits constitue la plus noble caractéristique que Dieu a accordée à cette communauté ».
Il s’appuya sur le hadîth authentique, rapporté par Muslim, selon lequel le Messager de Dieu dit :
« Mon Seigneur m’a dit : Dresse-toi parmi les gens de Quraysh et avertis-les. Je dis : O Seigneur, ils me fendront la tête. Il dit : Je vais t’éprouver et je vais éprouver par toi. Je vais te révéler un Livre que l’eau ne peut laver. Tu le réciteras pendant ton sommeil et en état d’éveil. Envoie des soldats et J’en enverrai autant. Combats ceux qui t’on désobéi par ceux qui t’ont obéi. Dépense et on dépensera pour toi ».
Dieu a ainsi montré que le Coran n’aura pas besoin d’être inscrit dans un manuscrit que l’eau pourra laver et qu’il sera récité à tout moment. Cela constitue l’une caractéristique de ceux qui ont suivi le Prophète Muhammad :
« Leurs évangiles sont leurs cœurs, contrairement aux Gens du Livre qui n’ont sauvegardé leur révélation que dans des livres et qui ne peuvent la réciter par cœur »
Parmi les secrets déposés dans le Coran, c’est qu’il fut transmis de génération en génération, par des centaines, voire de milliers, voire des millions de musulmans, pour être un dépôt de Dieu, sauvegardé pour l’éternité. Très Véridique est la Parole de Dieu :
« En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes gardien »
(Sourate 15 Verset 10)
6 — Les Mérites du Coran
De génération en génération, la communauté musulmane accorda le plus grand soin au Coran. En effet, il constitue l’âme de la Législation et le Livre préservé pour l’éternité. Lui accorder la plus grande importance et le préserver revient à préserver la religion. C’est pour cette raison que le Prophète (saw) recommandait à ses compagnons la lecture fréquente et l’application du Coran.
Voici quelques traditions montrant les mérites du Noble Coran, les mérites de sa récitation et de son application.
At-Tirmidhi a rapporté d’après Al-Hârith Al-A`war selon Ali Ibn Abi Talib :
« J’ai entendu le Messager de Dieu (saw) dire : « Il y aura des discordes aussi noires que la nuit obscure ». Je dis : « comment en être sauvé, ô Messager de Dieu ? ». Il dit : « Le Livre de Dieu, Exalté et Glorifié Soit-Il… Il contient les récits de ceux qui vous ont précédés et vous informe de ce qu’il y aura après vous. Il contient le jugement de vos affaires. C’est une Parole Décisive et non point une parole frivole. Quiconque le délaisse par tyrannie, Dieu le brisera et quiconque cherche la guidance en dehors de lui, Dieu l’égarera. C’est la Corde ferme de Dieu. C’est Sa lumière manifeste. C’est la Sage Rappel. C’est le chemin droit. En le suivant, on ne s’égare point avec les passions et les opinions ne divergent pas avec son jugement. Les savants ne s’en rassasient jamais et les pieux ne s’en lassent jamais. Celui qui en a la connaissance devancera les autres. Celui qui l’applique sera récompensé. Celui qui juge par le Coran sera équitable. Celui qui s’y attache fermement sera guidé vers un chemin droit ».
Anas Ibn Mâlik dit au sujet du verset :
« Il s’est attaché à l’Anse Ferme » (Sourate 31 Verset 22) : « c’est le Coran ».
Le Messager de Dieu (saw) a dit :
« Récitez ce Coran. Dieu vous récompense par la récitation d’une lettre dix bonnes œuvres (hasanah). Je ne vous dis pas que « Alif, Lâm, Mîm » est une lettre. Mais « Alif » est une lettre, « Lâm » est une autre et « Mîm » est une autre encore ».
Et il dit :
« Chaque fois que des gens se réunissent dans une mosquée pour réciter le Livre de Dieu et l’étudier, la Paisibilité descend sur eux, la Miséricorde les enveloppe, les anges les entourent et Dieu les mentionne dans Son Assemblée »
(Rapporté par Muslim)
Le Messager de Dieu (saw) a dit :
« Celui qui récite habilement le Coran sera avec les Anges nobles et obéissants ; tandis que celui qui le récite péniblement en bégayant, aura une double récompense »
(Rapporté par Al-Boukhâri & Muslim)
D’après Othmân Ibn `Affân (ra) le Messager de Dieu (saw) a dit :
« Les meilleurs parmi vous sont ceux qui apprennent le Coran et l’enseignent » (Rapporté par Al-Boukhâri).
Abdullah Ibn Massûd a dit :
« Certes tout éducateur aime que son éthique soit respectée. Et l’Ethique de Dieu c’est le Coran »
Certains savants dirent au sujet de l’exégèse du verset
« Dis : « De la grâce d’Allah et de Sa Miséricorde ; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est bien mieux que tout ce qu’ils amassent » » : il s’agit de l’Islam et du Coran.
On dit à Abdallâh Ibn Massûd :
« Tu ne fais pas beaucoup de jeûnes surérogatoires ». Il répondit : « Cela m’empêche de réciter le Coran et la récitation du Coran m’est plus agréable »
On relate que lorsque les gens du Yémen sont arrivés à Médine du temps d’Abû Bakr Le Très Véridique, ils ont entendu la récitation du Coran et se mirent à pleurer. Abû Bakr leur dit :
« Nous étions comme cela, mais les cœurs ont durci »
Ces traditions montrent combien grand est l’amour des croyants pour le Coran. Ils se concurrencent pour l’apprendre, pleurent à son écoute et cherchent la proximité de Dieu en le récitant. C’est pour cela qu’il est une révélation récitée en permanence, une lumière qui guide, une guidance appliquée et une éthique mise en pratique. En effet, la récitation du Coran ne signifie pas le fait de prononcer ses mots uniquement, mais c’est aussi la soumission aux sens qui en émanent, le respect de ses ordres et l’éloignement de ses interdits.
Au sujet du verset « Nous allons te révéler des paroles lourdes (très importantes) », l’un des juristes dit :
« C’est la connaissance de son sens, son application et le fait d’honorer ses droits comme il se doit »
Nombreux sont les hadîths montrant la valeur de l’application du Coran et l’éthique que doivent observer ceux qui l’apprennent.
Al-Hakim a rapporté que le Messager de Dieu (saw) a dit :
« Celui qui récite le Coran recueille la mission prophétique dans son cœur, mais il ne reçoit pas de révélation. Celui qui a appris le Coran ne doit s’emporter par la colère quand les gens le font, ni tomber dans l’ignorance avec les ignorants, car il porte en lui la Parole de Dieu »
Selon Abû Dharr :
« J’ai dit au Messager de Dieu (saw) : Recommande-moi quelque chose. Il me dit : « Je te recommande la crainte révérentielle envers Dieu, car c’est la base de toute chose. Je dis : Ô Messager de Dieu, recommande-moi autre chose encore. Il me dit : je te recommande la récitation du Coran. C’est pour toi une lumière sur terre et un trésor au ciel »
(Rapporté par Ibn Hibbân)
Le Coran fut l’école qui a formé ces hommes qui ont dirigé le monde : ils ont établi une civilisation éternelle et ont teinté le monde par le Coran, les Enseignements du Tout Miséricordieux et la guidance du Prophète Muhammad (saw)