Les Récits de la Tradition

Les Temps Forts de l’Histoire Islamique : Les Umayyades


Louange à Allah, que la prière et le salut soient sur son prophète Mohamed sur sa famille et sur tous ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.


Après la renonciation d’Al-Hasan Ibn ‘Alî (ra) en faveur de Mu’âwiyah (ra), ce dernier devint, dès Rabî’ Al-Awwal de l’an 41 H., le calife reconnu dans tout l’empire musulman. A partir de cette date commence une nouvelle ère de l’histoire musulmane, celle de la dynastie des Umayyades (ou Omeyyades).

Celle-ci règnera pendant quatre-vingt-onze années, durant lesquelles se succéderont à la fonction suprême quatorze califes. Les plus connus d’entre eux et ceux qui auront eu la plus grande d’influence dans notre histoire islamique sont au nombre de quatre : Mu’âwiyah Ibn Abi Sofyân (ra), ‘Abdulmalik Ibn Marwân, son fils Al-Walîd et ‘Umar Ibn ‘Abdel’Azîz.

L’an 41 de l’Hégire est connu dans l’histoire comme étant l’année de l’union car les Musulmans, après la grande discorde, se sont à nouveau réunis et rassemblés sous l’autorité d’un seul homme, Mu’âwiyah Ibn Abi Sofyân (ra). Ils établiront la ville de Damas comme capitale.

MUAWIYAH IBN ABI SUFYAN (ra)

Né à la Mecque quinze ans avant l’Hégire, il est Mu’âwiyah Ibn Abi Sofyân Ibn Sakhr Ibn Harb Ibn Umayyah, le Qourayshite. Il se convertit à l’Islam, le jour de la conquête de la Mecque, à l’âge de vingt-trois ans. Il fut choisi par le Prophète (ra) pour être un de ceux qui écrivent la révélation. Il prendra également part, sous l’ère d’Abû Bakr (ra), à la guerre contre les apostats.

Par la suite, ‘Umar (ra) lui confiera le gouvernorat de Damas, puis le calife ‘Uthmân (ra) le nommera gouverneur de tout le Shâm, dont il restera le responsable jusqu’à la mort de ce dernier. Ensuite, il refusera de prêter serment au quatrième calife ‘Alî (ra), qu’il accusera de laxisme au sujet de l’assassinat de ‘Uthmân (ra).

Mu’âwiyah (ra) était réputé pour ses qualités de stratège, sa vision à long terme et ses compétences avancées pour diriger les affaires de l’état. Il entreprit nombre de belles œuvres dont une des plus importantes restera l’organisation de la Poste, qui permettra d’accélérer la transmission des informations entre lui et les autres régions.

Sur le plan des conquêtes, l’effort sur le terrain oriental se cantonnera à maîtriser quelques mouvements de rébellion. Mais, la plus grande part des efforts de Mu’âwiyah (ra) se tournera vers le nord-ouest où se trouvait Byzance. Sur ce front, les Musulmans concrétisèrent de nombreuses victoires aussi bien terrestres que maritimes.

Sur mer, la flotte musulmane conquit l’île de Chypre et celle de Rhodes en Mer Méditerranée, de même que quelques îles grecques.

Sur terre, Mu’âwiyah coordonna des campagnes guerrières contre les Byzantins en été comme hiver. C’est pour cela qu’elles furent appelées les estivales (« Sawâ’if ») et les hivernales (« Shawâtî »).

En l’an 48 H., il envoya une grande armée et une immense flotte attaquer Constantinople, capitale de l’Empire byzantin. Les Musulmans la prendront d’assaut et infligeront aux Byzantins de lourdes pertes, sans toutefois parvenir à la prendre définitivement.

Parmi les plus importantes conquêtes de l’ère Mu’âwiyah (ra), on retrouve celle menée par le chef ‘Uqbah Ibn Nâfi’ (ra). En effet, ce dernier conquit la Tunisie alors que le mouvement d’expansion s’était arrêté à l’époque des Califes bien guidés aux frontières de Barqah (Libye). Là-bas, il édifia la ville de Kairouan et de nombreux berbères entrèrent dans l’Islam.

Finalement, au mois de Rajab de l’an 60 de l’Hégire, à l’âge de 78 ans, Mu’âwiyah décéda. Qu’Allah agrée son âme.

ABDULMALIK IBN MARWAN

Après la mort de Mu’âwiyah (ra), son fils Yazid prit le pouvoir. Sous son règne, la dynastie Umayyade se trouva confrontée à plusieurs facteurs de faiblesse au point qu’elle faillit chuter si ce n’eut été les efforts fournis par Marwân Ibn Al-Hakam – le cousin paternel de Mu’âwiyah – qui s’emploiera jusqu’à sa mort en 65 à redresser la dynastie, léguant ensuite le pouvoir à son fils ‘Abdulmalik.

‘Abdulmalik vit le jour en l’an 26 de l’Hégire. C’est un Tâbi’î (membre de la génération qui succède à celle des compagnons) qui comptait parmi les savants de Médine. Il avait comme principales qualités : la fermeté, la détermination et la persévérance. Quand il accéda au pouvoir, la situation de l’Etat islamique était très morcelée, le monde musulman était en effet coupé en deux :

– D’un côté, les habitants du Hijâz (Région qui comprend La Mecque et Médine) et de l’Iraq avec à leur tête ‘Abdullah Ibn Az-Zubayr.

– De l’autre, les habitants du Shâm et de l’Egypte sous la coupe de ‘Abdulmalik Ibn Marwan.

Ce dernier fit face à la situation avec fermeté et force jusqu’à éteindre le mouvement d’Ibn Az-Zubayr en l’an 73 au Hijâz. En outre, ‘Abdulmalik réussit en Iraq à prendre le dessus sur les troubles provoqués par Mukhtâr Ath-Thaqafî, tout comme il resserra l’étau sur les Kharijites en leur infligeant de nombreuses défaites.

La part de conquêtes sous l’ère ‘Abdulmalik ne fut pas très prolifique, tant en Orient que contre les Byzantins en Occident. La raison à cela est que le calife ‘Abdulmalik a passé la plupart de son temps et de ses efforts à résoudre les troubles intérieurs.

Cependant dans les dernières années de son règne, il réinstaura les campagnes estivales et les hivernales (mises en place par Mu’âwiyah) et conquit Césarée (en Palestine), Qâlîqlâ (en Arménie) et Mopsueste (en Turquie).

Finalement, au milieu de Shawwâl de l’an 86 H. (octobre 705) ‘Abdulmalik quitte ce monde après un règne qui avait duré vingt et un ans.

AL-WALID IBN ABDILMALIK

A la mort de ‘Abdulmalik, son fils ainé Al-Walîd prit sa succession. Son règne s’est distingué par le grand nombre de conquêtes, au point qu’elle sera surnommée « le régime des grandes conquêtes ». Des conquêtes qui se feront dans quatre directions :

– Vers la Transoxiane et l’Asie Centrale, où le commandant était Qutaybah Ibn Muslim Al-Bâhilî, qui conquit les villes de Balakh, de Bukhârâ et de Samarcande. En 96 de l’Hégire, la ville de Kachgar (Kashgar abritait le plus grand port du Turkestan Oriental durant le 5è siècle de l’Hégire. Le Turkestan Oriental est de nos jours sous la dépendance de la Chine, dans laquelle on l’appelle Xinjiang.), aux confins de la Chine, tomba entre les mains des Musulmans, ce qui força l’empereur de Chine à payer l’impôt de capitation (« jizyah »).

– Vers l’Inde et le Pakistan, où le commandant était Muhammad Ibn Al-Qâsim Ath-Thaqafî.  Sur ce front, la ville de Debal (aujourd’hui Karachi) fut conquise et Muhammad Ibn Al-Qâsim ira de victoire en victoire jusqu’à conquérir tout le Pakistan, il ne s’arrêtera qu’aux frontières de l’Inde.

– L’Andalousie où, sous le commandement de Tarik Ibn Ziyâd et Mûsâ Ibn Nusayr fut achevée la conquête de la majorité de la Péninsule Ibérique dite Andalousie Musulmane (qui comprend l’Espagne actuelle et une partie du Portugal).

– L’Asie Mineure (la Turquie actuelle) où Maslamah Ibn ‘Abdulmalik réussit à s’emparer de nombreuses bases et forteresses qui étaient autrefois sous autorité byzantine.

Avec toutes ces conquêtes, le régime musulman atteindra son apogée. Ses frontières orientales atteindront ainsi la Chine et celles occidentales, le sud de la France. Aussi, cette expansion permettra à l’Islam de se propager. Ceci nous montre que l’étendue de l’état islamique à la fin de l’ère d’Al-Walîd était devenue beaucoup plus grande que celle de la fin du règne de son père.

UMAR IBN ABDILAZIZ

Au mois de Safar de l’an 99, ‘Umar ‘Abdil’Azîz Ibn Marwân devint calife et le restera jusqu’à sa mort au mois de Rajab de l’an 101.

Son califat dura donc à peu près deux ans et demi. Une courte période qui se distingue par le retour dans la manière de juger des Umayyades à la justice, l’impartialité et l’application scrupuleuse des règles islamiques des Califes biens-guidés. ‘Umar s’était rendu compte que ses prédécesseurs umayyades s’étaient fortement éloignés dans leur façon de juger de la voie et des principes adoptés par le Messager (saw) et ses califes bien-guidés (ra).

Le Calife qui aura le plus d’influence sur lui sera ‘Umar Ibn Al-Khattâb (ra). Et si bien qu’il s’efforcera d’imiter tous les Califes biens guidés, il le fera particulièrement avec ‘Umar Ibn Al-Khattâb.

Et comme charité bien ordonnée commence par soi-même, ‘Umar commença par lui-même ainsi que par sa famille. Il se débarrassa de l’apparat que ses prédécesseurs parmi les califes avaient l’habitude de porter, et se vêtit de vêtements sobres. Il se contenta au palais royal du strict nécessaire pour administrer les affaires de l’état. Puis il reprit de sa femme les bijoux et les habits de luxe puis les déposa au Trésor Public. Il en fit de même avec ses enfants.

Toujours dans cet esprit de justice, ‘Umar annula les taxes qu’Al-Hajjâj Ibn Yûsuf Ath-Thaqafî avait inventées en Iraq. Il répara les injustices commises par les Umayyades en rendant chaque bien à son ayant-droit. Ces derniers, qui possédaient injustement ces biens, s’offusquèrent de ces décisions, mais ‘Umar ne revint pas dessus.

Grâce à cette politique menée par ‘Umar Ibn ‘Abdil’Azîz, beaucoup de gens, parmi lesquels quelques rois du Pakistan et de nombreux berbères, entrèrent dans l’Islam. Il n’est donc pas surprenant que l’histoire a retenu les qualités de ‘Umar Ibn ‘Abdil’Azîz et qu’il ait été surnommé « le cinquième calife bien-guidé ».

QUELQUES SIGNES DE CIVILISATION

La dynastie Umayyade a posé les jalons du développement économique de la civilisation.

On mettra notamment à l’actif de Mu’awiyah Ibn Abî Sufyân (ra), l’organisation de la Poste. Celui-ci segmenta les chemins en plusieurs étapes, on plaça à chaque étape des chevaux prêts à porter les courriers venant de la précédente étape pour les acheminer à la prochaine, ce qui eut pour bénéfice d’accélérer l’arrivée des informations des régions à la capitale. On retiendra également de Mu’awiyah (ra) qu’il a instauré l’office de certification des courriers. C’est un bureau où les lettres étaient cachetées de sorte à s’assurer qu’elles n’aient pas été ouvertes ou falsifiées.

Quant à ‘Abdulmalik Ibn Marwân, l’histoire de la civilisation lui saura gré d’avoir été le premier à ordonner que soient frappés les dinars et les dirhams islamiques alors qu’auparavant, on utilisait les monnaies perse et byzantine. Cet acte est considéré comme un signe fondamental de l’indépendance financière de l’Etat islamique.

On retiendra également de ‘Abdulmalik qu’il ordonna de traduire le code d’administration assyrienne en arabe alors qu’auparavant, tout était en latin. Ceci fut le signe de l’indépendance administrative et organisationnelle du régime musulman.

La faiblesse de la majorité des califes qui viendront après ‘Umar Ibn ‘Abdil’Azîz ainsi que les divisions entre les chefs umayyades conduiront au déclin de la dynastie. Dans le même temps, un mouvement rival, celui des Abbassides, se développait et grandissait en force. La dynastie umayyade tombera finalement en l’an 132 de l’Hégire (en l’an 750 ap. J-C).


Sur ce, Que la Paix de Dieu soit sur vous et vous accompagne partout où vous êtes.

Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page